Causes joyeuses ou désespérées

Un ensemble de textes parus en revue, sur l'avenir de la langue française, sur l'humour, sur la sagesse antique, sur Sartre, Barthes, Cocteau, Montherlant et une multitude de thèmes chers à l'auteur.
J'ai noté :
Page 15." : que garder du 20ième siècle ". « si Dieu n'existe pas, où va toute cette souffrance. Elle se perd, oh mon Dieu, elle se perd. Qu'elle ne se perde pas complètement, voilà ce que je voudrais. [...] Je sauverais tout ce qui au 20ième siècle a détaché un peu les humains de la barbarie tapie en eux comme une tumeur fondamentale. Tout ce qui a été fait de bien, de délicat, de généreux et qui n'a pas été su.»
Page 71 : sur Montherlant. «Il n'y a pas de mérite à être convaincu de quelque chose, il n'y a pas démérite à n'être convaincu de rien.» «Assumer le plus possible d'humanité, voilà la bonne formule.»
Pages 136. 137 : «Tacite refait à sa façon le discours des grands hommes. Ainsi le discours qu'il prête au sénateur Crémutius CORDUS, accusé d'avoir fait l'éloge des assassins de César :" Parler d'un crime n'est pas le commettre. On ne doit combattre des paroles que par des paroles.»
Chapitre de la sagesse antique : «connais-toi toi-même, est une invitation à la modestie plus qu'une introspection, et veut dire avant tout, non pas explore ton âme, mais sache que tu n'es qu'un homme c'est à dire "souviens-toi que tu es mortel"
De Marc Aurèle à lui-même :" Bientôt tu auras tout oublié, et bientôt tous t'auront oublié.
Page 163 : «la question, Hélas, à ce point de l'histoire où nous sommes, n'est plus celle du scepticisme, mais à la rage et à l'abattement. Rage à constater que, sur plus d'un point, le pire a été sûr, que l'irréparable a eu lieu ou est en voie de l'être. Politiquement, économiquement, socialement, urbanistiquement, écologiquement médicalement, alimentairement, juridiquement, culturellement. Rage d'appartenir à une génération qui a vu se délabrer, s'effondrer, disparaître presque tout ce à quoi elle croyait légitimement. [...] Ce n'est pas une raison pour baisser les bras. Tenir bon pour la force et la dérision." Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer.»
L'écriture est brillante, savante, spirituelle, riche en métaphores, et parfois difficile pour un lecteur n'ayant pas fait l'Ecole Normale supérieure. Edité en 2017, c'est toujours autant d'actualité.