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Benito Pelegrín (Traducteur)
EAN : 9782020364225
128 pages
Seuil (05/02/1999)
2.39/5   9 notes
Résumé :
Écrites entre 1941 et 1946, ces cinq nouvelles puisent aux sources hispaniques, africaines et chinoises qui, métissées par l'écriture, sont l'essence même de l'identité cubaine. C'est vers elle que nous entraîne, dans une suite d'images voluptueuses, chatoyantes et cruelles, le plus baroque des écrivains latino-américains.
Dans ces textes ciselés et surprenants, Lezama Lima donne le meilleur de sa verve, le plus coloré de son imagination, et le plus dessiné d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Certains livres, malgré toute notre bonne volonté, nous échappent, nous glissent entre les mains, se dérobent à notre entendement, se refusent à notre pénétration.
Trop de « très » et de « trop » nous les rendent hermétiques, abscons, aussi impénétrables qu'une forêt de lianes, aussi nébuleux qu'un grand ciel orageux, aussi obscurs qu'une nuit sans lune.
Allégorique à l'excès, poétisée jusqu'à la sensation d'étouffement, la plume de l'auteur cubain José Lezama Lima (1910-1976) est un entrelacement sans fin d'images et de comparaisons, un réseau sinueux de métaphores parcouru d'un lacis infini de mots noueux et complexes.

« de neuf oiseaux neigeux laissent choir leur bec sur les mandolines qui épellent des élégies cadencées. Lentement, le sommeil s'épaissit dans le souvenir de cette vague ultime qui se figea en un marbre définitif. La vague est ce monstre qui guette la vasque d'albâtre quand deux mains voyageuses décident de débarquer à la même heure »…

Pour Lezama Lima, tout est image, le monde et l'univers aussi bien que les mots.
Son écriture bohême et surprenante s'invente dans un entrecroisement de représentations fantasmagoriques, de tissages d'emblèmes, de symboles, de projections oniriques, de perceptions excentriques et extravagantes des choses qui l'entourent.
Les mots sont des images qui renvoient à d'autres images, et d'autres encore, ces dernières en générant de nouvelles, et ainsi de suite, à l'infini, en un tourbillon fou dont on ressort l'esprit confus, perdu dans la forêt des métaphores, aveuglé par le côté bariolé et sensuel des phrases, par ce feu de couleurs vives chatoyant comme plumes de perroquet mais hélas si souvent égaré, que l'on finit par ne plus savoir de quoi l'on parle et par désespérer de trouver son chemin dans cette jungle aussi féconde que fourrageuse.

« le martin-pêcheur s'obstinait à passer son corps à travers un anneau martelé d'argent. le faucon, noble maître de sa propre chute, ouvrait la circularité, jusqu'à la changer et cours et recours, la métamorphosant en esprit des steppes. L'autre faucon, petit et mordoré, grattait avec fureur un doigt à la rotation incessante. »

Il est toujours frustrant de rester sur le seuil d'un monde littéraire, de se trouver dépossédé des clés qui nous en permettraient l'accès. le fait est là, l'oeuvre de ce grand écrivain cubain que l'on a qualifié tour à tour de « Proust des Caraïbes », de « Góngora des Tropiques » ou de « Joyce cubain », est restée inaccessible à nos tentatives et nos assauts de lecture. Malgré la beauté enluminée des phrases, la compréhension nous a fait défaut et le surréalisme de la prose par trop déconcerté.

«Les vagues acérées sautaient autour d'un poing que leur prêtait un squelette de fer et d'algue. »
Que peut apporter une oeuvre littéraire, si belle soit-elle, si elle n'est pas accompagnée de discernement et d'entendement ?
Entrevoir le chaos volontaire qui règne au coeur de cet entrelacs de sons, d'images, de figures disparates et sibyllines dont l'auteur s'entoure pour bâtir son univers baroque et protéiforme n'est hélas pas suffisant pour apprécier cette oeuvre amphigourique quand bien même elle a influencé de grands écrivains de langue espagnole tels Octavio Paz ou Julio Cortazar.

