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EAN : 9782867465956
120 pages
Liana Lévi (01/03/2012)
3.22/5   223 notes
Résumé :
La splendeur ancienne n’est plus, le palazzo familial se délabre, la plupart des appartements ont été vendus et les trois soeurs se partagent ceux qui restent. Seule l’aînée, Noemi, rêve de reconquérir le faste perdu et de restaurer la demeure sur les hauteurs de Cagliari. Les deux autres s’accommodent de la déchéance. Le sujet sur lequel en revanche toutes les trois s’accordent est l’amour imparfait. Toujours imparfait. Pour Maddalena, qui s’adonne avec persévéranc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,22

sur 223 notes

Je retrouve toujours avec plaisir l'univers de Milena Agus. Elle raconte de roman en nouvelle, depuis sa Sardaigne méconnue et légèrement décalée des histoires de famille plutôt grises avec des percées de couleurs vives. Les personnages féminins et aussi les enfants ont tous un petit grain qui les rend bigrement attachants. Ils sont sur un fil, sauvés par la fantaisie et l'espérance. Et cette Comtesse de Ricotta (2009) ne fait pas exception.
Trois soeurs, descendantes d'aristocrates, occupent trois appartements dans l'ancien palais familial en décrépitude à Cagliari. Il a fallu céder les autres morceau par morceau. Elles tentent toutes les trois de s'adapter à cette dure réalité qui s'impose sans renoncer à leur rêves. Noémie l'aînée, glaciale magistrate, occupe le dernier étage et souhaiterait racheter l'intégralité du palais, appartement par appartement. Maddalena la cadette rêve d'enfants plein la maison. Elle vit à l'étage noble avec son Salvatore. Ils s'échinent à essayer de procréer et élèvent un chien. La troisième, une enseignante chahutée est surnommée La comtesse de Ricotta car la ricotta est un fromage de brebis très doux qui a du mal à tenir le coup quand on le met dans un moule. Elle essaie de bien faire mais elle rate à chaque fois. Elle a un petit garçon Carlino qui semble retardé et qui n'a pas de copains. Arrivent une grossesse et deux hommes singuliers. le premier Elias est le neveu de l'antique nounou récemment revenue au palais après en avoir été chassée. C'est un beau berger insaisissable, intéressé par l'architecture du palais et la porcelaine. le second est un voisin, locataire fraîchement plaqué par sa femme violoniste. Il s'intéresse au petit Carlino. Conte de fée ? Hum...
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« Inutile de vous inquiéter. Je suis malheureux avec bonheur. Mais seul ! »

J'aime beaucoup l'écriture de Milena Agus. Découverte avec Mal de pierres, j'avais été surprise par sa manière très particulière de nous faire bondir dans l'histoire avec simplement quelques mots. J'ai fait des plongées, aussi soudaines que surprenantes, en compagnie des protagonistes dans leurs joies ou peines, et j'apprécie avec quelle facilité elle se livre à cet exercice. Milena Agus, c'est la Sardaigne sous toutes ses formes, un amour pour une terre et ses habitants et le souvenir de splendeurs passées (les descriptions des lieux, des paysages, des gens, de la vaisselle…). Mais surtout, Milena Agus, c'est l'amour tout court. « Parce que faire l'amour avec la personne qu'on aime, on a beau dire, c'est magnifique. » Milena Agus présente des personnages en mal d'amour, en mal d'enfant dans ce roman, avec beaucoup de sensibilité.

