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EAN : 9782848051642
470 pages
Sabine Wespieser (09/05/2014)
3.69/5   79 notes
Résumé :
En 1953, quand s’ouvre le roman, Maria vit depuis plus de cinquante ans seule dans la maison de famille délabrée. On la surnomme « la sorcière de Waipu », elle qui très jeune se rebella contre sa mère pour vivre sa passion avec un cantonnier. Mise au ban d’une communauté encore très respectueuse des strictes règles morales édictées par son sourcilleux fondateur – l’autoritaire et charismatique Norman McLeod, avec qui sa grand-mère Isabella quitta l’Écosse en 1817 –,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Elle vit seule dans cette vieille maison depuis près d'un demi-siècle sans presque jamais en sortir. Les gens l'appellent "la sorcière". Sorcière parce que recluse ou recluse parce que sorcière ? Tout cela n'a plus guère d'importance pour Maria McClure car cet isolement, d'abord contraint, elle a fini par le choisir. Est-ce un défi lancé à cette communauté qui l'a bannie autrefois et qui aujourd'hui s'en repent un peu ou n'en connait plus trop bien la raison ? Un défi ou plutôt un refuge ? Avant elle, sa grand-mère et sa mère en ont cherché : Isabella, dans une forme d'indépendance et de rébellion, Annie, à l'inverse, dans la stricte observation des règles morales et religieuses. Fiona Kidman nous relate une histoire de femmes, au sein ou face à une communauté, un groupe que l'on va suivre depuis l'Ecosse jusque la Nouvelle-Zélande sur trois générations, de 1812 à 1953. Ce groupe a un guide, Norman McLeod, seul personnage historique de cette fresque qui s'inspire de faits réels, une succession de migrations à la recherche de terres exploitables, d'abord à Pictou en Nouvelle-Ecosse puis à Sainte-Anne sur l'île du Cap Breton pour un établissement définitif à Waipu en Nouvelle-Zélande (une carte aide à suivre le périple). L'auteure a su intégrer avec intelligence ses recherches documentaires au récit et rien n'est fastidieux, au contraire.
Maria est la dépositaire de cette histoire à la fois collective et personnelle, collective car étant âgée, elle représente la mémoire des anciens, personnelle car elle sait, pour avoir lu les cahiers d'Isabella, sa grand-mère, le prix que les femmes de sa famille ont payé au cours de cette odyssée de pionniers. Des femmes que McLeod, ministre presbytérien rigoriste, fustigeaient régulièrement au cours de ses sermons, leur rappelant sans cesse leur soumission nécessaire et naturelle (selon lui), ainsi que la moralité et la modestie qui devaient guider leur vie. Plus généralement, Fiona Kidman montre avec talent toute l'étendue de l'emprise que ce personnage à la personnalité complexe et fascinante exerçait sur le groupe, manipulant ses fidèles par une crainte constante de la dénonciation de leur indignité, adoubant parfois certains pour mieux faire retomber son courroux sur d'autres. Si Isabella a réussi, grâce à sa forte personnalité, à se maintenir au bord de l'ostracisme, Maria, quant à elle, n'y a pas échappé, payant cher sa tentative d'indépendance.
Le livre des secrets est donc une histoire de transmission, d'héritage renié ou assumé, une histoire de femmes courageuses et émouvantes qui trouvent la force d'affirmer leur sensibilité, leur personnalité au sein d'un groupe ou d'une famille qui ne pense qu'à les amalgamer comme une pâte malléable. Ces femmes qui ont décidé d'être leur propre matériau nous offrent une très belle leçon d'émancipation.

Lien : http://leschroniquesdepetite..
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A travers trois générations de femmes, on suit l'évolution d'une communauté de quelques centaines d'écossais partie des Highlands en 1817 et qui finit par s'installer définitivement à Waipu, Nouvelle Zélande, en 1854. le voyage fut donc long, parfois avec des étapes de plusieurs années en Nouvelle Ecosse ou sur l'ïle du Cap-Breton.
