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EAN : 9782081255852
140 pages
Flammarion (04/01/2012)
3.25/5   18 notes
Résumé :
"Je n'ai pas vu une seule chemise bleue, pas une voiture bleue,
pas un seul uniforme. Personne ne m'a interrogé, ni le
lendemain, ni après, ni depuis. Pourtant j'étais au bar ce soir-
là.

J'ai passé la soirée au bar ce soir-là. Ce soir-là, j'ai été le
dernier à quitter le bar et les protagonistes de l'affaire, vivants
et morts. Je me suis tu. Cela fait dix ans que je me tais."

"Ce soir-là", Alain... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Alain Defossé est un écrivain (une petite dizaine de romans) et traducteur français (Bret Easton Ellis, Irvine Welsh, Joseph Connolly…) né à Nantes en 1957. On ne tue pas les gens est paru en 2012.
Alors qu'il regarde par hasard une émission de télé, « Faites entrer l'accusé », le narrateur écrivain de son état, tombe sur un reportage qui retrace un crime commis il y a une dizaine d'années par un tenancier de bar où il avait ses habitudes et où il fut présent quelques heures à peine avant le drame. Devant les souvenirs qui affluent, l'imprécision du reportage et un malaise intérieur qui le ronge depuis cette époque, le narrateur se sent contraint d'écrire pour soulager sa conscience.
Alain Defossé a placé son récit en Bretagne, une petite ville où le narrateur possède une maison, le lieu idéal au calme, pour écrire. Nous avons droit à quelques pages sur la vie en province telle qu'elle était autrefois puis telle qu'elle est devenue de nos jours avec une cité HLM, ses immigrés Turcs et Manouches, la montée de la violence, mais aussi le rôle des bars où « on déverse sur le comptoir ses malheurs et ses frustrations, ses petits ennuis et ses gros soucis, c'est la fonction du bar, une sorte de parloir, de divan de psy… » Et de bar, il en est largement question puisque c'est là que notre narrateur va faire la connaissance de Didier, patron de la Louisiane dont il deviendra un habitué et indirectement copain de celui-ci.
Il y a dans ce roman un soupçon de Jean Genêt avec ses amours masculines et une attirance pour les petites frappes, ses errances nocturnes de troquets en bistrots. La construction alterne les chapitres restituant pas à pas, la soirée fatidique du 19 juillet 1999 commencée à 20h40 et achevée à 0h59, avec ceux du roman proprement dit, assimilant le texte à une sorte de thriller mou. Nous suivons les états d'âme du « témoin » - qui en fait n'a rien vu – et ne veut pas croire à la culpabilité de son ami. Et quand le lecteur en vient à s'interroger, tout comme l'écrivain, « Qu'as-tu à avouer, que veux-tu dire exactement ? » la réponse est fournie en fin d'ouvrage évidemment.
Le bouquin est très bien écrit, une belle écriture feutrée économe de détails superflus, qui joue sur les sensations, les non-dits et les actes manqués. D'où les remords, sujet de ce livre.
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Alain Défossé nous fait vite comprendre que la situation dans laquelle il s'est retrouvé aurait pu arriver à chacun d'entre nous.
