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EAN : 9782258191945
360 pages
Presses de la Cité (06/02/2020)
3.64/5   22 notes
Résumé :
Dans un village du Morvan, le jeune Joseph Sarmeret vit dans la modeste ferme située à l'entrée du chemin qui mène au grand domaine de la Roncerai, délaissé depuis la tragédie qui a frappé les propriétaires durant la Seconde Guerre mondiale.
Observateur de l'inexorable mécanisation agricole, il refuse la tentation de la ville lui préférant la solitude. Un jour, il rencontre Julienne.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
C'est l'histoire de Joseph, un jeune homme effacé, discret , modeste , taciturne , un peu timoré.
Il vit dans la petite ferme familiale , héritée de ses parents au coin du chemin menant à la Roncerai, autrefois le plus beau domaine de la région , laissé en déshérence , au coeur du Morvan , ses collines et ses bois .. parsemé de petites fermettes , proches de la profondeur des forêts.
.
C'est surtout une chronique champêtre qui plonge le lecteur dans la France profonde de l'immédiate après - guerre où le petit Joseph , gardera le souvenir , un beau jour d'été, du saisissement qui avait été le sien à la vue du bruit pétaradant d'un premier tracteur rouge...

Il en était resté beat d'admiration...
Très tôt, il découvrira la modernité et les métamorphoses hanteront son quotidien.
Pas seulement les tracteurs , bien d'autres nouveautés viendront bousculer le train - train ,les habitudes ancestrales des ruraux : désertification progressive, mécanisation à tout va, appel de la ville : «  Un monde s'était éteint » ,puis les villages se taisent,,s'endorment , comme si on avait eu raison de cette ultime génération de petits paysans héritiers en ligne directe de siècles entiers d'une économie patriarcale et autarcique .

Joseph cédera t- il aux lumières de la ville comme tant de jeunes de son âge?
Refusant d'être résigné , il a comme l'impression étrange d'être un rescapé .

La roue tourne : événements de 1968, crise pétrolière ...Joseph aime la solitude, son travail méticuleux, fidèle à son univers clos, il partage son temps entre la ferme léguée par ses parents et ses travaux de bûcheronnage .
Le progrès à tout- va , aura - il raison de sa volonté de rester à la terre ?
Il faudra l'arrivée de Julienne pour tout changer ....
Joseph évoluera doucement et rompra enfin un célibat délicat à vivre .

Cet ouvrage de la collection «  Terres de France » témoigne de l'observation passionnée de la ruralité par son auteur et des mutations de l'agriculture dans le Morvan dont il est originaire , sur un demi- siècle., des années 50 au début du vingt et unième siècle .
Ouvrage du terroir bien documenté à l'écriture calme , tendre et douce !
Un petit instant de magie nostalgique de ces années - là !
Lecture agréable .
«  Jusqu'à cet ultime instant où il leur faudrait bien céder la place à la mesure du froid et aux claques du vent ,elles entendaient éblouir la terre et toutes ses créatures des infinies nuances des ors, des roux, des jaunes, des verts , des dégradés de gris et de toutes les nuances de leur palette dont elles barbouillaient les prés et les bois » .....
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Il fait pas de bruit, le Joseph. Il cultive les terres de son père, en sachant qu'un jour, ce seront les siennes. Il les regarde partir à la ville, tous ces jeunes en quête de lendemains qui chantent et de prospérité. Très peu reviendront. Tout cela ne le concerne guère. Sa promesse à lui, c'est de rester près de ses parents, de perpétuer la tradition, les gestes et le savoir faire des ancêtres, au pied du domaine de la Ronceraie.

Mine de rien, il va assister à la transformation des campagnes, de l'agriculture et plus largement de notre société française, de l'après guerre jusqu'à aujourd'hui.

Didier Cornaille nous offre un beau portrait d'homme du terroir, qui se révèlera au final un acteur majeur de notre actuel désir de retour à la terre, à ses valeurs comme voie de sortie de toutes ces crises qui nous submergent...

"Tu te prends un gadin, tu t'en prends deux ; la prochaine fois, tu fais attention où tu mets les pieds. Ou alors, tu passes ailleurs ! T'apprends, quoi. T'apprends en avançant. alors que ceux qui n'ont jamais fait qu'obéir aux ordres, comment veux-tu qu'ils sachent..."

