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EAN : 9782878583373
272 pages
Viviane Hamy (05/01/2017)
3.74/5   721 notes
Résumé :
Les Trois-Gueules, forteresse de falaise, happent régulièrement un enfant au bord de leurs pics, et si les villageois l'acceptent, c'est qu'elles sont l'antichambre du paradis. Au village, Benedict prend la relève de son père, médecin au service des habitants. Il fait la rencontre d'Agnès. C'est le coup de foudre. Des années après, Agnès vit un autre choc, plus violent, dévastateur.
" Tout se savait. Absolument tout. Si vous donniez un coup de pied dans un ca... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (198) Voir plus Ajouter une critique
3,74

sur 721 notes
C'est le neuvième livre de ce jeune auteur de vingt-sept ans. Cécile Coulon doit à présent être rompue à cet exercice. Je n'ai pas lu ses autres livres, je ne peux donc pas me risquer à des comparaisons. Cependant, je me pose sérieusement la question de savoir si ce n'est pas avant tout du fait de son âge qu'on lui tresse autant de lauriers.

Il s'agit ici d'une histoire sur l'implantation d'une famille à la campagne. On commence par celui qui deviendra le grand-père et on va jusqu'à la troisième génération. C'est raconté chronologiquement et non par allers et retours entre le présent et le passé. Là je m'arrête et me dis : l'histoire de trois générations racontée sur deux cent cinquante pages, ça doit être sacrément condensé. Et je me dis que, en étant arrivé à son neuvième, son style doit être bien affûté. Ce style n'est d'ailleurs pas dénué d'intérêt.

Commençant ma lecture, je découvre de belles descriptions de paysages et du pays qui contiendra cette histoire. Dès les premières pages, il y a de belles images poétiques, certaines m'apparaissant parfois étranges.

Il y a très vite une opposition catégorique entre ceux des Fontaines (le village) et ceux qui viennent de « l'autre côté » (la ville), qui nourrit un sentiment étrange qu'elle ne développe pas et qui au fil de ma lecture finit par me mettre mal à l'aise, comme s'il y avait un trou béant dans son tableau : le décor manque de consistance. Ce lieu est vu comme un paradis terrestre et tout à la fois comme les portes de l'enfer. On est laissés à cette étrange opposition qui ne sera pas développée, pas même par de légères suggestions.

J'ai rencontré beaucoup d'images et de métaphores bancales, non pertinentes et malheureuses, certaines assez grotesques. Il y a un délayage de descriptions et pour certaines très régulièrement rabâchées. Elle veut être bien sûre qu'on ne se perd pas en route, mais ça devient presque une insulte à l'intelligence du lecteur et à sa capacité de mémoriser ce qu'elle nous donne. Elle enfonce le clou pour bien s'assurer qu'on ne comprendra pas autre chose. Je ne citerai qu'une seul phrase de ce procédé qui se répète dans le livre quasiment à chaque page : « L'air frais le rafraîchissait. » p.112. Cette courte phrase résume bien le propos. Il y a probablement eu un manque de temps pour la relecture.

Sans surprise je n'ai pas accroché à l'histoire, la mayonnaise ne prend pas. de trop nombreux aspects manquent de concret et je n'ai ressenti que très peu de chaleur humaine dans cette histoire. Les dialogues sont assez prévisibles et les personnages agissent trop souvent comme des pions qu'on déplace sur un plateau de jeu.

Ce n'est pas que l'écriture soit trop sage, mais elle est froide, elle manque d'investissement affectif. Elle ne gratte pas trop sous la surface convenue que tout un chacun peut percevoir par soi-même. On dirait une démonstration scolaire lapidaire qui se répète uniquement pour faire du remplissage.

L'histoire est donc lisse, manque de développements et d'approfondissements alors qu'il y a la matière pour. Elle reste trop dans la théorie au lieu de donner des anecdotes qui ancreraient le lecteur dans l'histoire. Elle manque d'aspérités, de tout ce qui suscite le sentiment d'avoir des atomes crochus avec au moins un personnage.

