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EAN : 9782848051031
400 pages
Sabine Wespieser (06/10/2011)
3.32/5   14 notes
Résumé :

De beau matin, le téléphone sonne chez Dara, le narrateur, écrivain installé à Londres : son ami de jeunesse, à qui il confiait ses espérances politiques mais aussi ses secrets d'alcôve, le tire du sommeil pour lui rappeler une vieille dette d'honneur. Plus de quarante ans se sont écoulés depuis leurs années soixante à Lahore, et Platon, devenu un peintre célèbre et controversé, ve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ayant beaucoup aimé les quatre premiers volumes du "Quintet de l'Islam", je commençais de lire ce dernier volume avec un a-priori favorable. Présenté davantage comme un récit que comme un roman, et plus du tout comme un conte j'ai été un peu déstabilisée par une écriture plus journalistique que littéraire me rappelant un peu celle de Tarun Tejpal. Mais petit à petit je suis parvenue à rentrer dans l'histoire, qui nous plonge dans le Pakistan moderne, depuis la Partition de 1947, entre conflits ethniques, politiques et religieux avec la lente montée de l'intégrisme.
Tariq Ali nous propose une vision inhabituelle, décapante des maux de son pays à travers le regard de ses héros, quelque peu désabusés et qui prendra toute sa dimension dans l'oeuvre picturale de l'un d'eux, Platon, et ce avec un humour un peu particulier qui consiste à donner à son héros impuissant le nom du philosophe qui inaugura la notion d'amour platonique.
Au final, une belle découverte, même si l'écriture, efficace, pragmatique et quelquefois assez lourde n'en fait pas, à mon avis, une grande oeuvre littéraire.
De plus, à vouloir dénoncer de manière assez abstraite les maux dont souffrent nos sociétés libérales et dominatrices dans un regard pénétrant et souvent juste , Tariq Ali finit par tomber dans le travers qu'il dénonce, à savoir celui du parti-pris voire du préjugé, si ce n'est de la caricature. J'ai regretté le message que faisaient passer ses premiers livres qui dénonçaient les intolérances en faveur de la découverte et du dialogue des civilisations.
Mais comme le dit si joliment Nastasiabuergo, ce n'est que mon avis, c'est-à-dire pas grand-chose.
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Le Pakistan n'est jamais nommé (l'auteur utilisant «Terrepatrie», ce qui est assez émouvant, tout en citant Lahore) mais, en fait, c'est le personnage central d'un roman de gare à l'eau de rose (les amours se font et se défont sans jamais tomber dans le vulgaire) qui aurait été quelque peu insipide s'il n'y avait le talent, que dis-je, le génie d'un auteur qui, malgré un long et lointain exil, a su décrire, à travers des faits du quotidien, sa passion pour son pays natal...secoué par les dictatures, pour la plupart militaires, les répressions tout particulièrement contre les démocrates, et pays enfermé dans une société engluée dans ses traditions et une religiosité exploiteuse et souvent meurtière avec ses fanatiques. L'histoire démarre au sein d'un groupe de jeunes formé durant la scolarité dans les années 60...La vie les sépare et on les retrouve éparpillés, qui à Londres, qui à New York, qui à Paris, qui en Chine, qui partout...

Quelques décennies plus tard, le téléphone sonne chez Dari, le narrateur, écrivain célèbre (et célibataire) installé à Londres. Un de ses anciens amis, Platon, peintre jouisseur et anarchiste sur les bords, devenu célèbre -celui-ci resté au pays malgré tout- ui demande d'écrire sa vie. Une sorte de dette d'honneur. Commence alors une recherche des amis perdus de vue.

Dari les rencontre –il revoit ainsi Jindié «le Papillon d'or», son premier et grand amour de jeunesse, fille d'un riche savetier d'origine chinoise, mariée à son ami Zahid, urologue réputé...ayant soigné Dick Cheney, ce qui n'est pas peu. Il rencontre Zaynab, riche héritière...mais seulement après la mort de frères qui l'avait «mariée au Coran» afin qu'elle n'hérite pas. Il croise Yasmine, la «Coquine», jolie jeune femme, épouse d'un officier supérieur mais qui faisait les bons moments d'officiers généraux (avec l'assentiment de son mari)....obligée de jouer à l'agent de renseignement du Drs du coin. Réfugiée en Europe, elle déballe tout...et elle sera assassinée par son époux et ses deux enfants qu'elle avait déshonorés, dirent-ils.

Il ira même en Chine, rechercher et retrouver le frère de Jindé, «Confucius», parti faire la «révolution culturelle» et que l'on n'avait plus revu.

