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EAN : 9782330080969
320 pages
Actes Sud (10/05/2017)
3.73/5   15 notes
Résumé :
Le jeune Samuel meurt dans un terrible accident de voiture. Mais était-ce réellement un accident ? Un auteur anonyme, vague connaissance du défunt, décide de retracer les derniers jours de sa vie. A travers les témoignages divergents de ses proches, un portrait hybride du jeune homme émerge. Chacun a sa vision de Samuel, de sa vie et de son rapport au monde. Et surtout – chacun a une bonne raison de s'approprier la vérité. Tel un dialogue de sourds orchestré, les di... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
La Suède.
Samuel, vingt-huit ans, employé à l'office d'immigration à Stockholm, périt dans un accident de voiture, s'est-il suicidé ?
Énigme.
Notre narrateur, un écrivain, probablement le double de l'auteur, décide d'écrire un livre à ce sujet; le pourquoi et son lien avec Samuel, on ne l'apprendra que vers la fin. Collectant les témoignages de son coloc et ami, Vandad, et ceux d'autres proches de Samuel, il en dresse un portrait kaléidoscopique et recompose les derniers jours de ce garçon sans histoire mais assez particulier pour comprendre les raisons de cet acte, si c'en est un, et les responsabilités qui incombent à son entourage .
Samuel est le fils d'un nord-africain et une suédoise et toutes les personnes qui témoignent sur lui sont fils ou fille d'immigrés. Partant de ce milieu , dont il est aussi originaire, l'auteur nous dresse un réquisitoire contre l'attitude raciste des suédois de souche, bien que la Suède soit un pays d'accueil des migrants. Un réquisitoire contradictoire contre un pays qui a continué en 2013 à ouvrir ses portes aux demandeurs d'asile syriens et autres. Plus de 280.000 réfugiés ont bénéficié de l'hospitalité suédoise. Aucun autre pays de l'UE n'a accueilli autant de réfugiés par habitant. Néanmoins ce qu'il raconte est vrai et sincère, et il y porte aussi un regard objectif. Mettre des limites est incontestable, vu qu'on abuse facilement de l'hospitalité.....la nature humaine, rien à faire.....

Je dois avouer que je me suis laissée tenter par cette histoire de recomposition des faits et d'un personnage à travers divers témoignages, divers points de vue, où chacun donne son avis selon sa propre personnalité, son propre vécu et regard au monde. " À chacun sa vérité" comme dirait Pirandello, qui casse toutes les certitudes , les a-priori sur des personnes et des événements. Est-ce-que ma tentation a été satisfaite ? Euh...oui et non à la fois,
J'ai trouvé la forme de la narration un peu confuse, ce qui esquinte déjà la prose. Elle alterne en courts chapitres, les témoignages de Vandad avec ceux des autres, et même de Samuel lui-même, où chacun est narrateur et où l'écrivain de l'histoire lui même, intervient quelque fois. Au début c'est assez déroutant, aprés on s'habitue, mais c'est fatigant,
Les personnages, à part Samuel, et sa grand-mère et le soi-disant humour, ne m'ont pas vraiment emballée,
Le maillon qui lit l'histoire de Samuel et l'écrivain, m'a parue faible, à moins que je n'ai rien compris,
Et dernier point d'insatisfaction est la fin du livre un peu bâclée . Avec un tel sujet, j'aurais attendu une fin plus brillante et plus imaginative .

À part ça, c'est une histoire intéressante où tout prend peu à peu forme, pourvu qu'on en ai la patience, et finalement c'est une lecture plaisante.






