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EAN : 9782070147557
208 pages
Gallimard (01/01/2015)
3/5   13 notes
Résumé :
«Mon grand-père disait que pour les Noirs la peau est un mystère insondable, et il le disait sans chercher à savoir si nous comprenions, ou si, à Lamentin, on se souciait de la peau des esclaves, la mer, seule, évoquait quelque chose pour nous puisqu'elle n'était jamais bien loin, qu'elle nous nourrissait, qu'elle n'aurait jamais fini de charrier nos expériences originelles. Ce que voulait dire mon grand-père, c'était peut-être que la peau d'autrui et sans doute la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Raphaël Elizé est un homme bon et un vétérinaire chevronné. Martiniquais, il est un des premiers maire noir de France métropolitaine. Sous l'occupation allemande, il est démit de ses fonctions en raison de sa couleur de peau. Il entre alors en résistance ; arrêté par la Gestapo, il est déporté à Buchenwald en 1944.

Rendez-vous avec l'heure qui blesse retrace le destin exceptionnel d'un homme qui l'est tout autant. le roman s'ouvre sur son arrestation en 1943 et s'achève sur la libération du camp de Buchenwald. Entre temps, nous découvrons la personnalité du vétérinaire, qui a su gagner le respect des habitants de la petite commune de Sablé-sur-Sarthe. Il s'y installe avec sa femme Caroline et sa fille Janine, après de brillantes études à l'école vétérinaire de Lyon. Si ses débuts sont difficiles, en raison des réticences des paysans à faire appel à lui, il réussit progressivement à gagner leur confiance. Sa douceur, son amour et sa compréhension des bêtes l'emportent sur la méfiance des hommes. Mais à Buchenwald et face à l'horreur nazie, aucune de ces qualités ne lui est utile. Il est noir, donc "pire qu'un Juif" dans la hiérarchie hitlérienne. Hébété face à cette violence inouïe qu'il découvre, il oscille sans cesse entre sursauts d'espoir et grands moments d'abattement.

Le lecteur assiste alors, impuissant et compatissant, à l'entreprise de destruction des esprits, à l'avilissement des corps orchestré par le régime concentrationnaire. le héros interroge sans cesse le rapport de l'homme à l'animal et pose cette question lourde de sens : comment les hommes peuvent-ils se comporter en oubliant à ce point leur humanité ? Cette réflexion, émanant d'un vétérinaire, me semble particulièrement intéressante. Un des autres aspects poignant du roman se trouve dans la réminiscence des souvenirs auquel le héros fait sans cesse appel pour survivre. Parce que ses souvenirs sont autant de preuves qu'il a été un homme digne, aimé, respecté. Tout comme sa participation au journal clandestin du camp, qui n'est qu'une tentative deséspérée de continuer la lutte, de ne pas laisser l'horreur prendre le dessus sur la pensée. Mais c'est surtout, de mon point de vue, l'écriture de Gaston-Paul Effa qui touche de plein fouet. Je sais que certains lecteurs ont trouvé le style ampoulé, emphatique. Pour ma part, je l'ai trouvé recherché, mais sans affectation. A mes yeux son écriture est belle, exigeante, précise. Si j'ai dû retenir mes larmes à de nombreuses reprises, je n'ai pas eu l'impression pour autant que l'auteur avait écrit pour produire cet effet. Enfin, concernant la polémique autour du livre, je n'en ai cure. L'auteur le présente comme un roman et non comme une biographie. A partir de ce postulat, je considère que sa liberté est totale. N'est-ce pas la magie de la littérature que de transfigurer la réalité, d'apporter un nouveau regard sur l'histoire ?

Rendez-vous avec l'heure qui blesse offre un point de vue nouveau et éclairant sur l'univers concentrationnaire et ses atrocités. Mais surtout, il a le mérite de faire parler un homme que la France a injustement oublié. Afin qu'il ne meure pas dans les mémoires, je vous invite à le lire, à le partager. Pour ma part, je ne suis pas prête d'oublier Raphaël Elizé.

http://manoulivres.canalblog.com
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J'ai vraiment été très déçue par Rendez-vous avec l'heure qui blesse. D'abord, le style de Gaston-Paul Effa m'a beaucoup perturbée. Des phrases très longues, hachées par un nombre incalculable de virgules, qui m'ont parfois perdues. N'est pas Proust qui veut...et d'ailleurs, doit-on vouloir devenir Proust...Bref, ça m'a gênée dans la lecture mais j'ai voulu persister parce qu'à l'origine le sujet est intéressant.

Rendez-vous avec l'heure qui blesse est un roman qui parle de Raphaël Elizé, ancien maire de Sablé-sur-Sarthe, et surtout, premier maire noir d'une ville en France. Raphaël Elizé (1891-1945), est un métis Martiniquais. Il arrive en France à l'âge de 11 ans et s'installe comme vétérinaire à Sablé-sur-Sarthe après la première guerre mondiale. Il devient maire de Sablé en 1929 et devient par la même occasion, le premier maire antillais en métropole. En 1943, il est destitué de sa fonction de maire par le régime de Vichy et entre dans la résistance. Il est arrêté sur dénonciation en septembre 1943. Il est, par la suite, déporté à Buchenwald où il meurt en février 1945 lors du bombardement du camp par les alliés. Sujet historiquement intéressant sur beaucoup de points, l'élection d'un maire noir en 1929, le racisme, la montée du nazisme, les restrictions de Vichy, la résistance, la déportation, la vie à Buchenwald, l'espoir de la libération, la mort...Tous ses sujets sont évoqués...mais juste évoqués, jamais creusés. Tout au long du livre, on suit le questionnement de Raphaël Elizé sur sa position en tant que descendant d'esclaves, sur la façon dont les noirs sont perçus dans la société française de l'époque puis sous le régime nazi. Mais à aucun moment on n'a vraiment le détail de ce que son élection a pu représenter. Alors qu'à l'époque, il a quand même été moqué dans de nombreux quotidiens qui l'avaient surnommés "le roi-nègre". On suit aussi son ressenti sur Buchenwald mais on y trouve rien sur sa détention à Angers, rien sur ses actes en tant que résistant....

