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EAN : 9782070734856
144 pages
Gallimard (02/10/2003)
4.6/5   5 notes
Résumé :
Il y a longtemps, Borges me confiait que, d'un roman, il retenait trois scènes, trois passages, en tout et pour tout. Même à la relecture. Ce sont ces moments que j'ai essayé de fixer dans ce livre pour le réduire à l'essentiel, à la blessure des uns et des autres. A la question qui crie après tant d'expériences, et de voyages. Que faisait Dieu avant de créer le ciel et notre terre ? Le dieu qui se créa lui-même et prononça son nom dans un mur de silence, dans la lu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Hautement intellectuel et ardu d'abord, La nostalgie de la Maison de Dieu capte l'instant qui précède la parole, le silence diffus où la blessure dépose son empreinte pour que bruissent les émotions.
Le narrateur, pianiste de talent de renommée internationale, a cette "subtilité de l'oreille". Il revient sur son passé d'enfant sans mère élevé par une nourrice dans la "Sierra" et sa maison du bout du monde, d'adolescent au père s'éloignant de concerts en tournées avant d'être assassiné, de jeune assoiffé du savoir de son maître de musique, et d'adulte solitaire croisant à Paris une vieille propriétaire d'appartement en recherche de confesseur pour saisir l'au-delà des êtres qui ont croisé sa vie et essayer de résoudre le mystère divin de l'éblouissement musical qui comble ses vides.
La nostalgie de la Maison de Dieu, celle de l'infini qui se joue de la mort a des accords parfaits tandis que celle de la vie est parfois discordante (père rival,nourrice perfide,vieillard fou,fille étrange, mère déchirée...) Mieux vaut-il le gémissement du vent, le déploiement de la bourrasque?L'écriture très poétique d'Hector Bianciotti ( la lune vaporeuse se fait inconsistante...) ses réflexions profondes ( "l'homme est une créature erronnée") son style élégant forment une partition parfaite, mais ainsi que nous l'indique Jonathan Coe dans Désaccords imparfaits, l'homme, cet imparfait, concocte sa petite musique de nuit avec les moyens qu'il a. Cette maison de Dieu, ce "palais à la porte scellée") dans laquelle (selon l'auteur) Shakespeare a essayé de rentrer en écrivant le Marchand de Venise n'est-elle pas un enfermement comme toute passion qui consume? A moins que le narrateur lui même ne soit enfermé dans la maison de son enfance, celle de la création dont il reste nostalgique.
Le compositeur, nous dit Jean Echenoz dans Ravel dépasse l'interprête. La musique est une langue universelle dit Yehudi Ménuhin dans le Violon de la paix. La musique ne meurt jamais et tel un phénix renait de ses cendres dit Andrei Makine dans La Musique d'une vie. Alors où est la vérité?
La nostalgie de la Maison de Dieu est à lire point. Sans interprétation car elle est la composition d'un homme de lettres de talent qui joue ses propres notes.
Originaire d'Argentine (1930-2012) puis domicilié à Paris, Hector Bianciotti a obtenu le prix Médicis étranger en 1977 pour le traité des Saisons, le prix du meilleur livre étranger en 1983 pour L'amour n'est pas aimé, le prix Fémina en 1985 pour Sans la miséricorde du Christ. Académicien, l'ensemble de son oeuvre a été couronné par le prix Prince Pierre de Monaco.
Quel parcours!!!
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J'AI COMME UN BOURDON QUI RESONNE AU CLOCHER DE MA NOSTALGIE

Depuis que cet « immortel » (de l'Académie Française) ne l'est plus (décédé en juin 2012), je m'étais promis de lire une oeuvre d'Hector BIANCIOTTI. C'est chose faite avec ce petit roman (142 pages) de 2003 que j'ai avalé d'une traite.

S'il m'a été difficile de trouver un titre à cette critique, j'ai finalement opté pour des paroles de « La Ruelle des Morts » de Hubert Félix THIEFAINE : « J'ai comme un bourdon qui résonne au clocher de la nostalgie ». D'abord parce qu'il s'agit ici de musique, de nostalgie et enfin de « bourdon » cafardeux et de mort.

C'est l'histoire d'une hypersensibilité, ce contexte indispensable à la création, voire au génie. C'est aussi l'histoire d'une solitude. Et de liens affectifs maltraités par la vie.

Un adolescent, pianiste virtuose, a perdu sa mère à sa naissance. Son père en permanence absent et seulement violoncelliste de talent, a délégué l'éducation de l‘enfant à Lucienne, une nourrice. L'éducation s'est déroulée dans une sierra reculée, à proximité d'un fleuve – ça sent fortement l'Argentine… L'enfant est solitaire et le restera toute sa vie

Quatre séquences rythment ce roman.
Tout d'abord, le garçon revoit son père qu'il n'avait plus rencontré depuis des années. Mais le lien tant attendu ne s'établit pas. Frustration. La musique prend le relai.

Puis, à Paris, le garçon rencontre une vieille dame en manque de confidences. Il lui achète son appartement pour sa nourrice. Cette dame a perdu sa fille qui « elle aussi » n'a pas connu son père. La musique prend encore le relai.

Ensuite, le narrateur rencontre Lucienne installée dans son nouvel appartement parisien. A nouveau, le lien affectif, depuis toujours défaillant, ne s'établit pas.

Enfin, l'adolescent disserte avec son maitre de musique italien, son seul lien affectif. A l'occasion d'un voyage, il lui explique l'origine immémoriale de la musique. Soudain, il laisse l'enfant seul au monde. La rupture avec la musique s'établit. Seule une rencontre impromptue avec une enfant rétablit le lien charnel avec sa seule compagne de toujours, la Musique.

Conclusion :
Un éloge à la Musique – une autobiographie, bien que l'auteur s'en défende (le garçon n'aime pas les livres) – un livre très riche en images, en sous entendus, faisant référence à un vécu personnel puissant – au final, une écriture d'une très grande sensibilité, d'une grande érudition mais pas facile à lire…

P@comeux - 2014/08 ©
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Un poète allemand, peut-être Heinrich Heine, a dit quelque chose de très évocateur: "Là où meurent les mots, commence la musique."
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Je regrettais la subtilité de mon oreille, qui savait capter, certes, les nuances du son-le son du violoncelle-,et le sens impeccable du rythme,mais aussi le manque d'âme.
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C'était la même nuit et la même pleine lune, et nous étions dans la cour quand il m'incita à prêter une attention extrême pour écouter au-delà du silence; il me dit que dans la nature,des guerres infinitésimales se livrent,que des bêtes infimes se dévorent avec férocité;et que l'homme est pareil et, pire encore,une créature erronée.
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Quelqu'un a dit que les poèmes chinois, au cours de leur récitation, parlent aux yeux...car les poèmes ne sont pas livrés, pour ainsi dire, tout faits; mais que lune, foudre, rayon, accalmie et crépuscule s'assemblent dans l'esprit du lecteur..Le croyez-vous?
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Celui qui sourit a quelque chose à exprimer...
-Mais souvent ce quelque chose n'est pas déterminé par le sourire.
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Video de Hector Bianciotti (2) Voir plusAjouter une vidéo

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