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EAN : 9782073006691
400 pages
Gallimard (16/03/2023)
3.75/5   182 notes
Résumé :
Au cœur des années 1930, de nombreuses familles italiennes ont émigré dans le quartier de Red Hook, à Brooklyn. C’est là que vivent les petites Sofia et Antonia, adorables voisines et amies absolues. Et si elles sont aussi proches, c’est qu’elles ont un point commun singulier : leurs pères font partie de la mafia. Or, en regardant chaque jour leurs mères subir une vie faite d’inquiétude, les fillettes se jurent de ne jamais épouser d’hommes oeuvrant pour la Famille.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (50) Voir plus Ajouter une critique
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La famille, c'est avant tout un roman sur les femmes, ces mères nourricières pour leurs enfants et pour les membres de cette famille élargie qui oeuvre dans l'ombre dans les quartiers de Brooklyn. Les femmes de ces hommes de l'ombre vivent dans les limites de leur quartier et sous l'autorité de leurs maris car la mafia est affaire d'hommes.
Naomi Krupitsky raconte la vie de ces deux familles italo-américaines, les Colicchio et les Russo, étroitement liées par leur appartenance à la Famille, elle s'attache plus particulièrement à leurs deux fillettes, amies pour la vie : Sofia, indocile et curieuse de la vie, et Antonia, plus réservée et moins assurée que son amie.
« Sofia possède la franche luminosité du soleil, certaine de se lever, convaincue de pouvoir réveiller tout le monde. »
« Antonia se sent libre au côté de Sofia, qui est illuminée par une flamme intérieure à laquelle Antonia peut se réchauffer les mains et le visage. »
Les deux amies se comprennent à merveille et leur amitié grandit dans la distance que leur oppose les autres enfants.
Lorsque le père d'Antonia disparait brutalement, l'amitié survivra malgré le drame, malgré la dépression de Lina la mère d'Antonia. Cette amitié les protégera contre les vicissitudes de la vie.
Devenues jeunes filles, elles trouveront l'amour, amour sage et selon les règles tacites de son milieu pour Antonia qui jettera son dévolu sur Paolo, membre De La Famille. Amour interdit pour Sofia la rebelle qui choisira Saul, un exilé juif.
Enceintes en même temps, elles se demandent si elles sauront être mères à leur tour, pensant à leurs propres mères empêchées de vivre librement leur destin. Leur affection réciproque les aidera à surmonter cette épreuve et leurs enfants, Julia et Robbie, vivront dans la même proximité affective que leurs mères. Y a-t-il un destin commun et obligé pour toutes ces femmes de maffieux ?
Tandis que l'autrice se complait (un peu trop à mon goût) à nous raconter la vie intime de ces deux amies, qui est un échantillon de l'existence de toutes ces femmes issues de l'immigration et d'origine modeste, l'activité des hommes reste assez mystérieuse, comme un lieu de tous les dangers pour ces femmes qui attendent. Leur vie est tournée vers leur foyer et elles s'inquiètent pour leur mari et leurs enfants.
Les hommes, eux, vivent à l'extérieur, à toute heure du jour ou de la nuit. Chez eux, ce sont de bons pères de famille tandis que leur travail occulte les happe dans une violence passée sous silence. Il y a des règlements de compte, des enveloppes de billets qui passent d'une main à l'autre mais on ne connait pas les détails autour du racket sur les marchandises ou bien sur la vente d'alcool prohibé.
La seconde guerre mondiale change la donne et, après la prohibition, c'est le trafic des faux papiers pour les migrants qui fuient l'Europe à feu et à sang qui est plus rémunérateur pour la Famille.
Y a-t-il un destin commun et obligé pour toutes ces filles et femmes de maffieux ? On a l'impression que Sofia et Antonia, comme leurs mères avant elles, vivent dans une cage sous l'autorité des hommes. L'autrice a su recréer le destin de ces femmes en décrivant leur vie de l'intérieur au risque de perdre le lecteur avec tous les atermoiements de ses héroïnes.

