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EAN : 9782707322043
158 pages
Editions de Minuit (01/09/2011)
3.12/5   59 notes
Résumé :
Lise s'amusait d'un rien, en l'occurrence de moi.
Lorsque je me suis assis à côté d'elle, à l'arrière de la Mercedes, je ne savais pas que nous partions pour un long voyage.
Qui pouvait imaginer que je la suivrais jusqu'au bout du monde ?
Elle avait quinze ans.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Dans une rentrée littéraire où les ego et les poids lourds ne sont jamais bien loin, qu'il est bon de dénicher un roman “frais”. Qui plus est un roman court, écrit très gros, et que l'on a la chance de voir imprimé dans la délicate, discrète et classieuse présentation des éditions de Minuit. Un roman simple, mais pas tant ; juste, mais pas tant que cela ; car “Ma Chère Lise” ne saurait sacrifier ni au réalisme, ni à l'imaginaire. Il est une bulle, une parenthèse, qui emprunte aussi bien aux situations les plus prosaïques qu'aux songes accompagnant des comportements purs et limpides au premier abord.



Ma Chère Lise” est ce que l'on peut appeler un éclat littéraire. Une plongée dans un réel vu depuis le fond d'une piscine : un réel mouvant, évanescent, flottant, auquel on ne peut croire tout en ne pouvant le remettre en cause. Difficile de décrire ce délicat équilibre stylistique qui fait penser, pour ceux qui ont eu la chance de le voir, au délicieux “Tomboy”, ce film de Céline Sciamma sorti au printemps dernier. Si l'auteur de ces lignes se hasarde à une comparaison cinématographique, c'est autant par goût que parce que “Ma Chère Lise” est un roman que l'on pourrait qualifié d'“écrit en scènes” tant il est composé de courts chapitres qui sont autant de décors.



Lise, 15 ans. Son professeur particulier, dix de plus. Elle, fille parisienne d'un père raisonnablement célèbre. Lui, fils de parents humbles dont la maison jouxte une voie ferrée du Vaucluse. Elle, quelque part entre l'enfance joueuse et une séduction maladroite et pas si involontaire. Lui, quelque part entre le jeune homme et l'homme. Lui, précepteur de la grammaire et de l'histoire. Elle, prescripteur de la vie et des sentiments de son professeur. La première phrase du roman : “Lise s'amusait d'un rien, en l'occurrence de moi”. Il est le narrateur.



Passons les limites de cet exercice et de ce premier roman : des formulations parfois faciles, une narration par moments inégale et abrupte et, finalement, un refus tantôt coupable d'allonger les scènes qui donne parfois au lecteur le tournis tant les décors changent toutes les huit pages. Louons les qualités de l'exercice, à commencer par la capacité de l'auteur à éviter les pièges classiques du premier roman ; il se refuse heureusement, par exemple, à tomber dans l'explicatif et le didactique. Privilégiant les “scènes” – simples et quotidiennes, presque à la manière d'un “Somewhere”, le dernier film très injustement sous coté de Sofia Coppola – à de lourds passages psychologiques, il ne cède jamais à la tentation de rendre son oeuvre claire pour tous ; ce qui la rend plus limpide. L'humilité de l'auteur – qui a bien compris que “qui trop embrasse mal étreint” – devrait être prise en exemple par beaucoup : alors, certes, cette modestie empêche peut-être “Ma Chère Lise” de trôner là-haut, tout en haut, dans la catégories des petits chefs d'oeuvre ; mais elle laisse entr'apercevoir toutes les qualités d'un auteur qui aura tout le temps de s'essayer à la grandiloquence.



Autre qualité majeure : la cohérence de l'oeuvre, dont les éléments s'imbriquent les uns dans les autres, donnant à cette accumulation de scènes une véritable saveur dramatique qui ne se révèle jamais pesante tant Vincent Almendros prend bien garde de dédramatiser son petit drame intime. Tout comme il fait bien attention à ne pas tomber dans le déterminisme facile. Par exemple, la dimension sociale n'est pas absente de ce livre où domination affective de Lise ne fait pas économie de son pendant socioéconomique : mais l‘auteur ne la rend jamais étouffante et poseuse. Il est touchant de voir le narrateur se débattre dans un milieu dans lequel il a finalement tous les codes, mais sans s'en rendre véritablement conscience. Se postant constamment en situation d'infériorité symbolique, il subit les choses, sorte de sac plastique ballotté par les vents – à moins que ce ne soit par le souffle de Lise. Voire d'une autre, Camille, qui, elle aussi, “s'amuse d'un rien”. le rien est-il une situation insignifiante ? Ou un homme insignifiant ?



