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Dominique Vittoz (Traducteur)
EAN : 9782246724315
504 pages
Grasset (14/03/2008)
3.72/5   526 notes
Résumé :
Les gens pensent beaucoup moins à nous qu’on ne le croit. « Je m’appelle Pietro Palladini, j’ai 43 ans et je suis veuf ». C’est ainsi que se présente le héros du nouveau roman de Sandro Veronesi. Un homme en apparence comblé. Il a une excellente position professionnelle, une femme qui l’aime, Lara, et une fille de dix ans. Mais un jour, au moment où son mari sauve la vie d’une inconnue qui se noie, Lara succombe à une crise cardiaque… La vie de Pietro bascule. Sa so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (79) Voir plus Ajouter une critique
3,72

sur 526 notes
Chaos calme...

Difficile de parler de ce livre qui m'a bousculée, et je tangue encore en y pensant.



Le deuil sidérant, celui qui fait agir à l'encontre de ce que les autres attendent, voilà ce qui a touché Pietro. Il est bien plus touché que ce qu'il croit : il attend la vague du chagrin, la redoute, évite dans un premier temps, les sujets qui vont la faire déferler puis peu à peu, se risque, repense, prononce des noms, se remémore des lieux, des êtres croisés... Toujours rien, enfin façon de parler parce qu'entre temps, il décide de déserter le bureau, celui où se joue la fusion du siècle, déserter ce lieu d'angoisse, de questionnement, de rivalités comme le sont tous les lieux en mutation.
Et donc, il décide d'établir " sa base" devant l'école de sa fille. Il y passe ses journées, y travaille, reçoit dans sa voiture, au café ou sur un banc quand le temps est clément, observe - ce qu'il n'avait sûrement ni le temps, ni l'idée de faire auparavant - et voit arriver à tour de rôle, ses collègues et supérieurs qui viennent lui parler...de leurs propres soucis, de leurs propres atermoiements tout comme ses proches, qui en plus de s ‘épancher auprès de lui lui mènent la vie dure par leur colère soudaine.

Et Pietro qui vit déjà dans un équilibre fragile devient le réceptacle des malheurs d'autrui…
Et surtout, il s'interroge, analyse sa vie et les grandes questions qui en sont la trame, ses rapports aux autres, ce que les autres font de leur existence, à quel prix. Et finalement, il découvre là, une façon de retrouver éventuellement une place parmi ses semblables.
Et c'est encore plus vaste que cela...



C'est drôle souvent - j'ai pensé à certaines scènes de comédies à l'italienne, à l'univers de l'acteur Totò dans ce registre, où les paroles ne cessent que quand l'absurdité est évidente , c'est émouvant, tout autant, on regarde, comme Pietro, différemment ce qui fait une journée, une vie, une rencontre. C'est grivois, et même cru aussi, à certains moments, quand Pietro" pose les yeux" sur la gente féminine pour ne dire que cela. Et c'est bouleversant quand c'est le regard du père qui se pose sur cette petite fille qu'il essaye de protéger avant tout, une très belle évocation de cet amour.

J'ai beaucoup apprécié d'être constamment dans l'esprit de Pietro, d'entendre sa voix commenter et analyser ce qui se dit. J'ai aimé cette rencontre avec Mattéo, l'enfant handicapé, le seul finalement qui comme Pietro regarde le monde à travers le prisme des sensations...



