AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782221249963
234 pages
Robert Laffont (20/08/2020)
3.85/5   24 notes
Résumé :
Qui est Stella Finzi, cette énigmatique et riche Italienne dont Vincent fait la connaissance dans un café de Rome?

Si l’esprit brillant de la jeune femme fascine ce dandy perdu et ruiné, qui a décidé de mettre fin à ses jours dans la Ville éternelle, sa laideur le fait frémir. Cette rencontre pourrait modifier le dessein de Vincent. Surtout lorsque Stella lui lancera un ultime défi ...

Un jeu de séduction se noue peu à peu entre ces deu... >Voir plus
Que lire après Stella FinziVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
3,85

sur 24 notes
5
4 avis
4
8 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
1 avis
«  Rome , c'était une Venise qui se noyait dans le ciel . Sa beauté ordonnait de se taire et voyager en soi pour y brûler tout remords .
Pour ne plus rien désirer d'autre que d'être là. »

«  Généralement, je traversais le Forum, envahi par la foule , je contournais le monument à Vittorio Emanuele II, je descendais vers le Tibre[ …..] .
Ces journées étaient vides maïs organiques.
Rome était un ventre idéal pour oublier sa naissance » .

« Le paysage allait loin dans la demi- obscurité lunaire, ambrée, veloutée, recouvrant la campagne endormie d'une fine feuille de brume, une poussière de sélénite imitant un incendie froid » .

Quelques passages de ce roman où la musique sauve: » Elle avalisait les idéalistes, prémunissait les utopistes et rassurait les contemplatifs » .
L'auteur nous offre une foule de questionnements , à propos du couple et de la fragilité de la vie…

Vincent , dandy perdu et ruiné, triste , élégant et cultivé , désabusé a décidé de mettre fin à ses jours dans la ville éternelle, intemporelle, dont la beauté impose le respect, ouverte , semblable à un fabuleux livre d'histoire , , cette ville qui n'a «  que des rides, pas de cicatrices «  .
Il choisit «  de ne plus rien faire de vulgaire pour subsister  » trop décalé pour ce monde actuel.

Il vient à Rome afin d'y dépenser les derniers sous de son héritage avant de se donner la mort. «  le suicide est un plat qui se prépare »

Par hasard , dans un café , il fait la connaissance de Stella, une jeune femme de trente ans, énigmatique , riche italienne, apprêtée avec art, à l'élégance romaine , un peu voyante et assumée , propriétaire de nombreuses boutiques de luxe , brillante , cultivée et singulière ,faisant preuve d' inventivité et de générosité , au visage étonnamment disgracieux ..

Sa laideur fait frémir Vincent …
Elle exprime une exquise sensibilité , semble lire derrière l'âme de Vincent , aime le beau , l'art et la musique passionnément comme lui.
Un jeu de séduction très habile se nouera petit à petit entre ces deux êtres si différents , lui passif , parfois cynique , capricieux , un peu exaspérant , autant dans son mode de vie , tourmenté , surtout passif …

Stella n'hésite pas à le remettre à sa place mais se fait aussi presque maternelle ,généreuse , le protège sans avoir l'air, va en faire un homme - objet
Je ne vais pas aller plus loin,…
C'est un livre fascinant par ses questionnements , l'ineffable beauté des descriptions minutieuses de la ville éternelle, enchanteresses, , un musée à ciel ouvert, construit comme des leitmotivs , refrains et airs de Vivaldi, parfum mêlé de vanille et d'ambre, des verres de vin pétillants, , une image sensible , dense, une attraction en forme de piège, une hypersensibilité dilettante pour Vincent , un jeu séduction - répulsion , des milliers d'instants pour une impossible postérité, y avait - il un avenir à Rome ? .

Un très bel ouvrage , baroque, troublant , agréable à lire, où l'amour et la création , la beauté pour ces deux affamés d'art se mêleront intensément , pétri de questions essentielles .
Se lanceront - ils un ultime défi? ..

«  Il n'y avait pas d'avenir à Rome. Ni dans aucune grande ville d'Italie.
C'était la force de ce pays unique,.