Cette communauté est dirigée par le pasteur Norman McLeod, souvent nommé «l'Homme» par ses membres, indéniablement doté d'un charisme et d'une autorité à toute épreuve qui impose ses propres règles à ses ouailles, directement inspirées par les Ecritures. Ainsi, pourra-t-il décider en toute impunité de couper une oreille à un pauvre jeune homme soupçonné à tort de vol.
Mais, c'est surtout de femmes et de leur sort tragique dont il est question ici.
Même si le livre débute par Maria en 1953, dénommée «la sorcière de Waipu» vivant seule et recluse, il est construit en trois parties chronologiques autour d'Isabella entre 1812 et 1820, sa fille Annie entre 1838 et 1855 et enfin sa petite fille qui est donc Maria, entre 1898 et 1953.
Isabella et Maria se ressemblent, avec leur forte personnalité, leurs velléités d'indépendance, osant remettre en cause l'autorité de leur Eglise.
«Le livre des secrets» est aussi le journal d'Isabella et fait également lien entre les deux femmes et il nous permet, même dans la partie consacrée à Maria, de revenir sur des événements importants vécus par sa grand-mère.
Ce roman est très intéressant car il nous fait découvrir, d'une part, une partie peu connue de l'histoire qui est celle de ces immigrants fuyant la misère de l'Ecosse pour partir s'installer dans leur nouveau monde que sera la Nouvelle Zélande et d'autre part, les conséquences dramatiques de règles absurdes et obscurantistes édictées par les hommes qu'ont du subir bon nombre de femmes (avec, comme trop souvent, pour belle façade, la religion). L'écriture de Fiona Kidman est exigeante et elle parvient parfaitement à nous transmettre les pensées, les troubles et révoltes de ses personnages.
Une vraie réussite que ce «livre des secrets» qui ne doit pas en rester un!

(A noter qu'en début d'ouvrage une carte tout à fait bienvenue retrace le périple de la communauté. Un arbre généalogique reprenant les personnages des différentes familles, McIsaac, McKenzie, McQuarrie...aurait également été utile car on peut parfois perdre le fil avec les personnages secondaires.)
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De 1817 à 1953, de l'Ecosse jusqu'à Waipu, le destin de tout un peuple de migrations vu à travers le prisme de trois femmes Isabella la grand-mère, Annie la fille de la précédente et mère de la suivante, et Maria la descendante des deux premières condamnée à une vie d'exil à l'intérieur de sa propre chair, avec pour seule limite géographique, le territoire de sa maison et celle de son jardin.
Ces trois femmes, ont tout connu, la soumission, la révolte, les grossesses à répétition, comme celles qui se font attendre, elles ont pleuré leurs enfants morts en couches, elles ont subi la maladie, la famine, les traversées vers l'inconnu, l'insécurité, la violence des hommes et leur vanité, leur tendresse même, parfois, elles ont suscité la convoitise, ont survécu à des viols, à toutes les profanations de leurs rêves de jeunes filles, elles ont acquiescé au mariage, par envie quelquefois, par nécessité la plupart du temps, elles ont connu le frisson d'une sensualité interdite et la condamnation de toute leur communauté, elles ont souffert l'hypocrisie des unes, et la sécheresse d'âme des hommes qui plient les femmes à leur dessein. Les seules femmes d'alors qui savaient penser librement se devaient de le faire dans le murmure de leurs pensées, car la liberté n'était même pas un rêve admissible.