A travers toutes ces rencontres, c'est en fait le portrait du Pakistan qui est dressé : Un portrait certes dévastateur ( avec un certain humour qui fait passer les signes les plus tristes) mais pour des raisons totalement différentes invoquées habituellement par les observateurs extérieurs, surtout occidentaux.

Bien sûr, Platon est mort et tous se retrouveront au pays natal pour inaugurer un musée portant son nom (financé par Zaynab). On y dévoile aussi la dernière oeuvre : une toile gigantesque intitulée «Les quatre cancers de Terre patrie»
Avis : Un livre autobiographique ? En tout cas, incontournable d'autant que cette fois-ci, on en apprend énormément sur le Pakistan, certes, mais aussi sur nous-mêmes et sur nos sociétés. Facile à lire car l'auteur est un conteur formidable, drôle et imaginatif, satirique et très bien informé.
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C'est le 3ème livre de Tariq Ali que j'ai lu, après Un Sultan à Palerme, qui se passe en Sicile au XIIè siècle
sous le règne du roi normand Roger II, et L'ombre des Grenadiers, où l'action se passe en Andalousie pendant la Reconquista. Cette "série" comporte deux autres volumes le Livre de Saladin
et La Femme de pierre qui forment une oeuvre consacrée aux relations entre chrétiens, musulmans et juifs dans le bassin méditerranéen au cours des siècles. Ce Quintett de l'Islam nous donne la vision d'un personnage appartenant à la communauté musulmane, dont le destin est lié à celui des autres religions et qui est habitué à vivre en contact avec plusieurs cultures. Ces personnages vivent des moments historiques (la chute de Grenade, la cour des Normands en Sicile) mais nous font aussi partager leur vie quotidienne, leur questionnement de croyants et leur engagement dans la société où ils vivent.
Le dernier opus, La Nuit du Papillon d'Or, m'a beaucoup déçue, je ne l'ai même pas terminé.
Les qualités des premiers, dont le ton est romanesque, épique, nostalgique, avec toutes les épices et les parfums de l'Orient, m'avaient enchantée. J'y retrouvais les aventures et la poésie des Mille et Une nuits.
Le Papillon d'Or est dépourvu de ce charme, sans doute parce qu'il se passe à notre époque, mais les personnages sont tous complètement désenchantés, dépressifs, désorientés par leur mode de vie occidentalisé.Le rêve de fraternité entre civilisations et cultures semble vain et stérile.
On dirait que l'auteur n'y croit plus. Entre temps le 11 septembre à eu un impact même sur l'écrivain qui se plaisait à imaginer un monde où le respect et la tolérance sont des valeurs pour tous.
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Ce livre est le dernier tome du "Quintet de l'Islam" et peut tout à fait se lire indépendamment des autres ; il donne simplement envie de découvrir l'ensemble de l'oeuvre de cet auteur contemporain, originaire de Lahore (Punjab, Pakistan).
L'histoire n'est pas facile à définir... on peut tenter cependant : un écrivain, le narrateur, Dara, raconte ses souvenirs de jeunesse ainsi que sa vie actuelle ; il vient d'être contacté par un ancien ami dénommé Platon, qui a fait beaucoup de métiers différents, de professeur de mathématiques à peintre de renommée internationnale, afin qu'il écrive "le livre de sa vie" ; c'est Zaynab, la femme dont Platon est amoureux, qui lui a demandé une double biographie illustrée par lui-même, relatant les faits marquants de leurs existences.
Dara hésite, mais il a une dette d'honneur vis à vis de Platon et leur amitié est une très ancienne : avec d'autres comme Zahid devenu ensuite chirurgien cardiaque à Washington, ils avaient constitué un cercle d'amis d'obédience communiste, discutant indéfiniment de la vie, de leur avenir, de poésie et de politique à leur table réservée au salon de thé Pak de Lahore.
Petit à petit, le lecteur, de façon non chronologique, un peu anarchique, va découvrir les histoires de ces personnages très originaux ; Platon, en particulier, qui dit souvent qu'il a soixante-quinze ans soit quatorze de plus que son pays natal et qui peint avant de mourir une grande fresque représentant les quatre cancers de son pays (les USA, les dictateurs,les mollahs) ; Zahid qui vit à Londres avec sa femme Jindié - c'est elle le papillon d'or - femme d'une extrême beauté, d'origine chinoise, dont Dara a été longtemps amoureux. L'autre femme, Zaynab, celle qui est actuellement aimée de Platon, fut "mariée au Coran" il y a longtemps par ses frères, tradition cruelle et féodale qui évitait la dispersion des terres d'une famille, puisque la jeune fille ne pourrait ni épouser un homme ni avoir d'enfants.
Le Pakistan n'est quasiment jamais nommé en tant que tel mais toujours désigné sous le vocable de "Terrepatrie" ; les sujets de l'auteur sont au fond la mise au jour des problèmes du Pakistan et l'idée à laquelle il tient beaucoup, que, peut être, les mondes chrétien et musulman ne sont pas si différents...