C'est un véritable défi de faire tenir une telle histoire dans si peu de pages et, qui plus est, elle délaye à outrance. Je me suis posé la question suivante vers les deux-tiers du livre : si le centre de l'intrigue se situe à la troisième génération, pourquoi partir du tout début et raconter chronologiquement l'histoire de la famille plutôt que de commencer à ce qui intéresse l'intrigue tout en la ponctuant d'évocation de souvenirs en filigrane qui s'entrelaceraient avec la narration de la situation présente ? Évidemment, ça aurait modifié le récit du tout au tout et il faut faire des choix. Je ne blâme absolument pas l'auteur d'en faire, c'est quelque chose de très difficile lorsqu'on compose une histoire. Je suis simplement des pistes de réflexion.

Là où elle pèche le plus, c'est dans la lourdeur d'un style redondant de petites phrases qui se répètent et tournent à vide. Je me risquerai à supposer qu'elle a très peu modifié son premier jet et qu'elle l'a recopié quasiment tel quel, au vu des disparités que j'ai perçues tout au long du récit, les éléments s'articulent assez mal. L'harmonisation est un gros morceau de la phase de relecture et il prend du temps et de l'énergie mais c'est à ça que l'on voit la maturité d'un écrivain. La fin, quant à elle, est bien mais ne rachète pas la lourdeur du développement qui piétine beaucoup trop. On pourrait facilement retirer une bonne centaine de pages sans perdre un seul élément utile de cette histoire.

L'évocation vivante de cette nature fait cruellement défaut (Cécile Coulon a déclaré elle-même que le lieu de ce roman est le personnage principal) pour faire ressentir au lecteur tous les effets et les impressions de ce genre de vie. J'ai vécu à la campagne et je n'ai rien ressenti qui me fît m'y sentir dans ce livre. Il y a trop de distance. Il est froid. Je ne ressens pas d'empathie.

C'est l'opposition catégorique d'Élise, qui disparaît rapidement de l'histoire, et qui n'est pas approfondie, qui a jeté un froid dans mon esprit. Il y avait là matière à des développements intéressants sur l'intranquillité de ce personnage (celle d'Agnès est plus développée) et les raisons de son inadéquation au monde qui est le héros du livre. Ce n'est même pas qu'il y ait trop de flou, il n'y a pas assez d'éléments pour bâtir une histoire solide. C'est d'ailleurs paradoxal vu le sujet.

Je pense qu'un tel sujet est très ambitieux et requerrait au moins une année d'écriture ainsi qu'une immersion pour bien s'imprégner de l'atmosphère à rendre.

Mon sentiment général est que ce livre a été écrit sous la pression d'un délai et avec un grand manque d'investissement affectif, ce qui est terrible pour un ouvrage de littérature et d'autant plus dommage que le sujet lui tient particulièrement à coeur. Je comprends que l'on encourage l'auteur, qui a du talent et de l'envie, mais je trouve déplacé de l'encenser de façon aussi obséquieuse comme si ce qu'elle écrit était génial et parfait. Certes, il y a du bon mais il faut aussi pointer les défauts, qui ne sont pas petits. Si elle s'habitue à ces louanges, cela risque de l'empêcher de progresser.
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Des a priori idiots peuvent nous faire passer à côté de lectures formidables.
J'ai failli bouder ce roman à cause :
- de la maison d'édition, dont certains auteurs me tiennent à distance (F. Vallejo) ;
- de l'auteur, pour diverses raisons : parce que je n'ai pas aimé une de ses nouvelles, parce que je trouve ses titres posés et prétentieux façon Nothomb, parce qu'elle est proche de quelqu'un que je connais, et que je ne pensais pas pouvoir la lire de manière objective.

J'ai bien fait de céder à la curiosité en empruntant cet ouvrage à la bibliothèque.
Je le commence un soir, pour voir. Scepticisme sur les premières pages : j'ai déjà lu ce genre, du roman du terroir contemporain, sans gros sabots terreux, tout en finesse, comme j'aime, de temps en temps, façon Sandrine Collette, Myriam Chirousse, Fabienne Juhel, Franck Bouysse. Alors oui, bien, mais bof, je ne sais pas si j'ai envie de ce genre d'atmosphère en ce moment, avec du rural, du taiseux, du beau paysage... On verra demain.
Je poursuis le lendemain, toujours pour voir, sans grande conviction. Je suis ferrée, rapidement. Malgré un soupçon de maniérisme qui m'agace (trop de métaphores artificielles), j'aime de plus en plus cette plume douce, limpide, pudique. Cécile Coulon raconte très bien, suggère aussi, respecte ses personnages, et à part deux ou trois abrutis finis, nous les fait aimer - les ouvriers de la carrière, les paysans, les médecins et leur famille. La tension va crescendo, les émotions se succèdent - sérénité, crainte, colère, tristesse...

