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Alain Defossé (Traducteur)
EAN : 9782879292878
474 pages
Editions de l'Olivier (06/05/2003)
4.23/5   57 notes
Résumé :
Qui n’a pas connu l’été 1977 à Slough n’a pas connu la douceur de vivre. C’était l’époque des premières Doc Martens, du punk rock et du reggae, des bastons avec les Teds et des nuits électriques au pub, quand toutes les filles s’appelaient Debbie Harry. Pour Joe, quinze ans, tout s’est terminé une nuit, lorsque Welles et sa bande l’ont jeté dans Grand Union Canal après avoir battu à mort son meilleur ami, Smiles.


1988. Joe a vingt-six ans. Il... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
On suit Joe à 15 ans en 1977 à Slough en pleine période punk. Lui et sa bande de potes, la musique, la violence, la rébellion, l'absence d'avenir. C'est la partie que j'ai trouvé la plus intéressante du livre. Chaque fois qu'un titre était cité, je l'ajoutais à une playlist, et je l'écoutais en lisant ce livre (oui, ma culture punk est lamentable).
Ensuite Joe a 26 ans et voyage en Asie. le punk en lui a évolué, il a vieilli, perdu une partie de son identité (je trouve).
Puis Joe en 2000 est Dj, spécialisé dans le punk, de retour en Angleterre. Retour sur le passé, retrouvailles avec les vieux amis, retour au punk. Et Smiles (Gary) qui reste tout au long du livre, du début à la fin, guide une bonne partie du destin de Joe.
Un roman intéressant sur la culture punk, facile à lire, même si je lui ai trouvé parfois certaines longueurs. Mais cela tient sûrement au fait que je ne l'ai pas lu d'une traite, mais étalé dans le temps, entrecoupé d'autres lectures et sur une période où j'avais du mal à me concentrer.
Je retenterai certainement un autre John King. Peut-être Football Factory.
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Eté 1977. Slough, banlieue de Londres.

Trois accords de guitare, riffs hargneux, deux minutes trente de pure adrénaline, le punk rock des Sex Pistols ou des Clash ne s'embarrasse pas de fioritures et de leçons de solfège pour dégommer les Yes et autres Genesis. Les paroles invitent à l'émeute, l'énergie électrise un été torride et Joe, 15 ans, s'éveille à la vie. le punk l'exalte, le révèle, le trouve : « Et c'est ce qui est génial avec la musique, surtout avec les nouveaux groupes, parce qu'ils mettent en mots tout ce qu'on pense. Comme l'album The Clash. Les chansons, elles résument notre vie. Ce disque, il était déjà là, en nous, il attendait juste que quelqu'un l'écrive. »

Joe est un bon petit gars. Il a des parents, des embrouilles, des espoirs. Il occupe ses journées à cueillir des cerises pour quelques livres afin de pouvoir se payer des disques et les superbes Doc Martens dix oeillets dont il rêve. Quelques pintes au pub, il faut bien grandir. Des concerts magiques, tout regarder, tout noter pour ne rien oublier. Un pote avec qui se marrer. La vie, quoi.

L'univers de Joe s'écroule au cours d'une soirée où, lui et son ami Smiles tombent sur une bande de types qui, sous prétexte de se faire des petits punks, les dérouillent et les jettent dans le canal. Smiles est déjà peu gâté par l'existence ; sa mère s'est suicidée quand il était gamin et il est élevé par un père surnommé « Staline » pour ses méthodes d'enseignement. Joe se tire bien physiquement de cette agression, mais Smiles met plus de temps à remonter, plonge dans le coma quelques jours et garde de graves séquelles.

Joe, psychologiquement, s'en remet difficilement. Il passe plusieurs années à se reconstruire. Etouffé par la culpabilité d'avoir mieux résisté que son copain, il s'exile. Il lui faudraé atteindre l'Asie pour se retrouver. A son retour à Londres, il monte son entreprise de disques d'occasion et fait le DJ dans des pubs.

Human punk est le roman punk et le roman sur l'adolescence. Il a bouleversé ma vie. Il ne m'a pas quitté depuis sa sortie en France, en 2003, comme s'il avait toujours été là, en moi, et que j'attendais juste que quelqu'un l'écrive. L'annonce de sa réédition prochaine chez Points m'a donné envie de le relire. le choc est toujours là.

Roman à la sensibilité exacerbée, le trait est délicat, le ton est juste quand il s'agit d'évoquer les émois propres à cet âge qui arrache à l'enfance et fait douloureusement prendre conscience des injustices du monde.