Le passé l'avait entièrement possédé, aspiré , absorbé » .
«  Sa laideur l'obligeait à tout pratiquer autrement » .
La première de couverture est une curiosité …
Commenter  J’apprécie          350
L'auteur du roman Stella Finzi est un homme blanc de 60 ans, or, qu'avons-nous encore à dire, nous, les hommes blancs nés dans les années 60, nous, les baby-boomers devenus papy-boomers ?
Quand je regarde la génération d'hommes et femmes nés entre 1995 et 2005, je perçois un tel bouillonnement, un tel questionnement, une telle créativité, un tel sens de la responsabilité (que l'on retrouve dans les Z.A.D., le mouvement végan, la BD, le cinéma, le spectacle vivant, l'artisanat, la création en général) une telle remise en question des modes de vie, que je me rends compte que ce que nous avions cru immortel, ne l'est absolument pas. Les gens de ma génération ont en fait confondu immortalité et éternité.
Quand nous disions que l'argent doit arrêter de dominer les relations humaines (que ce soit entre les différents genres, phénotypes, orientations sexuelles), la réponse toute faite était invariablement « Cela a toujours était ainsi ».
J'imagine que déjà au coeur du 13ème siècle, la réponse était identique, même si le questionnement différait. Cette réponse toute faite est de tout temps, elle se résume à refuser de changer quoi que ce soit aux pouvoirs en place.
Qu'avons-nous donc encore à dire, nous, hommes blancs de ma génération qui sommes aujourd'hui souvent attaqués (et pas forcément toujours à tort) ? Ce que nous pouvons dire, et que nous sommes les seuls à savoir, c'est que nous ne sommes pas comme les hommes qui avaient 60 ans quand nous en avions 20 : le patriarcat n'avait pas encore été remis en question, la pensée bourgeoise dominait et le but de beaucoup de personnes était de vivre comme les bourgeois. Or les choses ont grandement changé et nous sommes ceux qui pouvons en attester. Nous avons vécu ce changement et nous pouvons en témoigner. L'auteur de Stella Finzi est un homme de cette génération-là et l'attaquer sur le fait qu'il soit homme blanc de 60 ans n'est pas juste. Il ne porte pas plus que moi tous les maux du monde qu'on nous reproche.
Beaucoup de choses ont bougées quand nous avions entre 20 et 40 ans, s'exprimant par les mouvements punk, rock etc…mais en sous-marin, le libéralisme se cachait derrière le mot liberté, il était déjà là, prêt pour sa victoire totale. Avec tout l'orgueil et la vanité qui étaient les nôtres de nous croire nous-même meilleurs que nos parents, nous étions sans le savoir en train de foncer vers l'individualisme et le narcissisme. Nous nous habillions de l'ironie comme s'il s'agissait de la plus haute forme de l'intelligence. Nous étions cool et « faisions la fête ». Erreur de jeunesse.
Aujourd'hui, à 60 ans, nous ne savons plus ce qui appartient au modèle de société qu'on s'est laissé imposer et auquel nous avons collectivement contribué, ou à nos véritables aspirations. Sans cette pression patriarchale bourgeoise blanche, quel serait notre chemin ? Il n'y a pas que Judith Butler dans les années 2000, ou Greta Thunberg aujourd'hui qui se soient posées cette question, même si je les respecte éminemment et pense qu'elles (et d'autres) posent les questions bien mieux que nous. Certains hommes blancs de 60 ans se posent également cette question.
Qu'avons-nous donc encore à dire, nous, hommes blancs de ma génération qui sommes aujourd'hui souvent attaqués (et pas forcément toujours à tort) ? Ce que nous avons à dire se trouve en creux dans le roman d'Alain Teulié Stella Finzi, et il ne faudrait pas se contenter de le lire superficiellement.
Ce roman est pour moi le meilleur livre de cette sortie littéraire. C'est une tornade, un choc, une parabole, une allégorie qui arrive exactement au bon endroit et au bon moment pour poser des questions aussi profondes sur le lien brisé qui se ré-invente en relation libérée et donc beaucoup plus riche et nouvelle. Comme les religions aussi, devraient se réinventer. Et cela n'a rien à voir avec une quelconque « innovation », il s'agit de découverte, d'invention, de création.
Ce roman est écrit par un homme à un moment de sa vie où il ne lui reste que la plus profonde sincérité que puisse avoir un auteur de ma génération. Nous sommes loin de ces romans-produits qui ne sont plus que des objets creux, standardisés et préfabriqués avec du sociétal dedans, comme des produits bio issus des chaines industrielles !
Le narrateur de Stella Finzi accepte d'être perdu et de se perdre à jamais car rien dans le monde ne peut plus lui offrir de savoir ce qu'il désire au plus profond de lui-même. Il est vide, vidé par son époque, sans épopée, sans aventure qui lui laisse du désir, sans joie de vivre. Il finit par détruire même les restes de ses liens avec autrui. Ce roman n'a rien de sociétal, il s'agit d'un hétérosexuel blanc très formaté par son temps : il refuse une relation avec une femme qu'il trouve laide, ainsi que la société lui l'a inculqué.
Or, plus le narrateur la décrit comme laide, plus, moi, lecteur, je la trouve belle, pour finir en apothéose de beauté. Beauté physique, psychique et spirituelle. C'est là une des plus merveilleuses réussites de ce roman : parvenir à faire sentir la beauté en la présentant comme de la laideur.