« Personne n'aime pour de vrai, et quand on aime ce n'est pas avec passion, c'est toujours pour une raison. »
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Toujours aussi fantasque, décalée et mal adaptée à une vie où l'amour est trop souvent un leurre, Milena Agus signe un petit roman plein de charme, même si la construction et l'intrigue - à supposer qu'il y en ait une - n'en sont pas le point fort.
Trois soeurs, issues d'un improbable mariage entre un authentique aristocrate sarde et une jeune femme fragile de petite extraction, se partagent les quelques appartements qui leur restent après la décadence de la famille, dans un palais de Cagliari, un peu décrépit mais encore de belle allure. Même si elles gagnent petitement leur vie, l'aînée rêve de restaurer la grandeur passée, tandis le couple formée par la seconde, Maddalena, et son mari, se livre à des jeux érotiques en vue de procréer l'enfant dont ils rêvent. La cadette, si maladroite qu'on la compare à un gâteau à la Ricotta, qui s'effondre dès qu'on le démoule, est bien mère d'un petit garçon, Carlino, tout aussi inadapté et désarmant que sa maman.
Toutes trois rêvent de l'amour impossible, fût-ce celui d'un enfant : qui voudrait de ces femmes mal dans leur vie ? Quelle chance peuvent-elles bien mériter, elles qui doutent tant, et sont taraudées d'idées de suicide...
Pourtant rien n'est triste dans cet univers de tendresse et de fantaisie, rien de grave ne peut se produire, car toujours il reste l'espoir, malgré tant de gestes déraisonnables, tant de désillusions... La nature et le soleil sont trop brillants pour que la vie ne reprenne pas son cours cahotant et espiègle.
Un adorable petit texte, surtout dans les premiers chapitres, auquel il ne saurait y avoir de fin ni heureuse, ni malheureuse... Restent le courage de continuer, la générosité et l'espoir qui permettent de survivre à toutes les déceptions
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Je me sens désormais chez moi dans l'univers de Milena Agus,et la lecture de la Comtesse de Ricotta m'a fait retrouvé son sujet de prédilection : l'Amour.
Ses histoires se suivent et se ressemblent et peut-être qu'à un moment je m'en lasserai mais cette fois encore j'ai goûté avec plaisir à la fragilité des personnages, à la poésie particulière qui glisse de la plume de cette auteure. Comme très souvent l'histoire se déroule dans un village sarde. Trois soeurs vivent dans le palais familial , désormais decatit et plus entièrement à elles. Chacune , bien que différemment, ont le mal d'amour. le décalage entre une émotion toujours palpable et même souveraine et pourtant tenue à distance, confère un charme et une attraction puissante sur moi. Il y a encore cette fois, ce petit grain de folie qui émeut, qui rappelle la singularité et la valeur de chaque être pour peu qu'on sache cueillir l'essentiel...Vous devez être une bien belle personne Milena...
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Trois soeurs habitent un ancien palais sarde dont elles ne possèdent plus que quelques appartements… Elles sont les héritières d'un monde disparu mais leurs histoires entrecroisées, au présent, tournent toutes autour de leur quête d'amour, chacune à sa manière… Noémi l'aînée, celle qui voudrait comprendre le monde par la « systémique », rêve de récupérer les fastes et splendeurs d'antan, c'est-à-dire aussi plus prosaïquement de parvenir à racheter la totalité du palais et de le restaurer tel qu'il fut un jour… mais elle menace d'être vieille fille et quand elle aime Elias, un berger beaucoup plus jeune qu'elle sa rencontre avec l'amour tourne vite à la tourmente : tantôt elle se tourmente à rationaliser (« il ne m'aime que par intérêt ») tantôt elle se tourmente à le harceler, vouloir toujours plus, à désespérer de ses absences et de son engagement mitigé, car le bel Elias aime aussi beaucoup les jeunes filles très, très jeunes et ne veut pas s'attacher, se fixer… L'amour donne à Noémi ses plus beaux moments, embellit et rénove sa vie mais il est aussi incompréhensible, imprévisible, imparfait…. Maddalena, la seconde, elle aime son mari Salvatore qui l'aime lui aussi… Ils s'aiment d'amour, et le récit abonde en belles descriptions de rencontres charnelles entre eux... mais l'érotisme heureux a son bord de frustration : ils ne parviennent à avoir d'enfants, en perdent un dans une grossesse avortée et reportent sur un chat leur désir d'enfant en souffrance… Une manière de montrer toujours l'incomplétude, l'insatisfaction, partielle mais inévitable… La plus jeune enfin est appelée Comtesse de Ricotta, car elle est molle et sans doute délicieuse comme ce succulent fromage italien, elle ne réussit rien, elle est bonne aussi, elle veut aider tout le monde, elle rencontre beaucoup d'hommes, a un fils Carlino qui ne fait bien qu'une chose, jouer du piano, et puis s'éprend de son voisin, un homme qui semble gentil et pris dans un chagrin d'amour pour une belle violoniste virtuose, sans doute son épouse, qui a quitté il y a peu son domicile…. La magie un peu surréelle de ce récit tient à l'absence totale d'agressivité ou de réalisme descriptif dans la psychologie des personnages… avec pourtant en contre-point une douce flânerie autour des méandres des espérances amoureuses, "un étrange, un absurde espoir de bonheur ».…. Amour, amour, quand tu nous tiens…. Amour, amour, tu fais courir le monde, toi seul l'enchantes, toi seul illumines ce monde qui ne pourrait être sinon que qualifié d'absurde et privé de sens… Milena Angus dit à sa manière, poétique, par moment sensuelle, par moment allusive, le besoin et les rêves d'amour, la magie des coeurs qui battent la chamade, mais elle le dit aussi prosaïquement, car voici les dernières phrases du livre :
« Parce que faire l'amour avec la personne qu'on aime, on a beau dire, c'est magnifique.
Et voler, et atterrir, et viser la piste sans s'écraser, ça aussi ça doit être magnifique ».
Qualifiera-t-on cela de poétique? de prosaïque ? C'est sans doute dans cet entre-deux et indéfinissable que résident les épices singulières de ce style.

