AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782351781616
208 pages
Gallmeister (07/09/2017)
3.4/5   116 notes
Résumé :
Tout semble brisé dans la vie d’Erica. Seule avec son vieux père tyrannique tout juste sorti de l'hôpital, elle n'a plus de nouvelles de son fils Jimmy, un jeune homme fragile parti errer à travers le pays sans avoir terminé ses études. Mais voilà qu'après un long silence, Jimmy revient à l'improviste, en piteux état. Erica fera tout pour l'aider, décidée à mieux le comprendre et à rattraper le temps perdu. Mais Jimmy se sent trop mal à l'aise face à sa mère, dans c... >Voir plus
Que lire après Tout est briséVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
3,4

sur 116 notes
Après l'hospitalisation de son père, Joe, pour une pneumonie, Erica n'a d'autre choix que de le placer en centre de rééducation afin qu'il reprenne des forces. Désormais seule avec lui, son mari et sa mère étant décédés, son fils, Jimmy, s'étant fait la malle au Texas et ne donnant aucune nouvelle, sa soeur habitant trop loin, Erica devrait s'occuper seule de lui. Mais avec son travail, son modeste appartement, elle n'est pas en mesure de le faire. le vieil homme, un brin acariâtre, refuse pourtant catégoriquement de passer une seule journée dans ce centre. Après des mois de silence, Erica reçoit un appel de son fils. Sans travail, sans un sou en poche, sans nulle part où aller, il est contraint, non sans remords, de retourner vivre dans ce vieux quartier de Brooklyn...

Boire et déboires d'une famille américaine ordinaire... Erica, la cinquantaine, peine à mener de front son travail, l'attention et les exigences que réclame son père, le silence puis finalement le retour de son fils. Ce dernier, Jimmy, rentre au bercail, la tête basse et la queue entre les jambes, même s'il peut compter sur le soutien, la bienveillance et l'amour de sa mère. Au fil des pages, William Boyle dépeint le lien, ténu et fragile, qui unit mère et fils. Une confrontation entre deux personnes de génération différente qui peinent à se comprendre. Dans ce roman empreint de mélancolie, de nostalgie, d'un brin de tristesse, les personnages, épuisés par la vie, sont finalement touchants de par leur fragilité mais aussi de par leur combativité. Des personnages qui, au final, auraient mérité d'être étoffés. L'auteur nous plonge dans une ambiance morose, parfois sombre. Un récit authentique, humain, sans effusion, sur fond d'homophobie et d'alcoolisme.
Commenter  J’apprécie          722
Débarqué chez Gallmeister en début d'année en provenance directe de Rivages Noir, François Guérif n'est pas arrivé les mains vides.

Dans sa musette, il apportait quelques pépites, parmi lesquelles William Boyle qui m'avait emballé avec Gravesend son premier roman et dont j'attendais le deuxième avec gourmandise. Mais aussi, il faut l'avouer, avec une pointe d'inquiétude tant les deuxièmes livres peuvent souvent être compliqués à écrire pour leurs auteurs quand ils suivent un premier succès. Un manque de confiance inutile de ma part car Tout est brisé est à nouveau une magistrale réussite !

Boyle y évoque le croisement de deux vies brisées qui se retrouvent, s'entrechoquent, puis s'éloignent à nouveau pour enfin mieux se retrouver.

Celle d'Erica, abandonnée de ses proches (sa mère et son mari sont décédés, sa soeur s'est éloignée et son fils a disparu) et retournée vivre à la cinquantaine dans le quartier de Bensonhurst, bas faubourg de Brooklyn, chez son père radin, hystérique et dépendant. Pas de pause dans la vie d'Erica et finalement, ça n'est pas plus mal : ça l'empêche de penser. Mais cela ne la rapproche pas de son fils perdu dont le souvenir la hante. « Et perdre quelqu'un, ça donne du sens à la vie, ça donne un but ».


Jimmy son fils, est également en pleine déroute, au Texas, loin de Brooklyn. Galère financière, galère alcoolique, galère amoureuse… Rester n'est plus possible, mais rentrer est impossible. Il va pourtant essayer. Sans succès. Reste alors la nostalgie, et le retour vers les jours heureux et insouciants de son passé étudiant à New Platz. Mais là-bas non plus, l'herbe n'est pas plus verte qu'ailleurs. « Il voulait de l'amour, il voulait que la vie soit facile… ». Où qu'il aille, Jimmy comprend que cela ne résout rien à ses angoisses et que la fuite n'est pas une solution : les démons courent aussi vite que lui, voire plus. « Peut-être était-ce partout le même désert ? ».