Les temps étaient durs, la survie de tous soumis aux aléas des récoltes, du temps qui vous privent de pain, de santé, de chaleur et parfois aussi de tout recours possible, car la justice des hommes est alors de celles qui meurtrissent sans légitimité bien plus qu'elles ne réparent ou tentent même de le faire. Un homme orchestre tout, il décide des migrations, de la morale qui soumet les adultes, de l'éducation qui dresse les enfants, il distribue l'opprobre face à tous ceux qui, ostensiblement ou non, ne plient pas genou face à sa verve qu'il déploie à chacun de ses cultes, il dénonce les mauvais comportements, il fustige tout y compris, et surtout, l'innocence, il impose sa prédominance sur la communauté qu'il a créée, et même si certains se détournent de lui pour des prêcheurs plus « chrétiens », et même si ses propres enfants semblent vivre dans l'enfer des pêchés qu'il fustige, il avance sans se remettre en question. Il a raison sur tous et sur tout. Il se fait appeler « L'Homme », il n'est pourtant pas le Fils de L'Homme, le Fils de Dieu, il n'est rien que Tormod Mc Leod, un homme au singulier et en minuscules, qui met toute sa rage au service de cette ascension qui fera de lui le soutien, l'indispensable de ses hommes et femmes qu'il conduira sur terre comme sur les mers.
Pourtant, les temps passeront, la modernité finira pas envahir la vie des descendants qui auront suivi le maître Mc Leod, et lorsque Maria, sera devenue cette vieille femme qui aura vécu quasiment toute sa vie enfermée dans sa propriété, parce qu'elle aura connu, savouré et recherché l'extase sexuelle, qu'elle aura accouché d'une enfant morte-née, qu'elle aura été la sorcière, la dévergondée, que même sa mère, -bien trop corsetée dans l'étroitesse d'une pensée étriquée qui lui donnait l'avantage de toujours lui indiquer comment et quoi penser-, n'aura pas aidé. Une fois que Maria aura été offerte en sacrifice par une communion de moeurs qui tend à vivre ses derniers feux, elle sait qu'elle connait mieux le coeur des hommes que ceux-là même qui l'ont privée de sa vie. Elle sait que la mélange de races, depuis si longtemps prohibé, fait des alliances qui le futur ne saura plus défaire, elle sait que le sang de sa famille fait partie de cette révolution des corps. Elle sait qu'en ayant pris sous son aile, pendant deux ans, une enfant du nom de Christie, elle a donné de son âme et de son amour à celle qui a su continuer la lignée de leur famille commune.
Ce livre des secrets qui semblait celui des privations au tout début, en déployant les ailes de ses pages, au fur et à mesure que coule en nous l'eau de cette lecture, nous apparaît alors comme celui des transmissions. de celles qui se font malgré soi, malgré les autres, malgré les moeurs trop rigides, et malgré les destins perdus… Mais de celles qui restent malgré tout…
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A travers trois portraits de femmes d'une même famille (Isabella la grand-mère, Annie la fille et Maria la petite fille), Fiona Kidman nous invite à suivre le périple d'Écossais des Highlands jusqu'en Nouvelle-Zélande. Guidés par Norman McLeod, également connu sous le nom Tormod et un Homme, ils mettront trente-cinq ans. Comme Moïse dans le désert. Et toujours au nom de Dieu." Si la plupart des personnes le suivent fidèlement sans se poser de questions, les trois femmes choisissent la résistance et la vivent chacune à leur manière. le roman démarre avec Maria et remonte le temps au fil des parties (de 1812 à 1953).
J'ai retrouvé avec plaisir le style de Fiona Kidman. C'est dense, riche, parfois un peu trop foisonnant à mon goût et en même temps je me suis laissée emporter par la fougue de Tormod. J'ai applaudi à la résistance des trois femmes. J'ai tourné les pages avec avidité pour découvrir enfin le secret. Une lecture un peu exigeante qui a enrichi mes connaissances sur l'histoire de la Nouvelle-Zélande. A bientôt Fioma Kidman.
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Un livre sublimement écrit avec une histoire qui nous emporte sur 3 générations de femme d'une même famille. Sous l'emprise d'un pasteur, une partie de la population d'un village écossais émigre vers la nouvelle-écosse et finis en Nouvelle-Zélande. Isabella, la plus âgées des femmes ne suit pas à la lettre les semons extrêmes du pasteur et se voit mise à l'écart. Sa fille ayant honte essaye de se faire bien voir quand à sa petite fille, celle qui raconte l'histoire, se retrouve retranchée comme une sorcière dans une maison dans la campagne nouvelle zélandaise.
Des chapitres qui alternes carnets intimes et témoignages de chaque femme sur son époque.