Car ce qui rend peut-être “Ma Chère Lise” aussi touchant, c'est l'impuissance de son narrateur et personnage principal, qui ne voit dans ses petites victoires qu'une sorte de consolation pour ce qu'il sait inévitable : elle décidera. Il est à disposition. Elle dispose. “Ma Chère Lise” serait comme la lettre mémorielle d'un amour inachevé que le narrateur n'aurait jamais eu le courage d'adresser à la jeune fille, l'incipit qui aurait dû terminer dans la corbeille, avec les autres papiers froissés…



Ma Chère Lise” serait aussi un titre subjectif d'un narrateur impuissant fantasmant la (très) jeune fille. Car la “chère Lise” joue son rôle de dominatrice sans le savoir. Ou en feignant de l'ignorer. de là à imaginer la petite Lise le sourire en coin et l'oeil malin, il y a une barrière que Vincent Almendros a le bon goût de ne jamais franchir. Au lecteur de se faire son idée. Car, derrière l'apparente banalité des scènes et de ce quotidien fait de vacances et de petits moments se noue une relation bien plus complexe où se mêlent la relation du narrateur à sa propre enfance, les sentiments du narrateur vis-à-vis de la jeune enfant et la faiblesse d'un narrateur dont l'âge et la culture finissent par ne plus être des atouts, mais des sources d'embarras.



Bref, une très belle découverte qui, avec ses bienheureuses qualités et ses quelques défauts, nous fait découvrir un nouvel auteur que l'on a envie de suivre comme notre jeune professeur suit Lise. En se laissant porter, ballotter, par les mots simples, mais assurés de Vincent Almendros.



TM
Lien : http://madamedub.com/WordPre..
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Il y a de ces livres dont on ne saurait dire si on les aime vraiment ou pas... C'est étrange, mais cela arrive, et cela vient de m'arriver pour celui-là. Je pense cependant en garder mémoire pendant bien longtemps.

Le narrateur parle à la 1ère personne; c'est un jeune homme de 25 ans qui est une sorte de précepteur à domicile. Il épaule une jeune fille de 15 ans, Lise, dont il tombe éperdument amoureux. On a l'impression que c'est l'amour de sa vie, un amour impossible bien entendu à cause de son âge, peut-être de sa situation... Lise est la fille d'un richissime et célébrissime industriel. Mais les années passent, les parents l'acceptent dans la famille.
Il n'est finalement pas vraiment question d'amour, ni d'acceptation de la différence, ou rien de tout cela. Ce livre est fait de moments, de quotidien, d'instants. C'est comme une espèce de journal intime sans retour sur soi-même.
Dit comme cela, ça n'a pas l'air tellement passionnant, mais finalement j'ai beaucoup aimé le style, la plume, le côté tellement différent de ce livre. Et puis, il est tout fin et se lit extrêmement vite.
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☀ « Je songeais, je ne sais pas pourquoi, à la pile d'assiettes sales que j'avais laissées dans mon évier en partant. N'avais je pas laissé derrière moi bien d'autres choses encore, plus floues et impalpables, et n'étais je pas en train de me diriger vers d'autres, toutes aussi floues et impalpables ? »
(P.14)

☀ Tout est blanc. Dans la résidence secondaire des Delabaere dans le Sud de la France, le soleil inonde la terrasse de marbre, procurant la vision extraordinaire d'un paradis sur terre. Florence et Jean admirent leur fille de quinze ans se rafraîchir dans leur piscine avec le narrateur, son professeur particulier, de dix ans son aîné. Dans l'eau fraîche, un univers à part. Une attraction interdite, un amour réprouvé. L'un lutte, l'autre séduit. Jusqu'au jour où les deux cèdent à leur amour, sous le regard approbateur des parents.

☀ Paris, sous la grisaille. Les cafés bus en terrasse. Lise voudrait être une adulte mais elle ne se fait toujours pas au goût amer du café. La contenance qu'elle se donne est un costume trop grand pour elle. le narrateur est follement épris de cette jeune fille espiègle, séduisante et intelligente. Les jours passent, les leçons aussi. Pas uniquement celles qu'on apprend dans les livres. A mesure que le temps passe, Lise et son amoureux apprennent la vie, la jalousie, les rencontres, la peur de l'abandon. Les autres autour, comme des vautours, les séductions, les tentations…

☀ Dans l'univers qu'ils se sont construits, rien n'interfère. Ils ont créé leur sphère de toute pièce, amoureux de l'amour, ivres de cette soif d'absolu, de cette envie d'y croire. Mais le temps passe. Et parfois, tout s'échappe… et tout s'efface.

