Comment se termine ce récit :
"En mai 2006, je me suis levée sous un ciel bleu sans nuages et j'ai commencé à parler de mon père, qui était mort depuis plus de deux ans. Dès que j'ai ouvert la bouche, je me suis mise à trembler violemment. J'ai tremblé ce jour là, et puis j'ai tremblé à nouveau d'autres fois. Je suis la femme qui tremble."
Avec son écriture fluide et précise,
Siri Hustvedt se dévoile sans impudeur, avec franchise et clarté. Souffrant depuis des années de migraines, ayant sans doute eu au moins une crise d'épilepsie, elle a depuis longtemps été fascinée par les neuro-sciences, et lu d'innombrables ouvrages sur la psychanalyse, les maladies mentales, la neurologie, la philosophie... Elle anime un atelier d'écriture hebdomadaire pour des patients en clinique psychiatrique et est membre d'un groupe de discussion conscré à la neuropsychanlyse.
Continuant à chercher dans son passé et ses problèmes de santé pour connaître la cause de ses tremblements, qui n'affectent pas sa parole, et peuvent être jugulés par des médicaments pris préventivement, elle propose un essai sur l'évolution, les découvertes, les controverses, principalement en neurologie et psychanalyse. Mais ce n'est pas un pavé indigeste,
Siri Hustvedt sait insérer beaucoup d'exemples et traduire le jargon en langage clair et parlant. Dissociation, souvenirs et leurs liens avec les lieux, la douleur, que de thèmes passionnants sont abordés.
Sans oublier la lecture:
"C'est par la lecture que nous nous approchons le plus de cette pénétration de l'esprit d'un autre. La lecture est l'arène mentale où des styles de pensée différents, tels le dur et le tendre, et les idées qu'ils engendrent deviennent le plus apparents. Nous avons accès au narrateur interne d'un inconnu. Lire, après tout, est une façon de vivre à l'intérieur des mots d'autrui. Sa voix devient, le temps de la lecture, mon narrateur ou ma narratrice. "
Quand elle lit, elle voit dans sa tête des images, les lieux, les personnages (moi aussi et je croyais cela universel) mais elle a rencontré un homme qui, lui, ne voit que des mots.
Pas un roman, donc, mais un essai, passionnant.
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