Un livre comme une intranquillité...
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Le récit commence par la description d'un sauvetage.
Deux frères secourent chacun une femme de la noyade.
Pietro sauve la sienne et la description de ce sauvetage est à la fois terrible et grotesque. Il faut le lire pour le croire. C'est un drôle de mélange, intense, désespéré et extrêmement drôle.
A leur grand dépit cependant, personne ne remarque leurs sauvetages heroiques.
Au même moment, pendant que Pietro sauvait cette femme, celui-ci apprend que la sienne est décédée d'une rupture d'anevrisme devant sa petite fille de 9 ans.
Pietro décide alors sur un coup de tête de passer ses journées devant l'ecole de sa fille. Il attend que la douleur le terrasse mais curieusement, la douleur attendue ne vient pas. C'est plutôt la douleur des autres qui vient à lui. Celle de ses amis, collegues et famille qui se confient à lui et laissent tomber les masques.
Chaos calme, quel beau titre.
Une belle reflexion, émouvante.
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Voici un livre magnifique, étonnant, atypique sur le sens de la vie ou plutôt la renaissance à la vie.
C'est intelligent et fin, très bien écrit et parfaitement construit.
Sandro Veronesi est un excellent observateur du quotidien, il a le sens des dialogues, des situations, de l'humour également.
Une histoire de deuil, de reconstruction, de doute, des choses du quotidien.

Ce livre a été adapté au cinéma par Antonello Grimaldi (avec Nanni Moretti dans le rôle principal).

«Chaos calme » à été récompensé par le Prix Strega 2006, l'équivalent italien du Goncourt. Également Prix Femina Étranger 2008 et Prix Méditerranée Étranger 2008.
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J'ai bien du mal à comprendre le prix Fémina attribué à Chaos Calme de Sandro Veronese. Car « m'enfin », c'est bien Pietro Paladini qui est le personnage central de ce livre, et non les jeunes femmes, son épouse Lara, sa soeur Marta, ou la somptueuse Eleonora Simoncini.

Cette dernière est bien l'une des deux jeunes femmes sauvée par Pietro alors qu'elle se noyait sous l'oeil benêt de son mari; de cette entrée en scène et du décès accidentel au même instant de Lara, Pietro en concevra une blessure, qui m'a semblé se dissiper bien vite.

Malgré le deuil qui frappe Pietro et sa fille Claudia, l'auteur nous offre, avec la somptueuse Eleonora Simoncini, 18 pages de fièvre torride, totalement explicite, d'une intensité à faire se dresser sur la tête, la tonsure d'un cardinal napolitain.

Je pensais que le passé de Lara serait exploré, autant pour faire vivre auprès de la très jeune orpheline quelques images fortes de la vie de sa maman, que pour la câliner et la rassurer, "oui c'était un accident nous n'y sommes pour rien." 
Ce sujet est brièvement traité , le papa l'esquivant, par respect pour Lara, ou pour s'abstenir de découvrir une fâcheuse double vie. Lara n'était pas heureuse ? Piétro lira ce seul mail, p155 " Je te bénis Lara , d'avoir été à mes côtés" signé Gianni!
D'un clic le courrier de Lara n'existe plus. Fin de la 1ère partie.

N'ayant pas trouvé d'autres motifs, pour saluer le prix Fémina, je me suis mis, en perspective sur l'autre versant de ce roman l'immobilité de Pietro, son deuil, sa recherche d'une reconstruction pour rester tous les jours en contact avec sa fille, bref, devenir un vrai père

Sa voiture garée au bas de l'école va être adoptée par les passants, la police, la famille et surtout l'entreprise en pleine fusion. Ce point de rencontre va être une curiosité, puis s'installer dans un rôle de confessionnal et enfin atteindre l'antichambre du pouvoir.

C'est Marta qui ouvre le bal des palabres qui se tiendront sur le divan de la voiture de Pietro. Marta viendra titiller le beau frère, l'ancien amant, le confident de toujours, Pietro ne dira jamais si la Reconquista sera possible, le coeur de Pietro est bien un coeur d'artichaut, qui a sans aucun doute des facilités à roucouler.


La venue de Jean Claude puis du chef du Personnel, signent la savoureuse farandole des dirigeants. Ils seront tous intrigués par l'attitude de leur poulain. Plus Pietro repousse les offres plus celles ci deviennent alléchantes particulièrement aptes à offrir à Claudia un avenir sympathique et sécurisé. Son renoncement souligne l'envie qu'il a enfin de vivre la vrai vie.