Si l'autrice détaille l'intime avec précision, j'ai trouvé que l'écriture souffrait de longueurs qui m'ont assez vite lassée. Beaucoup de redondances aussi dans les pensées, les sentiments des personnages.
Si j'ai suivi avec intérêt le destin des personnages, si l'intrigue m'a tenue en haleine, je n'ai pas vraiment apprécié le dénouement trop convenu et dont le pathétique m'a laissée de marbre.
Je remercie les éditions Gallimard et Babelio pour cette lecture

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« Ne parle pas à ceux qui ont les cheveux gominés en arrière. »
Ils sont tous De La Famille. de la mafia.
« J'aurais dû t'écouter, maman. »

C'est ce que pense Antonia et ce qu'aurait dû faire Sofia, les deux amies, pratiquement en état de soeur.
Naomi Krupitsky a écrit un roman captivant sur l'amitié, presque un manifeste de la sororité. Dans une introspection profonde elle perfore, ausculte et scrute les caractères et les comportements de la vie de ces deux femmes entières, des premiers baisers de leur mère à leurs premiers baisers de mère.
L'auteure interroge avec brio sur la difficulté de grandir, d'aimer, d'enfanter, de croire et de s'émanciper dans le Brooklyn des années 30 et 40 pendant la prohibition et la guerre en Europe quand on est Sofia, la fille de Joey et Antonia, la fille De Carlo, les seconds de Tommy Fanzio le capo mafieux spécialiste en trafic de marchandises, de gens et de juifs.
« Elles se sentent emportées par la rivière de leur vie. »
Que veulent-elles et surtout que peuvent-elles vraiment ?
C'est d'ailleurs toute l'ossature de l'intrigue aux divers retentissements. de la routine à la tragédie, de la dévotion à la rébellion.

Naomi Krupitsky décortique son sujet comme Joyce Carol Oates le ferait, c'est peut-être un peu moins sulfureux mais tout aussi jouissif.

Ces deux femmes ne vont finalement rien sacrifier, ni leur amitié, ni leur famille, ni La Famille mais elles seront à jamais tiraillées entre fierté et horreur.

Un réel plaisir de lecture aux phrases denses et puissantes qui invitent à la réflexion.

Par ailleurs, je suis touché des remerciements de l'auteure en fin d'ouvrage :
« Lecteurs, je ne peux pas croire que vous soyez là. Je suis reconnaissante et émue.
Merci est prodigieusement insuffisant. »

Merci à Babelio pour avoir été un élu de cette MC et à Gallimard de son envoi.
J'ai été enchanté d'être là.


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Avant de commencer, je voudrais remercier les éditions Gallimard et Nicolas Hecht de Babelio d'avoir pensé à moi pour cette masse critique privilégiée.
*
On assiste ces dernières années à un mouvement littéraire visant à inscrire le point de vue des femmes dans l'Histoire. Ainsi toutes les époques, tous les lieux, du règne élisabéthain à la conquête de l'ouest, sont le cadre de nouveaux romans arpentant autrement des chemins que l'on ne connaissait qu'une paire de jeans sur les fesses, un colt dans la poche et de la testostérone à revendre. Désormais, on découvre que la même histoire peut être racontée autrement et que sous leurs fanfreluches, les femmes aussi étaient là. Signes des temps et aubaine éditoriale.
La Famille appartient à cette veine version New-York mafieux des années 40 et fait de ses personnages principaux Antonina et Sofia. Ainsi les querelles de gangs, les habitudes de travail musclées, la dévotion dominicale du Patron et les grandes tablées familiales du clan des Siciliens sont vues par celles qui, dans une culturelle cinématographique et livresque antérieure, ne jouaient que les utilités. La Parrain deviendrait-il La Marraine ?
Ne nous emballons pas.
On assistera aux premiers pas d'Antonina et de Sofia à l'école, à l'ébauche de leurs rêves de jeunes filles, leur mariage, leurs premiers enfants. On les verra tour à tour comme des individus singuliers et des membres presque indistincts De La Famille. Elles auront été affublées d'un caractère propre, de rêves légèrement différents (Sofia volcanique et séductrice, Antonina réservée et intellectuelle) qui laisseront imaginer au lecteur qu'elles se réaliseront individuellement.
Mais c'est compter sans les générations précédentes, sans la Famille, refuge et prison, qui continuera de les enserrer fermement dans sa nasse. Traditions, alliances, loyauté et nécessités économiques s'enchâssent pour refuser à chacun des personnages un autre destin que celui pour lequel il a été programmé : Récurer des éviers sales et faire la pasta pour ces dames. Terroriser les commerçants impécunieux pour ces messieurs.
Pas facile de détourner le lecteur de l'attrait des bagarres de rue. de lui faire entendre que, du fond de leur cuisine, les femmes modèlent aussi le monde. Pas facile non plus d'aller à l'encontre de l'Histoire et de transformer ces personnages secondaires en véritables actrices de leur destin.
Car c'est une gageure qui frise la science-fiction que de leur imaginer une place de héros public. Et c'est aussi alimenter une brûlante controverse que de camper des femmes puissantes uniquement lorsqu'elles agissent à l'instar des hommes, tirent au pistolet et défendent chèrement leur peau.
L'autre solution c'est de raconter une Machiavel qui régente son monde depuis le fond de ses gamelles. D'imaginer que derrière les règlements de compte, la violence des coups se cache une volonté toute féminine. Sofia a le bon profil pour cela.
Ou encore, plus défaitiste, de croire qu'ici tout particulièrement, les femmes sont tellement conditionnées par leur assignation à une certaine posture qu'il est invraisemblable qu'elles aient la moindre chance d'influer sur le destin du monde.
Femme virile ? âme damnée ? esclaves condamnées ? la Famille explore ces trois voies, cherche la faille. Mais c'est fait sans que ces personnages m'aient vraiment touchée et je ne suis pas sûre, malgré un récit plutôt agréable à lire, qu'elle l'ait vraiment trouvée.

