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EAN : 9791097390150
176 pages
Le Serpent à plumes (11/01/2018)
3.97/5   15 notes
Résumé :
Bienvenue à Boise, Idaho, bienvenue dans les parcs et les réserves naturelles de la ville, bienvenue en enfer. Ici vous trouverez des essences rares de pins, des peupliers de Virginie, des écureuils bruns et des alcooliques rougeauds dévorés par les puces, sentant la merde et le vomi, qui donneraient leur mère, s'ils l'avaient connue, contre un cubi de rouge. Welcome to Boise ! Jerry Wilson a travaillé comme garde municipal dans ces parcs. Il a nettoyé jour après jo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Jerry Wilson a travaillé dans les parcs et réserves naturelles de Boise, Idaho. Ses journées consistaient à ramasser les détritus, à dissoudre le vomi et les excréments et à nettoyer les taches les plus abominables que l'on puisse imaginer. Éboueur au grand coeur, il a découvert une faune interlope avec laquelle il a beaucoup discuté, écoutant les jérémiades de fanfarons avinés, recueillant les confidences touchantes d'éclopés de la vie ou supportant les plaintes véhémentes de vieux clodos ayant perdu la boule.

Ses nouvelles, directement inspirées de son expérience, mettent en scène son double Swiveller, employé municipal arpentant les espaces naturels un sac poubelle à la main et allant à la rencontre des clochards. Sans jugement, les textes présentent des SDF cabossés à la langue bien pendue qui n'hésitent pas à plaisanter et ne s'appesantissent pas sur leur sort. Bien sûr l'environnement décrit fait froid dans le dos, entre beuveries, hygiène déplorable et santé mentale fragile, mais on ne tombe jamais dans le sordide. Par ailleurs la violence, omniprésente, ne s'exprime jamais directement, même si on en découvre les stigmates lorsque Swiveller croise des gueules abîmées après une nuit de bagarre lors de sa tournée matinale.

Un recueil cru et sans concession, d'un réalisme quasi documentaire. Au-delà des situations tragiques, les histoires débordent d'humanité et laissent transparaître une sincère bienveillance à l'égard de cette population à la marge dont personne ne semble se soucier. L'écriture est simple, sèche, très orale. Les dialogues font mouche et on prend plaisir à retrouver certains personnages d'une nouvelle à l'autre.

A la fois drôle, tendre et désespérée, cette prière pour ceux qui ne sont rien signe la prometteuse entrée en littérature d'un prolo des lettres américaines.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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C'est son expérience de garde municipal pour les Parcs et Forêts de Boise, petite ville d'Idaho, et surtout les rencontres qu'elle lui a permis de faire, qui ont incité Jerry Wilson à écrire ce roman. C'est d'ailleurs, plus qu'un roman, une suite d'épisodes, mettant en scène certains personnages récurrents, et d'autres que l'on ne croisera que fugacement.

Ces personnages sont des individus que l'auteur a réellement connus, comme il l'indique dans sa préface, ajoutant que beaucoup sont déjà morts... car ceux qu'il s'attache à dépeindre sont ces invisibles que l'on évite généralement du regard, ces miséreux, ces sans-abri dont on a tendance à surtout remarquer l'ineffable saleté...

Témoin temporaire (il a travaillé aux Parcs et Forêts pendant dix ans) de leur déchéance, mais aussi de leurs habitudes, et de l'organisation régissant leur communauté, lui a fait plus que de les voir : il les a regardés, au-delà de leur apparence pitoyable et repoussante, a noué des relations avec eux, s'intéressant aux histoires de leur quotidien, apprenant à connaître ces laissés-pour-compte.

Au fil d'immersions rythmées par las tâches accomplies au titre de son ingrate mission -ramassages de détritus et des déjections humaines, nettoyage des toilettes publiques...-, il nous emmène à leur rencontre, esquissant des portraits touchants de sobriété et de vérité de ces hommes et de ces femmes plongés dans l'immuabilité d'un présent sordide et violent. Car on ne sait pas d'où viennent la plupart de ces pauvres hères, comme on ignore les circonstances qui les ont relégués dans l'impasse de l'existence, bannis d'une société qui préfère les oublier. Ces êtres qui semblent donc avoir occulté leur passé ne songent pas non plus à l'avenir, les projets sont ceux de l'immédiat, liés à l'impératif de survie, trouver de la nourriture, quelques cigarettes et de la bière, un endroit où dormir... la concrétisation de ces objectifs ne représente bien entendu ni une victoire, ni un accomplissement, et n'occasionne pas de fierté, il s'agit simplement de tenir jusqu'au lendemain.