Dix ans après avoir enfouie un cauchemar, il regarde l'émission "Faites entrer l'accusé". Il se rend compte qu'il s'est tue pendant 10 ans, que les journalistes ne savent rien, rien de l'atmosphère de la ville, rien de la soirée sur le lieu du crime. Car lui était là …
Le roman est écrit en style italique pour parler des minutes qui précèdent le drame, telle une fiche signalétique de police et en écriture droite pour donner l'ambiance de la ville, l'atmosphère dans ce bar, l'ambiance le ressenti de la population.
Il était si heureux de se trouver un havre de paix dans cette petite ville De Châteaubriand, un lieu pour ses week-ends où personne ne l'ausculterait, où il se lierait d'amitié avec le nouveau patron du café de son quartier. Cet homme lui a attribué sa confiance, et ne profite que des bons moments de ses visites. Les journalistes décrivent des choses fausses. Et pourtant aucun gendarme n'est venu lui poser des questions. Lui a senti l'atmosphère de plus en plus bizarre.
J'ai adoré et je suis perturbée par l'écriture où on se met très bien dans la peau de l'auteur. A chaque page on se demande : "Et moi qu'aurais-je fait ? Est-ce que j'aurai réagit et empêché ce drame ? Aurais-je compris la sollicitation du patron du bar ?"
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Après avoir refermé ce livre, je suis restée allongée, les yeux dans le vague, les bras le long du corps, à regarder le jeu d'ombres et de lumières sur le papier peint. J'étais toujours dans l'ombre du narrateur comme si nous avions été enfermés dans le livre après que quelqu'un l'ai refermé.
J'ai été happée par cette histoire car je voulais savoir où nous allions; Je me suis laissée menée et même si je savais que le narrateur allait être témoin d'un meurtre, vu ce qu'il nous racontait, je ne m'attendais pas du tout à cette mort là. Sans compter, qu'après ce meurtre, il y a le deuxième effet kiss-cool si je puis dire. le boomerang revenait me sonner.
J'ai été sensible à la vie de ce cafetier et de ses habitués ou de ces gens de passage. On sent que l'on marche sur un fil tendu et l'on se demande à quel moment il va craquer. Etrangement, dans ma réflexion, je me suis arrêtée à la découverte du corps tant j'ai été surprise ; je n'ai pas cherché à la fermeture du livre à comprendre ce meurtre, à le justifier, à l'excuser, ni même à comprendre ce qu'avait pu ressentir le narrateur. C'est comme si j'étais morte au moment où l'on découvrait le cadavre.
J'ai tout aimé dans ce livre : l'atmosphère, les protagonistes, le style de l'écriture et surtout j'apprécie vivement de lire des mots qui m'étaient inconnus.
MERCI.
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J'ai beaucoup aimé ce livre dans lequel Alain Defossé nous relate un crime survenu 10 ans auparavant - par rapport à l'époque ou il écrit ce livre - Un crime dont il n'a pas vraiement été le témoin, puisque celui-ci s'est produit alors qu'il venait de sortir du bar.