Le confessionnal sera le lieu d'une rencontre décisive entre Steiner et Pietro Paladini, mais curieusement le motif ne sera pas centré sur la fusion en cours mais sur la Shoah ?

C'est l'une des subtilités du livre, susciter en permanence les contre-pieds, et déstabiliser le lecteur. J'ai adoré cette partie du roman ou les acteurs s'observent se jaugent, un festival de manoeuvres, un poker subtil dont notre héros sortiras grandi. J'ai regretté des longueurs, qui ralentissent, la lecture sans améliorer le suspens.

La fiction me semble t-il abandonne trop tôt Lara à son paradis, petit fantôme qui apparaît de temps en temps et assez curieusement à la dernière ligne du livre : « et maintenant vous voulez bien me passer Lara », m'a semblé un peu court pour rendre à Lara une épaisseur romanesque.

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Le deuil est une situation critique qui fait parfois faire des choses étranges.
Étranges?
Peut-être pas.
Lara, l'épouse de Pietro, décède brutalement au moment même où lui et son frère Carlo sauvent deux femmes de la noyade. Enfin, pas vraiment l'épouse, ils devaient se marier peu de temps après, mais ils étaient en couple depuis longtemps et avaient une fille, Claudia, de dix ans et demi.
Le décès est survenu pendant les vacances aoûtiennes, alors quand vient la rentrée des classes Pietro décide de rester toute la journée devant l'école de sa fille. Un jour, deux jours, une semaine, deux, ...
Il faut dire qu'à son boulot, une chaîne de télévision où il a un poste important, c'est la merde. le groupe auquel appartient la chaîne, déjà repris par des Français, est en passe de fusionner avec un groupe américain. Chacun est stressé et essaie de sauver ses fesses.
Bref, rester travailler dans sa voiture, devant l'école de sa fille, est un bon moyen pour échapper à tout ça.
Mais le plus curieux c'est que Pietro ne ressent pas la douleur de la perte.
Non, je n'ai pas divulgâché ce roman. Ceci n'est que le point de départ des aventures de Pietro devant l'école de sa fille, aux prises avec sa famille, ses amis, ses collègues, ses patrons.
Et cela donne un très bon roman, original, sensible, surprenant, drôle. Rien de convenu. Précisément c'est le chemin d'un homme qui cherche sa voie personnelle face aux conventions sociales, à ce que les autres croient qu'il ressent. Et bien sûr ils trompent.
Bien sûr?
Et si c'était Pietro qui se trompait?
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critiques presse (1)
LePoint
15 mai 2017
Un texte intelligent et plein de malice.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
"Ah ah ! Ca y est ! crie-t-il à travers la porte. Trente secondes de plus et ils n'étaient plus du tout "al dente" ! "
Par la porte arrive le bruit des opérations qu'il accomplit, si net et précis qu'il me semble voir la scène : les spaghettis qui tombent dans la passoire, la casserole posée dans l'évier, les spaghettis bien égouttés, transvasés dans la poêle avec la sauce et repassés sur le feu resté allumé. Et maintenant, il y a un fumet de sauce tomate qui arrive de la cuisine, me chatouille les narines et sort par la fenêtre, si intense et si délicieux qu'il me semble le voir lui aussi - sous forme d'épais nuage comme un dessin animé.
(...)
Il attaque ses spaghettis bille en tête, à croire que son temps est compté. Il ne les enroule pas : il les fourgue dans sa bouche comme si c'était du foin, et avec sa fourchette, il se contente de les accompagner au fur et à mesure qu'ils montent. Ca aussi, c'est romain, une saine façon de manger populaire - incarnée par Alberto Sordi aux prises avec des "macaronis" - qu'ici à Milan on prend pour une absence de bonnes manières.
