Voilà donc ma critique comme promis .
Aux premières pages du roman , on est au début des années 60 , dans une famille composée du père , de la mère et de leur fils unique mais aussi par quelques vieilles tantes et un vieil oncle qui entourent l'enfant de leur tendresse ou de leur simple présence selon leurs personnalités .
Il y a la tante qui n'a jamais trouvé chaussure à son pied , celle qui ne rit pas facilement , celle qui est toujours coquette , l'oncle Michel qui ne se promène pas sans sa canne, et puis imperceptiblement , la vie s'écoule doucement , l'oncle Michel est le premier à disparaître .
L'enfant qui est aussi le narrateur est alors un très jeune enfant , il ne comprend pas le côté inéluctable de la mort , c'est très bien écrit , je trouve que rares sont les écrivains qui savent écrire les souvenirs d'enfance avec talent et du talent Erwin Mortier en a .
On passe sans trop s'en rendre compte aux années 70 par de douces descriptions , et au fil des pages , l'émotion monte , doucement mais sûrement , il n'y a pas d'effet de style , l'écriture est concise .
On partage la période de l'adolescence du narrateur comme si on y était , et puis , je ne raconte pas , il faut le lire , tout à coup , une émotion mais sans pathos , une retenue incroyable qui ne fait que souligner ce qui atteint le coeur , ça m'a ému aux larmes . Je ne m'attendais pas du tout à ça , les pièces s'emboîtent avec une grâce infinie .
Oh l'auteur sait évoquer les années 60 du point de vue d'un enfant et puis les années 70 du point de vue adolescent .
Ce livre m'a été conseillé par une nouvelle connaissance , grande lectrice comme moi et je l'en remercie .
C'est le genre de livres qui me touche , j'aime beaucoup les romans où tout est évoqué en finesse et c'est le cas de ce livre .
Je découvre enchantée ce côté de la littérature belge , la littérature néerlandophone , j'ai déjà lu de cet auteur Psaumes balbutiés dont j'ai fait récemment la critique , livre également tout en retenue .
Je découvre cet auteur après Tom Lanoye , auteur néerlandophone lui aussi , ou faut - il dire flamand pour les différencier des auteurs des Pays - bas ? , moi je préfère dire flamand .
Ces deux auteurs ont le même âge que moi , c'est la première fois que ça m'arrive de lire des livres d'auteur du même âge et ça donne un petit plus émouvant , leur histoire n'est pas la mienne , mais il y a une belgitude commune , des souvenirs en commun comme me l'avait dit l'amie lectrice qui me les a conseillé tout deux .
Ce qui est remarquable également c'est que j'ai lu deux livres de chaque auteur et le hasard de mes lectures fait que les thèmes sont semblables mais évidemment ils sont traités différemment , pour moi , aucun des deux n'est supérieur à l'autre , ils sont tous les deux de grands écrivains .
Voilà je voulais rendre un petit hommage à la littérature belge de l'autre côté de la frontière linguistique , si j'insiste un peu c'est parce que je trouve qu'un roman est une porte ouverte vers une autre culture , une façon de découvrir un peuple , je ne pense pas toucher beaucoup de lecteurs français ( ou d'autres pays francophones , j'ai aussi des amis suisses et canadiens sur le site ) mais si par hasard , vous rencontrez un de ces quatre romans , j'espère que vous partagerez avec moi un petit regard sur cette douce belgitude .
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D'où vient cette petite note de chagrin , apparemment inévitable , qui court derrière toute joie , de plus en plus obstinément avec le temps , tantôt juste derrière , tantôt à distance ?
Je serrais les cartes dans mes mains , les faisais gondoler , quand mon œil tomba sur l'horloge au - dessus du bar . Midi et demie au plus tard , avait dit ma mère . Il était déjà le quart . Ce serait de nouveau du bifteck trop cuit , sous une sauce de reproches .
Elle renversa les casseroles sur le égouttoir , s'enduisit les mains de crème à l'arnica et dénoua son tablier . Le signal que le dimanche après - midi pouvait nous envelopper de son ennui .
Il était presque prêt . Plus que les souliers . Il s'assit , y poussa les pieds , tira prestement sur les lacets et les noua , avec un sifflement de fouet . Pour lui , les lacets n'étaient pas les derniers cordons ombilicaux qui l'attachaient à sa mère . Moi , j'arrivais à peine à les nouer .
Erwin Mortier :
MarcelA l'occasion du Salon du Livre de Paris, dont les invités d'
honneur sont la Flandre et les Pays-Bas, l'émission est réalisée en Belgique. Depuis le
musée Docteur Guislain, à GAND,
Olivier BARROT présente le livre de
Erwin MORTIER "
Marcel", édité par Fayard. Un
roman traduit du néerlandais par Marie HOOGHE.Interview de
Erwin MORTIER (en néerlandais, traduction sous-titrée) par Olivier...