☀ « Il ne sert à rien de boire un café si on n'aime pas ça. »
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Le narrateur, issu d'un milieu très modeste a 25 ans et est engagé auprès de Lise, enjouée et insouciante, en tant que professeur particulier. Ebloui par la vie légère de cette famille aisée, le jeune garçon s'éprend de Lise et de sa condition de vie. Elle n'a que 15 ans et s'amuse de lui comme un nouveau jouet avant de le délaisser, partagée entre la tristesse et la lassitude.
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J'ai apprécié l'écriture fluide et juste de Vincent Almendros.
Sur le principe l'écart d'âge entre les protagonistes me dérange. Pas tant à cause de l'écart lui-même que de la position d'adulte du jeune homme face à l'adolescence de Lise. Mais l'auteur en a fait quelque chose de tendre et touchant. Bravo.
Par contre, cela m'étonnerai que je garde un souvenir impérissable de ce roman.
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critiques presse (5)
Lhumanite
26 décembre 2011
Vincent Almendros ajuste remarquablement l’écriture à ces mouvements à peine esquissés, mais qui en disent long sur le véritable état affectif de son personnage. À contre-courant de l’époque, il retrouve les délices du paradoxe 
et de la litote. Offrant un intense plaisir de lecture.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Lexpress
19 octobre 2011
Toute la réussite de ce petit bijou tient au rythme du récit, aux non-dits des personnages et à la sensualité de l'écriture, d'où se dégage une capiteuse perversité.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Actualitte
17 octobre 2011
Si les oppositions sont clairement montrées, précisément entre le milieu modeste et le milieu bourgeois, l’immobilité apparente du narrateur, et le mouvement incessant de Lise, la plume délicate de l’auteur peut aussi dangereusement lasser. Les ellipses volontaires trompent l’innocence des personnages et le récit frôle le trop-délicieux, la fausse élégance. Il manque un peu d’émotion pour que leurs maladresses, insouciances et tourments fassent d’eux des héros romantiques intemporels.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Actualitte
05 octobre 2011
Le premier roman de Vincent Almendros va au-delà de la déclaration, il s’immisce dans l’intime du narrateur, un prétendant trop secret peut-être, pour que l’histoire prenne tout son relief. Le charme de ces tribulations amoureuses tient toutefois à cette idée lumineuse : le choix d'un amour couve une autre aspiration, plus sociale, ou existentielle.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Telerama
24 août 2011
Désirs indicibles au coeur d'un livre délicat où un prof s'éprend d'une ado de bonne famille.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Moi qui étais censé mener une vie d'adulte, en connaître l'ordre féroce, mais qui me noyais dans un verre d'eau, j'étais jaloux. Et observant Lise sous cetyte lumière nouvelle, son couteau à la main, je me demandais finalement si ce n'était pas ça que j'aimais chez elle, si ce n'était pas cela que j'étais venu chercher en elle, l'insane possibilité de recommencer mon enfance, ou ma vie, loin du chaos.
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Nous allâmes à la plage. Sur la route, nous enlevâmes nos chaussures puis nos chaussettes, roulant celles-ci dans celles-là.

Page 86
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La suite de l'histoire serait compliquée. Nos dix ans d'écart feraient jaser, à coup sûr, mais je marchais.
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Vidéo de Vincent Almendros
Lecture par Emmanuel Noblet Rencontre animée Camille Thomine
Depuis quatre romans, Vincent Almendros cultive un art subtil et délicat, où les intrigues sont toujours portées par une tension sourde, palpable mais invisible. Et les situations sont souvent « ordinaires », du moins en apparence.
Ici Quentin, un adolescent de quatorze ans, parle. Il raconte sa « monstruosité » physique, ses difficultés sociales au collège Joliot-Curie, sa relation compliquée avec sa mère. Un week-end qu'ils passent chez sa grand-mère maternelle, sa cousine de onze ans est avec eux. Or Quentin n'est pas insensible à la toute jeune femme et sa mère le surveille… le suspens et la drôlerie de ce livre rivalisent avec l'émotion puissante qu'il fait naître.
« Avec l'arrivée de la puberté, j'étais en train de devenir un monstre. » Vincent Almendros, Sous la menace.
À lire – Vincent Almendros, Sous la menace, éd. de Minuit, 2024.
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