Malgré quelques repères chronologiques (seconde guerre mondiale et mai 68, vite évoqués) cette histoire est atemporelle, tout comme le ton de l'auteur, tellement ciselé qu'il semble être d'une autre époque, et tellement maîtrisé qu'il semble être celui d'un 'vieux sage' - elle est si jeune, Cécile Coulon, elle a écrit cet ouvrage à vingt-six ans !

Ce roman m'a captivée, charmée, émue, et je sens que Valère, André, Clément et quelques autres, avec qui j'ai vécu pendant deux jours, vont m'accompagner encore...
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Les Fontaines, un village minuscule, humide et brumeux, couvert de pierre, d'eau, de terre et d'herbe. Un village sauvage au bord de trois falaises, surnommées les Trois-Gueules, dû à leur forme. Une entreprise d'extractions, Charrier frères, à la fin de la seconde guerre mondiale, redonna aux Fontaines un semblant de vie. Les fermiers côtoyèrent alors des ouvriers, des types aux visages blancs de poussière, les bien-nommées fourmis blanches. André, jeune médecin qui a déjà vu mourir beaucoup d'enfants, entendit parler des Trois-Gueules. Il quitta alors Lyon, s'y installa et répara ces fourmis blanches, changeant ainsi leur existence. Lorsqu'un soir, il se rendit au chevet d'un enfant mort, il tomba amoureux de la maison et sut que ce serait ici qu'il vivrait. C'est ainsi qu'il s'y installa, deux ans plus tard, tout en continuant à exercer au cabinet du village. Bientôt sa vie se trouva chamboulée avec l'irruption inattendue d'un p'tit bonhomme, un dénommé Benedict, un enfant qu'il eut avec Élise, un soir de déprime. Ne supportant pas cette vie à la campagne, elle laissera le petit garçon à son père...


Cécile Coulon nous offre un roman ancré dans la terre, un roman de terroir puissant habité par des personnages riches, écorchés et au fort caractère que l'on suit durant trois générations. Au coeur, les Trois-Gueules, personnage à part entière omniprésent, oppressant parfois, plombant et immuable. L'auteur tisse, au fil des pages, une trame dramatique autour de la famille de André, sur trois générations, puis tresse cette histoire avec celle d'une autre famille, non pas notable mais paysanne. Deux familles liées par un secret. Une intrigue passionnante et saisissante sur fond historique qui l'est tout autant, à savoir l'exode rural, les inégalités sociales ou encore la place des femmes. Au coeur de ces terres reculées, au milieu de cette nature capricieuse, de ces coups du sort, cette saga familiale, d'une puissance rare, agrippe le lecteur dès les premières pages. L'écriture est vivante, minérale, précise, et Cécile Coulon décrit avec virtuosité et justesse aussi bien ces paysages séculaires et oubliés que les scènes du quotidien. Un récit âpre, fort et enfiévré.
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Sous la plume de Cécile Coulon, la saga familiale a des allures de tragédie grecque. Trois saisons d'orage c'est une famille de notables qui, sous l'impulsion du patriarche André, s'installe au coeur d'une contrée isolée dont le ciel mystique ne pardonne pas les passions. Sauf qu'ici les dieux ont pris l'apparence de falaises. Imposantes et menaçantes, les Trois-Gueules noient sous leur ombre ceux qui ne sont pas nés ici tout comme elles recouvrent de poussière blanche les ouvriers venus creuser leurs flancs.
Il n'en faut pas plus pour l'auteure qui, en voulant donner à son roman la force tellurique de cette vallée mystérieusement hostile, fait plier l'intrigue sous le poids d'un drame à venir. Style très démonstratif, menace floue et continue, sécheresse électrique qui annonce l'orage au sein de la famille, l'auteure se donne l'apparence d'un prédicateur.
Mais la volonté de glisser sur une tension permanente jusqu'à en épuiser la substance ne suffisent pas à animer les personnages. Même si ceux-ci sont écrasés par le destin. Pire, ils frôlent parfois la caricature. La faute à un style qui dévore l'intrigue, un goût du mélodrame qui empêche l'auteure d'articuler avec subtilité les différents éléments de la tragédie. Bien dommage car j'étais fortement séduite par l'idée de départ. Au final, tout le récit est plombé par ce qui ressemble à une forme de bégaiement, la mécanique dramatique tourne à vide, elle s'épuise d'elle même.
Première incursion dans l'oeuvre de Cécile Coulon, je ne sais pas si le roman plaît aux fans de l'auteure, en ce qui me concerne je suis restée dubitative une fois le livre refermé. C'est un livre trop épais pour ce qu'il a réellement à dire. Toutefois, et malgré tous ses défauts, c'est un récit qui a étrangement retenu mon attention. A croire que les falaises exercent aussi leur puissance sur moi.
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L'histoire de ce village et des deux familles nous est raconté par le Père Clément « Seul un homme qui n'a pas d'histoire peut raconter la leur. » dit-il. Il fait appel à ses souvenirs. On sait dès le départ qu'il y a eu un drame, mais l'histoire est tellement bien racontée, qu'on l'oublie.

