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EAN : 9782262097714
432 pages
Perrin (25/01/2024)
4.3/5   5 notes
Résumé :
Une biographie intime et politique de la Vierge rouge. Louise Michel est d`abord un nom, celui que portent 190 établissements scolaires de France et bien davantage encore de rues. Un nom idolâtré par la gauche, détesté par la droite, mais dont l`histoire reste méconnue. Avec le talent qu`on lui connaît, Marie-Hélène Baylac est partie sur les traces de l`anarchiste la plus célèbre de France. Née à Vroncourt-la-Côte en 1830, d`une servante abusée par son châtelain, Lo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lorsqu'elle décède le 09 janvier 1905, il n'est pas un journal, même parmi les plus hostiles, qui ne titre pas sur la mort de Louise Michel et n'évoque son récit de vie.
Cette citation journalistique m'a paru significative, qui la qualifie de : “révolutionnaire d'instinct et de sentiment plutôt que de calcul et de raison qui se laissait aller à rêver d'une société idéale”

Mais qui était donc cette Lorraine, comme Jeanne d'Arc, née à Vroncourt entre l'Aube et la Meuse, qui a inspiré cette nouvelle biographie de Marie-Hélène Baylac ?
Née d'un viol commis par le fils d'un hobereau local ou par son père : “Mon père soutenait que j'étais sa soeur et non sa fille.”
Elle sera élevée au sein de cette famille avec sa mère, servante.
Tout au long de ma lecture, j'ai regardé la photo de couverture pour essayer de percer le mystère de celle qui a “rassemblé des foules, donné à rêver un monde idéal aux misérables, fait trembler les possédants et les gouvernements” .
Je ne la trouve pas laide mais habitée, alors qu'elle est décrite ainsi : “L'adolescence n'a pas métamorphosé la “vilaine enfant”. Elle conserve un physique ingrat : un front large et fuyant, encadré de cheveux châtains plaqués en arrière, un nez très long qui s'élargit à la base, une bouche rendue démesurément grande par une lèvre inférieure saillante ; un menton rond et surtout de grands yeux de velours qui adoucissent cependant l'aspect viril de son visage.”
Mince ! s'il y a déjà des divergences sur son aspect physique, qu'en sera t-il sur ses engagements ?

Elle fut d'abord institutrice, mais pas une institutrice classique, une qui pratiquait “l'éducation intégrale”, c'est-à-dire un enseignement “actif et concret, soucieux de développer toutes les aptitudes intellectuelles, physiques, affectives de l'enfant“.
Mais dans son procès pour sa participation à la Commune, on lui reprochera de faire “chanter la Marseillaise à ses enfants auxquels elle n'apprenait pas la moindre prière.”!

Elle sera l'égérie de la Commune, tirant au fusil au milieu des hommes.
Elle projeta d'assassiner Thiers à Versailles.
Elle sera condamnée à la déportation dans une enceinte fortifiée.
C'est durant le long voyage vers la Nouvelle-Calédonie qu'elle se convertit à l'anarchisme de Pierre-Joseph Proudhon et du russe Bakounine.

Tout n'est pas rose dans cette personnalité exacerbée, intransigeante, implacable, d'ailleurs elle se définit ainsi : “Je suis maintenant d'une sensibilité pareille à la sauvagerie du sanglier longtemps chassé.”
Louise Michel était aussi une poétesse, une écrivaine et ce livre fait la part belle à des citations de ses contes, romans et poèmes…
22 titres paraissent à son retour de Nouvelle-Calédonie.
Elle écrit pour les enfants “Des légendes et chants de gestes Canaques”, des contes qui révèlent une sensibilité à l'opposé de son image d'épouvantail politique.

Sur sa vie affective, la biographie de Marie-Hélène Baylac ne peut faire l'impasse, même si elle est cependant réduite… à deux pages. Théophile Ferré, “martyr” de la Commune fut l'amour platonique de sa vie…
Cette relation lui vaudra le surnom de “vierge de la Commune”.
Certains lui prêtent des relations lesbiennes, beaucoup la considèrent comme ”unsexed”.
Méchamment, un journaliste dira : “Elle n'est pas jolie et on dit qu'elle est vierge. Mauvaise affaire pour la raison ! Virginité est mère de démence. Comme dans nos ménages, nous faisons tourner une barrique de vin avec un verre de vinaigre, la virginité fait tourner la vertu en aigreur.”
A l'inverse, ses partisans affirmaient : “Elle aime en général et non en particulier.”

Dans une biographie, je suis toujours à la recherche de ce qui est à l'origine de ce destin, quels sont les ressorts, psychologiques, sociologiques, psychanalytiques… Ici, je reste un peu sur ma faim : comment expliquer une telle abnégation, un tel dévouement, une telle générosité, une telle constance dans la radicalité de “la sainte de l'anarchie”, qui refusait les grâces qui lui paraissaient infâmes mais qui l'auraient sortie de prison, ne sollicitant des sorties que pour aller au chevet de sa mère malade ?
L'époque qui a vu l'apogée du mouvement anarchiste n'explique pas tout.