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La Famille, c'est une histoire d'amitié entre 2 petites filles : Sofia la fougueuse et Antonia la réfléchie. Comme dans La Malnata, le livre fleure bon l'Italie (les pasta sont de toutes les pages 😉).
L'histoire se déroule à New York, des années 30 à l'après guerre, au sein de la mafia italo-américaine. Il y est beaucoup question de sororité, d'honneur, de loyauté. Mais aussi de la difficulté de s'émanciper De La Famille.
Les états d'âmes des 2 héroïnes, leur vie quotidienne sont détaillés avec beaucoup d'intelligence. Et donnent une image négative de ce milieu où les perspectives féminines se limitent à la cuisine et à l'éducation des enfants. Même quand elles ont des envies d'évasion. La famille, en effet, est un cercle très protecteur (et très clos) !
Le contexte particulier donne à cette histoire d'amitié une tonalité très intéressante et addictive.
Une réussite. Une autrice à suivre.
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Un premier roman plutôt réussi, je trouve. Je ne pensais pas m'intéresser à des membres de la mafia italienne établie à New-York. Ce fut pourtant le cas.

Il faut dire que le roman explore une branche de cette mafia de l'intérieur, à travers le destin de deux petites filles, dont les pères travaillent pour " La Famille". le récit s'échelonne sur vingt ans, de 1928 à 1948, de leur naissance à leur jeune âge adulte.

Sofia la tempétueuse et désordonnée, et Antonia la sage et pragmatique ( on verra bien sûr que ces traits de caractère peuvent être une apparence) sont plus que deux amies, presque des soeurs. Elles ont décidé , encore enfants, d'etre liées à vie. " Si je te vois, tu me vois", leur mantra , chacune derrière la cloison de leur chambre. Elles savent qu'elles mènent une vie à part, à l'école, on les évite. Leurs pères sont vus comme des bandits dangereux. Cela les unit d'autant plus.

J'ai beaucoup aimé suivre leur évolution, leur éloignement à l'adolescence, Sofia cherchant a plaire, Antonia se réfugiant dans les livres, brisée par la mort de son père. Puis leur rapprochement lors de leurs grossesses. L'auteure arrive subtilement à nous faire pénétrer dans leurs pensées, leurs désirs souvent contradictoires, leur envie d'autre chose, d'un ailleurs hors du carcan familial.

En parallèle, on fait la connaissance de leurs maris, tous deux englués dans la " Famille", rêvant de s'en détacher. Saul, le Juif déraciné ayant fui la guerre en Allemagne, m'a touchée.

Mais, évidemment, ces hommes , tout comme leurs prédécesseurs, ne peuvent s'empêcher de céder à la violence qui est en eux. Et des drames surviendront.

L'écriture est fluide, rythmée,les descriptions de l'intériorité des personnages fort justes et précises. Il m'a manqué un je ne sais quoi pour être vraiment conquise. Peut-être des passages un peu longs. Je pense en tout cas que Naomi Krupitsky a tout pour devenir une auteure de talent. Je remercie Babelio et les éditions Gallimard de m'avoir proposé ce livre .
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critiques presse (3)
LeFigaro
08 juin 2023
À Brooklyn, des femmes imposent leur voix dans la Mafia. Épatant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
15 mai 2023
Naomi Krupitsky excelle à raconter ces modifications à travers les regards de ses héroïnes (mais aussi de leur ­entourage), à mesure que celles-ci grandissent. A tous ses personnages, l’autrice offre une richesse psycho­logique qui dépasse largement les ­exigences de la seule efficacité narrative.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
11 avril 2023
Un roman nous fait découvrir la mafia new-yorkaise par les yeux de deux jeunes filles.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Presser la détente, c’est comme sauter dans l’eau froide.