« – Vous aimez trop la beauté pour vous attacher à moi. Et vous avez trop d'orgueil. Ce n'est pas dommage. C'est comme ça. Je ne sus que répondre. Elle avait raison. La plupart du temps, elle se mettait sur moi. Elle était la maîtresse du jeu. le mot maîtresse venait de là, du Moyen Âge. C'était le nom de celle qui décidait, qui testait le chevalier, pour voir s'il savait tenir ses ardeurs et les libérer quand elle le voulait. Elle me dominait, bien sûr. Personne n'avait su le faire, jamais. La femme en moi était comblée. »
Le seul reproche que je ferais à ce roman, tient précisément à cette dernière phrase, qui selon moi est une erreur : « La femme en moi était comblée. » Il aurait été plus pertinent de dire « L'homme en moi était comblé. » L'auteur aurait ainsi renoué avec la pensée celte que l'on trouve dans la Morte d'Artus de Thomas Mallory, car ce qu'attend le chevalier, c'est d'être dominé par le divin, et pour les chevaliers de la Table Ronde, le divin est un principe féminin.

Pour résumer, Alain Teulié nous offre ici les questionnements de toute une vie, sans fards. Il ne cherche pas à montrer un héros, il nous offre presque le constat de ses échecs et cela nous questionne. le roman va plus loin qu'une simple sortie littéraire à la Nothomb, Carrère ou Reinhardt. Je pense qu'il faut vraiment se laisser envahir par les questions de notre temps en observant cette histoire comme une fractale de notre époque complexe. Il replace le féminisme comme un véritable humanisme.
« le mot maîtresse venait de là, du Moyen Âge. C'était le nom de celle qui décidait, qui testait le chevalier, pour voir s'il savait tenir ses ardeurs et les libérer quand elle le voulait. Elle me dominait, bien sûr. »
Finalement, même un homme blanc de ma génération peut avoir quelque chose à dire aussi.

Lien : https://tsuvadra.blog/2020/0..
Commenter  J’apprécie          163
La trame :

Le récit longe le parcours de Stella et Vincent. Selon l'étymologie, un vent favorable aurait dû souffler sur le destin de ces deux êtres ; Stella signifie étoile, le prénom du narrateur évoque de triomphales allégories. Mais voilà.

Après le décès de son père, Vincent – dont on ignore le patronyme – compte devenir rentier grâce à la vente de son appartement niçois. Hélas, la quasi totalité de sa fortune s'envole à tire-d'aile à cause d'un placement hasardeux. À bientôt quarante ans, ce coup du sort précipite une crise existentielle chez Vincent, qui manifeste en effet une très grande fragilité dans sa relation au monde. On peut même dire qu'il éprouve une incompatibilité épidermique avec son époque et on comprend fort bien qu'un type dont la vie a pour bande-son les grands standards de la musique baroque se sente parfois en complet décalage. Dandy, sans être mondain ni superficiel, Vincent l'hypersensible, le dilettante mal dans sa peau se montre plutôt inadapté à l'air du temps.
Quant à Stella Finzi, la trentenaire italienne héroïne éponyme du roman, elle a perdu les siens pendant l'été 2018, suite à l'effondrement du pont Morandi de Gênes. du jour au lendemain, elle endosse les habits griffés de richissime héritière et dirige désormais deux boutiques de luxe au coeur de Rome.