Quelle détermination, quel engagement à “se révolter ou mourir”, l'historienne ne dresse pas pour autant un panégyrique, elle montre quelques dérives dans ses discours qui prêtent le flanc au diagnostic d'aliénation mentale.
La peur d'être “enfermée” l'incite d'ailleurs à rejoindre Londres, ville des exilés politiques d'Europe par excellence.
Elle continue ses conférences enflammées et ouvre une école à “l'éducation à la fois physique et intellectuelle, polyglotte, s'intéressant aux avancées scientifiques et techniques de l'époque, qui diffusera les principes d'humanité et de justice chers aux anarchistes.”

Jusqu'à la fin de sa vie, elle encouragea la recherche du bonheur de l'humanité dans la révolution anarchiste.
“Dans notre histoire, faite et dominée par les hommes, elle apparaît parmi les très rares figures politiques féminines célèbres” remarque l'autrice.
A sa mort, on dira : “Ç'a été non un enterrement mais une apothéose”.

Elle ne cesse aujourd'hui d'inspirer théâtre et cinéma, et l'oeuvre de celle qui avait la “névrose de la générosité" est constamment rééditée.
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Merci à Babelio et aux Éditions Perrin pour ce livre.
Une biographie sur Louise Michel qui nous emmène dans sa vie et ses combats. Une femme hors du commun qui a fait de l'hombre à certains hommes. L'époque ne se prêtait pas à ce qu'une femme mette en avant que c'est par l'éducation des jeunes filles que la société évoluera.
Sa déportation en Nouvelle Calédonie lui fera découvrir une autre population, une autre forme de vie et de combat, mais l'affirmera dans sa prise de position contre tout gouvernement.
On peut se poser la question si nous avons évolué vers un monde meilleur suite aux combats de Louise Michel ?
Une combattante comme il n'en existe que peu.
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Les Masse critique sur Babelio, tu le sais sans doute ami-lecteur, restent des occasions de découverte et de curiosité. de Louise Michelle, je ne savais que fort peu de choses : qu'elle était une militante anarchiste du dix-neuvième et que sa figure historique était si forte qu'elle fait partie des rares femmes qui donnent leurs noms à des écoles en France. Ouais, c'est fort peu. Voilà pourquoi, lorsque j'ai eu l'occasion de découvrir une biographie de Louise Michel, récente qui plus est, j'ai littéralement glapi de joie.

Bien que ma curiosité intellectuelle me pousse à lire des biographies de temps à autre, en faire la critique reste, pour moi, un exercice délicat et que je n'apprécie pas particulièrement. Car, ami-lecteur, je ne suis certes pas historienne et il me semble donc impossible de pouvoir donner mon avis sur la pertinence de la documentation utilisée, aspect ô combien primordial pour le genre. Quels sont dont les éléments pour lesquels je me sens apte à livrer mon sentiment ? Et bien je peux déjà dire que "Louise Michel" nous offre un récit complet, foisonnant et précis sur la vie de cette égérie de l'extrême-gauche. Contrairement à ce que je redoute toujours face à une biographie, je ne me suis pas ennuyée durant cette lecture. Il faut souligner que la vie épique et souvent tumultueuse de son sujet aide bien.

Reste mon rapport à la figure historique de Louise Michel. Par Aslan, quelle femme ! Fille naturelle d'une domestique et d'un châtelain, cette petite institutrice a connu un destin à la mesure de son intransigeance. le travail de Marie-Hélène Baycal m'a permis de comprendre, en partie, la trajectoire de Louise Michel, son courage, ses limites et ses failles. Une rencontre marquante et passionnante.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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critiques presse (3)
LaTribuneDeGeneve
21 février 2024
Marie-Hélène Baylac consacre une biographie à la célèbre héroïne de la Commune de Paris et de tous les combats d’extrême gauche jusqu’en 1905.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LeMonde
20 février 2024
L’historienne retrace une existence épique, sans oublier de scruter les images contrastées qu’elle a engendrées.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
08 février 2024
Dans cette biographie, l’auteur cherche à exonérer au maximum Louise Michel. Elle y parvient partiellement.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
... Elle croit en la grève générale, sans caisse de secours, "sans autre meneur que l'instinct de la vie - se révolter ou mourir, pas d'autre alternative... Tocsins, tocsins, sonnez la révolte! Alors le monde sera à l'humanité, le progrès sans fin et sans borne : ce sera le triomphe de l'anarchie, le règne de "I'ordre par l'harmonie" "
Ce thème de la grève générale, la "clubwoman" en fait son leitmotiv... : "La grève ne saurait aboutir si elle n'est pas générale... Quand tous seront en grève, quand les rails ne seront plus remplacés, quand le gaz ne s'allumera plus, quand tous les métiers s'arrêteront, que feront les inutiles, ceux qui vivent sans rien faire du travail des autres ? Et que craindre après tout ? La mort! Et ne vaut-il pas mieux mourir écrasé dans la tourmente que sous le fouet du maitre comme les chiens ? Vive la mort si la mort doit nous délivrer ! Vive la grève ! "
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Avant-propos

