AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782848093116
280 pages
Joca Seria (05/07/2018)
3/5   6 notes
Résumé :
« Là où je vis, ai vécu. L. A. Loire-Atlantique.
Vues et lieux d’un département (Nantes et Saint-Nazaire, notamment).
Fragments, en lien avec ces lieux, d’un roman familial. Bribes aussi d’une histoire personnelle (grandir, militer, étudier, enseigner, vieillir).
En contrepoint, extra-départementale, une traversée du vingtième siècle. Pêle-mêle au générique : un aïeul aède au camp de Wittenberg en 14-18 ; les Surréalistes à Nan... >Voir plus
Que lire après Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sous sa forme éclatée, le récit tient du free jazz - et de l'improvisation préméditée, pour une autobiographie fragmentée, fondée sur des expressions/citations en guise de titres ( « Pastorale urbaine » « Lamproie beurre blanc » etc.) comme éclats de mémoire.
le décor correspond au titre « L.A » = Loire Atlantique, la région ligérienne, essentiellement Nantes ou Saint-Nazaire, sans négliger des attaches familiales d'arrière pays, et quelques échappées personnelles.

Le milieu familial, rural et cheminot, ne prédisposait pas à un avenir d'intellectuel - littéraire et philosophique - sauf que la vague Mao, toute relative dans le monde ouvrier, devait détourner l'élève brillant de Saint- Sébastien-sur-Loire, monté dans une prépa parisienne, pour en faire un militant maoïste résolu. Il le raconte dans une langue qui, pour le style et la rébellion, se souvient de Vallès, et de tournures excitant la surprise ou l'attente, comme chez Proust.
L'analyse n'est point ici des émois psychologiques mais la métaphore et l'humour jouent leur rôle dans le souvenir d'un livre familial inattendu, « Moby Dick ».
« Vint néanmoins Mai 1968 où cette fois déboula pour de vrai « la Chose », la baleine énorme en personne. En mode toutefois plus ludique que tragique. Goujons de mer joyeux, nous fûmes nombreux à nous jeter dans sa gueule énorme. On y nagea heureux comme des poissons dans l'eau. On s'y laissa emporter par le flot, hypnotisés par sa puissance océanique. On y rêva tout éveillés, hyperactifs, tout un printemps et l'été qui suivit. On y dormit aussi, toute raison éteinte. Une part de nous-mêmes, je crois bien continue sans doute aujourd'hui d'y dormir et rêver.
Puis ce fut le temps des désillusions. Armés de nos seuls stylo-bille, qu'étions-nous donc d'autre que mains à plume, sans fin commentant l'actualité, impuissants, en vain brandissant nos maudits bic, à infléchir le cours des choses, à harponner pour de bon Moby Dick ? »

L'analyse du milieu familial relève d'un marxisme assumé, mâtiné d'une sociologie à la Bourdieu - ou de Marc Augé, pour les topographies urbaines, dans le sillage de J. C. Bailly pour les paysages et la lignée de Julien Gracq auquel la référence reste constante.
Ah ! « Le Peuple », il faisait rêver Michelet, JC Pinson l'a vécu et promu, dans le roman familial, plus porté sur les grands parents, avec des épisodes tragiques mais aussi burlesques, que sur les parents eux-mêmes, encore que des pages discrètes et émouvantes leur soient consacrées en fin de volume.

Le narrateur-poète se présente avec un double visage: acteur et analyste de sa condition, poète et théoricien, citant Barthes au détour, ou mentionnant Daniel Briolet, l'universitaire nantais, qui l'encouragea à éditer ses propres opuscules poétiques.

N'oublions pas la Philosophie ! elle fut le quotidien de l'auteur à la fac de Nantes, mais c'est directement et sans emphase qu'il traduit les plaisirs familiers, et les jours païens, hérités des parties de pêche familiales, de la fréquentation des stades, ou la valeur ataraxique au sortir du bain dans La Loire, ici omniprésente.
On sera sensible à ces scènes du « luxe » populaire, où s'épanouit une jouissance poétique et artistique accessible à tous.
Merci à Babelio et aux éditions Joca Seria.
Commenter  J’apprécie          30
Merci aux éditions Joca Seria et à Babelio pour cette découverte dans le cadre de Masse Critique.
Ce livre m'a décontenancée. Je m'attendais à un guide plus ou moins touristique, historique, géographique de la Loire Atlantique. Il n'en est rien ! L'auteur, Jean Claude Pinson, nous raconte sa vie à travers ses pérégrinations dans son département natal. Et elle est intéressante sa vie. Il nous raconte son histoire de militant, de littéraire, de philosophe mais surtout son histoire d'amour avec ce département. LA est un personnage à part entière.
Le style est très soutenu, il est donc parfois difficile à suivre.
Commenter  J’apprécie          30
J'ai beaucoup aimé découvrir la Loire-Atlantique sous un autre angle, je recommande d'ailleurs cet ouvrage à ceux qui s'intéressent à cette région et aux anecdotes la concernant.