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Qui était Samuel ? Qu'est-il important de savoir, à son sujet, pour le connaître ?
Qu'il était, dans une société suédoise pas aussi tolérante qu'on pourrait le croire, le fruit de l'union entre une nordique et un nord africain ?
Qu'il fût un adolescent solitaire, désireux de changer le monde ?
Qu'il devint un banal employé de l'Office de l'immigration forcé de ravaler les idéaux humanitaires qui l'avaient poussé à faire des études en sciences politiques ?
Que sa mémoire défaillante, contre laquelle il menait un combat permanent, lui causait une grande tristesse ?
Qu'il incitait ses proches, dans une tentative à la fois drôle et poignante pour exorciser l'angoisse du temps qui passe, à vivre des moments improbables, afin d'enrichir leur "Banque d'expériences" ?
Qu'en dépit de ce qui précède, il était drôle, spontané, facile à vivre ?

A la suite de la disparition de Samuel dans un accident de voiture suspect, un écrivain collecte le témoignage de certains de ses proches afin de dresser son portrait et de comprendre les raisons de sa mort.

Nous suivons celui de Vandad, colocataire de Samuel, tout au long du roman. Cette brute colossale à la mine patibulaire avait noué avec le jeune homme au physique dégingandé et fragile une improbable amitié, amorcée puis renforcée par la capacité naturelle de Samuel à accepter les autres tels qu'ils étaient, sans jamais les juger ni se moquer de leurs travers ou de leurs faiblesses. Il était le seul avec qui Vandad se sentait lui-même, sans avoir à simuler, ni même à s'adapter.

Ses interventions sont entrecoupées de celles de Panthère, l'amie d'enfance de Samuel, puis alternent avec la voix de Laïde, qui entretint une idylle de plusieurs mois avec le défunt, leurs différences finissant par altérer une relation d'abord fusionnelle. Très engagée politiquement, prônant de hautes valeurs morales qu'elle appliquait au quotidien avec une certaine intransigeance, elle reprochait à Samuel, à la fin de leur liaison, son manque d'activisme et une générosité davantage inspirée par une forme de passivité que par un véritable altruisme.

Au fil du récit de chacun des protagonistes, fragmentés en courts paragraphes, émerge la réalité fluctuante de celui que fût Samuel, fluctuante car empreinte de la subjectivité de ses porte-paroles, de la tonalité de leurs voix respectives, influencée par leur ressenti, leur envie peut-être inconsciente de présenter les faits à leur avantage. Certains épisodes communs font ainsi parfois l'objet de plusieurs versions ; ces divergences révèlent les antagonismes et les rivalités opposant certains des proches de Samuel.

Jeux de perspectives incertaines qui se mêlent, se confrontent, "Tout ce dont je ne me souviens pas" est ainsi un roman sur le souvenir, et sur la façon dont l'autre garde toujours une part inaccessible, parce qu'on le perçoit à travers le prisme de ses propres émotions, de sa propre histoire.