Un tout petit livre d'une centaine de pages dont le charme réside dans ce ton très particulier, allusif et charnel, qui a des affinités avec le réalisme magique latino-américain et une ambiance poétique dont je dirais qu'elle parvient à n'être ni réaliste ni surnaturelle tout en étant quand même un peu des deux, peut-être un peu dans l'esprit du « Festin de Babette »…

Ce roman de Milena Agus tient du réalisme du monde charnel par son goût pour les aliments, les couleurs, les objets anciens : le lecteur a le goût du monde réveillé à l'évocation de ces mets succulents dont on régale les coeurs meurtris ou des évocations rapides mais belles de paysages, objets ou lieux, souvent passés. Il tient aussi du surnaturel, de la magie ou du réalisme magique par le ton léger, aérien, avec lequel il décrit l'univers fragile et déjanté des trois comtesses. Il me semble que l'art de ce livre réside essentiellement dans son ton très particulier, et peut-être la lecture en italien – même si la traduction est correcte – est-elle encore plus charmante qu'en français.

Un petit livre que j'ai lu d'une traite, dont je comprends très bien qu'il ait beaucoup plu et rencontré de nombreux lecteurs, un petit livre pour lequel je ne vais pas bouder mon plaisir mais qui pourtant ne me séduit qu'à moitié… J'en admire le ton, la légèreté, j'apprécie cet hymne à l'amour sans idéalisation, mais n'y trouve qu'une nourriture malgré tout fort frugale, comme une ritournelle certes charmante mais qui demeure privée de bien d'autres harmoniques de l'âme….

