AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Bernard Cohen (Traducteur)
EAN : 9782266157070
1024 pages
Pocket (01/03/2007)
3.78/5   630 notes
Résumé :
Lorsque Charlotte, sage et prude jeune fille d'origine modeste, débarque de sa Caroline du Nord à Dupont University, l'Olympe de la connaissance, qui abrite la crème de la jeunesse américaine, elle est certes brillante et déjà très jolie mais aussi... un peu gourde.

Confrontée aux moeurs étranges de cette élite, elle découvre avec désarroi que ce temple du savoir semble surtout celui du sexe, de la débauche, de l'alcool et des ambitions mesquines. >Voir plus
Que lire après Moi, Charlotte SimmonsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (71) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 630 notes
Là, j'ai marqué un bon panier en lisant ce livre de Tom Wolfe. C'est un pavé léger (650 pages) tellement il se lit bien. le langage est adapté aux personnages et adaptable à toutes situations conceptuelles. C'est ‘fucking' bien mais pas seulement et pas tout le temps sur cet aspect, puisque la vulgarité suit un schéma savamment étudié dans un paragraphe donné pour paramétrer et stigmatiser la jeunesse en son milieu. Ainsi trouverons-nous également des dialogues délirants ou s'expriment les voix des instances dirigeantes, Président, Professeur et Coach lorsqu'elles s'affrontent.
Extrait :
La boulette de graisse et de ressentiment ne dirigeait pas sa vindicte contre l'entraîneur, cependant, car il n'osait pas regarder cette force de la nature dans les yeux : c'était au président qu'il s'adressait.
« Si Mr Roth veut s'occuper d'une bande de chimp..., euh, de sportifs dont la taille est inversement proportionnelle à la masse cérébrale, c'est son affaire. Quant à moi, je pense qu'il est de sa responsabilité de les tenir à l'écart de cours dispensés par des enseignants qui prennent leur métier au sérieux. »
Buster Roth avait viré à l'écarlate, soudain. Il s'est penché vers Quat, essayant d'attraper son regard.
« Hé, attendez un peu ! Vous ne savez même pas de quoi vous parlez !
― Vraiment ? a rétorqué le professeur sans pour autant regarder Roth en face. Eh bien, il se trouve que j'ai ‘quatre' de vos ‘sportifs-étudiants' dans mon cours, vautrés côte à côte tels des billes de bois. Je les appelle la Quadrilogie des singes : ‘'Ne vois pas le mal, ne parle pas mal, n'entends pas le mal et ne fais jamais marcher ta cervelle'' ! »
Cela virait à la prise de bec entre poissonniers, de sorte que le président s'est estimé forcé d'intervenir.
« Vous êtes certain que vous voulez employer le terme de ‘singes' Jerry ?
― Quoi ? Si je suis sûr que... ? »
Cutler a observé avec satisfaction la lueur paniquée apparaître dans les pupilles de Quat lorsque la boule de suif s'est rappelé que trois des quatre étudiants en question étaient noirs.
« Ah, je ne voulais pas... Je veux dire que... C'est juste une formule... (p.499-500)
.
Mais, venons-en à Charlotte puisque c'est autour d'elle que gravite désormais toute cette symbolique de la puissance quels que soient les domaines et la hiérarchie d'où elle sévit.
Moi, Charlotte Simmons, pour quel dessein ? Partagée entre mes choix et turpitudes. Poursuivre mon chemin tout tracé, celui de l'excellence et persévérer dans ma solitude. Ou suivre le mouvement, entrer dans le troupeau pour y stagner, y jouer un rôle. Risquer de n'être plus personne de ce personnage que j'ai placé si haut. Débattre entre moi et moi, du physique ou de la morale, du corps ou de l'esprit.
Et si ce livre pouvait nous remettre en bonne concorde dans la perspective évolutive du conflit générationnel ?
Charlotte ? Elle vient de Sparta, Caroline du Nord, Montagnes Bleues, neuf cents habitants, mais ne vous inquiétez-pas, vous n'en avez jamais entendu parler et c'est pareil pour tout le monde...
Commenter  J’apprécie          580
« C'est le sottisier d'une Amérique qui brade ses élites dans la pétaudière de la branchitude, de la coolitude, de la paresse et de la servitude sexuelle ». Nul mieux qu'André Clavel, dans L'Express, ne pourrait mieux décrire l'univers de ce roman de plus de 1000 pages !

