J'AI COMME UN BOURDON QUI RESONNE AU CLOCHER DE MA NOSTALGIE
Depuis que cet « immortel » (de l'
Académie Française) ne l'est plus (décédé en juin 2012), je m'étais promis de lire une oeuvre d'
Hector BIANCIOTTI. C'est chose faite avec ce petit roman (142 pages) de 2003 que j'ai avalé d'une traite.
S'il m'a été difficile de trouver un titre à cette critique, j'ai finalement opté pour des paroles de « La Ruelle des Morts » de
Hubert Félix THIEFAINE : « J'ai comme un bourdon qui résonne au clocher de la nostalgie ». D'abord parce qu'il s'agit ici de musique, de nostalgie et enfin de « bourdon » cafardeux et de mort.
C'est l'histoire d'une hypersensibilité, ce contexte indispensable à la création, voire au génie. C'est aussi l'histoire d'une solitude. Et de liens affectifs maltraités par la vie.
Un adolescent, pianiste virtuose, a perdu sa mère à sa naissance. Son père en permanence absent et seulement violoncelliste de talent, a délégué l'éducation de l‘enfant à Lucienne, une nourrice. L'éducation s'est déroulée dans une sierra reculée, à proximité d'un fleuve – ça sent fortement l'Argentine… L'enfant est solitaire et le restera toute sa vie
Quatre séquences rythment ce roman.
Tout d'abord, le garçon revoit son père qu'il n'avait plus rencontré depuis des années. Mais le lien tant attendu ne s'établit pas. Frustration. La musique prend le relai.
Puis, à Paris, le garçon rencontre une vieille dame en manque de confidences. Il lui achète son appartement pour sa nourrice. Cette dame a perdu sa fille qui « elle aussi » n'a pas connu son père. La musique prend encore le relai.
Ensuite, le narrateur rencontre Lucienne installée dans son nouvel appartement parisien. A nouveau, le lien affectif, depuis toujours défaillant, ne s'établit pas.
Enfin, l'adolescent disserte avec son maitre de musique italien, son seul lien affectif. A l'occasion d'un voyage, il lui explique l'origine immémoriale de la musique. Soudain, il laisse l'enfant seul au monde. La rupture avec la musique s'établit. Seule une rencontre impromptue avec une enfant rétablit le lien charnel avec sa seule compagne de toujours, la Musique.
Conclusion :
Un éloge à la Musique – une autobiographie, bien que l'auteur s'en défende (le garçon n'aime pas les livres) – un livre très riche en images, en sous entendus, faisant référence à un vécu personnel puissant – au final, une écriture d'une très grande sensibilité, d'une grande érudition mais pas facile à lire…
P@comeux - 2014/08 ©