Ce livre terrible (...) inaugure une oeuvre d’une noirceur radicale et d’un désenchantement persistant.
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Bordeaux, le 2 juillet 1933
Le mariage, mon cher ami, est un étrange état. On avait des
amis : on les oublie ; des habitudes : on les abandonne. On
avait avec la vie, avec les êtres, mille confrontations : on n’a
plus pour se mirer que ce miroir sentimental qu’est l’épouse.
Et ce n’est pas assez encore : il faut qu’on se plaise à cet
agréable servage.
On rencontre une femme ; on découvre qu’on l’aime ; qu’on
est aimé. On juge la vie désormais, sans elle, bien médiocre.
On se promet de lui consacrer tous ses jours. On se gorge
d’égoïsmes. On croit avoir découvert le secret du bonheur.
On s’en vante. On n’a plus de relations qu’avec l’absolu, de
rapports qu’avec les rêves. Et cela dure des années...
Puis un jour, sans avertissement, sans présage, soudainement
on sent une résistance. Le destin jusqu’ici complice, se met à
trahir. La maladie dissocie le couple. Et le malheur avec son
aigre visage apparaissant, chasse un trop fragile bonheur. On
voudrait alors avoir auprès de soi quelqu’un qui sût vous
porter aide. Mais on a fait le vide. Rien de plus seul qu’un
homme marié si sa femme vient à lui manquer. Que la solitude
soit si décevante, certes, on ne le supposait pas. On ne se
doutait pas à quel point préserve la vie à deux.
Ma femme si du moins son état n’inspire plus aujourd’hui
trop d’inquiétude, a été, sachez-le, très gravement malade.
Jean Paul Kauffmann : 31, allées Damour :
Raymond Guérin, 1905 1955
Depuis le
café parisien "Le Rostand"
Olivier BARROT présente le livre ""31, allées Damour :
Raymond Guérin, 1905 1955" de
Jean Paul KAUFFMANN en compagnie de l'auteur. Photos du livre.