Cette description dans les moindres détails d'une prestigieuse université, celle de Dupont, m'a happée - je ne vais pas dire dès les premières pages, car pendant un temps qui m'a semblé très long, j'ai failli l'abandonner – et m'a horrifiée, oui, horrifiée. Que viennent faire tous ces étudiants, l'élite, parait-il, à part boire et coucher ? Les fameuses « fraternités » ne sont que le repère de débauches continuelles entrecoupées de causeries ineptes devant une télévision où ne défilent que des matches sportifs... Les garçons ne pensent « qu'à ça », et les filles aussi ! Et les conversations, émaillées de « fuck », de « putain » ne rehaussent pas le niveau, loin de là !
Et puis il y a les Sportifs, les Stars : ceux qui viennent à l'université uniquement pour jouer, pour lancer leur future – improbable – carrière sportive. Et ceux-là sont quasi intouchables : malheur aux professeurs qui oseraient leur infliger un échec ! Ils profitent donc d'un programme adapté à leur niveau intellectuel et ils ont les filles à leurs pieds (toutes des « tepu »...).

C'est dans cette pétaudière qu'arrive Charlotte Simmons, une petite jeune fille très intelligente, qui croit que l'université est le repère des plus grands cerveaux, qui croit que le but ultime des étudiants est de s'élever intellectuellement, de prouver au monde qu'ils méritent l'honneur d'appartenir à Dupont. Elle tombe de haut, Charlotte ! Toute pétrie de son éducation rurale, honnête et naïve, elle va devoir se frotter aux grands méchants loups de tous poils, et ça va faire mal, très mal !

Tom Wolfe a réussi à me captiver alors que j'étais complètement dégoûtée ; il a réussi, malgré moi, à m'entrainer dans les arcanes de ce monde estudiantin et j'étais impatiente de retrouver chaque jour (car il en faut, des jours, pour venir à bout d'un univers de 1000 pages !) les joies et les déboires de Charlotte, de Jojo Johanssen, le grand basketteur au coeur pas si corrompu, de Hoyd Thorpe « le play-boy le plus cool du monde », d'Adam, l'intellectuel pur et encore puceau malgré lui, de toutes ces filles riches, odieuses et gâtées, de toutes ces autres filles pauvres, boursières et mal dans leur peau.

