La vie de J.D. Salinger reste un mystère, qui s'éclaircit pourtant un peu depuis sa mort en 2010, grâce aux témoignages de certains de ses proches. Cette volonté de secret, ce retrait de la vie publique dés les années 50, après la sortie et le rapide succès de l'Attrape-coeur sont en partie la cause du culte voué à ce livre et à son auteur.
Dans ce roman graphique (et pour le coup ce terme n'est pas usurpé), les deux auteures italiennes se proposent de raconter la vie de Salinger entre 1945 et 1950 et son histoire d'amour avec Sylvia Welter. Cette allemande séduisante qui l'envoute, il la rencontre lors de son hospitalisation pour soigner les troubles post-traumatiques dus à sa participation en 1944 au débarquement en Normandie puis au fait qu'il fût parmi les premiers à libérer les camps de la mort. Parlant l'allemand et le français, il aurait aussi participé aux interrogatoires d'avant les procès de Nuremberg. Ici, la scénariste, Valentina Grande imagine et romance, elle tente de combler les vides d'une biographie faites de secrets. Le mariage du sergent américain Salinger avec Sylvia, médecin allemand, dont le passé est aussi une énigme (collaboratrice nazie ? Plus ou moins zélée ?) ne durera que quelques mois. Par son trait et ses couleurs, Eva Rossetti, la dessinatrice répond parfaitement à la tonalité d'une histoire d'amour mêlant l'intime et le mystère de deux êtres complexes et instables, à l'Histoire de cette Europe ravagée d'après guerre. Beau bouquin****, qu'on peut lire sans être fanatique de l'oeuvre de J.D. Salinger, simplement comme une histoire d'amour durant cette période sombre et désenchantée. Allez, salut, bye, auf wiedersehen, et ciao !
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C'est une déclaration d'amour à la littérature et à ceux qui la font : en partant à la recherche de Salinger à travers ce qu'il a aimé dans son oeuvre, à la fin, le lecteur ne rencontre pas l'auteur, mais lui-même.
L'homme qui tombe, rien ne lui permet de sentir qu'il touche le fond. Il tombe et il ne cesse pas de tomber.
Nietzsche disait : « Celui qui a un pourquoi qui lui tient lieu de but peut supporter presque tous les comment. »
Car nous ne sommes que l'écorce et la feuille.
La grande mort que chacun porte en soi,
Voilà le fruit autour de quoi gravite tout.
Dans le 128e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente Le petit frère, album que l’on doit à Jean-Louis Tripp, édité chez Casterman. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :
- La sortie de l'album Carnets de campagne que l'on doit à Mathieu Sapin, Kokopello, Morgan Navarro, Louison, Dorothée de Monfreid et Lara et c'est co-édité chez Dargaud et au Seuil
- La sortie de l'album Chroniques décalées d'une famille ordinaire et vice-versa que l'on doit à Séverine Tales et aux éditions Payot Graphic
- La sortie de l'album Année zéro que l'on doit au scénario d'Ana Roy, au dessin de Mademoiselle Caroline et c'est édité chez Delcourt
- La sortie de Gertrude Stein et la génération perdue que l'on doit au scénario de Valentina Grande, au dessin d'Eva Rossetti et c'est édité au Seuil
- La sortie de l'album Orson Welles, l'inventeur de rêves scénarisé que l'on doit au scénario de Noël Simsolo, au dessin d'Alberto Locatelli et c'est édité chez Glénat
- La sortie en intégrale d'Une semaine sur deux, un album que l'on doit à Pacco et aux éditions Fluide glacial
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