Vous êtes là, au bord du vide, les muscles bandés, prête à changer d’avis jusqu’au dernier moment. Vous êtes toute-puissante : non pas en plein saut, mais juste avant. Et plus vous restez là, plus votre pouvoir augmente, si bien que, dans l’intervalle, le monde entier attend.

Mais dès que vous sautez, vous êtes perdue : à la merci du vent, de la pesanteur et de la décision que vous venez de prendre. Vous ne pouvez rien faire d’autre que regarder, impuissante, l’eau se rapprocher dangereusement, puis vous voilà submergée et trempée, la poitrine prise dans la glace, le souffle bloqué dans la gorge.

Un coup de pistolet qui n’a pas été tiré garde donc son pouvoir. Juste avant que la détente ne clique et que la balle ne parte, désormais hors d’atteinte, hors de votre contrôle. Tandis que le tonnerre gronde au loin dans les nuages mouillés et que l’air électrique fait se dresser les poils de vos bras. Tandis que vous vous tenez là, les pieds bien plantés dans le sol comme votre père vous l’a appris, juste au cas où, l’épaule contractée pour amortir le recul.

Tandis que vous vous décidez, encore et encore.

Feu.
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Sofia se souvient de cette période comme d'un brouillard d'insomnie et de peur. Antonia restait allongée dans son lit jour après jour, petite et grise, et Sofia portait Robbie, le berçait quand il pleurait, avait appris à connaître son odeur aussi bien que celle de Julia.
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Immobile, les yeux rivés sur l'italien qui vient de lui offrir un travail sans aucune raison apparente, Saul est tiraillé entre la curiosité et la peur. "Ne fais confiance à personne", lui avait dit sa mère. Mais aussi "Rends moi fière".
Commenter  J’apprécie          150
C'est un appartement qui pourrait raconter des histoires sur ces occupants même s'ils n'étaient pas là. Il s'évertue à contenir la famille, à absorber les odeurs de la cuisine et la vapeur des douches et les larmes des disputes.
Commenter  J’apprécie          130
Elles se sentent emportées par la rivière de leur vie. Elles sont précipitées vers ce qui ressemble à une falaise, les yeux rivés sur une cascade dont n'émergent que le mariage et les enfants, des robes pratiques, un ménage à conduire. Chacune livre des batailles silencieuses avec elle-même : ce qu'elles veulent ; ce qui se passera quoi qu'elles veuillent. L'amour, comprennent-elles, peut advenir qu'on le veuille ou non. Elles ne sauraient dire s'il faut l'assimiler à la rivière elle-même ou au canot de sauvetage. Elles doivent réajuster l'image qu'elles en avaient.
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Videos de Naomi Krupitsky (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Naomi Krupitsky
Dans ce nouvel épisode de notre podcast, Annaïk, Laure, Fanny, Marie, et Pauline, toutes les cinq libraires à Dialogues, partagent leurs derniers coups de coeur !
Bibliographie :
- Un thriller : L'homme du Grand Hôtel, de Valentin Mussi (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/22262646-l-homme-du-grand-hotel-valentin-musso-points
- Un roman : La famille, de Naomi Krupitsky (éd. Gallimard) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21833929-la-famille-naomi-krupitsky-gallimard
- Un livre de cuisine : Ça c'est de la tarte ! Sucrée mais pas trop, de Marie et Maud Chioca (éd. Terre vivante) https://www.librairiedialogues.fr/livre/22229547-ca-cest-de-la-tarte-sucree-mais-pas-trop-marie-chioca-terre-vivante
- Un essai : Les Mots sont apatrides, RF Monté (éd. Slatkine & Cie) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19796984-les-mots-sont-apatrides-rf-monte-editions-slatkine
- Un essai : Rêver au jardin, Jean-Luc le Cleac'h (éd. La Part commune) https://www.librairiedialogues.fr/livre/22303858-rever-au-jardin-jean-luc-le-cleac-h-la-part-commune
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