Comment faire partie de la société ? Comment ne pas être seul, finalement... Pour s'intégrer, faut-il se renier ?
Sous le couvert d'une chronique mouvementée de la vie estudiantine pendant quelques mois, Tom Wolfe pose les bonnes questions, celles qui dorment au fond de chacun de nous.
Commenter  J’apprécie          580
Tom Wolfe revisite, à sa façon, le mythe de Cendrillon, non sans, au passage, attaquer au lance-flammes les grandes universités américaines, leurs équipes sportives antichambres des ligues professionnelles, et les élites qu'elles sont censées former à grands coups de dollars.
Les personnages sont, comme d'habitude, légèrement caricaturaux ce qui ne les rend que plus attrayants. Commençons par Cendrillon-Charlotte, brillante étudiante issue d'un milieu très modeste et d'une contrée rurale perdue, soudainement propulsée dans une université branchée et renommée. On l'imagine instantanément comme une variante d'Audrey Hepburn projetée chez les beaufs et les poufs. Vous voyez le décalage, le choc des cultures !
Pour les beaufs, il y a Jojo, un des basketteurs vedettes de l'université auréolés de leur titre de champion universitaire l'an passé. Jojo, comme ses coéquipiers, met un point d'honneur à bien montrer à tout le monde que les cours et les études, il n'en a rien à battre (pour rester dans un niveau de langage compatible avec le sien). Toujours dans cette catégorie fournie, il y a Thorpe, le beau gosse friqué dont l'univers est borné par l'alcool, le sexe et le narcissisme. Lui aussi est une vedette, genre playboy « trop cool », les filles en sont folles. Fils à papa, il n'est guère préoccupé par les études, assuré qu'il est de décrocher sans se fatiguer un salaire à six chiffres. Il enfile les « bons coups » sans perte inutile de temps ce qui lui a valu le surnom envié de « M. sept minutes ». Ne croyez pas que ces deux-là soient des cas isolés, non, pas du tout, c'est juste le haut du panier. Ce sont deux des fleurons de l'élite de Dupont University, deux phares, deus stars que chacun rêve d'imiter et chacune d'approcher d'un peu plus près si vous voyez ce que je veux dire. Et puis, en bas de la hiérarchie, très loin des grands singes dominants précédemment cités, il y a les besogneux comme Adam. Pas d'argent, intelligent, travailleur mais toujours puceau. Pas cool, quoi ! Pour survivre, il livre des pizzas et sert de répétiteur à un sportif vedette, cette année c'est Jojo. Dans répétiteur, comprenez souffre-douleur, larbin, esclave, convoqué à minuit et sommé de rédiger le devoir en lieu et place de sa majesté pour le lendemain huit heures.
Côté poufs, on a l'embarras du choix. Commençons par Beverly, la « camarade » de chambre de Charlotte, une pétasse friquée arrogante, méchante et snob que l'on finirait par plaindre tant l'auteur décharge son fiel (une de ses qualités essentielles) sur ce triste personnage, détestable mais indispensable faire-valoir, chez Wolfe comme chez Disney. Après, la galerie est bien remplie, de Gloria, Nicole, Crissy, Lucy, Samantha ou Marilyn qui finit par avouer pendant un court moment de lucidité post-coïtal du géant Jojo qui s'interroge (soudain subjugué par Charlotte, il s'est inscrit à un cours sur Socrate):
« Je vois que tu es une fille bien, alors…pourquoi tu fais ça ? Tu ne me connais même pas.
_ Tu es sérieux, là ?
_ Mais ouais… Pourquoi ?
_ Tu es une star.
_ Et donc ?
_ N'importe quelle fille veut… baiser… une star – Comme tout le reste, elle avait énoncé cela avec gentillesse, douceur et sincérité – N'importe quelle fille qui prétend le contraire est une menteuse. »
Rajoutez le sénateur de Californie surpris sur le campus en galante compagnie (je surveille mon niveau de langage) que Tom Wolfe (qui ne censure pas celui de ses personnages) traduit par « la nuit de la turlute », le coach de l'équipe de basket, l'homme le mieux payé du campus, un professeur gauchiste intraitable avec les compromissions, des copines jalouses, une bande d'intellos qui se voient devenir les éminences grises du siècle nouveau et vous obtenez le cocktail jubilatoire du dynamiteur de la société américaine qu'était Tom Wolfe, nous offrant, comme à l'accoutumée, un excellent moment de lecture en suivant les aventures de Charlotte que je me garderai bien ici de déflorer (je parle bien sûr des aventures. Pour Charlotte, les candidats ne manquent pas).
Un excellent Tom Wolfe, incisif, amusant, et qui donne à réfléchir.
Commenter  J’apprécie          441
Charlotte Simmons ou la chute d'un idéal (d'une illusion?). Brillante lycéenne à Sparta, Caroline du Sud, pétrie de morale et de bonnes intentions, sérieuse,... La parfaite petite étudiante en devenir. Qui plus est, elle est admise comme boursière à la prestigieuse Dupont University. Alors qu'elle prépare son emménagement, elle se réjouit d'avance d'intégrer l'élite intellectuelle, de partager de hautes discussions sur de passionnants sujets. Elle se promet de se donner à fond aux études et de briller par son intelligence et ses excellents résultats.

L'arrivée à Dupont arrive enfin. Elle rencontre sa camarade de chambrée et la réalité d'un monde inconnu. Sa morale est d'emblée choquée par la mixité de la résidence. Et ça, ce n'est qu'un début. Où sont les étudiants épris de recherche et de culture? Ou sont les discussions hautement intellectuelles? La petite Charlotte découvre qu'en fait ce qui prédomine se résume à sexe, alcool et fêtes.
En terme de camaraderie, elle se retrouve avec une sale gosse de riches égocentriques et qui ne pensent qu'à s'envoyer en l'air avec les types les plus populaires. Charlotte croit trouver de la gentillesse auprès d'un membre d'une fraternité, qui se révèle pourtant un beau salaud qui cherche un coup entre deux beuveries.

Tom Wolfe offre un portrait dur et grinçant du monde universitaire et de la jeunesse américaine. Il faut s'accrocher pour venir à bout de son pavé tant le constat suscite de dégoût et d'amertume. A travers son personnage naïf et moral de Charlotte, il pose une question d'importance et qui vaut pour ce milieu comme pour tant d'autres : faut-il renoncer à soi-même et à ses convictions pour s'intégrer et entrer dans le moule?

