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Résumé :
La Forêt des Aventures ou Peau d’âne et Don Quichotte (1932)
Le petit Pierre, un jeune parisien rêveur, pétri de contes, plein d’imagination et de courage, se retrouve à la campagne avec sa maman, de santé délicate. Il y fait la connaissance de Violette, une petite fille malicieuse et réaliste. Les deux enfants partent à l’aventure dans la forêt voisine, une forêt mystérieuse… Ils vont rencontrer des nains terrifiants, Cendrillon, Grand-mère et le loup, Ali B... >Voir plus
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Dans l’ombre est accroupi un être monstrueux. Ses pattes visqueuses sont collées au sol avec lequel elles semblent faire corps. Des pustules déshonorent la peau de ce vilain personnage assurément pétri de limon. À coups précipités, sa gorge blanchâtre palpite sous une bouche démesurée et un front bas.
Mais oui ! Mais oui ! Pierre a vu « ça » quelque part dans
les livres. Il rassemble ses souvenirs. Ça y est ! Il a trouvé :
— C’est la fée Crapaudine !
— C’t’idée, reprend Violette avec indignation. Ça, c’est un
crapaud, tout simplement, c’est pas une fée ni une crapaudine…
Une crapaudine ! C’est des choses qu’on fait avec des pigeons cuits.
— Faut le tuer, dit tout de suite Pierre en saisissant un caillou.
— Pourquoi ?
— Mais parce qu’il est méchant, donc ! Regarde comme il
est laid.
Violette devient grave :
— Pas une raison, objecte-t-elle. Papa m’a dit que c’était
pas vrai qu’on était méchant parce qu’on était laid. Même un jour que j’avais peur d’un crapaud comme ça, il me l’a fait regarder de tout près. Tiens, Pierrot, vois donc ses yeux !
Pierre se baissa.
Sans doute parce qu’il savait qu’il ne faisait pas le mal, le
petit monstre ne bougea point.
Alors Pierre stupéfait vit dans cette masse hideuse deux
yeux de topaze, admirables de pureté. Confusément son âme d’enfant comprit alors que la laideur a ses beautés.
— Ce n’est pas beau, mais tout de même c’est peut-être une brave bête, dit-il rêveur
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— Mais, maman, je ne dis pas tout à fait que c’est une princesse… Mais, tout de même, c’est drôle qu’elle soit avec les bêtes. Peut-être bien qu’elle a été enchantée ? On ne sait pas… Mais, sûrement, elle est riche et elle doit être heureuse, puisque son papa habite un château…
— Riche et heureuse puisque son père habite un château ? Mon pauvre petit, si tu savais combien tu m’irrites ! Quand donc apprendras-tu la vie autrement que dans les livres ? Quand donc cesseras-tu de te croire le héros de tous les contes que tu embrouilles dans ta mémoire ? À peine as-tu dix ans et tu veux jouer tous les rôles au lieu de… jouer tout simplement. Le Petit Poucet, le Prince Charmant… Don Quichotte… Ah ! Don Quichotte surtout, que tu imites tour à tour. Mais tout ça, voyons,
ce sont des histoires, cela !…
Cependant, comme Pierre poussait un gros soupir fort triste, Mme Boisgarnier, mère un peu faible, n’insista point. Embrassant son fils, elle lui dit, pour le consoler, cette imprudente parole :
— Allez, allez donc, mon petit Don Quichotte, délivrer la fille du roi… Et vous me donnerez ensuite des nouvelles de votre voyage dans la vie réelle. Je crois que vous y perdrez bien des illusions !
« Des illusions, qu’est-ce que c’est que ça ? » songea Pierre, que ce mot nouveau avait beaucoup frappé.
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— Trop lourde. Ce n’est pas très malin, ce que vous dites là ! Il ne la porte pas sur ses épaules…
— C’est toi qui n’es pas malin, reprit Violette vexée. Ça veut dire trop lourde pour sa bourse.
— Comment ?
— Mais oui, papa est ennuyé, je crois. Quand il fait ses comptes, il a un vilain pli sur le front qui me fait peur. Tu comprends, je crois qu’il tire le diable par la queue.
Cette détestable image frappa incontinent le petit Pierre, qui n’avait guère pris contact avec le commun des mortels.
— Oh ! ton père a vu le diable ? le vrai ? pas celui de Mme Mac-Mich dans le livre de la bibliothèque rose ? Il a dû avoir une peur terrible ! Comment a-t-il osé le tirer par la queue ?
Violette écarquilla les yeux.
— Non, mais… tu es décidément trop niais. Tirer le diable par la queue, tu ne sais donc pas que ça veut dire qu’on est un peu des pauvres ? des nouveaux pauvres, comme dit papa.
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Caroline passa. Elle passa comme une Parque, de futaine vêtue, sans honorer les enfants d’un regard.
Caroline avait l’âme ménagère. Elle songeait à assurer le souper du lendemain. Sans hésiter, elle fut quérir dans une cage pleine de crottes de réglisse un jeune lapin qui, battant du tambour avec ses oreilles de petit âne, lui faisait des grimaces comiques en remuant du nez. D’un geste assassin, elle le prit comme un linge sale et, de sa vieille main noire, elle assena un mauvais coup derrière le crâne innocent du candide lapereau.
Et celui-ci retomba inerte, l’œil révulsé, les baguettes de tambour à l’envers, le nez rose frémissant du dernier spasme.
Spectacle abominable. Il remplit Pierre et même Violette d’horreur. Tous deux demeurèrent un moment figés sur place comme deux statuettes de sel, sur le modèle de la femme de Loth, prenant déjà conscience du drame mystérieux de la souffrance et de la mort…
Ce moment fut bref, mais un tel assassinat devait brouiller encore l’enfant des villes avec la vie des champs qui avait, un moment, conquis son âme neuve.
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Contre la fenêtre, à l’extrémité du grand salon, il y avait une table ; sur cette table un fauteuil, sur ce fauteuil un tabouret, et sur ce tabouret un petit garçon qui, à l’aide d’un caillou serti dans une bague de plomb, faisait mine de couper l’une des vitres supérieures.
Tout cela formait une pyramide miraculeuse, mais un peu branlante. Si branlante même que, par suite de la défaillance du tabouret, le petit garçon n’eut que le temps de s’accrocher à l’un des rideaux de damas cerise, tandis que s’écroulait avec fracas l’édifice péniblement construit.
À l’autre extrémité du salon, dans une partie lointaine qui formait boudoir, une jeune femme laissa échapper un cri d’effroi :
Mme Boisgarnier souleva son corps émacié qui disparaissait sur un sofa, au milieu d’un amoncellement de coussins et de cachemires :
— Qu’y a-t-il donc, Pierre ? dit-elle à l’enfant, qui glissait le long du rideau. Que fais-tu là ?
— Rien… rien… maman… Ne vous inquiétez pas, je joue…
— À quoi ? À te casser une jambe ?
— Mais non, maman, aux évasions de Latude, le prisonnier de la Bastille. Je m’enfuyais par le carreau quand cette maudite chaise…
— Reste tranquille, Pierre, tu me fatigues. Tu entends ? Je
te prie de ne plus bouger.
Latude ne bougea plus. D’ailleurs, ayant « manqué » son évasion, il était tout naturel que Latude se reposât et réfléchît.
Paisiblement, l’enfant assis réfléchit donc. Comment se sauver, et se sauver sans faire de bruit ?
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