Désolée de déclarer ma déception à la lecture de ce petit roman très original du grand auteur suisse de langue allemande,
Urs Widmer.
Le narrateur parle de sa mère et de l'homme qu'elle a aimé (mais ça, je ne vous apprends rien) depuis sa jeunesse jusqu'à sa mort.
Homme détestable s'il en est, imbu de lui-même, égocentrique. Il est chef d'orchestre et est parti de rien pour se bâtir un empire de richesses matérielles et musicales. C'est lui qui a mis en avant les nouveaux compositeurs, comme
Bartok, ceux-ci étant hués à l'aube de leur carrière.
Il s'est servi de la jeune Clara pour qu'elle devienne la femme à tout faire du Jeune Orchestre créé par lui, et accessoirement sa maîtresse à ses temps perdus. Accessoirement, distraitement. Sans même s'en rendre compte, dirais-je.
Ce roman est riche. Il parle de l'ambiance des années avant-guerre, notamment l'année 1929 mais aussi les années Hitler.
Il y introduit nombre de compositeurs de la nouvelle école et traduit à la perfection le côté (encore) égocentrique de ces génies. Ainsi que le côté misogyne de beaucoup d'hommes de ce temps-là, du moins leur indifférence par rapport aux idées et au coeur des femmes.
Ce roman est original de par sa narration et son style : aucun paragraphe, pas de chapitre. Il faut donc être concentré car d'une ligne à l'autre, on parle de quelqu'un d'autre. Il faut dire que plusieurs familles sont décrites de façon assez rocambolesques.
Il foisonne aussi de détails pleins d'humour et il est raconté quelquefois avec le point de vue du naïf, ce qui fait souvent sourire.
Malgré cela, j'ai très moyennement aimé, ne m'étant quasi pas attachée au personnage de Clara, aux comportements perturbants, et détestant ce chef d'orchestre, évidemment !
Parce que pour moi, c'est un homme que je n'aurais pas pu aimer.