Franchement, cette fois c'est la goutte qui fait déborder le vase. Paul qui préfère qu'on l'appelle Polo parce que Paul c'est ringard à son avis (mais ce n'est pas le mien, Polo ça fait t-shirt ou chiffon), Paul donc est en colère après Patrick son beau-père.
Ce n'est pas la première fois que Polo fugue mais cette fois-ci il est bien déterminé à réussir, à aller jusqu'au bout. de quoi, il n'en sait rien, mais au bout quand même. Il est à pied mais à quinze ans les moyens de locomotion sont limités pour quitter ce petit village normand. Et en voyant un joggeur arriver, il s'engouffre dans la première maison qui se présente à lui et dont la porte semble l'inviter à entrer comme celle des sept nains avec Blanche-Neige ou celle des trois ours avec Boucle d'or.
L'occupant des lieux n'habite pas dans la bourgade depuis longtemps, quelques mois tout au plus. Un sexagénaire plutôt tranquille, un brin misanthrope. Et il rouspète comme un putois lorsqu'il découvre Polo dans son antre. Il veut se débarrasser de cet intrus qui s'immisce dans sa vie privée, mais Polo a une parade imparable : il s'est attaché un poignet au radiateur à l'aide d'une paire de menottes dégottées dans l'entrée.
Pierre-Yves, ah oui au fait, l'irascible se prénomme Pierres-Yves ce qui fait rigoler Polo,
Pierre-Yves est coincé car c'est le gamin qui possède la clé. Alors commence une soirée qui s'éternise, vu que la télé est antédiluvienne, et comme boisson
Pierre-Yves propose chocolat ou thé, alors que Polo, prolétaire, préfère un café. Et c'est ainsi que le taiseux
Pierre-Yves va être obligé à sortir de son mutisme, pis (ou pire pour ceux qui préfèrent) à raconter sa vie, en échange il a droit aux petites révélations de Polo.
Chacun d'eux échangent leurs petits ou grands secrets, se promettant de les enfermer dans une bulle et de ne pas les divulguer au dehors. Ils se déboutonnent mettant leurs sentiments à nu. Une forme d'exorcisme s'enclenche au cours laquelle ils retrouvent non pas la sérénité mais une sorte de bien-être, de rabibochage avec eux-mêmes et le monde qui les entoure. Malgré les cinquante ans qui les séparent, ils se sentent peu à peu en confiance vis - à vis de l'autre et se racontent leurs problèmes familiaux, physiques et psychiques. Car ce sont tous deux des éclopés de la vie à des degrés divers.
Pierre-Yves parfois rabroue Polo, celui-ci se montrant quelquefois grossier dans ses propos, mais le gamin ne s'offusque pas des remontrances qui lui sont faites, il découvre que sous son air balourd, ronchon, son interlocuteur lui narre pour la première fois ce qu'il a toujours caché, qu'il se vide, qu'il se confesse et que cela lui fait un bien immense. Mieux que s'il était entré dans un confessionnal.
Et lorsque c'est fini, ça continue avec un épilogue à double détente.
Ce roman, dont la quatrième de couverture précise qu'il s'adresse à des lecteurs de onze à cent onze ans, est plus qu'un roman pour adolescent. Il s'agit bien pour l'auteure, qui nous avait déjà régalé avec
Mélodie en sous-sol, un livre peut-être moins ambitieux mais qui traitait aussi de problèmes entre enfants préadolescents et adultes, de montrer combien la vie est parfois difficile et que l'on se sent mieux en confiance entre personnes que tout apparemment n'aurait pas dû rapprocher. Chacun a ses problèmes, il suffit de trouver la bonne oreille pour que la vie devienne un peu moins dure.
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