Cette lecture a donc été pleine de déception. Comme si Gaston-Paul Effa nous montrait un sujet intéressant et nous disait "voilà, il est lié à ce fil là, puis à celui-là, puis à celui-là..." mais sans jamais en tirer aucun. Gros sentiment de frustration. Pour ceux que ce personnage intéresse, il existe un très bon documentaire de Philippe Baron "Le métis de la République".
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Passionnée d'histoire et de sociologie, j'ai toujours trouvé que Raphaël Elizé était un personnage singulier et trop peu étudié de l'histoire de France. Peu de gens le connaissent alors qu'il a été le premier maire métis d'une ville de métropole en 1929, qui plus est, une ville rurale réputée plutôt conservatrice. Je me réjouissais donc de la sortie d'un livre sur lui. On me l'a offert assez rapidement, il faut dire que j'ai tendance à largement partager mes obsessions avec mon entourage ;-) ! Comme souvent quand on en attend beaucoup d'un livre, on est déçu...et bien celui-ci n'a pas dérogé à la règle.

Ayant pu lire une interview de Gaston-Paul Effa sur jeuneafrique.com et l'ayant entendu sur france inter, j'avais d'autant plus d'espoir qu'il parlait de réveiller la France frappée d'amnésie en ce qui concerne Raphaël Elizé...mouais...occasion ratée à mon sens. Les sujets sont effleurés, jamais vraiment approfondis. Si l'auteur semble vouloir s'attacher à décrire les pensées de Raphaël Elizé, j'ai le sentiment que ce sont plus ses propres questionnements à lui qui transparaissent plutôt que ceux de son personnage...dommage ! D'autant plus que les descendants de Raphaël Elizé sont toujours vivants et en capacité d'expliquer ce qu'il était. J'ai été aussi un peu frustrée par le peu de passages sur son accession au poste de maire, sur l'impact que ça a pu avoir dans la population, les journaux, sur sa volonté de développer la vie culturelle et sportive de sa ville, sur ses actions dans la résistance...mais il s'agit là d'un parti pris de l'auteur puisqu'il s'est surtout attardé sur son passage dans les camps de concentration. Une occasion manquée donc pour ma part, mais peut-être parce que j'en avais trop d'attente.

En tout cas, Raphaël Elizé est un personnage à découvrir et dont il faut parler !
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Dans ce roman, l'auteur donne la parole à Raphaël Elizé, l'un des premiers maires métis de métropole. Arrivé avec sa famille en France après la catastrophe de la Montagne Pelée de 1902, Raphaël Elizé deviendra vétérinaire. A son retour de la première guerre mondiale, il s'installe avec son épouse à Sablé sur Sarthe. Rapidement engagé en politique, fervent défenseur des valeurs de la République, il sera élu maire de cette commune en 1929 puis réélu en 1935. Mais dans la France occupée, un maire ne peut pas être noir et c'est pour cette raison qu'il sera déchu de son mandat puis déporté à Buchenwald, dont il ne reviendra pas. C'est du camp que Raphaël s'adresse au lecteur. Son quotidien, ses compagnons d'infortune mais aussi sa femme Caroline, ses patients, sa vie de maire, d'homme heureux et libre, le présent et le passé se mêlent. C'est ce qui lui permet de vivre, de survivre. Gaston-Paul EFFA a fait le choix de la fiction pour nous faire découvrir cet homme, héros à la fois simple et extraordinaire de notre histoire. Les mots sont choisis, l'écriture poétique pour raconter aussi l'horreur.
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Un livre prenant du début à la fin, une écriture magnifique, un personnage à rencontrer... A lire absolument
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
De la même façon que s'inscrivent dans le ciel les constellations de la Grande Ourse et de la Petite Ourse ou celle d'Orion ou celle du Centaure, s'inscrivit dans l'obscur de ma chair, de mes larmes, de ma salive et de mon sang la constellation de la déchéance.
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Ils étaient tous en noir, je me disais que la première couleur est le noir. Tout commence dans la nuit puis viendra le rouge qui abrite le sang, la chair. Les entendant, je me disais qu’il fallait souhaiter, ou faire en sorte, qu’une lumière comme étrangère à notre monde restât perceptible dans ce monde imparfait et invivable.
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J’imagine que certains se réfugient dans l’avenir comme d’autres dans le passé, il s’agit toujours, d’une façon ou d’une autre, d’échapper à l’irrespirable présent.
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Videos de Gaston-Paul Effa (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gaston-Paul Effa
Gaston Paul Effa - Rendez-vous avec l?heure qui blesse .A l?occasion du congrès 2015 de l?Association des Bibliothécaires de France à Strasbourg, rencontre avec Gaston-Paul Effa, auteur de "Rendez-vous avec l?heure qui blesse"aux éditions Gallimard. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/effa-gaston-paul-rendez-vous-avec-heure-qui-blesse-9782070147557.html Notes de Musique : "WORDS" par Jason Shaw (http://www.audionautix.com). Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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