Les cinq nouvelles écrites dans les années 1940 qui composent « le jeu des décapitations » et brassent les cultures en un savant métissage sino-afro-cubain, ne nous ont malheureusement pas permis d'entrer dans le petit cercle d'initiés capables d'appréhender l'imagination débridée et l'érudition phénoménale de l'auteur. Soit, l'on pourra arguer que l'on n'était pas prêt…il nous faudra cependant laisser s'écouler beaucoup de temps avant qu'on ne se décide à affronter « Paradiso », le roman phare de José Lezama Lima.
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Je ne sais pas si c'est la traduction de l'espagnol (cubain) qui rend "Le jeu des décapitations" difficile à lire mais la lecture des nouvelles de José Lezama Lima a été éprouvante pour moi.
Aucune des cinq nouvelles de ce recueil posthume ne m'a inspirée, probablement en raison du style poético-fantastique que j'ai trouvé hermétique.

C'est Fraise et Chocolat (Fresa y chocolate) réalisé en 1993 par Tomás Gutiérrez Alea et Juan Carlos Tabío qui m'a donné envie de découvrir l'écrivain et poète cubain. Dans le film, un hommage est rendu à Lezama par Diego, esthète et homosexuel, qui fera découvrir à David, membre des jeunesses communistes, celui qui a été mis au pilori pour "activités contre-révolutionnaires". La découverte de l'auteur de "Paradiso" était donc prometteuse.
La déception est d'autant plus grande même si la deuxième nouvelle intitulée "École buissonnière" m'a rappelé avec plaisir le Malécon, longue jetée promenade de la Havane. Les deux garçons protagonistes de l'histoire s'y retrouvent.
Sinon, il y a deux textes qui ressemblent à des contes chinois, un autre sur une cour d'évêché où des gamins s'amusent à torturer un perroquet et un texte sur la femme d'un forgeron dont une goutte de sang de viande lui créée une protubérance cramoisie qui l'oblige à aller voir une sorte de marabout. Cela aurait pu être intéressant sur les pratiques du Vaudou à Cuba mais je suis restée à distance ne comprenant pas les métaphores ni le sens de l'histoire.
Dommage.


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L'écriture narrative de José Lezama Lima sait prendre avec immense talent la forme de nouvelles. Cette oeuvre est un travail ciselé comme dans l'orfèvrerie baroque, où se multiplient les effets spéculaires, illustrant à merveille sa prolifique création, irradiante à la fois de cubanité et d'universalité de symboles et de métaphores.
Cinq nouvelles qui jouent l'imaginaire tropical où tout est fantasmatique. Les repères et les allégories s'entrecroisent et on y décapite tout ce qui est important et puissant. du Lezama Lima cent pour cent pur sucre.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Un livre dans lequel je ne suis jamais rentré. Ensemble de nouvelles qui n'ont strictement aucun lien, univers, personnage, thème commun.
Un style qui ne décolle jamais restant constamment dans la description de situations plutôt que dans le récit d'une histoire.
Peu de construction de dialogues ce qui ne dynamise pas le récit.
Langage passe partout si ce n'est dans l'utilisation de métaphores parfois belles parfois trop nombreuses.

Vraiment pas convaincu. Je devrais peut être lire ses oeuvres poétiques.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Tandis que la lumière peu à peu la dessinait, le forgeron et son fils n'apercevaient plus la promenade du crabe sur sa nuque ou sur sa poitrine, (...). Le crabe sentait qu'on lui avait arraché ce corps qu'il mordait cruellement et dont il s'était cru le maître. On lui avait enlevé ce corps dont il avait besoin à ses fins propres, pareil à ce raffinement morbide avec lequel les tapis réclament nos pieds.

Crabes, hirondelles
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L'école buissonnière est le cri intérieur d'une crise, le signe que nous abandonnons quelque chose, une peau qui ne peut plus nous servir d'excuse.

[École buissonnière]
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Ainsi parvenait-il et à conduire une existence viable à coté de ses dons et à ne pas courir le risque de perdre, dans une inhumaine distance, l'exercice quotidien de ses instincts.
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Videos de José Lezama Lima (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de José Lezama Lima
José Lezama LIMA – La bibliothèque comme dragon (France Culture, 1979) L’émission « Albatros », par Gérard de Cortanze, diffusée le 30 décembre 1979 sur France Culture.
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