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EAN : 9782848765372
210 pages
Philippe Rey (25/08/2016)
3.72/5   94 notes
Résumé :
Alors qu'elle vient de perdre Camille, sa fille de 16 ans, l’auteure se penche sur le passé de sa mère, Nicole, disparue trente ans auparavant. A partir de quelques lettres et photographies, elle tente de reconstituer son existence, entreprenant de déchiffrer les lieux et paysages où Nicole a vécu, les visages qu'elle a connus. Un roman en forme d'enquête généalogique, entre réalité et fiction.
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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De Nicole, sa mère, Sophie Daull ne connaît pas les 26 années qui ont précédé son mariage. Seules quelques photos, jaunies et racornies, sans légendes ni dates, quelques bulletins de paie ou cartes postales et un enregistrement audio de sa soeur, rassemblés aujourd'hui dans une boîte à chaussures vont permettent à Sophie, telle une couturière curieuse et capricieuse, de raccommoder les trous et tendre patiemment le fil si ténu qui le relie à Nicole.

L'auteur se livre à nouveau dans ce roman et, après avoir brillamment évoqué la mort de sa fille, Camille, se penche ici vers son passé. Ayant perdu sa maman à 19 ans, elle n'a pas eu vraiment le temps de la connaître, cette dernière, mystérieuse, éclipsant les questions ou distillant de brèves informations confuses sur son passé. Sophie Daull va parcourir le chemin emprunté par Nicole, de Coulomniers où elle aura passé son enfance auprès de ses parents et sa soeur, à Belfort en passant par Contrexéville. Un chemin cahoteux au cours duquel elle recueillera le moindre témoignage ou souvenir, traversera les lieux du passé et cherchera les documents susceptibles de l'aider. Ainsi, pourra-t-elle se raconter, et nous raconter, ce que fut la vie de Nicole, fut-elle romancée et brodée là où il manque des morceaux. Un patchwork d'émotions, de sourire, de nostalgie. Un passé recomposé pour mieux se construire. Camille, n'étant jamais loin, l'auteur offre à ses deux envolées un endroit où elles pourront se présenter. Un roman subtil et touchant, baigné dans une certaine douceur mélancolique et servi par une écriture poétique et délicate.
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Une lecture vraie et bouleversante qu'a été celle de Camille mon envolée, où j'avais eu du mal à griffonner quelque chose, seulement « déplorer » quelques mots sur le papier.

Pourtant, j'avais aimé la plume de cet auteur qui avait réussi à trouver le ton juste pour nous partager ce tragique moment de sa vie.

Dans ce deuxième livre, «La suture » titre si chargé de sens, Sophie Daull ouvre la commode à souvenirs pour nous raconter ses histoires familiales du passé et faire du lien. Comme elle l'a exprimé dans la Grande Librairie : «la mort a trouvé cela marrant de couper le fil de ses deux existences. »

Alors, suite au décès brutal de sa mère, des années plus tard, elle exhume d'une boite à chaussures, quelques souvenirs d'elle et tente de les faire parler : photos, bulletins de salaire, enregistrement de sa soeur, images pieuses.

Sophie Daull part sillonner la France mener l'enquête, pour découvrir son histoire et sa géographie familiale.

Dans ce patchwork filial, il manque des morceaux, alors elle brode, invente des poches de fictions pour reconstituer l'étoffe d'une vie, essayer, malgré la douleur, le chagrin, de garder le contrôle de son GPS émotionnel.

Camille est toujours là au détour des pages, comme une ombre au tapis.

Coudre, rassembler, pourtant ses morts qui ne sont plus rattachés à la Terre, le fil tendu est trop fin. Sophie Daull tente alors de prendre du recul et prendre conscience que le secret de la vie est de raccommoder encore et encore : passer le fil dans le chas, faire un noeud, trouver un endroit où elle peut faire un point qui tiendra. Et recommencer, encore et encore. Pour l'auteur, les mots sont des points de suture pour ne pas finir en guenilles. Elle vaut bien mieux que cela !

Toutes les vies sont difficiles, mais il est nécessaire de comprendre l'évanescence de ceux qui sont morts : ils ne sont plus là.

