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EAN : 9782702142462
336 pages
Calmann-Lévy (17/08/2011)
3.34/5   77 notes
Résumé :
Dans un pays des Balkans qui se remet douloureusement d'un siècle de guerres, Natalia, jeune médecin, est venue vacciner les pensionnaires d'un orphelinat. Autour d'elle, tout n'est que superstitions. Les épidémies seraient des malédictions, les morts, des forces vives. Ces croyances absurdes, Natalia les rattache aux contes que lui a transmis son grand-père. Mais l'histoire la plus extraordinaire, celle du tigre, de la sourde-muette et du petiti garçon de neuf ans,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Dans le cadre du prix roman FNAC 2011, j'ai reçu ce livre. Après « Venir au monde » de Mazzantini, c'est le second livre qui se passe en Ex Yougoslavie en partie pendant la guerre. C'est une première oeuvre pour une écrivaine de 25 ans… C'est un très bon premier livre.

J'ai aimé cette histoire rocambolesque qui mêle le folklore, les mythes à une réalité difficile. Racontée par la voix de Natalia, jeune doctoresse, l'histoire se partage entre le passé et le présent, l'enfance et la jeune adulte. Natalia part vacciner des orphelins dans une partie des Balkans détruite par les forces Serbes. Elle-même Serbe, elle apprend que son grand père vient de décéder dans un village inconnu. Elle part alors à la recherche de son passé et de ses racines. Elle raconte son grand père, son histoire. On découvre un homme immortel, un tigre et sa femme, un homme ours, un village ravagé par les ragots et la violence quotidienne. A cela se mélange, la vie dans ces pays Balkans ravagés par la guerre. On découvre que même au début du vingt et unième siècle (même ou surtout ?) le folklore, la superstition jouent un double rôle: à la fois destructeur mais aussi une aide à la vie / à la survie quand le monde s'effondre.

C'est une écriture étonnante. Ce roman m'a rappelé ce film de Kusturica vu à Oslo où je ne comprenais pas les paroles (Serbe sous titré en Suédois, cela dépassait mes compétences) mais où j'ai apprécié les couleurs, les sons, l'atmosphère d'une façon très personnelle. Dans La femme du tigre, il y a ce même genre de scènes très vivantes, très décalée (le zoo, le passage en douane, les vignobles, …)

Même si ce livre n'est pas sans défaut… la fin, en particulier, m'a interloquée et m'a parue un peu bâclée, dans tous les cas, je l'ai lu avec grand plaisir et je vous le recommande. J'ai hâte également de voir comment va évoluer l'écriture de cette écrivaine d'origine Serbe.

Merci à la FNAC et à Calmann Levy.

1ère phrase : "Dans mon plus lointain souvenir, mon grand père, chauve comme un caillou, m'emmène voir les tigres."
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Téa Obreht possède l'audace de la jeunesse lui permettant d'emprunter un chemin détourné, celui des légendes et superstitions, afin de raconter les blessures béantes laissées par les guerres ethniques des Balkans.


Dans cette contrée aux lignes géographiques éclatées, les frontières de la réalité se révèlent floues : les épidémies seraient des maléfices et les morts des esprits errants. Les superstitions sont encore très vivantes dans cette région, elles permettent aux vivants ou « survivants » d'apprivoiser leurs peurs et les horreurs vécues.
C'est ce que découvre Natalia, jeune médecin serbe en mission humanitaire. Relativement préservée par cette guerre un peu lointaine, forte de l'insouciance de la jeunesse _ et quelque peu étrangère aux légendes _ la mort mystérieuse de son grand-père avec lequel elle avait noué une solide complicité, fait tomber toutes les résistances de la jeune femme...