Les rapports sont souvent brutaux, rendus agressifs par l'alcool et la précarité, les séjours en prison fréquents. La mort, la maladie sont omniprésentes, au point qu'elles sont considérées avec fatalisme, presque avec banalité, comme le témoignage de l'acceptation du peu de valeur de leur existence. Les préoccupations sont prosaïques, les comportements grossiers, voire carrément répugnants... et pourtant, surgissent aussi parfois de ce cloaque des manifestations de solidarité, de compassion. On retiendra notamment la gentillesse de Weatherby, le clochard féru de lecture, qui apporte à une jeune accouchée des sandwichs et une plaque de tôle pour s'abriter de la pluie, ou encore le dévouement de Rita, qui dans la cabane où elle fabrique des cages à oiseaux, s'applique également à soigner les plaies, fréquentes et diverses, de tous ces va-nu-pieds.

Jerry Wilson n'embellit ni ne juge ces figures tombées dans l'engrenage de la misère et de la rue, sans doute conscient, lui qui vivote d'un boulot mal considéré, qu'un rien suffirait à le faire rejoindre la cohorte de cette humanité déchue. Il rapporte, sans censure, leur grossièreté gouailleuse, leurs moments de tristesse, leur fausse désinvolture bravache. Il les voit tels qu'ils sont, ni meilleurs ni pires que les autres, et c'est sans doute le meilleur hommage qu'il pouvait leur rendre...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Après New-York et la Californie, il est temps d'aller visiter un nouvel Etat. Direction le Nord-Ouest des Etats-Unis, dans l'Idaho (voir sur la Carte), The Gem State (l'Etat joyau) en raison de ses paysages et de l'abondance de ressources naturelles.

C'est dans cet écrin montagneux et verdoyant que l'auteur de Prière pour ceux qui ne sont rien et son alter ego prénommé Swiveller se sont installés, dans la ville de Boise, capitale de l'Etat. Jerry Wilson a exercé à peu près tous les métiers de la terre si l'on en croit la longue liste en 4ème de couverture et parmi cette litanie de noms celui qui fait écho au personnage principal de Prière pour ceux qui ne sont rien est gardien de parc. C'est en effet en exerçant ce métier dans les parcs de Boise que Wilson eut l'idée de coucher pour la première fois sur le papier les histoires de ces laissés pour compte du rêve américain.

Il fit un jour la rencontre d'un certain Tom qui nichait sous un épicéa et buvait de la piquette bon marché. Il allait lui inspirer le personnage de Weatherby, omniprésent dans la dizaine de nouvelles que contient le recueil, et devenir un confident et un premier lecteur assidu de ces tranches de (cabossés de la) vie.

Prière pour ceux qui ne sont rien est donc une suite d'histoires courtes autour du personnage de Swiveller, un gardien de parc/éboueur de la ville de Boise, qui a sympathisé avec une ribambelle de clochards pas très célestes qui squattent les parcs. Jerry Wilson/Swiveller fait preuve de compassion et de tendresse à l'attention de ces accidentés de la vie et l'humour est souvent présent dans ces histoires d'étrons, de vinasse, de castor en décomposition et de détritus en tous genre. Les dialogues, à la fois drôles, violents et crus, apportent une musicalité de la rue particulièrement réaliste.

Si le ton du récit est relativement léger, il n'en reste pas moins conscient de la misère et de la violence économique et sociale que subissent ceux qui ne sont rien. Tout le talent de Jerry Wilson dans ce recueil est d'avoir su mettre en lumière ceux que l'on ne veut pas voir, d'avoir donné la parole à ceux que l'on n'entend pas, d'avoir rendu un peu d'humanité à ceux qui ne sont rien.
Lien : https://fromnewyorktobigsur...
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Chroniques de la vie de sans abris, vivant dans et autour d'un parc de l'Idaho. Écrites par le "double" de l'auteur qui les a fréquenté au quotidien pendant des années. Tout sonne juste.
Connaissant très bien ce milieu, ne n'aurais pu mieux (d)écrire leur vie quotidienne, lorsque la rue se prolonge. Parcours très variés, mélange d'improbable et de hasard, de joie simple et de tristesse profonde, de débrouille, de consommation, d'amitié difficile et d'humour.
Réel coup de coeur pour ce superbe roman.
Ma chronique préférée (chaque chapitre ayant un titre propre) : "La môme noix de coco".
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‘une humanité débordante, le livre de Jerry Wilson nous présente en quelques nouvelles courtes et percutantes, les laissés pour compte d'un système antropophage.