Un très beau récit.
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critiques presse (1)
Telerama
02 juillet 2014
Composé d'extraits de journaux, de courriers, de ruminations et d'évocations hypnotiques, ce roman aimante et enchante.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Plusieurs années s'étaient écoulées depuis la première fois où Isabella eut la prémonition que la faim allait les frapper tous. Elle se rappelait les taches vert sombre inusitées sur le feuillage des pommes de terre cette année-là, à quelle vitesse elles avaient tourné au violet noirâtre, le goût infect des tubercules. Elle avait compris aussitôt ces fausses notes, mais à part ses confidences à Kate elle n'osait pas en parler ; si cela se développait ensuite, elle savait qu'on la rendrait responsable. Il faut toujours quelqu'un à blâmer. Cela évite aux gens d'avoir trop peur.
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Dehors la mer grondait et la pluie martelait le pont au-dessus de leur tête. Par les hublots, ils voyaient les lames fouetter le navire qui se soulevait, proue dressée presque à la verticale vers le ciel, puis ils retombaient avec fracas, jusque sous la surface où ils plongeaient entourés d'eau bouillonnante comme dans un chaudron, la mer furieuse tentant de s'introduire dans leur refuge, puis nouvelle remontée, et la lueur fantomatique d'un nouvel éclair illuminait le visage blême de ses compagnons. Il devenait impossible de distinguer si les craquements au-dessus d'eux étaient de gigantesques rafales de tonnerre ou la charpente du navire qui se brisait.
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Oh, je me donne l'air d'une grande dame en crinoline, mais je n'étais rien de tel. Ma robe était taillée dans un lainage ordinaire de couleur sombre. Elle était trop droite à mon goût, car ma mère aurait jugé extravagante une jupe plus ample. Il ne doit jamais y avoir trop de quoi que ce soit, juste assez, avait-elle coutume de dire. Sur ce point, je sais qu'elle répétait les principes de McLeod. L'un des procédés favoris du maître pour humilier les femmes de la paroisse consistait à les haranguer le dimanche depuis sa tribune en leur reprochant leur vêture inconvenante, et tout particulièrement leurs bonnets. Pas une plume, même cueillie par elles sur une haie, pas le moindre petit ruban ou bout de dentelle n'était toléré dans leur coiffure. Sinon, il les tournait cruellement en ridicule. Il s'en prenait même à sa femme, une pauvre et tendre créature qui lui avait donné dix enfants en même pas autant d'années et passa le plus clair de ses jours l'esprit apparemment égaré. Cette apparente faiblesse d'esprit et de corps l'avait tenue plus souvent éloignée de l'église que dedans. Mais au moins la dispensait-elle de ses diatribes, au point que je me suis demandé si elle n'était pas fort rusée en dépit de ce qui se racontait.
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Plus tard, allongée dans l'obscurité, elle posa la main sur la créature qui frémissait en elle comme un oiseau, comptant ses battements de coeur. Le vent sifflait par les fentes du mur de la chambre. Les étés lumineux d'autrefois et les feux bouillonnants avaient desséché le bois de la maison et pendant tout l'hiver il grinçait et craquait, conversait avec elle. Nous faisons un fameux trio, pensa-t-elle, la maison, l'enfant et moi.
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La peur est un phénomène étrange. On peut craindre toutes sortes de choses. La colère de Dieu, la façon dont d'autres gens voient le monde, les Maoris et les Dalmates, la distance et la séparation, et oui, certainement, la mort elle-même. Mais tout cela n'est rien, ce sont des peurs surmontables, si on n'a pas peur de soi-même. Si on observe une certaine vérité en s'adressant à sa propre conscience.
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Videos de Fiona Kidman (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fiona Kidman
La romancière néo zélandaise Fiona Kidman s'est inspirée d'une histoire vraie pour ce livre. Elle raconte la destinée tragique d'un jeune Irlandais, victime à la fois de la solitude et d'un gouvernement qui utilise la peine de mort pour se débarrasser des immigrés. Un livre bouleversant
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