Alors, dans la tempête et le chaos, il reste à ces deux-là à se retrouver et à se ré-apprivoiser. Et à revivre. « Écoutant le grondement de la tempête à travers les murs, il se sentit calme ».

Dans Tout est brisé, on retrouve l'exceptionnelle capacité de William Boyle à décrire la solitude, la nostalgie, l'angoisse, la désespérance et le besoin d'amour. L'écriture est sensible, délicate et souvent avare de mots superflus, signe des grands.

On y retrouve également cette peinture du Brooklyn cheap - « cette ville tenait les fantômes de Jimmy dans le creux de sa main » - si près de New-York via un simple trajet de Greyhound et en même temps si loin.

Boyle n'est pas avare du partage de ses passions : la musique et les vinyles, ceux de Buckley, Cohen ou Dylan, le cinéma et la littérature, avouant même son admiration pour Flaubert et Camus au détour d'un bas de page.

Enfin, Boyle nous plonge à nouveau dans les thèmes abordés dans Gravesend : l'homosexualité, l'alcoolisme, le mal-être et la désespérance, la fuite en avant et le difficile retour vers son passé…

Peintre talentueux de la mélancolie, Boyle n'en oublie pas pour autant d'y ajouter quelques touches d'espérance renaissante ci-et-là : un bouquet de lys violets, la bienveillante Ludmilla, Franck le poète alcoolique, sorti de nulle-part pour mieux y retourner après avoir joué son rôle de trait d'union entre Erica et Jimmy.

Une vraie réussite donc, qui alimente une gourmandise littéraire encore plus forte pour le prochain opus de Boyle.
Commenter  J’apprécie          363
William Boyle est un auteur honnête : il annonce la couleur dès le titre. Comment résumer "Tout est brisé" en 3 mots ? Trouvé ! Tout est brisé. Pas plus compliqué.

Plus sérieusement, "Tout est brisé" est à la fois un roman pessimiste qui peut foutre le cafard et un roman profond qui fait réfléchir à un tas de sujets sérieux chers à tous à un moment donné de la vie : le rapport à la famille, à l'avenir, à la vieillesse, à la dépendance, au sens de la vie, au passé, à la filiation, etc. Un peu plus de 200 pages et tout ça est abordé sous un angle brut qui fera fuir les âmes sensibles. Alcool, drogue, addictions, ambiance scatologique, autant dire qu'on n'est pas dans de l'édulcoré.

J'ai apprécié l'atmosphère new-yorkaise (le roman se déroule à Brooklyn). Les personnages sont à la fois repoussants et attachants. Toute la structure du roman est à rapprocher du théâtre, un drame en quatre actes. Les espaces et décors sont limités, les personnages sont peu nombreux, leurs relations complexes, le rythme prend son temps et les dialogues nous sont familiers. Je ne suis pas allée jusqu'à m'identifier aux personnages mais j'ai eu la sensation de bien comprendre leur logique respective et leurs attentes.

"Tout est brisé" n'est pas le roman du siècle et si vous n'avez pas le moral, passez votre chemin, mais au-delà de son réalisme pas très glamour se niche une forme d'espérance annonçant peut-être un arc-en-ciel.

"Somewhere, over the rainbow..."


Challenge TOTEM
Commenter  J’apprécie          380
Noir c'est vraiment noir , dans ce second roman de William Boyle ou l'on suit les affres quinquagénaire, secrétaire médicale un peu à la dérive et de son fils homosexuel triste qui noie son chagrin et sa déprime dans l'alcool dont les retrouvailles après une longue absence seront assez douloureuses et rongés par les non dits et les regrets.

Roman sur l'âpreté de l'existence, à la fois sombre mais plein de douceur "Tout est brisé" est un très beau roman, car Boyle n'a pas son pareil pour décrire ces êtres abîmés par la vie avec sensibilité et une belle leçon de combativité , loin des standards littéraires américains trop bien formatés.