Le récit est réellement surprenant parce qu'il s'inscrit dans une contrée géographique mal définie, une rationalité aux frontières abolies, une narration au rythme bousculé. Et pour un esprit cartésien, cela est même est déroutant. Il convient un temps d'adaptation au récit où se télescopent sans cesse imaginaire et monde réel, souvenirs et réflexions d'une narratrice un peu perdue dans ce monde où les fables glissent comme des ombres dans la banalité du quotidien.
Pour autant, on se laisse captiver par cette « réalité », les contes confèrent une certaine beauté morale à la laideur du quotidien d'après-guerre où la mort est encore très présente. Ici la fable ne se borne pas à la transmission d'histoires de génération en génération, elle prend une dimension merveilleuse permettant d'appréhender une vie hostile, faite de conflit, d'épidémie, de deuil et de haine.
Avec une écriture cinématographique, l'auteur, doté de réels talents de conteuse, convoque tous les fantômes du passé de son pays d'origine que l'on découvre plein de poésie, peut être pour sanctuariser la paix présente face aux traumatismes.
Lecture savoureuse et dépaysante.
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Un livre dense qui relate l'histoire contemporaine de Natalia, médecin humanitaire partie vacciner des enfants dans un orphelinat d'une région "bombardée par les nôtres", l'annonce du décès de son grand-père en cours de route, et les souvenirs de Natalia sur la vie passée avec son grand-père...
Prétexte à nombre d'histoires parallèles, récits de croyances religieuses, de superstitions, au sujet des morts qui ne le sont pas vraiment tant que... (lire le livre pour comprendre !).

L'écriture est remarquable, très bien restituée en français par la traductrice.
Attention aux lecteurs "volages" : le roman requiert une certaine dose de concentration pour s'y retrouver avec les personnages passés, présents, réels, imaginaires, originaires de telle région ou de telle autre de l'ex-Yougoslavie... Je ne pense pas que l'on puisse dire que "La femme du tigre" soit un roman facile à lire. Nonobstant, c'est un très bon livre, merveilleusement bien écrit (l'auteur n'a que 25 ans, mazette !) et bien traduit.

Au début, et même pendant un moment, nous hésitons à identifier cette région, ces pays des Balkans, cette guerre : l'auteur ne donne pas de précisions, au lecteur de se refaire l'histoire. Mais une histoire récente et qui pour des lecteurs européens "parle" beaucoup. Et une histoire de l'Histoire remarquablement mise en mots par l'auteur. Au fil du récit, l'on déduit que Natalia est serbe, et confirmation est faite que l'ex-Yougoslavie est cette région des Balkans à laquelle le résumé de l'éditeur fait (prudemment) allusion. L'auteur se réfère à Belgrade comme étant "la Ville", Tito n'est jamais nommé mais désigné comme "le Maréchal"... En revanche, des noms de villages sont réels (Sarobor...).

Les moments forts du roman (méli-mélo chronologique) :

- Avant/après-guerre pour Natalia: Contrôles des passeports aux frontières, attention portée aux consonances des noms de famille, à l'origine religieuse...
La Ville... Bruit des bombes, éclairages rougeoyants des sites en flammes.
Se préoccuper du sort des animaux du zoo, l'éléphant se promenant en ville, le tigre qui dévore ses propres pattes.. les habitants qui déguisés en animal (un pyjama ou un plumeau sur la tête suffisent) font le piquet devant le zoo pendant le couvre-feu.

- Natalia : grand-père orthodoxe, marié à la grand-mère musulmane ("mahométane") de Bosnie qui ont vécu leurs premières années heureuses de mariage à Sarobor dans la région natale de la grand-mère.

- le "Livre de la Jungle" corné... que le grand-père portait toujours dans sa poche : grâce à Téa Obrecht, nous redécouvrons le bestiaire du roman de Rudyard Kipling ("une mangouste, pas une fouine"... qui s'appelle d'ailleurs Rikki Tikki Tavi (!)). L'affection pour les animaux tient son rôle dans le livre puisque le grand-père a rituellement toutes les semaines emmené sa petite fille au zoo.

-"L'homme-qui-ne-mourra-pas" que croise le grand-père à différentes époques : ce personnage, victime d'un sort l'empêchant de vieillir et mourir, porte sur lui une tasse dans laquelle il décrypte l'empreinte du marc de café bu par ses interlocuteurs et sait immédiatement si ceux-ci vont vivre ou mourir rapidement. NB : Après avoir lu ce livre, qui refera le test du marc de café !

- Les études de médecine de Natalia et Zora et toutes les anecdotes: comment obtenir un passe-droit pour disposer d'un cadavre à disséquer, et la quête illégale d'un moule de crâne de l'autre côté de la frontière... Des moments "drôles" du récit !