Roman social, presque naturaliste, il raconte aussi l'époque, à travers les yeux du petit punk, témoin des bouleversements qui agitent l'Angleterre de cette fin des 70's, du début des 80's : les attentats de l'IRA font des morts ; le National Front gagne du terrain, la gauche se radicalise dans un dernier sursaut avant l'arrivée prochaine de la dame de fer. «Les conservateurs étaient maîtres dans l'art du slogan simple (…) et tapaient chaque fois dans le mille (…) le parti travailliste se bousillait tout seul en cellules d'étudiants qui enculaient les mouches sur des points de procédure, tandis que la presse conservatrice continuait de vendre ses conneries, exploitant les cibles habituelles, déclarant que des millions partaient en aide aux mères célibataires, aux femmes battues, aux lesbiennes, aux réfugiés, aux héroïnomanes. »

Respect des différences, autodérision, conscience et méfiance politiques, la philosophie punk est noble, loin des clichés rances sur les crêteux décérébrés amateurs de bière tiède et de slogans faciles.

Roman à consonances fortement autobiographiques, comment ne pas entendre John dans les mots de Joe ? : « L'école ne nous apportait rien. le punk, c'était ça notre éducation, les paroles qui reflétaient ce qu'on vivait, visaient droit dans les choses qu'on voyait, pensait, les noms des gens qui avaient droit à notre respect parce qu'ils écrivaient de l'intérieur sur l'extérieur, et non pas de l'extérieur, comme la plupart du temps. Tout ce que nous offrait l'école, c'était un disque rayé, l'aiguille coincée sur des dates de batailles et des hommes politiques, les têtes de nos seigneurs et maîtres soigneusement reproduites, leurs vêtements richement colorés, écrasant de leurs donjons la lie au-dehors, la masse des paysans tout gris parqués dans des cabanes au-delà des remparts de la ville, des serfs sans visage nourris de navets.(…) C'était si ennuyeux, si hors de la réalité qu'on finissait par croire les profs qui nous disaient qu'on était incapables d'assimiler la culture. »

« Certaines personnes trouvent leurs idées dans les livres, mais pour nous, des gens comme Rotten, Strummer, Pursey et Weller étaient les plus grands auteurs, ceux qui produisaient une littérature qui nous parlait de nos vies. Ils n'avaient besoin de rien contrefaire, d'aucune recherche, ils écrivaient simplement sur ce qui s'agitait en eux, et parlaient à des millions d'autres gens qui ressentaient la même chose. C'étaient des auteurs authentiques, contemporains, ceux qui parlent de la vie de tous les jours, comme on en a si peu eu en Angleterre, des auteurs qui parlaient sous forme de musique parce qu'ils n'avaient jamais songé à le faire sous forme de livre, étant complètement hors de la sphère littéraire, sans aucune des références classiques. Et c'est ça qui les rendait si particuliers, c'est que leurs références étaient les nôtres, elles se trouvaient là, dans nos vies, et non dans la Grèce antique, à des milliers de kilomètres, à des milliers d'années de nous ».

Alors, remercions Rotten, Strummer, Pursey et Weller pour avoir autorisé King à écrire, lui dire qu'il en était capable, qu'il avait en lui cette force qui pousse à être acteur de sa vie en se foutant du qu'en dira-ton, ce refus de rentrer dans le moule, cette rage qui vient du punk et qui ne se renie pas, jamais.
Lien : https://blackrosesforme.word..
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Après la lecture du réussi "Skinhead ”,je poursuis ma découverte de cet écrivain talentueux par ce livre au titre évocateur ”Human Punk ”.Si l'on retrouve dans cette oeuvre il est vrai les éternels clichés sex drugs and rock and roll et autres mots appartenant à cette époque glorieuse, ce livre ne se résume pas à la période teenager du personnage principal mais heureusement bien plus que ça. C'est la vie de John, gamin de banlieue industrielle que l on suit, de l avènement de Margaret Tatcher au pouvoir jusqu'au début du vingt et unième siècle.On partage avec lui son adolescence, ses états d âme, son clan,ses peurs,ses blessures de la vie, son exode, son retour, mais aussi sa vision du monde, de cette société qui se déshumanise,de cette Angleterre si violente enlisée dans la crise.
Tout ceci est décrit dans un style parfois cru,direct mais aussi avec une certaine sensibilité qui rend les personnages touchants attachants.C'est un livre réussi pour moi ,qui m à parlé, m à interpellé, malgré les quelques flottements que j ai éprouvé au début certainement du à mon attente vis à vis du titre .
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Ils sont quatre, comme les Trois mousquetaires. Ils sont quatre, ils ont quinze piges , ils vivent dans un bled pourri à l'Ouest de Londres et Thatcher règne en maître sur le Royaume-Uni.
Bref, ils sont punks, la bière coule à flots quand on peut s'en payer, et nous sommes en 1977. Joe, Chris, Dave et Smiles, ainsi nommé parce qu'ils sourit tout le temps, malgré ce qu'il endure chez lui. Smiles, c'est le meilleur pote de Joe. Ce qui qui pige tout de suite son enthousiasme pour les nouveaux groupes. Celui qui lui confie ses soucis, gros et petits. Celui qui va se retrouver dans le coma lorsqu'ils se font flanquer à l'eau par une bande de salopards. Celui qui en gardera des séquelles irréversibles et perdra le sourire.
Joe lui-même ne sourira plus. Il s'exile en Asie pour échapper à cette misère, cette colère qui monte en lui, ces déceptions accumulées pour ne pas voir l'Angleterre sombrer dans la mesquinerie , les classes populaires se laisser prendre au jeu des élites, ne pas voir ses potes devenir cons.
C'est une longue, longue histoire que celle de Joe, qui se poursuit jusqu'au tournant du millénaire ; longue et riche, car c'est l'histoire de toute une génération , d'illusions perdues et d'espoirs retrouvés, l'histoire d'un pays que l'on connaît souvent mal et d'une musique que je connais plutôt bien.
Bref, un livre qui m'a vraiment touchée , et que j'ai lu avec la musique des Clash en tête, en sourdine, dans le coeur :