" On s'en fiche de savoir de quoi tu es les roi. Peut-être que tu es le roi de paumés. Dresse toi et annonce le à l'univers ! "
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          370
Erica se sent si seule à Brooklyn. Après son mari, c'est sa mère qui est décédée d'une mauvaise chute. Elle doit jongler entre son travail et son père, qui sort de l'hôpital après une mauvaise pneumonie. Plutôt bourru et têtu, celui-ci ne veut pas rester en maison de repos. Quand Erica reçoit enfin des nouvelles de son fils Jimmy, parti vivre à Austin, elle voit là une petite lumière dans son obscur quotidien. Mais Erica et Jimmy ne se comprennent pas. La cohabitation est chaotique et chacun tente difficilement un pas vers l'autre…

Je découvre William Boyle avec ce roman, Tout est brisé. L'histoire d'Erica et Jimmy est celle de la vie ordinaire, de relations familiales tendues et d'une Amérique où les rêves ne sont pas aussi faciles à atteindre que ce qu'on veut bien le dire…

Comme dans la réalité, Erica et Jimmy sont deux personnages ambivalents. Ils sont touchants dans leurs fragilités, leurs peurs, leurs angoisses, mais ils sont aussi un tantinet exaspérants dans cette façon mélancolique de voir l'avenir. Erica, que rien ne fait vibrer, pour qui tout est insurmontable, ne voit que l'ancien petit garçon qu'était son fils. Jimmy lui, n'a jamais vraiment quitté l'adolescence, sans qu'aucune responsabilité ne lui incombe, sans jamais vouloir se prendre en mains.

Entre tensions, regrets, culpabilité et reproches, ces deux-là se regardent en coin et ne laissent aucune place aux sentiments. Ils leur faudrait pourtant peu de choses pour compter l'un sur l'autre.

On les quitte au coeur d'une tempête, espérant que cet isolement les rapproche, qu'enfin ils puissent s'appuyer sur une épaule solide et enfin calmer ce vide qui les détruit de l'intérieur…
Commenter  J’apprécie          210


critiques presse (1)
Actualitte
21 décembre 2017
Tout est brisé est une leçon de combativité et d’espoir portée par des losers qui ne sont pas magnifiques. William Boyle signe avec ce second roman quelque chose d’unique, loin des standards littéraires américains trop bien formatés.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
C'était un homme bon, un père tendre, et de toute façon les pères n'étaient pas censés être trop câlins, ni vous dire qu'ils vous aimaient, ni vous embrasser le front pour vous souhaiter bonne nuit. Ils étaient censés être durs, n'est-ce pas ? Quelles conneries, tout ça.
Commenter  J’apprécie          220
Rien ne lui avait été épargné. Ça avait commencé par Jimmy qui avait déménagé au Texas et ne l’appelait jamais.Puis Eddie était mort d’une tumeur au cerveau à l’hospice de l’hôpital Lutheran, et elle avait englouti toutes ses économies dans les funérailles. Lorsque sa mère s’était cassé la hanche en se rendant chez Augie’s pour faire un loto, Erica s’était demandé pourquoi Dieu tenait tant à la punir
Commenter  J’apprécie          120
Toutes ces choses qu'on abandonne. Le vieil homme avait toujours dit que le monde finirait en tas d'ordures. Il n'y aurait ni explosion nucléaire ni déluge, juste des déchets, des tonnes et des tonnes de déchets, et nous en train de nous noyer dedans.
Commenter  J’apprécie          170
Aucun rêve, une fois réalisé, ne ressemblait jamais à ce qu'il était à l'état de rêve.
Commenter  J’apprécie          392
Dehors, le monde parut à Jimmy beaucoup plus éclatant qu'il n'aurait dû l'être, les arbres plus verts, le ciel plus bleu. Ça l'avait toujours étonné. À jeun, il passait son temps à se plaindre de la laideur généralisée. Ivre ou avec la gueule de bois, le monde lui semblait d'une beauté parfaite et il n'y voyait qu'un défaut, lui-même.
Commenter  J’apprécie          80

Videos de William Boyle (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Boyle
Eteindre la lune
autres livres classés : relation mère-filsVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (246) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature LGBT Young Adult

Comment s'appelle le premier roman de Benjamin Alire Saenz !?

Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers
L'insaisissable logique de ma vie
Autoboyographie
Sous le même ciel

10 questions
40 lecteurs ont répondu
Thèmes : jeune adulte , lgbt , lgbtq+Créer un quiz sur ce livre

{* *} .._..