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Dans le cadre du challenge de l'imaginaire Poul Anderson, le challenge 14/68, mon choix s'est porté sur la lecture de « L'épée brisée » de Poul Anderson et cela en compagnie de Siabelle et d'Eric.
« L'épée brisée » est parue aux États Unis en 1954, et traduite en 2014 en France.
Écrite donc à la même époque que le seigneur des Anneaux de Tolkien, autre monde de fantasy et de faërie.
Histoire au plus haut point épique, elle est inspirée par la mythologie nordique et celtique, on y côtoie les elfes, les nains, les gobelins, les trolls, un changelin puissant mais aussi les dieux ou demi-dieux nordiques, irlandais, le petit peuple de faërie, tout ce monde invisible aux hommes mais qui comme eux est à la recherche du pouvoir et de la puissance.
Le style d'écriture sonne comme un roman du moyen-âge au ton moderne mais poétique.
« Les personnages d'Anderson appartenaient au 11ème siècle et se montraient souvent brutaux, craintifs et superstitieux. Leur vie était brève. L'idée qu'ils se faisaient de l'avenir était plutôt sombre, car ils savaient que Ragnarok était proche. Par souci de sécurité, même les prêtres chrétiens ménageaient les Ases. »

Pour moi un début un peu laborieux, sans trop de puissance dans la narration, mais qui au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire m'a littéralement accrochée, l'amour interdit de Skaflock et Freda, le destin de Valgard, la puissance maléfique de l'épée brisée, m'ont amenée au bout du livre pratiquement d'une traite.
Bonne découverte pour moi, d'un auteur pour moi inconnu niveau lecture, je savais juste qu'il avait écrit La patrouille du temps, que je découvrirai certainement lors de ce challenge 2017...

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C'est par la lecture de «L'épée brisée» que je découvre l'auteur Poul Anderson, et c'est une heureuse découverte ! Je suis ravie de cette lecture :-)

J'ai plongé, avec plaisir, dans un univers de fantasy qui m'a fait un peu penser au «Seigneur des anneaux», que je n'ai pas lu - jamais eu le courage, vue l'épaisseur des pavés - mais dont j'ai beaucoup apprécié cependant les adaptations cinématographiques. On y retrouve en effet un certain nombre de créatures, un objet magique lié au mal absolu, des scènes de bataille et même une histoire d'amour, mais les similitudes s'arrêtent là car tout cela est traité d'une autre manière, beaucoup plus sombre, on peut le dire.

Ici, on fait la connaissance et on va suivre Skafloc et Valgard. le premier est un humain qui a été enlevé à sa naissance par l'elfe Imric et échangé avec le second, un changelin à l'image de Skafloc pour ne pas éveiller de soupçons chez les humains. Skafloc va ainsi être élevé par les Elfes tandis que Valgard va grandir parmi les humains.
Mais Valgard va découvrir un jour la vérité et vouloir se venger...

Je me suis beaucoup attachée à ces personnages.
Si Skafloc m'a paru très hautain et peu sympathique au départ, sa rencontre avec Freda va le rendre plus humain et plus touchant. Franchement, j'ai adoré les vers qu'il a déclamés pour sa belle ! :-) C'est un couple qui m'a touchée par ce qui leur arrive et ils m'ont émue à la fin.
Quant à Valgard, et bien j'ai tout du long espéré du positif pour lui. Il commet des horreurs, certes, mais il est au départ manipulé. C'est un personnage torturé entre sa nature de changelin et son humanité qu'il a acquise malgré tout auprès de sa famille.

Un autre point très positif pour moi fut l'écriture de Poul Anferson. Il se lit très facilement et j'ai trouvé ses descriptions de paysages et d'ambiance très poétiques. Et les vers qu'il introduit au texte lui donnent une ambiance lyrique et scandinave que j'ai beaucoup apprécié.

Je regrette simplement certaines longueurs dans les descriptions des scènes de bataille, mais bon, cela n'engage vraiment que mes goûts.

Il y a aussi ce paragraphe qui m'a interpellé :



Lorsque Skafloc revient du Jötunheim, l'auteur nous liste une série d'aventures que Skafloc a vécu et qu'il ne racontera pas, sous prétexte que ce serait trop long et pas en lien direct avec l'histoire. Je trouve cela vraiment dommage. Il mentionne les annales de Faërie, il est bien gentil mais cela m'a laissé un goût de trop peu...