Sans attache sentimentale ni famille, Vincent qui n'attend plus rien ni personne entrevoit l'idée du suicide. Mais pas n'importe comment : il veut finir avec panache. Taillé pour l'insouciance, notre antihéros choisit justement la Ville éternelle pour tirer sa révérence une fois son pécule épuisé. Boire l'existence jusqu'à la lie, quel programme ! Sur place, il promène son spleen dans une grisante fuite en avant, voit les heures s'écouler, indolentes, il s'oublie dans les rues d'une cité millénaire, s'enivre des effluves de ce musée à ciel ouvert qui célèbre la beauté qu'importe l'endroit où le regard se pose.
Un matin, alors qu'il petit-déjeune au café La Licata, Vincent rencontre Stella pour la première fois.

À en croire la réaction de notre protagoniste, Stella n'a pas reçu la grâce en héritage. Avec tout ce que la notion du beau et du laid peut avoir de subjectif, Vincent distingue dans le faciès de Stella une laideur décourageante. Cette vision offense sa rétine d'esthète comme le détail qui fait tache dans le décor : une éclaboussure accidentelle de pâte dentifrice sur le front par exemple ou un graffiti obscène niché au coin de la toile d'un maître de la Renaissance...
D'après le texte, difficile toutefois de comprendre ce que la physionomie de la jeune femme a de dérangeant. Comme chacun s'arrange avec ses propres références… j'ai pour ma part imaginé une sorte d'hybridation entre Morticia Addams et la Fosca de Igino Ugo Tarchetti, auteur italien du dix-neuvième siècle fasciné par la disgrâce féminine (cf. chronique du 15 août 2020). Pour le reste, je visualise une princesse aux manières éthérées. Oui, attention, si ses traits sont mal équarris, la nature a néanmoins pourvu Stella d'un corps superbe et elle peut s'offrir une allure renversante grâce à d'inépuisables moyens financiers. Celle-ci a de surcroît bénéficié d'une éducation parfaite et s'exprime dans un français digne du plus puriste de nos immortels. Mélomane distinguée doublée d'une musicienne accomplie, son intelligence est supérieure, sa culture encyclopédique, et ses centres d'intérêt diffèrent, on s'en doute, de ceux du commun. On ne croise donc pas ce genre de femme à tous les carrefours.

Après quelques chassés-croisés sur le mode attraction – répulsion, dans sa seconde partie, l'intrigue dévoile les intentions de la signora Finzi, passionnée par l'étrange trajectoire de Francesco Prelati qui vivait au Moyen Âge dans un village toscan. L'individu a tâté de l'alchimie au point que le terrible Gilles de Rais, l'ex-compagnon d'armes de Jeanne d'Arc passé à la postérité comme un monstre sanguinaire, s'intéresse à ses travaux tant pour couvrir ses crimes que pour redorer son blason. À l'époque déjà, l'argent pouvait aussi tout acheter. Stella rêve d'écrire sur ce sujet baroque mais elle a besoin d'une aide.
Ayant eu vent des antécédents de son nouvel ami qui, dix ans plus tôt, a commis un unique roman au succès confidentiel, il ne lui en faut pas plus pour vouloir faire de Vincent son ghost writer ou écrivain fantôme. Prêter sa plume serait d'ailleurs pratique courante dans le monde contemporain de l'édition… de plus, Mozart lui-même ne rechignait pas à aliéner son génie sur injonction de commanditaires fortunés. Alors où est le problème ? Quand elle l'informe de son grand projet, Vincent n'en revient pas. Hors de question de prostituer ses principes sur l'autel des lubies d'une mocheté fantasque. Plutôt mourir ! D'autant qu'il croit sa source créative à tout jamais tarie.
Seulement pour parler trivialement, Vincent est du genre à « préférer être dessous » et, de fil en aiguille, les initiatives hardies de sa bienfaitrice ont de quoi faire fondre comme tiramisu au soleil toute velléité suicidaire et rouvrir par enchantement les vannes de l'inspiration. de fait, cette maîtresse femme de Stella se révélera une initiatrice douée, qui n'a pas laissé son imagination au dressing entre stilettos et ensembles Prada.