"But how could we know when I was young
All the changes that were to come?
All the photos in the wallets on the battlefield
And now the terror of the scientific sun
There was masters and servants and servants and dogs
They taught you how to touch your cap
Through strikes and famine and war and peace
England never closed this gap" .....

Merci à John King pour avoir parlé , mieux que tous les autres, de l'âme punk dans ce qu'elle avait d'authentique et de puissamment vivant.
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A travers l'histoire d'un jeune punk - 15 ans en 1977 - de la banlieue de Londres - Slough, la ville qui constitue le décor d'un autre roman de l'auteur, "Skinheads" - , un portrait social et historique de l'Angleterre du dernier quart du 20° siècle. C'est rempli de détails que seule une connaissance de l'intérieur du milieu social peut faire connaître. Les personnages sont vivants, animés par l'empathie de l'auteur et, très probablement, les souvenirs de ceux qu'il a croisé dans la réalité. Et enfin, le style : un long monologue intérieur, narré à la première personne, avec de longues phrases pleines de virgules. Percutant et riche de contenu.
Si, en plus, vous connaissez un peu la musique qui fait l'arrière-plan sonore de ce roman - le punk rock anglais des années 1976-1980, en gros - ce sera une lecture délicieuse.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Une petite fille passe devant nous et heurte le panneau de la diseuse de bonne aventure, Sheri, cinq livres la séance, et son poisson rouge tombe au sol, et c'est vraiment pas de chance parce que le sachet de plastique s'évente et l'eau s'enfuit, et le poisson commencé à étouffer, le plastique collé sur la tête, battant de la queue. La petite fille hurle et son père arrive, ramasse le poisson et décolle le plastique. Puis il le ramène au stand, tandis que la gamine sautille pour voir ce qui va arriver. Les ouïes palpitent et la queue s'agite frénétiquement comme le poisson panique, suffoquant dans l'air frais saturé de barbe à papa, peut-être qu'il voit sa vie de poisson défiler par flashes, c'est-à-dire plus que n'en voit Sheri dans sa caravane ornée de moulures style romanichel, repeintes de frais. La fille qui tient le stand lâche le poisson dans un aquarium où il flotte quelques secondes, un autre poisson venant lui renifler les écailles, puis se remet soudain à nager en cercles avec son copain, toute son énergie retrouvée. La nana donne un autre poisson à la petite fille qui essuie ses larmes, exhibe des gencives dans un grand sourire dentu, tandis que son père lui ébouriffe les cheveux, ravi de ne pas avoir à essayer d'expliquer ce qu'est la mort, ni toutes ces histoires de paradis et d'enfer qu'il n'a jamais pu bien décrypter lui-même.
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Je pense au jour où Smiles a retrouvé le corps de sa mère dans la baignoire, poignets ouverts, saignée à blanc. Il est resté là un long moment avec le corps nu, à discuter avec elle. Il ne m'a jamais raconté ce qu'il lui avait dit, et je ne lui ai jamais demandé. Il ne parle pas beaucoup de sa maman. Pauvre vieux Smiles.
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en Chine j'ai découvert que le communisme n'a rien de romantique, ni de radical, c'est juste une option matérialiste différente du capitalisme, tout le monde veut être au sommet de l échelle, et il y a cette absence de sentiments ,cette incapacité à se mettre à la place de quiconque. la Chine m'a fait comprendre nombre de choses.
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Quand tu es gamin,tu vois tout comme allant de soi,tu ne cherches pas a comprendre pourquoi ton assiette est remplie tous les jours,pourquoi papa rentre crevé et s'assoit devant la télé s’énervant mais trop fatigué pour faire un geste.Je ne réfléchissais pas trop a tout ça.Je n'avais aucun soucis en tete car c'est ça l'enfance,le calme avant la tempête.
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heureusement la musique punk est là pour balayer la tristesse, te forcer à continuer, à poursuivre ta mission, chercher, trouver, détruire...jamais tu n'entendras une chanson d'amour punk, pas question de t'asseoir par terre pour gémir sur ton sort, il faut plonger, y aller, suivre le mouvement, la vitesse, la rage...
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