Onomastique :
1873 ; naissance de
Gabrielle-Sidonie Colette.
1893 : elle épouse Henry Gauthier-Villars qui l'appellera Colette.
Ce nom propre fusionnera en prénom et demeurera le seul attribué et dans la vie et dans l'écriture.
1900 : parution de
Claudine à l'école signé Willy avec la large collaboration de Colette.
Après leur séparation, les livres parus en
duo et les nouveaux écrits de Colette porteront la signature de Colette (
Colette Willy).
1923 : enfin fin de l'accord qui demeure mystérieux et Colette devient uniquement Colette.
«
Le Blé en herbe » est le premier ouvrage qui porte son seul nom.
«
Colette avant Colette », tel est le propos de ce très bel essai de
Martine Reid.
Un parcours : enfance, premier mariage (Willy), divorce (deux fois), Missy (période du music-hall),
Henry de Jouvenel, maternité, Bertrand,
Maurice Goudeket.
Amours, dépendance, libération.
L'écriture : prête-plume dans « l'atelier de Willy », indépendance littéraire, journalisme, critique dramatique, etc…
Malgré le talent, le succès et la reconnaissance, le monde littéraire lui a toujours réservé une place à part (cfr
André Gide et la NRF).
Le sous-titre de ce livre : « Trouver sa place, se faire un nom » dit bien le cheminement que nous offre l'auteure.
Parvenir à être soi, à se trouver dans un monde littéraire masculin, tracer sa route, savoir faire « peau neuve » comme le disait Colette qui se targuait de pouvoir le faire sans difficultés.
Une femme multiple, désarçonnante, tour à tour enfantine voire manipulatrice puis amoureuse maternelle et dominatrice se dévoile.
Une femme conservatrice, fermée aux revendications féministes, à la politique, modèle d'une société à l'ancienne que voulurent dépasser des femmes « engagées », conscientes de la nécessité de bousculer les esprits.
Un essai qui parcourt cet avant de la « Grande Colette ».
Il propose une analyse et d'une société où la femme se meut limitée dans ses actions et propos et d'une jeune provinciale montée à Paris, « construite » par un homme puis petit à petit se construisant elle-même, bâtissant peu à peu son image.
Des livres d'auto-fiction, une réalité transcendée, l'utilisation hypocoristique révélatrice et un talent stylistique qui fascine, émerveille, comble.
Un magnifique essai, un éclairage neuf dont les toutes dernières lignes disent bien la réalité : rien ne s'arrête jamais dans la perception de Colette.