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EAN : 9782709648677
200 pages
J.-C. Lattès (13/04/2016)
2.88/5   8 notes
Résumé :
Ce livre est une sorte de calendrier de l'avent.
Pendant les quarante jours qui ont précédé mon quarantième anniversaire, j'ai écrit un texte par jour et par année en m'appuyant chaque jour sur une photographie me mettant en scène de zéro (quelques jours à peine) à trente-neuf ans.
Il s’agissait moins de dresser un bilan que de tenter de se réapproprier la vie qui passe, de tisser des fils entre les événements pour apercevoir, espérer, fabriquer une co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Les gens heureux n'ont pas d'histoire à ce que l'on dit, et pourtant Eloïse Lièvre fait un livre de la sienne, mais à mi-parcours.

En partant de photos qui marquent toutes un passage important dans son existence, cette quadragénaire se souvient : petite fille, naissance d'une soeur, photo de classe, premiers amours et aussi plus généralement, élection d'un président de gauche, attentat dans le RER, chute du mur de Berlin. ...

Puis mariage et enfants, pas de grand psychodrame, une vie toute simple en apparence, mais du coup forcément universel dans laquelle tous les lecteurs surtout ceux nés dans les années 70 s'y retrouveront avec un plaisir non feint.

Un roman sensible et doux qui plaira surtout à ceux qui aiment l'analyse du quotidien et de l'intime disséqué parfois cliniquement..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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"Les gens heureux n'ont pas d'histoire" affirme la sagesse (?) populaire. Eloïse Lièvre nous prouve le contraire par ce roman, qui n'est pas tout à fait un roman, par ce récit où vient germer le romanesque, par cette histoire qui - heureuse ou malheureuse - érige une vie en objet littéraire.
Durant les 40 jours qui précèdent ses 40 ans, l'auteur revisite chacune des années passées en prenant pour déclencheur une photo qui la met en scène. En instituant sa vie en récit, elle coud ensemble des moments qui pourraient sembler disparates, épars, et en fait émerger la cohérence et le sens. Au fil des chapitres, les photos se relient, dessinent une trajectoire et se réunissent pour constituer un être. Certes, il manque sans doute quelques pièces, restées cachées au lecteur, dans ce rassemblement de tout ce qui fait une vie. Mais l'essentiel est là et à mesure que se déroule ce fil du temps, on est happé, attiré dans ce travail de remémoration qui passe par l'écriture. Une écriture d'une richesse fascinante, qui ondule dans des méandres où les phrases s'aventurent, se ramifient, interagissant avec la mémoire dont elles deviennent à la fois source et nourriture, ou bien se replient sur elles-mêmes dans la syncope d'un flash mémoriel. Une écriture qui suit au plus près le travail de la mémoire, qui s'en empare et le figure et le contraint à se fixer dans les mots, dans l'expression des sensations retrouvées ou reconstruites.
La lecture de "Les gens heureux n'ont pas d'histoire" est une expérience stupéfiante, schizophrénique, qui joue et se joue du terme "avatar" et de ses significations. Aux temps du livre se substituent les temps de la propre vie du lecteur, les images appellent d'autres images différentes, mais si proches et à la narration d'Eloïse Lièvre se superpose notre propre récit. "A cette époque, j'étais... je faisais..." individuel, mais aussi collectif. Des dates qui forment des histoires personnelles ET communes.
Ce n'est pas tellement l'image de Narcisse qui me vient en évoquant cet étrange ouvrage, mais plutôt celle de Dédale ou celle de Pénélope. Dédale, l'architecte génial qui sut construire un labyrinthe pour y enfermer un monstre. Pénélope qui sans se lasser détruisait son ouvrage chaque nuit pour mieux le reconstruire au matin.
Quoi qu'il en soit, "Les gens heureux n'ont pas d'histoire" n'a pas fini de me troubler, de brouiller les lignes entre littérature et récit de soi, entre récit de moi et lecture des autres, entre la vie et ce qu'on en fait.
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Chez Jean-Claude Lattès, ils sont joueurs. Ils semblent apprécier de temps en temps des auteurs ayant le goût du jeu. A la rentrée dernière, Isabelle Monnin ( d'ailleurs remerciée par l'auteur de ce livre) s'était amusée avec une enveloppe de photographies achetée sur " le bon coin" (Les gens dans l'enveloppe ). Aujourd'hui, après " La biche ne se montre pas au chasseur", Eloïse Lièvre nous propose une variante ludique autour d'une forme ô combien labourée : l'écriture de soi. A l'approche de ses 40 ans, elle imagine un genre de calendrier de l'avent à partir de ses archives photographiques. Depuis sa naissance, année après année, elle ausculte un portrait d'elle qu'elle commente en quarante textes où se mêlent, souvenirs, anecdotes et sensations. Cette succession de faits plus ou moins marquants, de ceux qui jalonnent une vie, finissent par dresser petit à petit le portrait d'une femme d'aujourd'hui.