Un roman choc, non sans quelques longueurs, mais qui contient de belles pépites. Les apparences peuvent être trompeuses et le parcours de Charlotte sera riche en surprises de tous genres.
Le bûcher des vanités m'attend et j'espère y trouver autant d'intérêt.
Commenter  J’apprécie          470
Avec ce docu roman de 1008 pages (quand même !) Tom Wolfe a décidé de tailler un gentil costume sur mesure aux universités américaines. L'image des petits intellos de la Côté Est a pris un sérieux coup dans l'aile et tout ça pour notre plus grand plaisir.

Même si la description en devient presque caricaturale (si il n'y avait que des demeurés qui sortaient des prestigieuses universités américaines, je crois qu'on l'aurait déjà remarqué...), il n'y a pas de fumée sans feu. Ayant d'ailleurs moi-même poser mes fesses sur les bancs d'une bonne école de commerce à la française, je ne doute pas un seul instant de la véracité de certains aspects de la vie estudiantine d'aujourd'hui : sexe, alcool & rock'n roll ! C'est à ce moment précis que l'expression : “profite de la vie étudiante, ce sont tes meilleures années” a d'ailleurs pris tout son sens pour moi. Quand on me disait ça au collège, je ne pouvais pas m'empêcher de penser “Ben ça promet, si ça ce sont mes meilleures années...”.

Bref, revenons plutôt à “Moi Charlotte Simmons” de Tom wolfe. Imaginez une jolie brochure qui vante la vie de l'esprit et qui se targue de former l'élite américaine de demain dans un cadre idyllique et formateur en présence des plus grands professeurs des États-Unis. Regardez la belle image qui illustre ce bla bla : des étudiants assis en cercle sur une pelouse verte (elle est synthétique ou quoi pour être aussi verte ?!), un jeune couple qui discute près d'un arbre, d'autres, livres à la main, qui se tiennent debout devant la magistrale statue de Charles Dupont, fervent symbole de leur future réussite professionnelle, un grand soleil et un magnifique campus dans l'une des plus belles oeuvres architecturales jamais construite par l'homme. Pas mal non ?!

Mais approchez vous, regardez de plus près : les jeunes sur la pelouse sont en réalité complètement ivres et en train de faire un jeu d'alcool, le jeune couple ou plutôt la jeune fille, appuyée sur l'arbre centenaire (il a du en voir des vertes et des pas mûres celui-là !) semble exécuter des mouvements peu catholiques, quant au petit groupe devant la statue, il se fait gentiment passer un joint de main en main et les livres sérieux que l'on imaginait dans leurs bras ne sont autres que des Cosmopolitain, Grazia et autres presses creuses (mais idéales pour la plage et le train, je vous le confirme). Et que dire de la bâtisse ? Une fois entré à l'intérieur fini la belle pierre et le prestige qui y est associé et bonjour le lino troué, les relents d'alcool et la débauche quotidienne qui se joue là ! Vous grattez un peu la surface du tableau et bim vous ne voyez plus du tout la même chose ! Hé bien c'est exactement ce que va vivre Charlotte Simmons au cours de ces 1007 pages !

C'est à dire une belle déception en bonne et due forme qui va mettre un peu de plomb dans la cervelle de notre belle héroïne qui, sortie de ses livres, est à 1 millions de kilomètres de connaître les codes culturels et sociaux de ses pairs. Elle, le petit prodige, le génie des Montagnes bleues qui a intégré l'une des plus prestigieuses universités américaines ne sera pas au bout de ses peines dans cette jungle d'étudiants plus dépravés les uns que les autres. Ses principes et ses convictions rigoristes autant que catholiques (oui effectivement, ça fait beaucoup pour une seule personne !) vont être soumis à de sérieux tests de conformité !

Originaire de Sparta, Caroline du Nord, petit bled pauvre et perdu où il ne se passe pas grand chose, Charlotte va être confrontée aux hordes de fils à Papa et de fi-filles à Maman, d'étudiants sportifs aux passes droit injustes et injustifiés, au sexe, à l'alcool, à la débauche, à un vocabulaire outrancier à base de fuck, fuck, fuck et à tout un tas d'éléments qu'elle n'aurait jamais pu imaginer, elle la petite fille pure et innocente des montagnes.