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(...) je n'avais jamais eu l'occasion de me retrouver au milieu du déménagement d'un inconnu. Ca fait froid dans le dos. Malgré le soin avec lequel ils sont emballés, beaucoup d'objets sont reconnaissables à travers la cellophane ou sous le papier journal - queues de casserole, manches, pieds de lampe - et il y a quelque chose de suppliant dans leur façon de dépasser des cartons comme s'ils appelaient à l'aide pour s'échapper. La trace désolée des tableaux sur la tapisserie, les marques de coins de meuble inconnus dans le mur, la brutale suspension de la sollicitude domestique qui, des années durant, a dû rendre cette salle de séjour accueillante, contribuent à donner l'impression qu'on se trouve soudain "ailleurs", dans un espace imaginaire truffé de symboles à interpréter, comme dans les rêves ; (...)
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Vois-tu, à l'université, j'ai fait des etudes de physique. Et je me suis souvenu avoir appris qu'un atome, en passant d'un état à l'autre émet une particule de lumière appelée photon. Et surtout je me suis rappelé la question qu'on m'a posée à l'examen sur ce sujet : d'où sort ce photon? Comment apparait-il? Où etait-il avant? Ce n'était pas dit dans notre cours : c'était une façon de voir si j'avais réfléchi. Et moi qui n'avait pas reflechi, j'ai dit une bêtise : j'ai dit que le photon se trouve déjà dans l'atome. Alors on n'a expliqué que non, le photon n'est pas du tout dans l'atome. Le photon apparait au moment même où a lieu la transition de l'électron, et il apparait précisément à cause de cette transition. Tu comprends? C'est une notion très simple : les sons que ma voix produit en ce moment ne se trouvaient pas en moi.
Voici comment j'ai reussi à me résigner à la malhonneteté de Jean-Claude sans devoir effacer trente ans de ma vie : les actions qu'il a commises ces deux dernières années n'étaient pas en lui. Comme les photons, elles sont apparues à un moment bien précis, pour des causes bien précises.
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Il est monté dans ma voiture, s'est assis à côté de moi et m'a regardé un moment en s'efforçant de sourire, mais sans rien dire. Son regard, déjà paranoïaque en temps normal, tout en clins d'oeil obliques et en battements de paupières, ressemblait à un vol d'oiseaux après une détonation, s'éparpillant dans toutes les directions avec une frénésie qui avait quelque chose de funeste : le regard d'une personne en grand danger.
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Non mais c’est écrit où qu’on ne sourit plus à un enfant de quatre ans? Ou alors vous ne lui souriez pas avant non plus, ça vaudrait mieux, non? Même quand il est dans son landau, nom de Dieu. Toi, la mère, tu te crèves la paillasse avec ton gosse, tu t’occupes de lui jour et nuit, tu te sacrifies, tu lui prodigues tous les soins, et tu ne demandes rien en échange, tu le fais, c’est tout. Puis tu sors, tu l’accompagnes chez le médecin, tu l’accompagnes à la crèche, tu retournes le chercher, tu l’emmènes avec toi au supermarché, et tous les gens que tu rencontres, tous, même ces connards de touristes, quand ils te rencontrent avec lui, ils te sourient. Ils sourient à l’enfant, à cause de l’enfant, mais ils te sourient aussi à toi, ils sourient à ce que vous êtes ensemble. [...] Ces sourires sont de l’énergie qu’on met à ta disposition, et tu t’habitues à en disposer, tu penses qu’en dépit de tout ce qui déconne dans ta vie, quand tu es avec lui, il y a de grands sourires pour toi.[...]

Mais soudain, d’un jour à l’autre, vous arrêtez : ça s’est passé avec Giovanni, quand il avait quatre ans et ça m’a sacrément secouée. J’allais dans les magasins, je me promenais dans la rue, je venais vous voir, et personne ne me souriait plus. Alors quoi, avais-je envie de vous demander, il est trop grand? A quatre ans?
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