Mik, 12 ans, vit dans un HLM avec son frère de 17 ans, petit voyou occasionnel et son père, épave ambulante entre deux bouteilles depuis la mort de sa femme. Mik est livré à lui-même et lors d'un énième incident, il est envoyé chez sa tante, dans le Nord de la Suède, le temps que son père se soigne. Chez Lena, Mik découvre un monde lumineux, la vie dans un petit village pris par les neiges la moitié de l'année, où les gens pêchent dans la glace du lac sous les aurores boréales et où les enfants ne passent pas leur temps devant la télé ou l'ordinateur... Alors qu'il commence à éprouver ce qui ressemble à du bonheur, les services sociaux décident que cet univers n'est pas sain pour lui et décident de le placer dans une famille d'accueil...
J'ai adoré ce roman, qui démarre pourtant fort mal, avec ce gamin livré à lui-même, paumé, qui vit dans un milieu sordide et dont on ne voit pas trop ce qui pourrait lui arriver de bien. Et puis arrive l'épisode d'Umeå, l'hiver suédois, la nature, les personnages un peu foutraques mais tous terriblement attachants qui, par petites touches, donnent à Mik ce qui lui manquait, de l'amitié, de l'amour, des repères... Et l'on a soudain envie d'être heureux, de pêcher des brochets avec des vieux séniles qui se traitent de tous les noms, on a envie de marcher dans la neige au clair de lune par des températures polaires, on a envie de redevenir un enfant qui pour la première fois, sent battre quelque chose dans sa poitrine sans bien savoir ce que c'est sauf que ça fait chaud et que c'est bon. le rebondissement au milieu du livre nous met KO, le placement dans une famille d'accueil qui mérite tout sauf ce terme précis, la souffrance retrouvée de Mik, ses fugues, tout ça va mal finir, c'est certain... Et malgré tout, on tourne les pages pour savoir ce que Mik va devenir, on est malheureux avec lui, on est heureux avec lui, on veut mourir avec lui... Un roman d'une force peu commune, pourtant brossé par petites touches assez banales (renforcées par des phrases courtes, un parler assez enfantin) mais qui, mises côte à côte, font une histoire profondément touchante. J'ai aussi retrouvé des accents de Tom Sawyer dans les épisodes "nature" du roman. Une très grande réussite à mes yeux.
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Une pure merveille!!!
D'abord c'est formidablement bien écrit, ensuite les thèmes traités qui ne sont vraiment pas faciles (Mik a un père alcoolique qu'il doit gérer, seul avec son frère qui lui non plus n'en peut plus ; ils vont être séparés pour être placés en famille d'accueil) le sont avec une justesse et une pudeur incroyable. Pas d'apitoiement, juste le parcours un peu hors norme et pourtant si "commun" d'un "pauv'gosse" qui est loin d'en être un, sa découverte de la vie et de l'amour, celui qu'il n'a jamais reçu, par sa tante, le parcours horrible des services sociaux et des familles d'accueil, l'amitié (les amis qu'il se fait chez sa tante), à l'inverse le bouc émissaire (dans une famille d'accueil), toutes ces choses qui vont faire de lui un individu entier, plein, et surtout prêt à faire entendre sa voix, sa vie, sa volonté.
Génial! Mais à ne lire qu'en fin de collège je crois!
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Malgré la dureté de la vie une histoire d'enfance pleine de tendresse , de poésie et de merveilleux .
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Une petite merveille ! .
Une écriture sensible , prenante . Un vrai régal .
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C'était le soir et le hibou était perché sur l'arbre. Lena montait avec des tartines et du lait. Mik sentait comme une lueur rose extraordinaire dans son cerveau. Il ne savait pas que que c'était. Mais il était heureux, et le bonheur semblait dégouliner de partout, des oreilles, du nez, de la bouche, comme de la barbe à papa.
Il était parti très loin dans un autre monde . Il flottait dans une mer chaude et se laissait doucement porter par les vagues . Quelques poissons le regardaient. Certains étaient rouges et bleus , d'autres rayés avec une bouche pointue . D'autres encore avaient des lèvres douces , rondes . Mik coula plus profondément et vit le ciel là-haut ; le soleil transperçait l'eau et ses reflets faisaient comme une draperie dorée .
Le courage, on n'en faisait preuve que face à la menace. S'exposer au danger sans menace ce n'était pas courageux, c'était juste stupide. (p.293)
Un trou tout rond s'était formé dans la glace , large de quelques mètres , avec de l'eau noire . Comme un grand puits . L'aurore boréale et les étoiles brillaient à la surface de l'eau ; Comme un grand miroir , qui reflétait un ciel sans défaut .
Pour moi un livre n'existe que lorsqu'on le lit. Un livre, ça se passe dans la tête. (p.89)