Va t-elle céder à la pression du groupe ? Cette réponse vous l'aurez assez vite car la naïveté de Charlotte aura rapidement raison de ses principes. Tiraillée entre ses origines de petite américaine puritaine et sa volonté de s'intégrer à cette jeunesse américaine qui ne jure que par la popularité et l'argent, Tom Wolfe ne va rien lui épargner. Trouvera t-elle son salut auprès du petit groupe d'étudiants qui se fait appeler les mutants du millénaire (qu'est ce que c'est ce que ce nom sans déconner ?!), les seuls qu'elle ait rencontrés et qui semblent être à Dupont pour apprendre et étudier ?

J'ai eu envie de la baffer autant que de la réconforter cette petite Charlotte. Véritable cliché ambulant de la provinciale coincée, paumée, complètement à la masse, elle est parfois fort agaçante et à la limite de la crédibilité, Tom Wolfe y est allé un peu fort mais c'est certainement pour accentuer les contrastes entre l'idée que l'on a de l'université américaine et la réalité. Les personnages qui gravitent autour de Charlotte sont également très travaillés bien que fortement caricaturés parfois. Il y a beaucoup de détails, le tout donne un bouquin vraiment sympa mais qui n'est toutefois pas à la portée de tout le monde de par sa longueur. Car oui, il faut l'admettre, on aurait pu faire plus court. Même si j'ai pris plaisir à lire chaque page, j'ai mis du temps à vraiment m'accrocher. Les 300 premières pages sont un peu longues, ce qui fait beaucoup pour les impatients, nous serons tous d'accord là dessus ! Quelques mièvreries sont également à dénoncer, mais elles sont étroitement liées au personnage de Charlotte.

Globalement je dirais que c'est un bon bouquin qui se lit très bien, surtout lorsqu'on pense au message qu'il est censé faire passé. La destruction d'un système éprouvé comme celui-là, ce n'est pas courant, autant vous dire que Tom Wolfe ne s'est pas fait que des amis. La société américaine est un puits d'inspiration sans fond pour notre auteur, il va chercher les informations à la source et c'est ce qui donne du cachet et de la matière à ses bouquins !

Est ce que je recommanderais ce livre ? Oui mais aux “initiés”. J'entends par initiés des gens qui apprécient une large variété de littératures, qui n'ont pas peur de se lancer dans des mastodontes, qui aiment l'opulence du détails et cet aspect docu roman si propre aux romans de Tom Wolfe. Tout ça m'a bien donné envie de me lancer dans Bloody Miami, le petit dernier !