La Vierge rouge, la pétroleuse, la nymphe du pétrole, la déesse du pétrole, la sanglante cabotine, la louve sanguinaire, la nymphe égérie du parti révolutionnaire, la fée de l'anarchie, la femme héroique, l'héroique citoyenne, la Jeanne d'Arc du drapeau noir, la Jeanne d'Arc du socialisme, la pucelle de Belleville, la sublime, la sinistre saltimbanque, la mère des anarchistes, la grande citoyenne, la sainte de l'anarchie, la douce qui voit rouge, la club-woman, une Velléda communaliste, la bonne sœur des pauvres, la sœur de charité, la mère aux chats, la Mère Michel, la larme à l'oeil, etc. Louise Michel est un cas unique : aucun personnage de l'histoire de France ne s'est vu attribuer autant de surnoms de son vivant. Elle a rassemblé des foules, donné à rêver un monde idéal aux misérables, fait trembler les possédants et les gouvernements qui n'ont cessé de la surveiller et l'ont emprisonnée et même déportée sans jamais la faire taire.
Dans notre histoire, faite et dominée par les hommes, elle apparait parmi les très rares figures politiques féminines célèbres.
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Le recteur de Haute-Marne, qui l'a soutenue quand elle était jeune institutrice, se demande "comment la personne qui jusque-là n'avait élevé la voix que pour en venir en aide aux indigents et aux malheureux, pour proclamer et défendre la vérité morale et religieuse est devenue l'impie, la farouche intransigeante, qui, dans ses conférences, débite aujourd'hui des extravagances tellement exorbitantes que beaucoup de gens sérieux et nullement bigots se demandent si, dans son intérêt encore plus que dans celui de la société, il ne devient pas nécessaire de l'enfermer à Charenton ?". En témoignage de la foi passée de Louise, il cite quelques-uns de ses poèmes d'inspiration religieuse. Le Temps, Le Français, La Vérité, Le journal des villes et des campagnes, La Gazette nationale, L'Ordre de Paris et beaucoup d'autres feuilles les reproduisent. Le 16 janvier, elle répond sans fard à son ancien ami : "C'est parce que j'ai cru à et ma première jeunesse que je sens la nécessité d'ôter de l'éducation cette erreur qui la couvre de ténèbres... Je ne pouvais croire longtemps, ayant quelque bon sens et surtout le sentiment de la justice et de l'égalité, à un Dieu éternellement tyrannique, tourmenteur et injuste. "
Le vieux recteur continuera à regretter la "lamentable transformation"de l'ancienne institutrice, comme en témoignent ses lettres, ainsi le 20 août 1883 : « Plus j'étudie votre conduite ancienne et présente, plus je réfléchis sur les incidents et les agitations de votre vie et plus je me persuade que la vie active et réglée d'une religieuse enseignante était votre véritable vocation [...] Vous aviez la plupart des qualités et des vertus d'une bonne congréganiste enseignante. » De la sœur en religion à la soeur en socialisme, il n'y a qu'un pas que ne manquent pas de franchir certains partisans de la «bonne Louise» et s'empare la caricature en l'affublant d'une cornette.
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"À travers la mort"
"l'épopée humaine"
Louise Michel

Sous les feux d'une rouge aurore,
Une autre époque va surgir,
Tout ce qui parait vivre encore
Rale, s'efface et va mourir.

Comme des étapes lointaines
De nous il ne restera rien
De nos amours et de nos haines
Ni de la poudre des chemins.

C'est la rive d'un nouveau monde,
C'est le matin d'un nouveau jour,
D'une ère enfin moins inféconde
Lever de science et d'amour.

A l'aube nous sommes à peine,
Le progrès dans l'éternité
S'en va sans fin : mais plus de chaine,
Enfin voici l'humanité".
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Pour la gauche radicale, au contraire, la femme représente déjà l'avenir de l'homme : pendant la commune, il y eut quelques hommes à Paris, ce furent des femmes " écrit le Vermers journal, feuille éphémère fondée par le journaliste du même nom réfugiée à Londres.
"Louise Michel est un homme obéissant à une imagination féminine." Même le Figaro finit par admettre qu'elle a eu le courage qui a manqué à presque tous ses complices masculins.
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Vidéo de Marie-Hélène Baylac
Qu'on la surnomme « la Vierge rouge » ou « La pétroleuse », près de cent vingt ans après sa mort, Louise Michel reste un personnage ambivalent de notre histoire nationale, encore récupérée par une certaine frange de la politique française. S'appuyant sur des sources inédites, avec une plume alerte, Marie-Hélène Baylac nous raconte la vie épique de Louise Michel avec objectivité et impartialité.
Retrouverez l'émission intégrale sur https://www.web-tv-culture.com/
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