L'écriture de l'auteur est agréable et on se laisse vite porter par son récit, arrivant à la dernière page, presque surprise de devoir le quitter...
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Didier Cornaille est de retour avec une chronique champêtre qui plonge le lecteur dans la France profonde de l'après-guerre. Une époque que seuls les aînés ont connue et qui était rythmée par la vie aux champs. Dans ce cadre spécifique, il raconte l'histoire d'un homme dont la ferme, héritée de ses parents, se localise à l'orée du domaine de la Roncerai, aujourd'hui laissé en déshérence. Joseph découvre les métamorphoses qui agitent son quotidien. Sans prévenir, la modernité frappe tous les secteurs et, avec défiance, il voit l'apparition des tracteurs et de bien d'autres nouveautés qui bousculent le train-train. Comment agir (surtout réagir !) ? Cèdera-t-il lui aussi aux lumières de la métropole à l'instar de nombreux jeunes de son âge ? D'un côté, il aime son travail de bûcheron mais, de l'autre, souffre des affres de la solitude. L'arrivée de Julienne anime son quotidien. Est-elle le phare qui illuminera son existence ? Observateur passionné du monde, l'auteur aime la ruralité et transmet cette passion par le truchement d'une plume légère, proche de la terre, avec des anecdotes qui se succèdent. Il est également capable d'une gigantesque empathie lorsqu'il s'agit de décrire ses personnages, les rendant à la fois fragiles et touchants, déterminés et en proie au doute. Comme tous les garçons de son âge, Joseph cherche le bonheur et se déchire en questionnements. Bien sûr, il ne peut pas demeurer les bras ballants. Il a envie de bâtir un futur avec quelqu'un qui lui donnera des enfants, alors que la majorité des filles du coin se sont envolées pour la ville. « le chemin de la Roncerai » sent bon l'odeur des bois, fleure mille parfums et parle directement au coeur.
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Un bon roman du terroir qui m a beaucoup intéressé
En principe j aime ce genre de roman de temps en temps facile à lire qui nous font découvrir un métier une région
Pour celui ci j ai beaucoup aimé le côté historique et le constat de l evolution de la vie
Ce roman est très contemporain
Ne riche ou pauvre peut on faire carrière?
La ville la campagne pourquoi cette opposition
Les idées novatrices et la façon de vivre d apres la guerre
Plein de constatation sur la vie que je ne peux pas résumer pourquoi tout contester

Moi la citadine j ai beaucoup aime la chronique de ce ville
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Au début des années cinquante, le jeune Joseph s'apprête à reprendre la minuscule ferme familiale d'un petit village du Morvan. Il regarde avec circonspection l'évolution rapide de l'agriculture mais refuse ce progrès qui transforme les hommes et les paysages. Envers et contre tous, il reste un petit paysan et travaille à l'occasion dans les forêts avoisinantes. C'est cette passion qui l'amènera doucement à évoluer, à développer son esprit d'entreprendre et lui permettra enfin de rompre avec un célibat difficile à vivre. Une plaisante évocation des mutations de l'agriculture dans le Morvan sur un demi-siècle.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
A la vérité, on commença par douter qu’il puisse en être ainsi. Les deux commis qui travaillaient à la Roncerai depuis des années et se targuaient d’en connaître mieux que quiconque les forces et les faiblesses ne manquèrent évidemment pas d’accompagner la grande nouvelle qu’ils apportaient de commentaires pour le moins acerbes.
Ils avaient d’abord cru que leur nouveau patron allait être cet homme d’un certain âge, à l’allure décidée et autoritaire, auquel François Delgas s’adressait presque exclusivement avec des airs marqués de déférence. Il avait fallu qu’ils comprennent qu’André Gaudrant n’était jamais que le père de celui à qui ils auraient à faire pour qu’ils commencent à s’intéresser au fils. Leur verdict avait été sans nuance, douchant d’emblée les espérances de leur auditoire.
« Avec ça, vieux gars, nous voilà bien servis… Un gringalet, un jeunot, un petit blondinet aux yeux bleus. Fera pas le poids. Tu penses, pour ces gens-là, acheter une ferme comme ça, c’est juste un hochet pour que le cadet soit dédommagé de celle qu’il laisse à l’aîné. De tout le temps qu’ils ont été là, à peine si on a entendu sa voix. Il suivait bien sagement. Il écoutait. Ça, pour sûr, il écoutait. Mais son point de vue, ses critiques, ses idées… On en sait toujours rien. Ça promet… »
Aggravés par le bouche-à-oreille, ces propos eurent tôt fait de se répandre d’un bout à l’autre du pays. L’attention, depuis si longtemps détournée de la Roncerai, se focalisa à nouveau sur le vieux domaine et Joseph, aux premières loges, redevint l’interlocuteur privilégié dont on attendait qu’il tînt tout le monde informé des allées et venues sur le chemin de la ferme.