C'est l'attache de Sophie Daull, forte et fragile à la fois ; comme elle le dit à François Busnel :
«à défaut d'être heureuse, j'ai des crises de vie »…
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Avec son deuxième roman, après le formidable « Camille mon envolée », Sophie Daull, m'a de nouveau séduit par son style d'écriture.
Toute en simplicité, en tendresse et douceur, maniant l'humour avec délicatesse, narrant le drame ou la détresse sans pathos ni excès de larmes. Semblant forte et soumise et pourtant si fragile derrière ses mots.
Bien sûr, si l'on ne voit que le sujet du livre qui nous raconte l'histoire de sa mère disparue à 45 ans dans des conditions dramatiques, on se dit que, voilà, elle remet ça. Autre personnage, autre destin tragique, sortons les mouchoirs. Mais La suture, ce n'est pas ça. Sophie Daull, ne nous demande pas de pleurer sur son triste sort. Au contraire.
Ayant reçu, en héritage, une boîte à chaussures contenant quelques objets anonymes et quelques photos sans légendes, elle va se servir de ces vestiges de son passé pour mener son enquête sur ses origines familiales.
Au fil de ses recherches, de ses rencontres, de témoignages, de documents glanés ici où là dans les différentes villes où région où vécurent ses parents, elle raconte la vie, elle raconte leur vie, elle raconte sa vie… Et comme il y a des blancs, des vides que personne ne sait combler, elle brode, elle invente, dans une imagination débordante, l'histoire de cette famille, avec ses secrets, ses non-dits, ses sous-entendus et elle le fait tellement bien, que l'on se perd avec plaisir dans son récit entre réalité et fiction.
Il y a des auteurs qui savent vous toucher, vous émouvoir, avec des mots simples et une écriture poétique, Sophie Daull est de ceux-là.
Une nouvelle fois, je suis sous le charme… Vivement le prochain.
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A maintes reprises, on m'a parlé de cet auteur. Je ne me sentais pas de lire le premier sur la mort de sa fille de 16 ans. Dans celui-ci, elle y parle de sa mère assassinée, faisant le lien avec sa fille. L'écriture m'a conquise dans le fait qu'elle montre qu'il n'y a jamais de vérités absolues, alors elle imagine l'enfance de sa mère, enquête, va sur les lieux où elle a habité, se confronte à des employés de mairie typique fonctionnaire. Lu d'une traite bien que ce sujet ne soit pas ma tasse de thé.

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“J'habitais au 37, faubourg de Montbéliard, les trois premières années de ma vie”, p 184.
Sophie Daull pose ce point sur son canevas, le point à partir duquel elle va tisser la vie de sa famille maternelle, cette famille qui n'a laissé que peu d'indices, ils tiennent dans une boite de chaussure.
« Les mères, elles se donnent et elles s'en vont » p8.


Peut être, est-ce la boite qu'apporta le médecin à Francis, son fils, comme cadeau pour ses vingt ans. Ce jour là Nicole, La mère de Sophie Daull, est présentée à sa future belle famille, la famille de Francis, le repas tourna au cauchemar pour les futurs parents: « tu croyais quand même pas que j'allais t'acheter ton truc de singe.p182 »


Après la mort de Camille, et la publication de son roman, Camille Mon Envolée Sophie Daull, se penche sur le passé de Nicole.
Entre douleur et dignité, amour et désespoir, il y a peu de place pour regarder ailleurs, ouvrir une fenêtre et laisser le vent pousser la vie, ranimer une flamme.

Comme Modiano, Sophie Daull, questionne le passé pour comprendre le présent ou l'apaiser. Cette mère qui lui a donné la vie, elle aussi s'est envolée, quand elle avait 19 ans.
Elle fera tout pour maintenir Nicole hors de l'eau, malgré les heures passées à la choyer, avouant, “je suis devenue la mère de ma mère, je la distrais, je l'écoute la nuit, suffocant dans un épais nuage de gitanes”p198.


Dans cette boite il y a des photos, et quelques adresses. Pas à pas en écumant les mairies, en ravivant la mémoire des voisins, en collant ses propres souvenirs, elle donne de l'étoffe à sa mère Nicole qui meurt à 45 ans et fait revivre Charlotte sa grand mère qui lâchera prise, elle en décembre 54, Nicole avait 15 ans.

Dans ce dédale de faits, de deuils, de souvenirs et de rancoeurs, Sophie Daull, écrit un émouvant récit, l'éloge de ces mères douloureuses, écartelées par la vie, et comme une prière, elle en extrait pour sa propre survie, les moments de bonheur qu'elles ont pu éprouver.

Ses chagrins se déchirent sur ces destins semblables, « Ma petite maman a perdu sa mère à 15 ans, moi je vivrai avec la mienne jusqu'à mes dix neuf ans «  son émotion palpable se teinte de dérision.

Elle frôle la drôlerie quand elle suggère que « seuls le pigeons pourraient établir avec précision la date du dépucelage de sa mère p134. »

le « Je suis heureuse » p77 , de pouvoir percevoir la scène, signe un vraie envie de poursuivre l'écriture et cultiver de l'enthousiasme, comme un jardin. On est loin de la longue et amertume confession d'une pleureuse.

Sophie Daull est pleine de vie, de désirs et de moqueries, et dès la première page cette citation « les meilleures mères, elles se donnent et elles s'en vont » , oh oui, quel dévouement odieux semble t-elle nous dire en ne suivant pas ces destins.

Et alors que la vie de Nicole part à la dérive, « elle chante ». il faut aussi du cran pour affirmer, «  son petit corps toujours subtil, nerveux, attractif, » P199.
Elle chante et les textes de ces chansons nous poursuivent, accentuant les moments de tristesse surtout ceux de gaîté ; quelle admirable trouvaille.