Eloïse Lièvre n'a heureusement pas un lourd passé comme Christine Angot, pas l'ombre d'un gros traumatisme qu'elle tenterait de régler en le jetant en pâture à ses lecteurs. Elle ne souhaite pas réellement non plus porter son analyse sur les chemins de la sociologie comme Annie Ernaux, ni sur une mise en avant de son intime à la façon d'une Sophie Calle, figures auxquelles le livre fait immanquablement penser. L'originalité de son projet, mais surtout de son challenge, consiste à nous prouver que les gens sans histoires peuvent très bien se faufiler en littérature et capter l'attention du lecteur. Philippe Delerm le fait bien avec les petits bonheurs de la vie, pourquoi finalement ne pas s'intéresser à une petite vie simple ( si cela existe), celle d'une ex petite et jeune fille sage devenue femme bien intégrée dans la société actuelle ?
Le pari est osé et, pour moi, réussi, mais pas complètement. Si je devais résumer ma lecture, je dirai que j'ai été comme un enfant devant un calendrier de l'avent : impatient d'ouvrir les cases ! Evidemment, je n'ai pas pu résister, j'ai tout ouvert d'un coup ( une erreur peut être...). Et comme les enfants, certaines "surprises" m'ont emballé, d'autres moins. le jeu est par contre respecté jusqu'au bout, la lente progression vers la dernière case offrant de plus en plus de beaux textes, comme si l'accumulation des années, des rencontres, des expériences, donnait du poids à l'écriture.
Certaines fois j'ai été arrêté dans mon élan par des phrases longues, compliquées comme l'est parfois la pensée lorsqu'elle veut trop bien faire, tellement précises qu'elles frisent parfois la préciosité ou un peu perdu lorsque le récit mnésique part en roue libre, comme un cheval fou dans une forêt aux multiples chemins. Et puis, des passages ou des chapitres entiers d'une intensité folle, d'une vérité confondante ( la présentation aux futurs beaux-parents, l'installation du couple, ...).
L'ensemble pourrait faire croire à une tendance au narcissisme ce qu'il n'est pas du tout.
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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J'ai apprécié ma lecture des Gens heureux n'ont pas d'histoire.
Eloïse Lièvre décide de rédiger quarante textes durant les quarante jours qui précèdent son quarantième anniversaire. Ces quarante textes accompagnés de quarante photos, sources d'inspiration, formeront les quarante chapitres constitutifs du roman.
J'ai aimé cette idée. On pourrait être effrayé, je l'ai été, et se dire que ce projet n'a d'autre but que de mettre sa vie en lumière, son existence sur le devant de la scène. Ca n'est pas du tout le cas. C'est une expérience qui ne relève en aucun cas du narcissisme.
Mettre à l'écrit une vie, des instants, dans un livre qui porte le titre Les gens heureux n'ont pas d'histoire, c'est ambitieux. Courageux également car si l'existence de l'auteur est principalement heureuse et banale, il faut avoir l'audace de mettre le doigt sur des événements douloureux, des réflexions blessantes, des instants marquants. Se positionner sur des réminiscences, revivre des moments que l'on aurait tendance à vouloir oublier.
J'ai aimé l'ambition du projet, l'originalité de l'ouvrage, la beauté des photographies (notamment celle de la couverture qui est tout simplement sublime). J'ai parfois pris beaucoup de plaisir à la lecture de certains chapitres, le plaisir d'écrire transparaissant à chaque ligne. J'ai aimé certaines réflexions, s'assimilant parfois à des pensées qui peuvent parfois m'assaillir et régir l'espace d'un temps mon esprit.
Cependant, j'ai parfois succombé à l'ennui. Car si effectivement, l'histoire de l'auteur se trouve ainsi romancée et non linéaire, il n'en reste pas moins que le livre n'est pas un roman d'action et que sa vie n'est pas ponctuée de faits exaltants.
En l'occurrence, lorsque l'écriture plait et saisit par sa force, peu importe le contenu en quelque sorte car l'on se sent happé par un tourbillon stylistique, une envie prégnante de faire plaisir au lecteur. En revanche, lorsque l'écriture plait moins, peut être justement en raison d'une envie trop intense de bien faire, d'un style un peu trop alambiqué et parfois beaucoup trop complexe, le contenu est difficilement saisissable.
En définitive, j'ai été séduite par l'originalité du projet et la maîtrise de l'auteur. Son style est sa force et son défaut car s'il est admirable, il peut également se révéler trop complexe et peu accessible. J'ai lu Les gens heureux n'ont pas d'histoire d'une traite, mais si vous devez le lire, je vous conseille de prendre votre temps, et peut être agir, vous aussi, sur le système d'un calendrier de l'avent, chapitre par chapitre. A découvrir !

Lien : http://www.casscrouton.fr/ge..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Quand la vie commence la vie a déjà commencé. Nous sommes tout d'un coup, nous avons une seconde de vie, puis une minute puis une heure puis un jour. Nous sommes déjà nous-mêmes car ceux par qui nous sommes tiennent beaucoup à ce que nous soyons cet être-là, singulier, emmailloté dans leur fierté. Mais ce qui ne se dit pas, c'est que nous sommes aussi ce qu'ils sont, ont été, nouveaux-nés déjà vieux de leurs années, lestés. Nous sommes aussi ce qu'ils veulent que nous soyons, et une réponse aux attentes plus ou moins discrètes, plus ou moins impatientes, des grands-parents, les émerveillements ou les jalousies des oncles et des tantes, le serti d'une famille.
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Comment s'habituer à l'étrangeté lente, poignante, bouleversante, sans possible retour, de la disparition ?
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"Je suis une petite fille tout ce qu'il ya de petite fille. Très loin Très loin sous l'écorce."
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