Avec attachement et tendresse, même pour les plus insupportables, les plus affligeants d'entre eux, l'auteur nous plonge dans le quotidien de ces clochard(e)s squattant le parc public de Boise, dans l'Idaho, où lui même occupe la fonction de garde municipal.

Iln'y a rien de romanesque dans ces destins, dans ce temps qui défile jusqu'à faire des années de galères, mais bien la misère crasse des ses hommes et des ses femmes, enfants perdus du rêve américains, victimes collatérales d'une course à la croissance économique.

Comme l'indique le quatrième de couverture, on pense parfois à Bukowski en lisant cette langue déliée et crue, et également à Steinbeck dans cette peinture sans concession ni tergiversation de cette misère criante et crasse.

Un texte court (176 pages), incroyablement dense et intense, avec une palette de personnages frustres, forts en gueule, parfois insupportables.

On rit, on s'émeut à la lecture de ce livre jamais sordide, toujours lucide.

Un livre de prolo, pour les prolos. Ça change des nombrils germanopratins, et ça fait du bien.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
– Bon, les merdes se détachent facilement. Elles ont dû geler à l’instant même où elles ont touché le métal. Quelques minutes avec la brosse, et tout sera comme neuf.
– Que le diable m’emporte, dit Weatherby en regardant Swiveller verser les merdes avec la pelle dans un sac-poubelle en plastique noir, puis brosser le gril. Tu m’épates vraiment, là, Dick.
– Fastoche, dit Swiveller.
– Je suppose cependant qu’un tel talent n’est pas super bien rémunéré.
– En effet, répondit Swiveller, en rassemblant ses outils et le sac-poubelle. Mais c’est le seul boulot que j’ai. »
Peu après le départ de Swiveller, le soleil réapparut et dissipa le brouillard. Des oiseaux pépièrent sur les branches dénudées. Un écureuil brun farfouilla le sol gelé. Weatherby alluma un feu sous le gril et fit frire une tranche de bacon. Il en utilisa la graisse pour cuire des patates coupées en tranches. Il sortit sa vieille cafetière italienne et se confectionna un café bien fort. Avec Ernie endormi sur les genoux, il mangea et sirota son café. La vie semblait si simple.
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« J’ai besoin d’une faveur, dit Captain Kirk.
– Oui, vas-y.
– J’ai besoin de t’emprunter dix dollars pour m’acheter une sandwich et une boisson chocolatée à la supérette. Je suis payé le 15, et je te rembourserai ce jour-là. »
Le 15 de chaque mois était toujours la date de référence de Captain Kirk. Bien qu’il n’ait jamais eu de boulot, il était toujours payé le 15. Ou bien, le 15, il allait rejoindre à pied la côte de l’Oregon, qui se trouvait à quelques huit cents kilomètres de là, pour voir l’océan Pacifique, le dernier tronçon de sa « marche à travers l’Amérique ». Cela faisait au moins trois ans que Captain Kirk avait entamé sa fameuse marche, bien qu’il ait passé la majeure partie de son temps assis à la table de pique-nique sous le sycomore.
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Ce qui rendait ce mémorial ridicule, c’est que les clodos n’avaient jamais aimé One-Beer Bob. Pourtant, quand ils avaient appris son décès et qu’on avait retrouvé son corps noyé et décomposé dans la ravine, les clodos s’étaient immédiatement mis à construire un mémorial en son honneur, un énorme cône formé avec des cailloux de la rivière. Il était posé au centre de la clairière entre les tables de pique-nique et le vieux barbecue en briques. Au sommet était accroché un carré de contreplaqué tordu et fendillé qui servait de plaque funéraire, décoré d’une fleur mal dessinée. Tout autour de la fleur, on avait gribouillé des petits messages dégoulinants de sentimentalisme ou complètement incompréhensibles.
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Personne n'assiste à des réunions des Alcooliques Anonymes et n'arrête de boire
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Videos de Jerry Wilson (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jerry Wilson
"Prière pour ceux qui ne sont rien" de Jerry Wilson. Editions su serpent à plumes "La réceptionniste du New-Yorker" de Janet Groth. Editions du Sous-Sol "Sans lendemain" de Jake Hinkson. Editions Gallmeister "Tuff" de Paul Beatty. Editions Cambourakis
Retrouvez toutes les vidéos ici : http://goo.gl/23DkUZ
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