Le style est d'une incroyable originalité, jouant avec les mots et les images, des tourterelles aux coucous, ses pulsions généalogiques et ce : « il faut avancer malgré la nuit écrit au dos d'une image pieuse !

Tout est prétexte à l'humour « ressusciter les morts pour les coller dans un roman », ou motif à dérision, par pulsion de vivre et tisser par les mots une nouvelle vigueur.
La suture, cet acte délibéré, elle l'accomplit pour effacer les blessures, suturer son coeur, lui permettre de cohabiter avec Camille, elle lui parlera tous les jours sans pleurer.
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critiques presse (1)
Telerama
19 octobre 2016
Ca fait du lecteur le témoin attentif d'une touchante généalogie des sentiments.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Ma mère avait 26 ans quand je suis née, 45 quand elle est morte, moi 19.
Elle n'a donc jamais connu ma fille, qui est née quand elle en aurait eu 58, j'en avais 32.
Ma fille est morte à 16 ans, quand j'en avais 48, ma mère en aurait eu 74.
Si l'on considère que ces deux disparitions furent, selon la formule consacrée, brutales, qu'elle est la probabilité que ces deux mortes bavardent au ciel ?
Voltigeante arithmétique.
On dirait un énoncé de problème de maths, avec des trains qui déraillent et des robinets qui fuient. Sauf que là, ce sont des vies qui fuient et des destins qui déraillent.

De cette mathématique du fracas et de la perte, je vais poser une équation à deux inconnues : le passé de ma mère, le futur de ma fille. Brouillons éternels. Clairement, ces deux inconnues le resteront pour toujours.

Je vais reprendre le fil générationnel que la mort a trouvé marrant de couper entre ses dents, telle une couturière capricieuse et impatiente, et je vais raccommoder les trous, faufiler des pièces aux coudes et genoux de ce grand squelette prématurément décharné. Je vais les coudre ensemble.
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Ce que sont les meilleures mères, une seule phrase peut le dire : elles se donnent et elles s'en vont.
Christian Bobin
La plus que vive
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Elle comprend qu'elle et lui ont en partage le pourrissement de la racine, la canine mauvaise plantée dans la chair généalogique, l'émail carié entre eux et l'esprit de famille.
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J'ai fermé la porte en emportant l'odeur de son chandail violine tricoté main, un mélange d'eau de Cologne et de fuel frelaté, de point mousse qui ne mousse plus.
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Qui donc pourrait encore fleurir les tombes ?
Dans le silence de novembre et la grande paix des morts, mon petit théâtre, lesté de fiction évidente et d'acteurs chimérique, décide d'une autre scène.
Chaque tableau, comme une écluse au canal où flotte mes disparus.
P91
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Videos de Sophie Daull (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sophie Daull
Avec Diglee, Sophie Daull, Héloïse Luzzati, Laurianne Corneille & Marielou Jacquard
La poésie est loin de n'être qu'une affaire d'hommes ! Avec son anthologie très personnelle "Je serai le feu", Diglee nous emmène dans ce qui a été pour elle un voyage, une épiphanie : la découverte d'un matrimoine littéraire oublié et méconnu d'oeuvres de poétesses, principalement du 19e et 20e siècles. Cinquante femmes, devenues sa famille, dont elle exhume les écrits pour leur redonner une seconde vie. À l'image de l'autrice, la violoncelliste Héloïse Luzzati est une « passeuse ». Avec l'association Elles women composers, regroupant un collectif d'artistes, elle travaille à la réhabilitation du matrimoine musical et à la diffusion des répertoires de compositrices invisibilisées, effacées de l'histoire… Il n'y avait donc qu'un pas pour réunir ces deux univers artistiques en une création originale et inédite réalisée pour la clôture du festival Hors limites 2021, qui a pris la forme d'une lecture musicale dessinée, hautement poétique.
Mis en scène, incarnés et incantés par la comédienne Sophie Daull pour lesquels elle prête sa voix, les vers des poétesses Anaïs Nin, Marie Nizet, Marceline Desbordes-Valmore, Louise de Vilmorin ou encore Claude de Burine (re)trouvent leur correspondance musicale. Alternant entre duo ou trio, la violoncelliste Héloïse Luzzati, la pianiste Laurianne Corneille, et la chanteuse mezzo-soprano Marielou Jacquard jouent ces compositions inconnues de tou·te·s, sous la plume de Diglee qui, quant à elle, dessine en direct et redonne un visage à toutes ces poétesses injustement oubliées. __________ Une coproduction de l'Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis, les bibliothèques de Montreuil et Elles women composers Une création réalisée dans le cadre du festival Hors limites 2022 et enregistrée à la bibliothèque Robert Desnos de Montreuil à partir de l'ouvrage "Je serai le feu" (La Ville brûle, 2021) de Diglee. Captation vidéo : Wael Sghaier & Thomas Dudan Production : Association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis Crédit photo d'illustration : Charlène Yves
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