Un joli livre dont il me semble que, le charme d'une lecture agréable, rapide et légère passé, on a vite fait le tour….
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critiques presse (1)
Actualitte
29 mars 2012
Même si un soupçon d'inachevée pointe en filigrane, cette histoire laisse la liberté aux rêves. Et en cela, elle est essentielle.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Une des plus belles pièces est un saladier en faïence de Savone à motifs de fleurs roses et bleues avec réparation d'époque faite par un acconciacossius, un raccommodeur de porcelaine.
Il y a aussi une fiammenghilla de la fin du XVIIIe qui vient d'Albissola Superiore, une céramique travaillée à l'éponge de mer avec décor peint à la main. Elles étaient très rares, ces fiammenghille, un genre de plat ovale où on servait le poisson grillé sur des braises de bois odorant, accompagné de ciste et de lentisque. Seule la bourgeoisie en possédait, et grâce aux liens avec la Ligurie et le Piémont datant du royaume de Sardaigne, on en trouve à Cagliari.
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Elle a hérité de la salle à manger, des chaises et des divans tapissés de velours, et des deux grands buffets marquetés à colonnes renfermant de précieux services en porcelaine dont le plus beau, à dessins d'argent, est un de ceux qui avaient calmé le roi. Sur une longue table, des chandeliers en argent massif, et au plafond, un lustre aux branches ornées de pamphile en cristal. Même sa salle de bains est digne d'une princesse, avec une baignoire en céramique sur pieds de cuivre, des objets de toilette en argent posés sur le lavabo, un plafond où des angelots peints lavent leur derrière nu dans de petits lacs.
Mais tout cela resté caché. Un musée fermé au public.
Car Noemi n'utilise que le petit cabinet avec douche et n'entre dans la grande salle de bains que pour y faire le ménage, s'acharnant sur les tâches noires des pieds en cuivre de la baignoire. La salle à manger est noyée sous les couvertures, vieux draps et morceaux de tissu, tandis que que son trousseau de nappes et napperons brodés moisit et jaunit, enfermé dans des coffres en bois gravé sur pattes de lion. Les volets restent fermés, pour que la lumière n'abîme pas ce qu'il est impossible de recouvrir.
L'obsession de Noemi est de conserver intact le souvenir de leur ancienne richesse, et d'épargner pour la reconquérir. Chez elle, elle ne porte que des vieux vêtements. Elle ne va pas chez le coiffeur et ses cheveux sont mal coupés. Elle est mince, parce qu'elle mange peu. C'est peut-être cette manie de tout conserver qui l'a rendue constipée, elle est toujours à la recherche de nouveaux laxatifs et à mis au point un cérémonial consistant à boire à jeun du petit-lait ou de l'eau chaude avec des ferments et du miel, tout en marchant en long en large pieds nus sur le carrelage.
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Les élèves, d'après la comtesse, se moquent de sa façon de parler en prononçant les lettres bien comme il faut, et eux trouvent ça ridicule. Elle les a surpris qui l'imitaient, la bouche en cul de poule, en train de dire zob avec un o ouvert ou connasse avec le o fermé. Elle a bien essayé de s'exercer à prendre l'accent local, mais impossible. Du coup, ça bloque et plus elle approche de l'école, plus elle devient muette. Personne ne la croit, mais elle ne peut plus faire cours, et elle a honte d'avoir toujours le bon accent, honte de ne jamais se tromper. Tout ça à cause des cours de phonétique au lycée, et de cette idiote de prof snob qui voulait les débarrasser de l'accent sarde.
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En montant les marches, entre deux sanglots, la comtesse lui avait raconté qu'elle avait croisé dans la rue l'homme avec qui elle avait fait l'amour cette nuit-là. Il parlait dans son portable et l'avait saluée d'un simple signe de tête, concentré sur sa conversation, puis il avait continué sa route.
"Il ne te mérite pas. Ceux qui ne nous aiment pas ne nous méritent pas, disait Maddalena pour la consoler.
- Mais moi, personne ne m'aime.
- C'est parce que personne ne te mérite.
- Comment pourrai-je être à ce point supérieure aux autres que personne ne me mérite.
- Allons chez moi, je vais te préparer quelque chose de chaud.
- Tu ne sais dire que des banalités. Je ne veux rien boire de chaud, et je ne veux pas manger non plus. Je veux mourir. Vous ne savez dire que des banalités, tous.
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Elle se souvient maintenant, comment c'est, la jalousie, quand le coeur bat la chamade et que les jambes tremblent et qu'on voudrait que tout s'arrête pour cesser de souffrir.
Mais est-ce qu'on peut jamais tout savoir ou tout comprendre, elle n'a plus qu'une hâte, que Salvatore rentre du travail, pour qu'ils aillent au lit faire l'amour.
Parce que faire l'amour avec la personne qu'on aime, on a beau dire, c'est magnifique.
Et voler, et atterrir, et viser la piste sans s'écraser, ça aussi ça doit être magnifique.
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Videos de Milena Agus (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Milena Agus
Soirée de lancement Festival Lettres du Monde avec Milena Agus, Auður Ava Ólafsdóttir et Makenzy Orcel.
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