Il y a, d'abord, l'histoire du village, les « Trois-Gueules », défilé de roche grise, divisé en trois parties, dont la richesse vient de la pierre, exploitée par les frères Charrier, qui donnent du travail aux gens, qu'on appelle les fourmis blanches, tant la poussière est présente.

La nature est omniprésente, majestueuse, rappelant sans cesse que c'est elle la patronne, même si les hommes pensent pouvoir la maîtriser.

Un médecin, André, qui a déjà côtoyé la mort d'enfants, a tenté d'oublié au cours d'une soirée bien arrosée, qui s'est terminée dans un lit avec une femme, Élise. Il est appelé au chevet d'un enfant dans la grande bâtisse. Il ne peut rien faire, il est trop tard mais le choc est important, et il décide d'installer son cabinet dans le village et d'acheter cette maison et la transformer.

Un jour, une femme arrive avec un enfant de 4 ans Benedict, qui veut connaître son père. Ils vont tenter de faire connaissance et construire leur vie. Cette famille est touchante, avec l'étude de la vie des médecins et de leur famille dans ce lieu perdu, où l'on est accepté que si on y est né. Agnès, la femme de Benedict vient de la banlieue, garde un pied en ville mais s'intègre très bien dans la maison et le village.

Le village se transforme sous l'action du maire, des investissements de la carrière pour que tout se réalise sur place, pour garder la main d'oeuvre. le village vit sur lui-même, seul le curé connaît les secrets de chacun. Les points de repère, de rencontre des habitants, sont le café du village et la fête annuelle.

L'auteure nous raconte aussi l'histoire qu'une deuxième famille, Maxime, sa femme Delphine et leurs quatre enfants, des fermiers, dont le travail est rude, les enfants s'entendant très mal.

Le point de rencontre entre les deux se fait par les enfants : Bérangère la fille de Benedict et Valère un des fils des fermiers, qui se rapprochent dès l'école et qu'on va suivre jusqu'à l'âge adulte. En parallèle, on voit se construire le collège, puis le lycée, sous l'égide des frères Charrier, pour que le village soit autonome, suffisant à ses besoins : l'enseignement, mais aussi, les produits des fermes alimentant les habitants.

Tout est construit de manière à éviter de se rendre en ville, et on ressent cette opposition entre ces deux mondes qui vivent en parallèle.

Cécile Coulon décrit bien cette période particulière, les trente glorieuses, où tout était à construire, tous les espoirs permis, où chaque génération voyait son avenir meilleur que la précédente, la solidarité de mise, ce qui réveille un sentiment de nostalgie, presque de paradis perdu, si éloigné de notre époque actuelle…

« Ni insolente, si gâtée, elle jouissait de la force de ceux qui ne croient pas en l'avenir parce que l'avenir ne leur fait pas peur. L'avenir est une notion abstraite qu'ils dédaignent parce qu'ils savent d'emblée que tout ira bien. » P 93

J'ai aimé la description de la nature, du Chalet, cette maison qui domine le village, des conditions de vie des uns et des autres, de leurs histoires, leurs relations intimes, leurs émotions.

Cécile Coulon a style rapide, voire lapidaire, percutant, la tension monte, on sent bien qu'il va se passer quelque chose qui risque de tout faire voler en éclat. Elle analyse de belle manière les sentiments, amour, amitié ou autres, les disséquant parfois de manière presque chirurgicale.