- Des histoires dans l'histoire ou bien des "digressions" : la jeunesse de Luka le boucher, jadis musicien traditionnel passionné par son art et sa dérive en boucher violentant sa femme, la vie de Darisa le chasseur d'ours taxidermiste, celle de l'apothicaire musulman contraint de dissimuler son origine depuis l'adolescence...

- Et la Femme du Tigre: sourde et muette, "mahométane", abusée par son mari Luka le boucher, et dont l'histoire (dont Natalia a toujours cru qu'il s'agissait d'une légende) est basée sur un épisode véridique de la jeunesse du grand-père de Natalia : dans son village natal de Galina, où vivaient aussi Luka le boucher et sa femme sourde-muette, rôdait un tigre échappé d'un zoo suite aux bombardements allemands en 1941. Alors que le village est en émoi, que la chasse au tigre est ouverte, la sourde-muette nourrit l'animal et l'apprivoise quasiment. Elle devient "la femme du tigre".
NB : la référence au tigre échappé du zoo, nous l'avons découverte dans le film Underground (1995) d'Emir Kusturica, qui s'inspirait du fait réel de l'époque des bombardements nazis sur Belgrade.

- Episode absolument incroyable et inoubliable : La famille de "Duré" qui creuse dans le verger d'une propriété toujours habitée, pour retrouver le cadavre d'un cousin enterré là pendant la guerre en toute précipitation, dans une valise, des années avant, et dont l'âme du mort ainsi enterré sans sépulture a jeté un sort sur la famille. Et la joie et le soulagement de retrouver la valise, après avoir mis sens dessus dessous le verger, et de pouvoir laver les os et effectuer le rite avec le "coeur" du défunt.

L'un ou les deux récits "dans le récit" qui m'ont le plus marquée ?... Pourquoi ce titre ?... : la suite sur mon blog http://coquelicoquillages.blogspot.fr/2012/04/tea-obrecht-la-femme-du-tigre-ex.html
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Une lecture mitigée, par moments j'étais prise par l'histoire surtout celle du grand-père, quant à celle de Natalia je me suis ennuyée. Pas d'intrigue, pas de rebondissement, c'est plat, malgré tout, ça reste intéressant à découvrir.

J'ai de loin préféré la partie "conte" avec l'homme qui ne meurt pas et la femme du tigre donc avec le grand-père.

L'écriture est parfois superbe et parfois quelconque, ce roman est à l'image des montagnes russes et j'ai eu beaucoup de mal à trouver un certain plaisir à le lire. Je n'avais qu'une hâte c'était d'arriver au bout non sans mal.

Passons à autre chose avec plaisir !
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Natalia est en voyage avec son amie Zora quand elle apprend que son grand père est décédé. Elle hésite à interrompre son voyage mais poursuit finalement : les deux jeunes femmes sont médecins et vont dans un orphelinat du pays voisin pour vacciner les enfants. Elle pense pouvoir remplir sa mission et revenir à temps pour les funérailles.
Commence pour Natalia la remontée de souvenirs du temps passé avec son grand père, au zoo pour observer les tigres, à la maison…. Natalia avait 14 ans quand la guerre a commencé (Guerre de Yougoslavie).
Avec l'adolescence leurs liens s'étaient distendus mais elle était restée tout de même très proche de ce grand-père, médecin lui aussi.

J'ai beaucoup aimé les parties « réalistes » du roman quand Natalia raconte la guerre qui se rapproche, la découverte, à 15 ans, de sa vocation de médecin.
J'ai moins aimé par contre les digressions avec les souvenirs « fantastiques » de son grand père : l'histoire par exemple de l'homme-qui-ne-meurt-pas, l'histoire du tigre que le grand père aurait rencontré quand il avait 9 ans.
Et puis une fois réalisé que je ne pourrai pas tout comprendre (pour cause de réalisme magique) j'ai laissé de côté toute rationalité et plus profité de cette lecture (l'histoire de la femme du tigre (et du titre) prend de l'ampleur et devient passionnante…

