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Les Enfants de l'Arbat tome 1 sur 3
EAN : 9791095454144
482 pages
Louison Editions (24/05/2017)
4.14/5   38 notes
Résumé :
Exil et bannissement. Les Enfants de l'Arbat racontent le destin de jeunes moscovites du quartier de l'Arbat dans les années 30: dominé par la figure sinistre de Staline, c'est le premier roman russe contemporain à prendre à bras-le-corps la tragédie du stalinisme, en mettant en scène le dictateur lui-même, à travers de longs monologues. La saga est composée de trois volumes (1), couvrant l'histoire de l'URSS jusqu'à la mort de Staline. Anatoli Rybakov était né et a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Merci aux Éditions Louison et à Masse critique pour l'envoi de cet excellent livre.
Moscou au début des années 1930, dans le quartier de l'Arbat, quartier culturel et intellectuel de la ville, l'auteur nous décrit un groupe d'amis d'une vingtaine d'années. Ils sont relativement favorisés, ont fait des études, croient aux idéaux communistes, soutiennent le parti, ont foi en l'avenir. Nous partageons leur vie quotidienne, leurs rencontres, ,leurs amours, leurs études, leur travail, leurs difficultés.
C'est un roman russe, on y trouve dès lors de très nombreux personnages, deux personnages principaux, une dizaine d'autres importants et une trentaine de personnages secondaires,,,, il faut s'y habituer au début, d'autant plus qu'une personne peut être dénommée par son prénom et son patronyme et quelques lignes plus loin par son nom de famille !
Le premier protagoniste, dont nous suivrons le parcours durant tout le livre, est Sacha Pankratov, komsomol convaincu, loyal envers et contre tout au parti et sincère. Pour quelques vétilles, il est exclu de la faculté puis peu après il est arrêté, il n'en comprend pas la cause, son interrogateur lui demande d'expliquer lui-même pourquoi.
En fait il est un pion dans un engrenage dont le but est d'atteindre quelqu'un de très haut placé. Il est condamné à trois ans d'exil en Sibérie en vertu de l'article 58 du code criminel pour acte de subversion. L'auteur qui a lui-même connu la déportation, nous décrit avec force détails les interrogatoires, le départ en déportation, le voyage et les conditions sur place.
Le second protagoniste est Staline lui-même. L'analyse psychologique de celui-ci est remarquable, nous suivons ses pensées, ses raisonnements, sa mégalomanie, sa paranoïa à tel point qu'il nous semble tout proche de nous. Son hystérie augmente de plus en plus, toute parole anodine peut être interprétée comme une attaque. L'instauration d'un régime de terreur commence et influe donc sur la vie des jeunes.
Beaucoup d'autres personnages mériteraient d'être plus amplement décrits ici : Varia, une amie de Sacha, Sofia Alexandrova, sa mère, Mark Alexandrovitch Riazanov, son oncle, Iouri Charok qui sera enrôlé dans le NKVD, etc, etc et enfin un autre personnage historique, Serguei Kirov, le gouverneur de Lénigrad dont la nouvelle de l'assassinat clôture le livre.
J'ai beaucoup aimé ce livre qui n'est que le premier tome d'une trilogie, j'ai aimé la description de l'URSS des années 30 vue non par des dissidents mais de l'intérieur, les espoirs que l'essor économique et industriel faisait naître, la description kafkaïenne de l'arrestation et du procès de Sacha, et enfin le portrait de Staline et son parcours vers le pouvoir absolu et la terreur.
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Ce livre, "les enfants de l'Arbat" a été un véritable coup de coeur littéraire.
Il est le premier tome d'une trilogie qui est en cours de réédition. Cette trilogie est un réquisitoire impitoyable du régime stalinien. Elle n'a pu être publiée qu'en 1987 en URSS.