L'ouvrage est très bien écrit mais ça a sûrement été un langage beaucoup trop soutenu pour ma part.

Je l'ai lu un peu en diagonale mais comme je le disais j'ai adoré en apprendre plus sur cette région, c'était enrichissant.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Lieux uniques


BUCOLIQUES FEUILLÉES…
Extrait 1

Bucoliques feuillées. — Au Japon, on n’a pas nos préventions. Les toilettes, écrit Tanizaki, sont l’endroit le mieux fait « pour la paix de l’esprit ». On y peut tout à loisir « goûter la poignante mélancolie des choses en chacune des quatre saisons, et les anciens poètes de haïkaï ont dû trouver là des thèmes innombrables. » Conditions toutefois : le silence, « une absolue propreté » et une certaine qualité de pénombre. Mais d’abord un dispositif architectural qui fait que l’endroit est situé à l’écart du bâtiment principal et à l’abri d’un bosquet (éloge de l’ombre oblige).
     J’ai connu des lieux très semblables : les toilettes que mon père avait construites au-dessus du cabanon familial accroché à mi-pente sur une colline, dans l’arrière-pays de Menton, au lieu-dit le Maura. Sise à l’ombre de grands châtaigniers, habillée de canisse en roseau, la cahute filtrait la lumière, tout en laissant entrevoir en contrebas la mer et la promesse en majesté d’ivresse renouvelée. Car elle offrait en plongée son vin bleu très intense, dans ce très grand ciboire que la montagne découpait entre Cap-Martin à droite et la pointe italienne de Mortola Inferiore, à main gauche.
...
Commenter  J’apprécie          10
Lieux uniques


BUCOLIQUES FEUILLÉES…
Extrait 3

Car le cabanon, écrivais-je, possédait, un peu plus haut sur la
pente, des cabinets vraiment royaux
guérite où l’on montait la garde pour voir de loin venir
                 les sarrasins, disions-nous en riant
bucoliques feuillées
chaque matin on y montait
un broc de plastique bleu en main,
           pour y siéger longtemps, jouer à baron perché
      à hauteur des grandes branches de châtaignier qui, descendant presque jusqu’à terre (n’oublions pas que le terrain est très pentu), faisaient comme un camouflage où le soleil diffusait une lumière verte de fonds marins. Pas étonnant que le plongeur, perdu dans sa lecture ou ses pensées, tardât à remonter : nul lieu plus idéal pour la paix intestine
    et l’effusion lyrique aussi (celle que suscitent les belvédères), puisqu’on y pouvait à satiété contempler, à travers la canisse qui habillait l’armature de bois de l’endroit, entre le vert des pins déchiquetée
             la frise ultramarine de la mer
             avec le mouchetis de plume des voiliers
             lâchés au large comme d’un édredon crevé
Commenter  J’apprécie          00
Lieux uniques


BUCOLIQUES FEUILLÉES…
Extrait 2

     Ce lieu, ces lieux d’aisance, je les ai, dans un poème intitulé « Barone rampante (grotesco) », célébrés — chantés même si l’on veut (car c’était bien comme une chanson de la plus haute tour où l’on montait souvent en fredonnant). Je reprenais ainsi le titre italien d’un livre aussi profond que réjouissant d’Italo Calvino, Il barone rampante. En traduction française, c’est devenu Le Baron perché, titre pouvant donner le sentiment aux locuteurs de la langue de Molière que le héros du récit, le baron Cosimo Piovasco di Rondo, devenant Côme Laverse du Rondeau, en passant d’une langue à l’autre (comme il passe d’arbre en arbre), est comme monté en grade, gagnant un quartier de noblesse par la simple vertu d’un mystérieux ascenseur linguistique qui le fait quitter le sol et les racines pour siéger au plus haut des houppiers, de même que les gogues du cabanon, d’être perchées sur la colline du Maura, malgré leur fonction, nous paraissaient dignes de la sublimité du paysage. — En réalité, en italien, rampante est un terme d’architecture désignant, comme son homologue français, la partie inclinée d’une toiture. Rien à voir donc avec le verbe « ramper » ; dans une langue comme dans l’autre, on reste bien dans les hauteurs. Et si Cosimo « rampe », ce n’est pas sur le sol, mais en sautant d’un arbre à l’autre, au gré des branches, comme un couvreur courant de par les toits.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Jean-Claude Pinson (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Pinson
Kitsch ou comment résister à son emprise, par Jean-Claude Pinson
autres livres classés : roman familialVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (9) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
440 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}