Jonas Hassen Khemiri, que j'ai découvert avec l'excellent "Montecore, un tigre unique", ne m'a pas déçue avec cet autre titre subtil et intelligent, au rythme énergique.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un roman sur la mémoire, sur les souvenirs : chaque personne a sa propre histoire et sa propre façon de se souvenir d'une personne. Elle le regarde avec un filtre. Ce roman retrace la façon dont un individu peut se perdre ou, et, se retrouver dans les yeux des autres. Un petit bijoux de réflexion sur la conscience de soi, des autres, du souvenir et des mots.
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J'ai eu beaucoup de peine à m'habituer au style rédactionnel et a comprendre qui parlait et qui était qui. J'ai fini par me faire à ces paragraphes décousus et à les apprécier. Je suis étonnée d'apprendre que la société suédoise semble très raciste. Roman intéressant.
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Autour de la mort d'un jeune Suédois, un chef d'oeuvre de mosaïque mémorielle, de reconstruction forcenée de l'amour et de l'amitié, sur fond de tensions racistes de moins en moins larvées.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/07/31/note-de-lecture-tout-ce-dont-je-ne-me-souviens-pas-jonas-hassen-khemiri/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
S’il y avait une chose que j’avais apprise c’était de ne pas rester dans une relation qui demandait plus d’énergie qu’elle n’en donnait. Rares sont les gens qui ne sont pas des voleurs d’énergie.
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Adossés aux piliers en pierre en bas de la côte, on regardait leurs collègues éteindre les dernières flammes.
-Tout est foutu ? a demandé Samuel à un des pompiers.
-C’est une question de définition.
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Samuel s’est essuyé la main puis il s’est présenté. Je savais pas quel prénom utiliser vu que quand on faisait nos tournées avec Hamza, je donnais jamais le vrai. Une fois je me suis appelé Örjan, une autre fois Travolta. Et une fois, alors qu’on s’était incrustés dans une fête privée à Jakobsberg à la recherche de soeurs jumelles qui avaient emprunté de l’argent pour sauver leur salon de coiffure, je me suis fait appeler Holabandola. Je pouvais dire n’importe quoi vu que quand on a une tête comme la mienne, personne n’ose prétendre que votre nom n’est pas votre nom. Mais quand Samuel s’est présenté, je lui ai donné mon vrai prénom. Et je me suis préparé aux questions qui allaient inévitablement suivre. « T’as dit quoi ? Wamdad ? Vanbab ? Van Damme ? Ah OK Vandad. Il vient d’où ce prénom ? Ça veut dire quoi ? Ils viennent d’où tes parents ? Ils sont arrivés ici en tant que réfugiés politiques ? T’es né ici ? T’es cent pour cent ou à moitié ? Tu te sens suédois ? Jusqu’à quel point tu te sens suédois ? Tu manges du porc ? En fait, tu te sens vraiment suédois ? Vous avez la possibilité de rentrer chez vous ? Tu es déjà rentré chez toi ? Ça te fait quoi quand tu y retournes ? Tu te sens étranger quand t’es ici et suédois quand t’es là-bas ? Lorsque les gens voyaient que je voulais pas parler de mon histoire, ils me posaient des questions sur l’entraînement, me demandaient si j’aimais les boissons protéinées ou ce que je pensais du free fight.
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J’ai suivi Hamza dans l’appartement luxueux. On est passés d’une pièce à une autre en faisant un signe de tête aux gens qu’on croisait et qui baissaient les yeux plutôt que de nous saluer en retour. Je me demandais ce qu’on foutait là parce que les gens ne ressemblaient pas à ceux avec qui Hamza était habituellement en bizness. Les gars avaient des costards et les filles des chaussures à talons, le frigo était high-tech avec display digital et distributeur de glaçons intégré. Je me disais que ça irait vite, que Hamza devait juste trouver la bonne personne, faire ce qu’il avait à faire et que moi j’avais à me tenir à côté de lui pour montrer que c’était pas le moment de discuter.
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Tu veux dire quoi par « pourquoi » ? La question c’est plutôt « pourquoi pas » ? Pourquoi n’en aurait-il pas profité pour faire quelque chose qui ait du sens ? Tous les jours il était emprisonné dans la camisole de force de la bureaucratie. Il suivait le règlement, les directives. Il contactait les ambassades, réservait des voyages pour renvoyer chez eux des gens qui ne voulaient pas partir. À côté de ça, la maison de sa grand-mère était vide. Et beaucoup de personnes avaient besoin d’un endroit où habiter. Ce qu’il y a d’étrange ce n’est pas que Samuel veuille aider, c’est plutôt qu’il n’y ait pas plus de gens qui le fassent.
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Videos de Jonas Hassen Khemiri (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jonas Hassen Khemiri
« J'ai toujours écrit sur des vides. C'est quelque chose qui revient toujours dans mes oeuvres. Qu'est-ce qu'il se passe s'il y a un ami, un membre d'une famille, qui est parti, qui est mort [...] Les gens qui restent, qu'est-ce qu'ils font avec ce vide ? Est-ce que c'est possible de remplacer ce vide avec des mots ? Ça c'est une stratégie que j'ai utilisée personnellement chaque fois qu'il y a quelqu'un dans ma vie qui part ou qui meurt. »
Jonas Hassen Khemiri nous parle de son roman **La clause paternelle**, lauréat du prix Médicis étranger 2021 : https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/la-clause-paternelle
+ Lire la suite
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