En conclusion : un avis un peu mitigé pour ce premier roman mais des circonstances de lecture qui ne sont pas favorables (confinement), je vais essayer de lire des livres plus gais….ça tombe bien j'ai « les intermittences de la mort » dans ma PAL …:-)
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critiques presse (4)
LaPresse
28 novembre 2011
Le réalisme et le merveilleux marchent main dans la main, le temps d'un voyage où la chronologie est déconstruite, qu'il faut prendre le temps d'apprivoiser, mais qui devient vite aussi beau que dépaysant.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeMonde
18 novembre 2011
Téa Obreht passe avec virtuosité d'une strate de temps à l'autre, d'un récit et d'un lieu à l'autre pour composer ce roman d'une intelligence et d'une beauté lumineuses sur les pouvoirs de la fable.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
14 octobre 2011
Comment passer de la violence au mythe, du traumatisme à l'apaisement? Voilà la question qui traverse ce récit magnifique où déferlent la fantaisie et les chimères, afin que Le livre de la jungle remplace la loi de la jungle.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
28 septembre 2011
Pour ce premier roman ambitieux et solaire, Téa Obreht a obtenu, en juin, l'Orange Prize 2011, une récompense anglo-saxonne prestigieuse et largement méritée.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Des années durant, nous avions lutté pour conserver notre insouciance face à la guerre. Dés qu’elle se termina - sans prévenir, sans même nous avoir touchés en Ville -, notre indignation éclata. […] Il nous fallut surtout lutter pour prouver que nous méritions d’en arriver là, donner tort aux journaux qui prophétisaient l’échec de la génération de l’après-guerre.
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Il y avait quelque chose d'impérissable dans les souvenirs d'enfance de mon grand-père. Toute sa vie, il s'est rappelé la chaude atmosphère de la boutique de l'apothicaire et le grand ibis rouge, sévère et muet dans sa cage. La boutique incarnait un ordre sublime, une symétrie fascinante, que le simple fait de rentrer chez soi avec le nombre requis de moutons ne suffisait pas à combler. J'imagine mon grand-père, une chaussette en tire-bouchon, en train d'observer devant le comptoir les étagères chargées de bocaux à n'en plus finir, les flacons bombés de médicaments, en se délectant de leurs promesses sereines de bien-être.
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Quand un homme meurt, il a peur et te prend tout ce dont il a besoin; ça fait partie de ton boulot de médecin de le lui donner, de le consoler, de lui tenir la main. Les enfants, eux, meurent comme ils ont vécu - dans l'espoir. Ils ne savent pas de quoi il retourne, si bien qu'ils ne s'attendent à rien, ils ne te demandent pas de leur tenir la main - et, à la fin, c'est toi qui as besoin qu'ils serrent la tienne. Face aux enfants, tu ne peux compter que sur toi.
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Mais à présent que le pays vivait sa dernière heure, il semblait évident à mon grand-père - autant qu'à moi d'ailleurs - que le cessez-le-feu nous avait donné l'illusion du retour à la normale mais pas la paix. Quand un combat vise un objectif précis - se libérer d'un jougs, défendre un innocent -, on peut espérer le mener à terme. quand le combat consiste à démêler son identité -son nom, ses racines, son attachement à tel monument ou à tel événement -, il n'aboutit qu'à la haine et à la longue et lente avancée de ceux qui s'en nourrissent et qui en ont été gavés, délibérément, par leurs prédécesseurs. Dans ce cas-là, le combat n'en finit jamais, il se poursuit par déferlantes, et parvient encore à surprendre ceux qui espéraient avoir terminé de lutter.
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Dans l'esprit de mon grand-père, le diable recouvrait bien des notions. Le diable, c'était Leši, le lutin rencontré dans les prés, qui vous réclamait des pièces de monnaie -envoyez le promener et il mettra la forêt sens dessus dessous au point que vous n'y retrouverez plus votre chemin. Le diable, c'est aussi Crnobog, le dieu cornu qui convoquait les ténèbres. Quand vous faisiez des bêtises, vos aînés vous envoyaient au diable. Vous-même n'aviez le droit d'envoyer quelqu'un au diable que si vous étiez bien, bien plus âgé que lui. Le diable, c'était enfin le fils cadet de Baba Roga, qui caracolait sur un cheval noir dans le bois et que l'on connaissait sous le nom de Nuit.
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Vidéo de Téa Obreht

"La Femme du Tigre" de Téa Obreht par Julie du Furet du Nord de Lille (59)
Julie Gonéra, libraire au Furet du Nord de Lille, nous présente l'un de ses coups de coeur : "La Femme du Tigre" de Téa Obreht (http://www.livredepoche.com/l...
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