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EAN : 9782070325856
480 pages
Gallimard (29/06/2006)
3.69/5   16 notes
Résumé :

" Je suis seul avec cette femme qui me paraît inconnue et qui désormais tient ma vie entre ses mains ; avec ces deux pékinois, baroques parmi ces montagnes ; seul sur la place d'un village étranger Ma mère, ma sœur, mon père, notre pauvreté m'apparaissent comme terre promise. " Poursuivant la confession d'un enfant du dernier siècle commencée avec L'Amant du poivre d'âne et Apprenti, Pierre Magnan met... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pierre Magnan a une langue que je trouve belle, j'aime sa simplicité et en même temps encore plus sa richesse de vocabulaire parfois surprenante… “Noumène”, “rédimer”, “dépouilles opimes” ne sont pas des termes que je rencontre souvent ni que je comprends forcément d'emblée d'après le sens de la phrase ! Alors c'est un plaisir de devoir parfois chercher une définition pour profiter pleinement du texte.

Ce récit à la fois autobiographique et sûrement très subjectif narre ses débuts d'écrivain, jeune amant d'une écrivaine qui, elle, est d'âge mûr. Elle est connue, enfin connue à cette époque et lui pas du tout au début… Ils rencontrent d'autres écrivains dont Giono et Gide, des grands éditeurs. C'est une époque spéciale, c'est la guerre, l'occupation, puis la libération. On a souvent l'impression d'être nous-mêmes présents.

Un thème récurrent est celui de son attirance pour le sexe féminin, il est manifestement immature, ni fiable ni honnête (sauf pour son autoportrait souvent amusant mais pas très sympathique). Il se juge avec sévérité aussi quant à son niveau d'écrivain, conscient d'avoir un tout petit talent bien éloigné de celui des “monstres sacrés”, même s'il commence à intéresser de grands éditeurs.

J'ai trouvé des longueurs mais la fin mérite vraiment d'être lue : la maturité arrive sans prévenir, l'altruisme aussi apparaît et c'est un peu une lumière au bout du tunnel. Enfin une partie toute positive !
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Suite de « L'amant du poivre d'âne » et d' « Apprenti » ce troisième volume autobiographique de Magnan clôt les années d'apprentissage : auprès de Thyde Monnier sa maîtresse quinquagénaire ,peu aimée (et beaucoup trompée) , il est introduit dans les milieux de la littérature et du cinéma dans cette période de la guerre . Il connaît les camps de jeunesse, côtoie des résistants, fuit le STO . Et toujours sur l'horizon Jean Giono son gourou .
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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
J’allai un jour avec Thyde prendre le thé chez cet universitaire et T.S Eliot était là, modestement assis dans un fauteuil. L’auteur de Meurtre dans la cathédrale était un homme pas très grand, relativement âgé et qui, à l’inverse de Giono et de Gide, ne se signalait par aucune originalité vestimentaire. Ce dont il n’avait surtout pas l’air, c’était d’être américain. Il était entouré, c’est peu dire, ils étaient à genoux à ses pieds, par deux ou trois écrivains niçois jeunes et aux dents longues, lesquels méprisaient Thyde Monnier et pensaient faire une grande carrière. Mais à l’entrée de Thyde, Eliot se leva et vint l’embrasser sur les deux joues. Naguère, en français – il parlait notre langue sans l’ombre d’un accent –, il avait lu La Rue courte et en avait été impressionné.
J’eus le temps, en dépit de ses admirateurs, de lui parler de Meurtre et d’où et de quelle manière je l’avais d’abord entendu. Et c’est là qu’il me dit : « Ce qui a fait la valeur de ma pièce, c’est la traduction pour ainsi dire gothique, que Fluchère en a tirée. »
Ce sera ma dernière rencontre pour longtemps avec l’un des vrais grands de la terre, l’un de ceux qui élèvent l’âme par leur création et dont la seule présence permet d’avoir confiance en la décourageante vie.

Chapitre 11
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(...) c’est dans ce Manosque que je ne reconnais pas, où tous les vieillards qui maintenaient notre civilisation semblent avoir fondu dans la tourmente, que je vais moi m’offrir une histoire d’amour pour m’éclaircir le ciel.
Les filles de 1944 ont de hautes coiffures, de hauts talons de liège, de courtes jupes ; comme celles d’aujourd’hui elles se ressemblent toutes, mais moi je vais en distinguer une parmi ces ressemblances que je vais croire unique. Elle s’appelle Ève. Elle est fille de Juifs réfugiés et elle vient librement avec les garçons s’attabler au Café Glacier pour y boire un chocolat. Il ne me souvient plus si elle avait de beaux seins, de belles fesses (je ne crois pas). Je tombe en arrêt devant elle et je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu’elle est seule fille parmi trois garçons, trois amis d’enfance que j’ai connus avant-guerre. On m’interpelle, on m’accueille, on me fait place. Me voilà assis à cette table de marbre en face d’Ève. Je n’analyse pas mes sentiments. Je suis subjugué. Je suis tétanisé. Je ne sais si je veille où si je rêve encor. Peut-être parce qu’elle est seule fille parmi tant d’hommes. Mais non, au hasard des tables je vois d’autres amies d’enfance qui boivent et qui fument.

Chapitre 9
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C’est alors que nous faisons la connaissance d’un peintre belge qui habite le port de Nice. Il s’appelle Frans Masereel. Son œuvre est très connue. Elle s’apparente à celle de Fernand Léger. (...)
il m’avait pris en amitié et me convia bientôt à venir seul. Il fumait la pipe comme moi, il connaissait bien André Gide et aussi Roger Martin du Gard. Nous parlions interminablement de ces grands hommes qui étaient alors les têtes d’affiche de la littérature française. Masereel savait sur André Gide, que je vénérais à l’égal de Giono, de savoureuses anecdotes. Il avait une bibliothèque d’éditions de luxe de cet auteur presque aussi importante que celle de Giono, dont certaines qu’il avait illustrées. Cet artiste possédait une culture humaine universelle, il ne se prenait pas pour un génie et dans sa peinture l’homme était toujours sa préoccupation majeure.

Chapitre 11
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Je trempe mes lèvres dans le liquide, déjà mon nez m’a prévenu que je devais boire avec révérence. L’aristocratie du vin je l’ai déjà rencontrée chez les Dupont-Ferrier par un Brane-Cantenac, mais mon amour pour le bordeaux date de ce soir-là, avec cette inconnue dans l’immense bonheur de contempler ce ciel d’été avec quelqu’un de beau. (...)

— Nous ne buvons jamais autre chose que du vin et nous ne buvons jamais autre chose que du rouge !

Nous avons ce soir-là achevé à tous les deux la bouteille commencée. Pour moi c’était comme un ami qui me rentrait dans le corps. J’avais le gosier épanoui sous ce parfum. J’avais la chaleur de ce liquide irréel qui m’imprégnait littéralement. Pour un empire je n’aurais pas voulu hâter cet instant ni le transformer. Elle m’a raconté sa vie par morceaux. Elle est dans le vignoble depuis trois générations.

Chapitre 11
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Ève ne fume pas. Elle avance pour boire sa tasse de chocolat, des lèvres précautionneuses sur lesquelles mes yeux sont rivés. Belle ? Non pas, mais comblant d’un coup ce rêve d’un garçon à jeun d’amour romantique depuis qu’en 1938 il a perdu Louisette sur le boulevard de la Plaine. (...)
Je ne la verrai jamais en tant que femme. C’est le terme « jeune fille » qui s’impose à moi sitôt que je pense à elle.

Chapitre 9
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