Lien : http://www.nola-tagada.fr/ca..
Commenter  J’apprécie          316


critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
01 septembre 2023
Un vrai régal qui ne manque pas de cynisme, et en plus, c’est souvent franchement drôle.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Elle n'avait encore jamais rien vu de ce genre : après une quinzaine de mètres, il n'y avait plus de plafond ! Elle a levé les yeux vers le ciel : l'immeuble était évidé en son centre, puits vertigineux cerclé de passages suspendus et de fenêtres jusqu'au sommet, lequel était constitué d'un immense dôme transparent. Un étage plus bas, s'étendait un jardin intérieur circulaire dont on apercevait le sol en terre cuite entre d'énormes arbres et des massifs tropicaux. Quelque part un piano, une basse et une percussion jouaient de la musique sud-américaine qui s'imposait sur le bruissement incessant d'une cascade, le tintement des couverts contre les assiettes...
Sa seule expérience des hôtels, jusque-là, avait été le Grosvenor, sur la rue N, où elle avait partagé une petite chambre avec Miss Pennington, qui avait ronflé toute la nuit. L'expérience avait été mémorable, cependant. Au petit déjeuner, également payé par le gouvernement, elle avait pris des gaufres, avec du vrai sirop d'érable, ce qui était une autre première pour elle. Mais ce n'était rien, comparé à ce qu'elle venait de découvrir ! Prise d'une idée, elle s'est hâtée de rejoindre Nicole et Crissy, toujours en train de discuter chiffons. Les yeux écarquillés, un sourire extasié aux lèvres, elle leur a crié : "Il faut que vous veniez voir ça ! Là ! En bas ? Il y a des arbres, et une chute d'eau, et au-dessus tout l'intérieur est vide ? Oh, vous devez venir voir !"
La blonde Nicole lui a accordé un regard patient mais un peu agacé.
"Tu veux dire un atrium ?
_Ah... Je n'y avais pas pensé, mince ! Comme dans les maisons romaines de l'Antiquité, alors ? Oui, mais là ça monte, ça monte sur trente étages ? Tu viens voir ?
_ Je connais ça par coeur, a répliqué Nicole. Tous les Hyatt sont construits pareil. - Elle s'est de nouveau tournée vers Crissy - Donc, je me suis dit que ces talons étaient trop hauts, d'accord, mais qu'est-ce que ça fait, hein ? De toute manière, les mecs savent pas danser et le temps qu'ils se décident à venir sur la piste ils sont déjà dé-chi-rés !"
Charlotte gardait les yeux sur Nicole, bouche entrouverte, sonnée par le choc. Sa grande découverte architecturale n'avait servi, si besoin était, qu'à montrer une nouvelle fois quelle indécrottable provinciale elle était. Dans leur jean parfait, leur haut parfait, leurs bottes parfaites, les deux filles qui connaissaient le monde, elles, ne lui prêtaient aucune attention.
Commenter  J’apprécie          80
Après avoir observé les autres adeptes de la musculation à sa première journée au centre, Adam avait conclu qu'il devait se couvrir bras et jambes autant que possible tant son retard en matière de biceps et d'ischios était criant. Et ces hercules n'étaient même pas des sportifs, puisque à Dupont ceux-ci disposaient de leurs centres de musculation particuliers et ne mettaient jamais les pieds au Farquhar ! Non, ces balèzes-là étaient seulement là - et en nombre - pour entretenir le look masculin désormais à la mode, celui du costaud sans un poil de graisse. Eux pouvaient se permettre de porter des débardeurs et des tangas ! Et que faisaient-ils de tous ces muscles fabuleux ? Rien ! C'était ça, le chic. Ils ne deviendraient pas sportifs professionnels, ils ne cogneraient pas les gus dans la rue. Les gros bras n'étaient qu'un accessoire, une façon de montrer qu'on était dans le coup, tout comme les chemises roses et les short vert acidulé, les lunettes de soleil Oakley, les chaussures L.L. Bean en caoutchouc et cuir noirs, etc. C'était la mode, et Adam voulait suivre la mode.
Commenter  J’apprécie          110
Charlotte a soulevé un pan de la nappe blanche et... la table de pique-nique était partie ! Remplacée par une vraie table ! Elle a jeté un coup d'oeil intrigué à sa mère, qui souriait plus gaiement que jamais, et a repoussé encore un peu la nappe. La table était des plus sommaires, en pichpin sans doute, ce que l'on appelait dans le temps une table de cuisine et en effet on voyait une rangée de tiroirs à poignées de métal sur le côté. Comme les chaises, pourtant, elle avait été restaurée avec un soin extrême, cirée et polie jusqu'à donner un peu de lustre à son inélégance et à la pauvre texture du bois.
"_ Où vous les avez eues, Maman ?
_ Des Paulson, à Roaring Gap."
Avec une considérable fierté, elle a entrepris de raconter que les Paulson avaient demandé à Papa, d'emmener tout ce mobilier à la décharge mais qu'il l'avait rapporté à la maison, et qu'il avait ensuite passé une semaine entière à démonter entièrement la table, à la réassembler solidement, à remplacer les poignées rouillées, à sabler, lasurer, cirer et frotter jusqu'à ce qu'elle soit comme neuve.