Bref, mise à part ce petit détail, ce fut une belle lecture qui m'incite vraiment à découvrir d'autres ouvrages de Poul Anderson.


Lecture faite dans le cadre du challenge "Une année avec... Ursula Le Guin et Poul Anderson"
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En d'autres temps (1954), celui qui n'était pas doué de « l'oeil de sorcier » - pouvoir que tout le peuple de Faërie dispose dès la naissance - pouvait ne voir que les sinistres terres du Mordor et les verdoyantes collines de la Comté… pourtant derrière le monumental royaume de Faërie de JRR Tolkien, se trouvait celui de Poul Anderson… Six décennies plus tard, les éditions le Bélial se sont vues attribuer le pouvoir de « l'oeil du sorcier » pour nous traduire L'Epée Brisée et nous dévoiler un autre magistral roman de Fantasy.
Un roman que l'auteur qualifie de geste, des chants d'anciens « lais pleins de violence qui évoqu[ai]ent les voix de la mer, du vent et de la forêt » ; « des chants silencieux sur lesquels l'aurore boréale dansait les nuits d'hivers » ; « des chants capables d'aveugler, d'éblouir et d'enchanter ».
« Si les petits ruisseaux font les grandes rivières, on sait aussi que d'abjectes boucheries font de belles chansons de geste » [Olivier Boile – Les Feux de l'Armure, ma lecture en cours]. L'Epée Brisée est un récit bien plus noir que les terres désolées du Mordor, est un récit violent sur le sort de deux êtres qui sera scellé par une épée maléfique, une épée brisée qui sera à nouveau forgée…
… un scénario qui rappelle vaguement quelque chose - comme ce challenge SFFF 2017 « pour les rassembler tous » qui rime quelque peu avec un anneau pour les gouverner tous - pourtant Poul Anderson nous dévoile un univers qui n'est pas seulement inspiré par la mythologie nordique mais qui est fondé sur elle. Il dépeint un univers de « brumes, de pluies et d'hivers d'une froidure de fer, de mers grises et furieuses, où un pâle soleil perce péniblement entre les nuages pressés », dans lequel évoluent des personnages qui ne sont également que froid et noirceur, chichement éclairés d'une faible lumière glaciale. Et c'est là toute la force de ces personnages qui inspirent l'empathie. Poul Anderson met l'accent sur leurs caractères mauvais voire maléfiques, sur leurs déterminations insensées qui ne mènent qu'au désespoir. Un désespoir né de la folie divine qui est la force même de cette partie d'échec, de cette histoire passionnante et éblouissante. Un roman sinistre qui se révèle comme un enchantement sous la plume enchanteresse de son auteur.
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C'est l'histoire d'un bébé, échangé avec un changelin peu après sa naissance par un seigneur elfe. C'est l'histoire d'une vengeance orchestrée par une sorcière à l'encontre d'un homme et de sa descendance. C'est l'histoire d'une guerre entre les elfes et les trolls aux enjeux supérieurs. C'est l'histoire de jumeaux qui ne sont pas frères condamnés à s'affronter. C'est l'histoire d'une épée maudite qui apporte gloire et malheur à qui la brandit.

Dans la préface, Michael Moorcock nous apprend que l'Épée brisée a été écrit en 1954, la même année que le Seigneur des anneaux. Si ce dernier a eu le succès qu'on lui connait, le roman de Poul Anderson, en France tout du moins, est passé inaperçu. Il aura fallu soixante ans pour qu'une maison d'édition, le Bélial, le traduise dans la langue de Molière. Si Tolkien et Anderson puisent leur inspiration aux mêmes sources, les grandes sagas scandinaves, il en résulte deux oeuvres aux antipodes l'une de l'autre. Comparer les deux est intéressant, mais les opposer n'a pas de sens. Contrairement à Moorcock, qui semble utiliser cette préface pour régler ses comptes avec Tolkien, on peut aimer les deux. Et cela tombe bien, j'ai aimé les deux.

Poul Anderson plonge le lecteur dans une geste héroïque au souffle épique On retrouve dans le récit de grands motifs universels : le destin, écrit par les Nornes, duquel découle la guerre et la vengeance, l'amour, qui ne dure qu'un temps... le héros est destiné à chercher la gloire sur le champs de bataille, pas à terminer ses jours dans les bras de sa belle. Haine, amour, jalousie, mélancolie, ambition, les sentiments sont exacerbés. le texte est moderne, mais retranscrit parfaitement la pureté, l'aspect brut, primitif, des récits dont il s'inpire.

