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Anita Concas (Traducteur)
EAN : 9782070735044
496 pages
Gallimard (09/09/2004)
4/5   8 notes
Résumé :

Line Hokwerda est une petite fille que son père entraîne à devenir forte : il la jette sans cesse par-dessus les roseaux, dans la rivière qui coule derrière la maison familiale, pour la faire nager dans l'eau froide jusqu'à épuisement. Mais Line est aussi une petite fille qui voit des traces de sang sur les murs de la maison, après les disputes de ses parents. Pleine d'admiration et de crainte mêlées, elle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voilà que ça recommence : je ne peux pas attendre d'avoir fini ce bouquin pour en parler. Je suis quand même proche de la fin. Et puis finalement ce n'est pas si mal, je ne risque pas de la dévoiler, cette fin, même si je sais que ça ne va être tendre... Ce n'est pas plus mal aussi parce que je suis complètement dedans. Quand je suis en train de lire un roman qui me captive, il ne me lâche pas. La preuve...



Est-ce une histoire d'amour ? Je réfléchis... pas longtemps : oui, c'en est tout de même une. Construite sur le sexe, sur un désir immodéré de l'autre, et vécue essentiellement ainsi. Ça paraît cliché de dire qu'il est passionnel, cet amour. On peut mettre le mot « passion » à toutes les sauces. Et pourtant, s'il existe un exemple d'histoire d'amour passionnel, avec toute la part d'asservissement et de destruction qui lui est associée, c'est bien celui de Line et Henri. C'est bien une histoire d'Eros et de Tanatos.


Si, il y a un autre roman auquel celui-ci me fait penser, deux en fait, deux romans d'Aragon dont je me délecte aussi : « Aurélien » et « Les voyageurs de l'Impériale »...
Ce que j'aime entre autres dans « La fille de Hokwerda », c'est que son auteur fasse ainsi par le menu le récit des moments ou instants les plus intimes du couple, de tous les gestes qui les rendent dépendants l'un de l'autre, de ce qu'ils se prennent à désirer et à rejeter tout aussi fortement. L'auteur n'explique rien, aucun blabla psychologique : le récit et la description purs, leurs propres questionnements parfois et leur incapacité à trouver les réponses. Et cela suffit pour qu'on les comprenne tous les deux, cela suffit à rendre toute leur humanité : leur besoin de tendresse et de protection, le bien qu'ils savent se faire, leur refus (pour un rien ou parce qu'au contraire ils sont subitement lucides) et leur violence l'instant d'après.

J'ai dit : une histoire construite sur le sexe... Il y a autre chose : il y a aussi leur vide sentimental à tous les deux avant qu'ils ne se rencontrent. S'il n'y en avait eu qu'un à le ressentir, ce vide, et à avoir eu besoin de le combler aveuglément, cet amour ne courrait pas vers le drame que l'on sent inévitable. L'un des deux se serait réveillé avant.


Mais ils sont deux êtres solitaires, et souffrant de cette solitude, tous deux chargés d'un passé qui les influence et ne sachant pas comment vivre s'ils ne dépendent pas de quelqu'un, tous deux amoureux de l'amour même, tous deux déjà sur la ligne avant même de se connaître, et fatalement perdus parce qu'ils se sont rencontrés...


La tentative de Line de se décrocher, pour rechercher la stabilité avec un autre homme, est donc dérisoire. Les connaissant, eux-mêmes sachant jusqu'où ils peuvent aller l'un avec l'autre, cette tentative est illusoire.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Ce matin-là, son corps lui apparut comme transformé. Elle le remarqua tout d'abord dans les rues du quartier De Pijp en allant prendre le tramway : il semblait plus léger et plus dénoué, plus rond et plus agréable à voir et son existence était soudain si manifeste quelle en eut presque peur. À chaque pas, elle sentait ses seins, elle sentait encore, entre ses cuisses, la chaleur du plaisir qu'elle venait d'éprouver et sur son dos la sueur jaillie de ses pores dans la dernière étreinte. Elle marchait d'un pas vif, sans faire attention à la circulation, et elle regrettait d'être arrivée si vite à l'arrêt du tramway. Si elle en avait eu le temps, elle aurait parcouru à pied tout le chemin jusqu'à son travail pour pouvoir continuer à sentir le mouvement délicieux et insouciant de son corps.
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C'est une survivante, pensa-t-il soudain. S'il existe un verbe qui la caractérise, c'est celui-ci : survivre. Elle n'a rien fait d'autre depuis sa petite enfance. Elle a beau avoir l'air forte, lutter avec les garçons, rire du fond du ventre, sa vie n'a jamais été qu'une survie. Dans la maison d'ouvrier, près de l'Ee, où elle se levait à cinq heures du matin pour se réserver ne serait-ce que quelques heures de solitude. Pendant les dix années où elle avait tout sacrifié pour devenir une ping pong champ, quémandant l'approbation de son entraineur. Dans les années avec Marcus, elle avait survécu dans un milieu de drogués où elle se sentait malheureuse comme les pierres. Et finalement sa liaison avec cet escroc à tête intéressante, un homme plus vieux qu'elle, qui apparemment, la rassurait, qui répondait à ce besoin, si profond en elle qu'elle encaissait les coups avec patience.
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Après deux ans et demi, à la fois affamée et réticente, elle avait reconnu son corps. C'était comme si ses mains et ses lèvres, pas elle-même, le reconnaissaient ou qu'elle avait conservé le souvenir des formes de son visage sur ses lèvres, le souvenir de son dos sur ses mains -- elle retrouva , les yeux fermés, la cicatrice, l'endroit où son père l'avait blessé. Prise de peur, elle se leva. Mais pas moyen d'y échapper : revenue sous la couette, elle l'entoura de ses bras et de ses jambes et se mit à pleurer. Ses larmes flattèrent Henri. Mais si elle pleurait, c'était parce qu'elle se rendait compte que le lien qui la rattachait à cet homme n'était pas encore brisé.
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Je t’énerve, dit-elle. Je t'ai énervé tout l'après-midi et toute la soirée. Tu voulais que je sois belle, mais j'ai mis les vêtements les plus affreux et j'ai l'air d'une pensionnaire. En visite chez mon père, je te déçois de nouveau : je perds la tête, je suis timide et je me conduis comme une enfant, et ça t’énerve. Mon manque d'équilibre t'énerve, mon milieu social t'effraie, les choses que j'ai vécues t'effraient : un père comme le mien, un entraîneur qui m'a eue en son pouvoir pendant des années, Marcus qui se drogue. Henri qui me bat... Tu ne veux rien savoir de ce genre de choses, tu veux avoir une femme sans problèmes, je ne fais que t'énerver, je ne réponds plus à ton attente.
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Elle marchait à côté d'Henri, et soudain elle sentit son odeur. Elle ne l'avait pas embrassé, ne lui avait pas serré la main, elle avait évité tout contact, mais elle ne put échapper à l'odeur de son corps ; cette odeur piquante, amère comme du bois calciné, pénétrait dans ses narines par ondées. Elle voulait la rejeter, mais au contraire, elle l'inspirait.
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