Dans ce tome 1, l'histoire débute à la fin de l'année 1933 alors que la terreur stalinienne se met en place de manière implacable. On y suit Sacha et ses camarades, tous des enfants du quartier de l'Arbat, un quartier que l'auteur connaît bien puisqu'il a grandi là-bas. Ces jeunes adultes sont allés à l'école ensemble, sont devenus komsomols mais alors qu'ils finissent leurs études supérieures, le régime les sépare et ils prennent des voies divergentes.
Sacha est arrêté pour propagande anti-révolutionnaire et envoyé en relégation en Sibérie, Max part en Extrême-Orient, Iouri entre quant à lui au NKVD, Varia ne cesse de penser à Sacha, Nina la grande soeur de Varia est amoureuse de Iouri...

On suit l'évolution des pensées de toutes ces personnes envers le régime stalinien qu'ils ont majoritairement soutenu au début.
L'oncle de Sacha, Mark, haut dignitaire du régime doute après l'arrestation de son neveu pour un motif aussi dérisoire et essaye de se convaincre qu'il a nécessairement commis des choses dont il n'est pas au courant car il n'aurait pas pu être arrêté pour si peu.
"Sa dispute avec le professeur de statistique, l'histoire du journal mural, on ne pouvait quand même pas l'arrêter pour ça ! Encore moins le condamner."
L'auteur ayant lui-même été arrêté pour propagande anti-révolutionnaire au nom de l'article 58, on peut émettre l'hypothèse que le personnage de Sacha lui ressemble.

Mais ce qui donne du ton au récit et en fait également sa force, ce sont les dialogues et monologues de Staline.
"La transformation, dans le plus bref délai, d'un peuple de paysans en pays industriel exige d'immenses sacrifices matériels et humains. le peuple doit les accepter. L'enthousiasme ne suffit pas. Pour obliger le peuple à accepter ces sacrifices, il faut un pouvoir fort, qui inspire la peur. Et cette peur, il faut l'entretenir par tous les moyens".

La mise en perspective de la pensée stalinienne et de celle du peuple est particulièrement pertinente et percutante.

En définitive, j'attends avec impatience la réédition des deux autres tomes. le tome 2 est centré sur les grandes purges et le tome 3 sur la période de la seconde guerre mondiale.
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La trilogie Les enfants de l'Arbat d'Anatoli Rybakov a été à sa sortie le best seller de la perestroika et c'est totalement mérité. Cette tranche d'histoire de l'URSS retrace 10 ans de dictature stalinienne « comme si vous y étiez ».
Tout d'abord, c'est un livre d'une lecture très abordable (un peu trop pour certains amateurs de LITTERATURE) et qui parle au coeur des soviétiques qui ont connu cette époque : le quartier de l'Arbat à Moscou est très connu et, en 1988, date de la sortie du livre, nombre de moscovites de plus de quarante ans se retrouveront dans la destinée de Sacha-Varia-Nina-Youri-Vika-Vadim, tous ces enfants de l'Arbat qui vont vivre, chacun à sa façon, ces années terribles de l'URSS : déportation, komsomol, tcheka puis NKVD, espionnage international jusqu'à l'assassinat de Trotski au Mexique, guerre contre Hitler, les 3 volumes sont un extrait des années Staline puisque démarrant en 1937, alors que la mainmise de Staline est bien établie, et s'arrêtant en pleine 2ème guerre mondiale, en 1943.
L'ensemble du récit alterne la grande et la petite histoire entre les décisions stratégiques dans l'entourage de Staline et les aventures de nos enfants de l'Arbat. L'idée originale de Rybakov est d'avoir présenté Staline de l'intérieur au sens propre du terme : ses pensées, son point de vue sur ceux qui l'entoure, sa paranoia et les décisions qu'elle engendre, tout cela est vécu en voix intérieure. Il en résulte une sensation assez étonnante de proximité avec le Kremlin, ce qui sans aucun doute devait être vécu par le peuple comme inatteignable, sensation qui va aller grandissante car les uns et les autres vont finir par croiser les plus hautes sommités de l'état.
J'ai lu certaines critiques reprochant à Rybakov de ne pas mettre en cause le système communiste mais la personnalité de Staline. Chacun pourra se faire son point de vue (le possède d'ailleurs souvent déjà en grande partie) sur la justesse de séparer les deux ; éventuellement, une étude chiffrée des goulags avant et après 1953 peut contribuer à cette réflexion (nombre d'internés, taux de mortalité, pourcentage de politiques/droits communs, etc). le propos de Rybakov n'est pas là et la réaction enthousiaste des soviétiques à la parution du livre pourra aussi aider à se poser les bonnes questions.
Les 2 premiers volumes (Les enfants de l'Arbat et La Peur) sont vraiment excellents ; le 3ème baisse un peu d'intensité et d'originalité notamment par la perte de cette voix intérieure de Staline et une description parfois trop historique du pacte Hitler-Staline puis du début de la guerre contre Hitler.
5 étoiles pour les parties 1 et 2
4 étoiles pour la partie 3
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Wowh ! Enorme roman, injustement méconnu et découvert par hasard dans l'excellente biographie de Staline et de ses proches par Simon Sebag Montefiore (La cour du tsar Rouge), le premier tome des Enfants de l'Arbat revient sur la montée de la Terreur Stalinienne. Comme tout grand roman russe, une galerie de personnages (les enfants de l'Arbat) évolue, au jour le jour, sous le régime de Staline. Prenant le contrepied de récits plus glaçants comme L Archipel du Goulag (Soljenitsyne), les enfants de l'Arbat nous propose une captivante promenade en plein coeur de l'URSS, de son quotidien. Comment pouvait on y vivre ? Y survivre ? Véritable documentaire en même temps que formidable réquisitoire contre la dictature, le récit est terriblement riche d'enseignement sur cette période que l'on connait finalement si peu - et souvent si mal.
Et puis également, la conquête du pouvoir absolu par Staline, au nom de sa seule paranoïa.