L'écriture est belle, soignée, souvent humoristique ; c'est celle d'un conteur doué puisqu'il nous transporte facilement dans d'autres pays et dans d'autres vies...

Premières phrases : " Il y a quarante-cinq ans, à l'époque où je vivais à Lahore, j'avais un ami plus âgé que moi nommé Platon qui me fit un jour une faveur. Dans un accès de générosité juvénile, je promis de la lui rendre avec intérêt si un jour, n'importe quand, il avait besoin de mon aide. Platon enseignait les mathématiques dans une école huppée mais il détestait certains de ses élèves, ceux qui d'après lui n'étaient là que pour apprendre les beaux-arts de la débauche. Et ce Platon-là étant du Penjab, il me demanda si je pourrais lui rembourser son aide avec des intérêts composés. Comme un idiot, j'ai accepté."
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Dernier volet du Quintet de l'Islam, Tariq ALI nous conte l'histoire des musulmans du Pakistan, jamais nommé comme tel, mais surnommé joliment et tendrement de "Terrepatrie". Les conséquences de la Partition de 1947 sont traitées sous le regard acéré de cet auteur.
Ce roman se présente différemment encore des quatre précédents, se révélant beaucoup plus difficile d'accès pour moi.
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critiques presse (1)
LesEchos
04 octobre 2011
Lent au démarrage, volontairement complexe, avec quelques traits satiriques un brin appuyés (concernant la France, notamment) « La Nuit du papillon d'or » est tout de même un passionnant instantané du monde, bouillant d'intrigues et de sentiments.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
En tant que critique musicale, j'assiste à une quantité d'opéras et de concerts ici et au Met de New York. Les billets sont tellement chers que très peu d'amateurs de musique peuvent s'en offrir. C'est devenu un loisir corporatiste qui s'adresse à un public de philistins. Les metteurs en scène le savent et ils jouent sur leurs faiblesses. Les spectateurs s'esclaffent à la moindre clownerie d'un opéra de Mozart, ils applaudissent une aria mal chantée tout simplement parce que la soliste s'arrête et attend les applaudissements, et ainsi de suite. C'est déprimant. Le discernement disparaît à fond de train de la culture occidentale.
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Les traditions de notre foi sont divisées, hélas, sur ce rite islamique d'une importance cruciale. Les chiites sont duodécimains de conviction : le pénis doit être secoué vigoureusement douze fois pour le débarrasser de tout ce qui pourrait se tapir à l'intérieur. Les sunnites sont plus décontractés : six coups de poignet leur paraissent suffisants. Dans sa hâte, Zahid avait pris la voie du soufisme -une seule forte secousse- et aspergé son pyjama en conséquence.
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"Préparez-vous à un choc, Mr Dara. Ma Zaynab est mariée au Coran"
"Allah nous aide ! "
"ça il ne le fait jamais, tu le sais bien."
"Alors elle est la fille d'un grand féodal du Sindh occupé à de sordides calculs sur la valeur de son domaine."
Platon accéda à un rire amer. "Oui, mais dans son cas, c'est son frère, non leur père, qui l'a forcée à se marier au Livre Saint. Il a dû gagner beaucoup d'argent en vendant la part de terre de sa soeur."
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La lettre lui signifiait qu'elle pouvait voir qui elle voulait pendant ses loisirs, il n'en avait cure, mais il lui interdisait rigoureusement de souiller le nom familial en épousant un Hottentot, un Esquimau, un Nègre, un Chinois, un Jap ou un Rital et jamais à aucun prix un Indien poussé du col, à plus forte raison un Paki...Alice était furieuse. Elle répondit en demandant à son père... pourquoi avait-il exclu de ses proscriptions par ailleurs exhaustives les Maoris et les Arborigènes ? Il riposta sur-le-champ. En composant sa liste il avait supposé que même elle exclurait les cannibales de ses prétendants.
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Les amitiés sont d'une mobilité ridicule. Elles filent, évoluent, disparaissent, s'enterrent comme des taupes pendant de longues périodes et s'oublient aisément, surtout si l'un des amis change de continent. Au cours d'une existence nous sommes entourés d'une grappe de gens, dont certains se cristallisent en amis du moment, puis s'effacent, se dissolvent sans laisser de trace, pour reparaître un jour par hasard dans les lieux les plus étranges. Certaines amitiés politiques ou professionnelles subsistent plus longtemps ; quelques-unes durent à jamais.
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