Or, contre toute attente, Albert Gaudrant, malgré cette entrée en matière catastrophique, sut s’attirer plus de sympathie que d’hostilité. Il ne le dut, en vérité, qu’à cet air avenant, cette gentillesse souriante de bon gamin qu’on a spontanément envie de protéger, voire de plaindre, plutôt que de le rembarrer.
Inspirer la pitié n’était certainement pas ce qu’on attendait d’un homme à qui incombait la charge énorme de rendre à la Roncerai ses titres de grandeur. Il ne parut même pas s’en apercevoir et conquit son monde en affichant bien haut son attachement, bien réel, aux lieux et à ce qu’on entendait qu’il en fît. Dès les premiers instants, il avait su que ces grands bâtiments patinés d’âge, ces vastes prés alanguis au fond de vallées étroites, ces forêts qui cernaient le paysage correspondaient très exactement à ce dont il avait toujours rêvé.
Sans surprise, son père fut plus critique. L’agriculteur des riches terres à blé et à betteraves du Nord ne pouvait pas concevoir que son métier puisse aussi se pratiquer dans cet environnement qu’il n’était pas loin d’estimer n’être fait que de landes et de friches. Il ne voyait pas comment on pourrait en tirer le moindre profit. Il en fit la remarque à son fils, insista sur la gravité de la décision qu’il allait lui falloir prendre.
Albert n’en démordit pas. Et le père finit par se rendre à ses raisons. Après avoir visité la ferme sous la conduite de François Delgas, ils avaient pris la route de Dijon, où Astrid Chauvière les attendait chez son notaire. L’entretien fut long et parfois tendu, mais le vieux paysan madré du Nord eut tout loisir de vérifier qu’il avait vu juste.
La dame était bien trop heureuse d’avoir enfin trouvé un repreneur. Depuis le temps qu’elle désespérait de parvenir à se défaire du boulet que cette ferme dont elle ne savait que faire représentait pour elle… Malgré le notaire qui, à plusieurs reprises, tenta de modérer l’ampleur des concessions de sa cliente, André Gaudrant parvint encore à minorer sérieusement le montant de ce qu’il investissait là pour installer son fils cadet.