Impossible de lâcher le livre avant la fin.
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L'Arbat, c'est le quartier de la jeunesse intellectuelle à Moscou; sous Staline, on passe facilement de l'Arbat à la Sibérie. le roman est construit à la façon d'une fugue, de façon à tenter de réaliser une fresque exhaustive de la Russie sous la dictature. Son originalité réside dans l'analyse du mécanisme de la tyrannie. Staline est le personnage central, figure inquiétante, prisonnière de son propre pouvoir. La narration est dans la tradition russe, avec une foule de personnages et elle s'articule du Kremlin aux confins sibériens où le jeune Sacha tente de survivre. Cela donne un vaste roman réaliste, plus intéressant pour son apport à la connaissance de la Russie stalinienne que par ses qualités littéraires
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Tous ses camarades l'avaient abandonné. Et seule Varia, la petite Varia n'avait pas délaissé sa mère. Sacha se rappelait son fin et clar visage, ses yeux en amande, sa frange bien nette recouvrant en partie son front droit, ses regards - pareils à ceux que lancent toutes les jolies petites filles de quinze ans por troubler les garçons -, ses genoux nus qui lui servaient à copier en classe : une petite femme pleine de grâce et de charme... il se la rappelait jacassant devant la porte cochère avec une bande d'adolescents, vêtue d'un manteau sombre au col négligemment relevé. Il se rappelait sa jour d'avoir été invitée au Caveau de l'Arbat et de danser avec lui : "Ramona, j'ai fait un rêve merveilleux. ramona, nous étions partis tous les deux...." Il se rappelait aussi qu'elle s'était serrée contre lui, déployant tout l'arsenal peu compliqué de ses charmes.
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Pour des épigrammes dans un journal mural, on a la bonté de ne pas le fusiller. ça ne lui a valu que trois ans de déportation en Sibérie. Quelle chance ! Trois ans, qu'est-ce que c'est ? Une bagatelle, en effet. Joseph Vissarionovitch Staline n'a eu que trois ans, lui aussi. Trois ans pour avoir fomenté des mouvements insurrectionnels, des grèves, des manifestations, publié des journaux clandestins, voyagé illégalement à l'étranger. Et non seulement il s'en est tiré avec trois ans, mais après son évasion, on l'a simplement reconduit à son lieu de résidence pour qu'il achève de purger sa peine. C'était il vrai, en 1913. Sacha, s'il s'évadait, prendrait dix ans de camp minimum aujourd'hui.
Elle braqua sur son frère des prunelles farouches :
- Le tsar, s'il avait appliqué vos lois, aurait tenu mille ans de plus.
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Mieux vaut être certes fourmi à Moscou que cigale au pays des forçats. Mais qu'y puis-je ? Pleurnicher ? Je me voyais futur directeur du Plan, au minimum directeur adjoint, n'étant pas membre du Parti. Brave cheval de labour, je ne dérangeais personne et rendais service à tous. Un malentendu a brisé mon avenir. Dans notre milieu de déportés, prenez bonne note que personne ne vous dira la vérité : le coupable se prétend innocent, et