Cependant, l'auteur, présent sur les lieux durant toute la soirée met en exergue les éléments qui ont pu y conduire. Au fil de son récit, on sent l'atmosphère s'alourdir, peser comme une menace. Alain Defossé ne sait d'ailleurs pas au juste pourquoi, 10 ans après, il nous raconte ce fait divers : ".... le désir d'écrire, de témoigner, le désir tout court..." et peut être aussi remettre les faits dans son contexte et dénoncer "l'arrangement" qui est fait de ce crime par une célèbre émission de télévision ainsi que les contres-vérités assénées par les médias ?

Bien que ce ne soit que le second livre que je lis de cet auteur, je trouve qu'Alain Defossé excelle dans l'art dans se remémorer des impressions, des émotions, des sentiments. La description qu'il fait de la petite ville de province et de ses habitants, ainsi que des protagonistes de l'histoire, ou se sont déroulés les faits, et ou il a choisi de poser ses valises en quête de "tranquillité, de silence" est empreinte d'une vérité qu'il a su déceler et oser écrire.

J'apprécie également sa façon de présenter son récit : les circonstances ayant menées à ce drame sont écrites en italique, tandis que les souvenirs parfois intimes de l'auteur sur sa vie, son entourage, son portrait de la ville, sont imprimés "normalement". de plus, il n'hésite pas à aligner les mots, les adjectifs, à faire des redites de certaines phrases afin d'en souligner l'importance et/ou l'intensité.
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Que dire de ce livre mis à part ma déception à la fin de cette lecture pénible.
Le début commence bien, le narrateur est dans l'intime, il nous fait partager son installation dans une petite ville de province, on sens bien l'ambiance, le désir, le cercle fermé des autochtones et la tension palpable avec les nouveaux venus de la cité. Après on s'enlise, on tourne autour de ce fait divers effleuré par l'auteur qui était à deux doigts de s'y trouver mêlé, tout est sous entendu, imaginé sans vraiment mener nulle part. Au début on attend de voir comment les choses vont tourner, le suspens monte et puis plus rien, on patine, c'est dommage.
J'espère au moins que l'auteur aura pu exorciser ces démons à travers ce livre dont je ne conseille pas trop la lecture.
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critiques presse (3)
Liberation
05 mars 2012
Alain Defossé se remémore un meurtre à Châteaubriant.
Lire la critique sur le site : Liberation
Lexpress
28 février 2012
Un bref livre intense, entre autoportrait et peinture d'une petite bourgade de la périphérie nantaise.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
06 janvier 2012
L'appropriation d'un fait divers par un écrivain a un sens quand elle provoque ce genre d'effet retors. Alain Defossé place, lui, le lecteur dans une position complexe en faisant le récit vrai d'une soirée qui s'est soldée, quelques heures après son départ, par un meurtre. [...] Dans ce livre envoûtant à la mélancolie lourde, il n'essaie pas de raconter le meurtre, dont il ne sait rien. Il retrace le contexte.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Un nouveau patron pour un nouveau bar. Brun, petit format, plutôt mignon, sympa. Je sais comment j’ai réagi en découvrant Didier, j’ai réagi exactement comme n’importe quel client de café-tabac, de restaurant, de ces lieux où l’on reste plus de deux minutes réagirait en voyant arriver la nouvelle patronne ou la nouvelle serveuse. C’est forcément ce que j’ai pensé, en voyant Didier pour la première fois, ce petit gars brun au sourire rouge qui s’installait parmi nous, j’ai eu forcément la même réaction qu’un macho devant une petite serveuse, parce qu’il donnait ça à voir et à ressentir, Didier, il était mignon Didier le tueur, et sympa, oui, et bien foutu si vous voulez tout savoir (…). Dans la géhenne où il brûle sans doute, Gorgones et Erinyes doivent se pousser du coude et échanger des clins d’œil quand passe le petit brun aux yeux noirs, tellement sexe, chérie, un homme, un salaud comme on les aime.
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J'ai commandé un tango, c'est ma consommation la plus courante. Le tango est né pendant l'Occupation, c'était la boisson des zazous. J'adore la grenadine, sa couleur et son goût de rouge à lèvres bon marché. J'en ajoute dans tout, la bière, le pastis, le lait.

Au café je ne prends pas de whisky : le sotch est pour moi une boisson de la maison, de la lecture nocturne, de la conversation, de l’écriture ou de l'amour, sa chaleur ambrée est intime. p 62

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C'est la nuit. A ce rendez-vous de la nuit, je rejoins tout ce qui a sombré, les gens et moi-même. Mon passé c'est la nuit, aussi mort que les gens, de la même eau qui ne coule plus.

Pourtant je peux parler, je peux écrire de cette eau sombre, je ne fais que cela, toujours, écrire est un travail de mort, je n'ai cessé de le répéter, c'est faire de la mort avec ce qui l'est déjà, ratifier de la mort, fixer, consigner de la mort, et c'est nécessaire.

Confirmer la mort n'est jamais triste. Éprouvant, parfois, mais jamais triste. C'est donner ses lettres de noblesse à ce qui est mort p 55
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Les conversations tournaient autour de ça, de cette haine qui déferlait. J'ai entendu alors, parfois, à demi-mot, évoquer des projets d’expéditions punitives.

Au hasard de brides de conversations, j'ai découvert chez certains un visage que je ne soupçonnais pas, très noir, très violent, le visage criminel qui se fait jour quand on est poussé à bout, la renaissance de la haine atavique. p 77
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Je ne sais pas si je fais bien, je fais ; quelque chose ne me laisse pas le choix de raconter ce que j'ai vécu face à ce qui en est dit, comme s'il l'on me forçait à avouer la vérité des autres en suscitant la mienne.
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Videos de Alain Defossé (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alain Defossé
16 janvier 1996 Alain Defossé: Retour à la ville. Filmé dans le couloir d'un grand Hôtel, Olivier BARROT nous parle du llvre "Retour à la Ville", consacré à la ville de Nantes. Images d'archive INA Institut National de l'Audiovisuel
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