Moyennant quoi, beau joueur, il fit tout ce qui était en son pouvoir pour aider Albert. S’en remettant de plus en plus à Victor, son fils aîné, pour ce qui était de la bonne marche de leur ferme du Nord, il multiplia les séjours à la Roncerai.
On s’étonna qu’un de leurs premiers soins ait été de faire refaire à neuf l’empierrage de l’allée. On craignit même qu’ils ne s’en prennent aux majestueux acacias qui la bordaient. Albert rassura et veilla à ce qu’il n’en soit rien. Joseph comprit leur préoccupation quand il vit se multiplier les camions lourdement chargés qui rétrogradaient bruyamment, au coin de sa ferme, avant de s’engager dans la côte.
Certains faisaient mystère, sous leurs bâches, de ce qu’ils transportaient ; d’autres étaient chargés de matériel agricole. Il sourit en voyant passer sous son nez un énorme tracteur vert rutilant, bien arrimé sur le plateau d’un porte-engins. La relève ! s’amusa-t-il en pensant au vieux coucou dont l’arrivée pétaradante, à plus de quinze ans de là, l’avait tellement marqué.
L’un de ces camions attira plus particulièrement son attention. Il le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il eût disparu dans la côte. C’était une énorme citerne, probablement très lourdement chargée si on en jugeait par la puissance que son moteur dut libérer pour parvenir à la hisser jusqu’à la ferme.
Son étonnement fut plus grand encore quand, par les commis ravis de pouvoir bluffer leur auditoire en énumérant tout ce qu’ils voyaient sortir de ces camions, il lui fut révélé la nature de ce que contenait cette citerne.
— C’est quoi, ça ? s’étonna-t-il quand ils étalèrent leur science toute neuve en lui parlant de mélasse.
— Ce qu’on en sait, nous ! dut admettre l’un des deux gars. A ce qu’il nous en a dit, l’Albert, ça vient de ce qui reste quand ils tirent le sucre des betteraves. Il nous a même fait goûter. Tu passes le doigt dans un liquide brunâtre, épais comme du sirop, qui coule tout doucement, et tu le suces. C’est sucré. C’est pas trop mauvais.
— Et ils vont en faire quoi, de cette mélasse ?
Les deux commis échangèrent un regard mi-amusé, mi-penaud, comme s’il allait leur falloir proférer une énormité.
— C’est pour l’alimentation des bêtes, qu’ils disent… osa l’un.
Joseph n’en crut pas ses oreilles. Pour lui, comme pour tous ces éleveurs dans l’âme, des vaches, ça se nourrit d’herbe ; verte quand elle est dans les prés ; sèche quand on en a fait du foin. Il n’y avait pas à y revenir. Qu’est-ce que c’était que ces façons d’étrangers de vouloir faire ingurgiter cette mixture étrange à leurs bêtes ?
Ils n’en étaient d’ailleurs qu’au début de leurs surprises. Quand les deux commis, devenus les vraies vedettes du pays, expliquèrent que leur jeune patron leur faisait empiler d’énormes quantités d’herbe fraîchement coupée qu’ils devaient tasser en multipliant les allées et venues du tracteur sur ce tas étrange, ils commencèrent à s’inquiéter. C’était que ça allait fermenter et pourrir, toute cette herbe gorgée d’humidité. Et si ça venait à polluer jusqu’à l’air qu’ils respiraient…
— Ben c’est justement, plaida sans conviction l’un des deux acteurs bien involontaires de ces excentricités. L’Albert, il dit que c’est ce qu’il veut. Il dit qu’on va couvrir tout ça avec des bâches de plastique noires, qu’on chargera là-dessus des tas de vieux pneus pour que ce soit bien étanche, et que ça restera comme ça jusqu’à l’hiver. De l’ensilage, qu’il appelle ça. Il dit qu’il n’y a pas mieux, avec la mélasse, pour nourrir les bêtes à la mauvaise saison.
Ils n’en crurent évidemment rien et les regards qu’ils ne parvenaient pas à détacher de ce qui se passait à la Roncerai commencèrent à se teinter de suspicion. De quel droit ces nouveaux venus, ces étrangers, prétendaient-ils leur en remontrer sur leurs façons de faire et de travailler les mieux établies ? Pour qui se prenaient-ils ?
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«  L’occupation , le poids de la présence ennemie, les uniformes vert - de - gris et l’art dûment assimilé de les éviter, tout cela avait été réservé à la plaine , là- bas , à l’Est, que traversait la grand- route du Sud.

Pourquoi l’occupant se serait - il intéressé à ces collines loin de tout et même de l’espoir » ? ...
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Regarde-donc ; sur trois affaires, une seule, celle de Victor, est à peu près assurée de sa continuité. les deux autres... Ça ne te fait rien, toi, l'idée que , contre les sous qu'on nous en donnera, n'importe qui pourra faire n'importe quoi de ce que tu auras mis toute ta vie à bâtir ?!
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«  L’arbre de la ruralité n’était pas autrement fait que les autres. En séchant , sa branche maîtresse avait révélé tous ces rameaux qui, jusque- là, se dissimulaient plus ou moins dans son ombre et ne demandaient qu’à croître. . À l’image même de la VIE, qui sans cesse renaît et nourrit son éternel renouveau de ses propres cendres » .
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«  Pouvait- on oublier qu’on était pauvres?
Pouvait - on effacer ce qui faisait que, là - haut, dans leur « Grand Domaine », ils étaient différents , «  pas comme nous » , disait - on avec une pointe de mépris dans la bouche » ....
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