J'ai lu ce livre parce que l'auteure vient dédicacer son livre à la bibliothèque dans quelques jours. J'avais noté ce titre lors du passage de l'auteure à La Grande Librairie car elle m'avait intriguée, mais pas franchement emballée. Mais, son univers m'a plu, j'ai passé un bon moment de lecture et j'ai envie de lire un autre de ses romans.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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critiques presse (2)
Actualitte
12 juin 2017
On retrouve dans le neuvième livre de Cécile Coulon la puissance d’évocation, la densité du style du Roi n’a pas sommeil et la confirmation de son immense talent.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaPresse
12 mai 2017
Voilà un roman majestueux, avant tout dans l'écriture - maîtrisée, soignée, constante tout au long du récit.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (124) Voir plus Ajouter une citation
La forêt crache les hommes comme des pépins, les bois bruissent, des traînées de brume couronnent leurs faîtes au lever du soleil, la lumière les habille. À l'automne, des vents furieux secouent les arbres. Les racines émergent alors du sol, les cimes retournent à la poussière, le sable, les branches et la boue séchée s'enlacent en tourbillons au-dessus des toits. Les fourmis s'abritent dans le ventre des collines, les renards trouent le sol, les cerfs s'enfuient ; les corbeaux, eux, résistent toujours à la violence des éléments.
Les hommes, pourtant, estiment pouvoir dominer la nature, discipliner ses turbulences, ils pensent la connaître. Ils s'y engouffrent pour la combler de leur présence, en oubliant, dans un terrible excès d'orgueil, qu'elle était là avant eux, qu'elle ne leur appartient pas, mais qu'ils lui appartiennent. Elle peut les broyer à la seule force de sa respiration, elle n'a qu'à frémir pour qu'ils disparaissent.
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Seule la terre comptait. Qu’elle explose, qu’elle vive, qu’elle déborde. Ils la vénéraient, ils la dressaient comme on apprivoise un cheval fou qu’on fait danser sur deux pattes pour des spectateurs médusés. Le terre donnait l’herbe, la pierre, l’eau, les arbres. La fortune des Fontaines venait d’elle, personne ne la gaspillait, ne la malmenait. On ne l’insultait pas quand les récoltes étaient mauvaises, on s’en prenait aux enfants, aux vieillards, à Dieu même, mais pas à la terre des Fontaines. Ses forces bouillonnaient, accordaient tout ce dont ils avaient besoin et plus encore, elle veillait sur eux, et, quand elles emportaient un enfant, on pleurait longuement, mais personne ne reniait la terre, personne n’élevait la voix contre les forces des Trois-Gueules, elles régissaient tout, elles n’avaient pas de nom, pas de forme, elles étaient le vent qui soufflait à travers les arbres, l’orage qui démontait les toits des maisons, les torrents énervés au pied des carrières, elles étaient le froid qui tombait brutalement à la fin du mois d’octobre, les cailloux qui s’enfonçaient dans les pieds nus des adolescents. Les forces étaient partout.
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Les hommes, pourtant, estiment pouvoir dominer la nature, discipliner ses turbulences, ils pensent la connaître. Ils s’y engouffrent pour la combler de leur présence, en oubliant, dans un terrible accès d’orgueil, qu’elle était là avant eux, qu’elle ne leur appartient pas, mais qu’ils lui appartiennent. Elle peut les broyer à la seule force de sa respiration, elle n’a qu’à frémir pour qu’ils disparaissent. P 9
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-Ce n'est pas votre faute,quelque chose s'est arrêté, répétait-il,vous ne devez plus chercher des raisons,sinon vous perdrez;n'oubliez pas l'enfant mort,mais n'oubliez pas celui qui reste.Nos vies ont un terme,mais la vie persévère .(p27)

(Paroles du médecin aux parents d'un enfant mort subitement)
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Je vous parle d’un endroit qui est mort mille fois avant mon arrivée, qui mourra mille fois encore après mon départ, d’un lieu humide et brumeux, couvert de terre, de pierre, d’eau et d’herbe. Je vous parle d’un endroit qui a vu des hommes suffoquer, des enfants naître, d’un lieu qui leur survivra, jusqu’à la fin, s’il y en a une. P 10
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