Mon ressenti

En refermant ce livre, j'ai comme l'impression que Stella se sous-estime, je la crois fort capable de l'écrire elle-même son satané bouquin. Mais bon, par ses manigances, elle sait tirer avantage de la situation. La vilaine !… et puis sans elle, Alain Teulié n'aurait jamais créé cette histoire incroyable. le voyage en Italie qu'il nous propose a décidément bien du charme.

Merci aux Éditions Robert Laffont et au site Babelio, qui m'a envoyé ce livre par le biais de son opération « Masse Critique ».

Lien : http://scambiculturali.over-..
Commenter  J’apprécie          100
Vincent quarantenaire veut en finir avec la vie et se rend à Rome, il dit :
- le suicide est un plat qui se prépare délicatement,
et aussi :
- Rome était un ventre idéal pour oublier sa naissance.

Il va y rencontrer Stella, jeune femme de 31 ans très riche et très laide de visage.
- sa laideur avait une sorte de cohérence, un visage qui avait quelque chose d'embarrassant;
l'ensemble du visage formait un tout disgracieux.

Stella va en faire un homme-objet, et va utiliser toutes les armes possibles pour le mettre dans son lit et lui demander d'être son écrivain fantôme.
- Subornation, dépendance, domination.

Un jeu de séduction entre deux affamés d'art et de beauté, qui vont s'attirer et se repousser.

Elle lui dit :
- Vous aimez trop la beauté pour vous attacher à moi. Et vous avez trop d'orgueil .

Et lui :
- Peu importait qu'il ne soit pas question d'amour avec elle. Nos corps en mimaient à la perfection les élans.

Roman troublant, où l'amour et la création se mêlent intensément.


Merci à masse critique et aux Editions Laffont pour l'envoi de ce livre que j'avais coché un peu au hasard.


Commenter  J’apprécie          190
Stella Finzi est un nouveau roman d'Alain Teulié qui marque par sa façon d'aborder le romantisme et la fragilité du couple.
L'ambiance est il me semble le réel charme de ce roman, Nous sommes en Italie, et essentiellement à Rome, une ville dont la beauté impose le respect, cette ville intemporelle qui est un prestigieux livre d'Histoire, cette ville qui n'a « que des rides, pas de cicatrices ». Vincent, un élégant dandy désabusé, la quarantaine, trop décalé dans le monde actuel, a choisi de « ne plus rien faire de vulgaire pour subsister » et donc de venir à Rome pour y dépenser les derniers sous de son héritage avant de s'y donner la mort. Dans un café, par hasard, il fait la connaissance de Stella, une femme étonnamment disgracieuse, mais troublante… au point que les rencontres se multiplient et que les confidences se libèrent : Stella est une femme richissime, propriétaire de nombreuses boutiques de luxe, mais surtout, elle exprime une sensibilité exquise et semble lire derrière les notes, derrière les visages, les tourments de l'âme. Discrètement, par un jeu de séduction habile, elle précipite Vincent au plus loin de ses limites pour l'amener à se reconstruire.
Voici un roman sensible, baroque, musical, construit comme une chanson, autour de refrains qui reviennent comme des leitmotive : un air de Vivaldi, un titre de roman, des verres de vin pétillants, des éclats de vie. Autour d'eux les mots ruissellent, les masques tombent, les vies s'inscrivent, le roman se déploie. Cette relation tendue laisse toutefois par le caractère si marqué des deux personnages, une image dense et sensible d'un amour particulier, généreux et égocentrique.
#netgalleyfrance #stellafinzi
Commenter  J’apprécie          111

Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
– Vous aimez trop la beauté pour vous attacher à moi. Et vous avez trop d'orgueil. Ce n'est pas dommage. C'est comme ça.
Je ne sus que répondre. Elle avait raison. La plupart du temps, elle se mettait sur moi. Elle était la maîtresse du jeu. Le mot maîtresse venait de là, du Moyen Âge. C'était le nom de celle qui décidait, qui testait le chevalier, pour voir s'il savait tenir ses ardeurs et les libérer quand elle le voulait. Elle me dominait, bien sûr. Personne n'avait su le faire, jamais. La femme en moi était comblée.