l'innocent, pour se faire valoir, racontera qu'il y avait un motif ; moi, vous pouvez me croire. Dans nos bureaux, on avait affiché : En période de reconstruction, la technique décide de tout. Staline. Vous connaissez ce mot d'ordre ? Bon ! Je l'ai cité en présence d'une fille charmante. Elle a cru entendre : "En période de reconstruction de la technique, Staline décide de tout." C'était une personne fort instruite. Indignée par mon ignorance politique, elle a été faire part de son chagrin à qui de droit. Il arrive que la langue me fourche. J'ai pensé que je m'en tirerais avec un bon blâme. On m'a appliqué l'article 58, paragraphe 10 : agitation et propagande contre-révolutionnaires. Par chance qui-de-droit a calculé que trois ans suffiraient pour améliorer mon élocution.
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On s'évade rarement, et seulement du lieu de résidence assigné, quand la nostalgie de la liberté devient si forte qu'on fonce, tête baissée, sans se soucier de ce qui vous attend. On s'évade au printemps, quand les odeurs de la saison - les mêmes à toutes les latitudes - étreignent le cœur d'un irrépressible besoin de retrouver votre foyer ; ou au début de l'automne, quand on ne peut plus supporter la sinistre perspective de l'interminable hiver sibérien. Il y a aussi des évasions d'hiver : un mois avant l'expiration de sa peine, on se rêve déjà chez soi ; on n'a plus le courage d'attendre ; mais on redoute aussi l'heure de se présenter pour obtenir son certificat de libération, parce qu'au lieu de certificat, vous risquez de vous faire notifier une rallonge de peine. Ces évadés d'hiver on les appelle les "perce-neige", car on retrouve leurs corps au printemps, quand la neige fond.
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En cette deuxième année du plan quinquennal, les usines produisaient des automobiles et des tracteurs, les hauts fourneaux, de la fonte, les fours Martin, de l'acier, les exemples d'ardeur au travail ne manquaient pas.... Par ailleurs, les procès se multipliaient, les organes de répression se renforcaient , toute tentative de fuite à l'étranger était passible de la peine de mort et les proches du fuyard étaient condamnés à dix ans de prison à cause d'un crime qu'ils n'avaient pas commis. Toutes ces mesures visaient à accroître la puissance d'un seul homme. Et cet homme était le symbole de la vie nouvelle : il incarnait tout ce à quoi croyait le peuple, ce pourquoi il luttait et souffrait. Tout ce qui se faisait en son nom était donc juste ?
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Video de Anatoli Rybakov (1) Voir plusAjouter une vidéo

Rybakov
Parution en France du livre d'Anatoli RYBAKOV "Les Enfants de l'Arbat" (Albin Michel). Interview à PARIS de l'écrivain soviétique qui, à 77ans, a bien connu Joseph STALINE : il décrit (traduction simultanée) son admiration pour CHAPLIN (extrait noir et blanc film en illustration), son amour pour son dentiste, son caractère "cruel, perfide, amoral, hypocrite" et son goût du pouvoir. Il...
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