"Mais ne lui dis pas que je t'ai raconté, n'est-ce pas, car tu sais pourquoi il a fait tout ça ? Parce que sa fille chérie revenait à la maison. Il savait ce que tu devais penser, de dîner à une table de pique-nique. Il voulait te faire la surprise. Ton papa ne parle pas beaucoup, mais il voit tout un tas de choses!
_ Et la table de pique-nique, qu'est-ce qu'elle est devenue ?
_ Dans le jardin, à sa place. C'est fait pour être dehors, une table de pique-nique."
Commenter  J’apprécie          70
Frederick Cutler III, diplômé de Harvard et Dupont, brillant universitaire spécialisé en histoire du Moyen-Orient et pour l'heure assis à ce vaste bureau, était le président de Dupont.
Le gros lard stupidement boudiné par son pull gris qu'il avait en face de lui appartenait à une autre espèce, estimait-il, même s'ils étaient tous deux juifs et si les opinions sur les principaux sujets du moment qu'ils professaient en public coïncidaient souvent. L'un et l'autre étaient des défenseurs passionnés de la cause des minorités, en particulier les Afro-Américains ainsi que les juifs. L'un et l'autre tenaient Israël pour la nation la plus importante au monde, bien qu'aucun d'eux n'ait été tenté de vivre là-bas. L'un et l'autre éprouvaient une sympathie instinctive envers les opprimés et les laissés-pour-compte, et se montraient particulièrement indignés par les cas de violence policière. L'un et l'autre étaient partisans de la liberté d'avortement, non tant parce que quiconque de leur connaissance aurait voulu y recourir que pour les limites que cela imposait à une chrétienté à bout de souffle et à ses étranges préjugés religieux. Pour la même raison, l'un et l'autre soutenaient les droits des homosexuels, des femmes, des transsexuels, des renards, des ours, des loups, des espadons, des flétans, de l'ozone, de la forêt tropicale, et défendaient la limitation du port d'armes, l'art contemporain et le parti démocrate. L'un et l'autre blâmaient la chasse et donc les bois, les champs, les pistes de montagne, l'escalade, la voile,la pêche et plus généralement toute activité de plein air, à l'exception du golf et de la plage.
La différence entre eux, ainsi que la voyait le président, résidait en ce que Quat était fondamentalement un intellectuel juif confit dans ses principes petits-bourgeois, comme les marxistes disaient dans le temps...
Dans la théorie secrète de Fred Cutler, le problème résidait en ce que les parents de tous ces Jerome Quat n'avaient jamais atteint le niveau professionnel et social où les non-juifs recherchaient sciemment votre compagnie, où leurs intérêts et les vôtres devenaient inextricablement liés...
Pour résumer : les Quat étaient les petites gens sans vision d'ensemble, tandis que les Cutler étaient de vrais citoyens du monde.
Commenter  J’apprécie          40
"T'arrête pas de dire "cool", a remarqué Edgar, mais en fait c'est quoi, quelqu'un de cool ?
_ Si t'as besoin de demander, c'est que tu l'es pas vraiment, cool, a rétorqué Roger Kuby.
_ Peu importe, a insisté Edgar, mais ça veut dire quoi ? Si quelqu'un venait te trouver et te disait : "Quelle est la définition de cool ?", tu répondrais quoi ? J'ai jamais entendu quiconque essayer, même.
_ Je peux te dire au moins une chose, est intervenue Camille, c'est que "cool" n'a aucun rapport avec les femmes. On ne dit jamais d'une fille qu'elle est cool.
_ C'est parce que les mecs comme toi et moi, Camille, on aime que les filles soient chaudes, plutôt ! - Les rires récoltés par sa blague ont encouragé Roger, qui a lancé un coup d'oeil à Randy, le garçon qui revendiquait depuis peu son homosexualité, et lui a adressé un sourire narquois, pouces levés : - Pas vrai Randy ?
(...)
_ C'est pas tout à fait exact, Camille, s'est intercalé Adam afin que Charlotte ne puisse pas le juger sans argument. J'ai déjà entendu dire qu'une fille était cool. Par exemple, il...
_ Oui, si c'est le genre de fille qui traîne tout le temps avec les mecs, l'a coupé Camille, dont les yeux lançaient des flammes. C'est un truc de keums, cool. Moi, je m'en branle, de toute façon, parce que les types qu'on dit "cool" sont en réalité des têtes de noeuds, si vous regardez bien. Des ignares fiers de l'être.
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Tom Wolfe (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tom Wolfe
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Quel roman raconte la chute d'un trader qui se prenait pour le maître de l'univers et découvre que la justice vous broie inextricablement ? Par le grand maître de ce qu'on a appelé le nouveau journalisme ?
« le bûcher des vanités », de Tom Wolfe, c'est à lire au Livre de Poche.
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (1439) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Bûcher des vanités

Tout au début du roman, la scène d'ouverture :

Maria fait du shopping
Sherman sort promener son chien
Sherman et Maria rentrent de l'aéroport en voiture

15 questions
30 lecteurs ont répondu
Thème : Tom WolfeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..