J'y reviendrais dans ma critique
Commenter  J’apprécie          40
En amour, les hommes sont des imposteurs. Leur sexualité les rend compulsionnels et menteurs. Ils jouent le personnage que la femme espère. Elle est l’auteur de la pièce, sans le savoir. Mais hélas elle confie son œuvre à de piètres interprètes. Sur la scène de l’espoir des femmes, les hommes sont de mauvais acteurs.
Commenter  J’apprécie          60
Il était dit par de grands auteurs, Hemingway entre autres, que le sexe était une chose à éviter si l'on voulait conserver son inspiration.
Avec Stella, ce fut l'inverse.
Chaque soirée passée à goûter nos corps, tester nos douleurs, gifler nos inclinations, chaque nuit utilisée à tester nos résistances, outrager nos pudeurs, chaque après-midi consacrée à nous caresser l'âme furent suivies par des séances de travail solitaire assidues, concentrées.
Commenter  J’apprécie          30
«  La cité ne m’avait jamais parue si gracieuse, j’étais céleste, lénifié. Je me regardais dans les yeux de Rome, elle était une femme démesurée.
Avant de rentrer , j’allai chez le coiffeur.
J’avais envie de me sentir beau, même si je devais mourir bientôt » .
Commenter  J’apprécie          50
Certains êtres en s'en allant, laissent la porte ouverte et emmènent avec eux ce que notre coeur n'avait pas su voir.
Commenter  J’apprécie          100

Videos de Alain Teulié (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alain Teulié
L'émission : https://www.web-tv-culture.com/emission/alain-teulie-stella-finzi-51832.html
On l'a connu homme de radio et de télévision mais aussi comédien. Se référant souvent à Jean Cocteau, Alain Teulié a eu le privilège d'être l'assisant de Jean Marais. Mais oubliant les bravo et la lumière des projecteurs, c'est plutôt dans l'écriture qu'Alain Teulié s'est révélé, qu'il s'agisse du théâtre ou du roman. Sa pièce « le dernier baiser de Mozart » a été sélectionnée aux Molière 2017. Quant à ses romans, il raconte la vie d'aujourd'hui, les liens parents-enfants, les sentiments abîmés et l'amour impossible.
Voici le 8ème roman d'Alain Teulié, « Stella Finzi », aux éditions Robert Laffont, et c'est une réussite.
Vincent, parisien, a une quarantaine d'années. Auteur d'un roman passé inaperçu, esthète dilettante, il ne trouve pas sa place dans ce monde qu'il ne comprend pas. Son projet, s'installer à Rome pour s'y donner la mort après avoir dilapidé son dernier argent.
Oui mais voilà, dans le café où il prend ses habitudes, Vincent croise le chemin de Stella Finzi, une femme au physique ingrat dont il tombe sous la coupe. Richissime, rêvant elle-même d'écrire un livre, Stella Finzi use de son influence, demandant à Vincent d'écrire un livre pour elle, lui offrant au passage les plus belles conditions de travail dans une villa de Toscane.
Roman sur la littérature et l'art en général, sur la création, sur le beau et le laid, le nouveau livre d'Alain Teulié est aussi un hommage à l'Italie, une évocation de la pureté des sentiments et de la mélancolie du temps qui passe. L'action se déroulant à notre époque, l'auteur a même fait le choix de modifier les dernières pages de son roman pour coller au mieux à l'actualité, évoquant ainsi la fragilité de nos existences en période de pandémie.
Au-delà de l'histoire douce-amère que nous conte Alain Teulié, le roman est aussi un formidable exercice littéraire porté par une écriture pleine de finesse, d'élégance et de poésie.
Coup de coeur pour ce nouveau titre d'Alain Teulié, « Stella Finzi » aux éditions Robert Laffont.
+ Lire la suite
autres livres classés : roman d'amourVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (45) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5263 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}