La Peur du peuple

La République trahie.

Un excellent essai sur la deuxième République, un peu oubliée, mais combien passionnante de 1848 à 1851.

Après la lecture du roman de Sylvie Yvert "Au moins le souvenir", une biographie romancée De Lamartine, j'avais envie d'en connaître plus sur cette page de l'histoire de France.

Plan de l'ouvrage :
- Première partie l'instauration de la république
- Deuxième partie : la grande déception des socialistes
- Troisième partie : le triomphe du droit sur la rue
- Quatrième partie : la mainmise du parti de l'ordre sur la république
- Cinquième partie : Qui tuera la république ?
- Sixième partie : Fin de partie : la restauration de l'empire

Le style est clair, cet essai est facile à lire.
Il décrit très bien la situation en 1847, avant la Révolution.
Les idées des idéologues sont très bien étudiées.

Marie-Hélène Bayle décrit la situation chronologiquement et on comprend mieux, les différentes phases des émeutes en février puis en juin 1848.

Quelle est belle cette seconde République, fille de la première, elle essaie d'éviter les faiblesses de la Première en abolissant la peine de mort pour crime politique, puis tout de suite l'esclavage et rétablit le suffrage universel (masculin) !

Mais elle est une révolution bourgeoise, elle, qui exclut rapidement le peuple...

Les idées foisonnent, les hommes s'affrontent...

Par contre, l'analyse des différents courants politiques, leurs idées, leurs meneurs est assez complexe et demande une nécessaire connaissance antérieure des idéaux (ce que je ne possédais pas...) ; comme la sainte-guillotine n'est plus là pour régler les problèmes (! ;)), cela argumente, s'affronte, discute et manipule, et c'est beaucoup moins intéressant !

L'accès au pouvoir et le coup d'Etat de Napoléon III, est trop didactique, trop compliqué, sans explications ; j'ai ressenti moins d'entrain dans l'écriture de l'auteure de cette partie (trop ?) longue ...

Un essai brillant sur une République peu étudiée...

La II° République française dure à peine quatre ans et pourtant! Ce nouveau régime, brève parenthèse dans la longue histoire du pays, me fait venir à l'esprit la citation de Lénine: " Il y a des décennies où rien ne se passe et des semaines où des décennies se produisent."
Dans cette très bonne étude de M.H. Baylac, ce sont tous les espoirs, toutes les aspirations de liberté, de démocratie authentique et de traitement de la question sociale, bien vite tués dans l'oeuf pour la plupart, qui sont expliqués avec clarté et un talent d'écriture certain. L'arrivée sur le devant de la scène politique du fossoyeur de ces idéaux et la bascule dans la supposée nécessité absolue de faire de la présidence de la République un césarisme dans lequel la France d'aujourd'hui est encore et toujours pitoyablement empêtrée sont tout autant parfaitement bien analysées.
De la très bonne ouvrage donc qui ravit à la fois l'amateur d'histoire et le citoyen qui se demande comment on a pu en arriver là aujourd'hui où presque deux siècles plus tard "l'absolutisme inefficace ", dont parlait Jean-François Revel dans un essai éponyme sur la V° République, étale jour après jour ses vices et ses travers.