Franchement, j'ai adoré. J'ai dévoré ce roman, mon premier de cet auteur, que j'ai trouvé admirablement écrit. Il y a un vrai élan épique, des personnages non manichéens, de la magie, des combats... Je ressors de ce livre avec des images pleins la tête.
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J'ai beaucoup aimé cet univers, On démarre comme un conte, avec une histoire de vengeance, de méchante sorcière, et les combats meurtriers vont s'enchainer. L'histoire est écrite au passé simple, les personnages sont haut en couleurs, extravagants, un souffle épique nous suit tout au long de l'aventure. Les paysages nordiques sont grandioses, la qualité de l'écriture nous permet de voyager dans l'Angleterre hivernale, les fjords du grand nord et les mondes glacés des Dieux et des êtres mystiques. le monde de Faërie est un monde parallèle au nôtre, peuplé d'elfes, de trolls, de gobelins, de nains et de toutes sortes de Dieux de toutes les mythologies, et plus particulièrement viking et celte. le monde des humains s'efface au cours de l'histoire pour laisser place à cette guerre entre les elfes et les trolls, et comme toutes légendes, le poids du destin ne peut qu'amener la tragédie.
Pourtant, malgré tout ça, mon intérêt à eu du mal à se maintenir tout au long de l'aventure. J'ai trouvé la première partie, concernant la famille d'Orm, la sorcière et la vie de Skafloc chez les elfes, plus attrayante que cette guerre qui traine un peu en longueur à coup de massacres. Je ne me suis pas attaché à la romance, les personnages deviennent de plus en plus froids à tel point qu'il est difficile d'éprouver de l'empathie et j'ai fini par trouver le roman un peu long. Je serais tenté de dire qu'heureusement qu'il n'y a pas deux tome de 700 pages.
C'est certainement dans son genre un très bon roman, sur le thème du destin, plein de magie, d'êtres fantastiques et terribles, mais c'est un genre que je n'affectionne pas particulièrement et j'aime que le paganisme que l'on trouve dans les romans de Fantasy en général ne soit pas trop présent, or ici c'est le sujet même.
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Les elfes, les trolls, les gobelins, Odin, le roi des aulnes et les hommes, tous et d'autres font partie de ce roman de fantasy ,très inspiré par les légendes nordiques.

Un elfe décide de voler un bébé humain pas encore baptisé et le remplace par un changelin. L'échange fonctionne bien du côté de l'humain adopté par les elfes mais le changelin a un caractère bagarreur, violent, à moitié fou et pose problème à son entourage.

Parallèlement, une guerre se prépare, elle va opposer les elfes et les trolls. Chacun des faux-jumeaux va prendre la tête d'un camp et les combats vont mener les uns à la victoire puis les autres, mais les deux frères seront pris par des enjeux qui les dépassent.

Guerre, amour, jalousie, pouvoir, tous les ingrédients d'un bon roman d'aventure sont là; si l'on y ajoute des personnages imaginaires et des dieux un peu tordus on obtient un bon roman de fantasy.

Pour moi qui ne suis pas une grande lectrice de ce genre je dois avouer que trouver tous ses personnages des légendes du grand nord était alléchant, j'ai été moins sensible aux combats, très bruyants et saignants et très présents, mais là aussi un peu inhérents au genre si j'ai bien compris
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Un chef-d'oeuvre oublié et banni de la Fantasy

Pourquoi devriez vous, si vous êtes un adepte de Fantasy, lire ab-so-lu-ment ce roman ?

Parce qu'il y a des elfes naviguant sur des Drakkars, des nains, des Trolls, des Sidhe, les Tuatha de Danaan, Odin et Tyr, le petit peuple et toute la Faërie, des vampires, des démons du Baïkal et des démons chinois, une épée qui a beaucoup inspiré un certain Michael M., des héros dignes des sagas nordiques et des épopées grecques, une dimension tragique et shakespearienne, des berserkers, parce que c'est superbement bien écrit, magnifiquement traduit, d'une puissance évocatrice colossale, parce qu'il y a des batailles épiques et une romance puissante, parce qu'il y a des femmes elfes sournoises et pas avares du tout de leurs charmes (si vous aussi, vous aimez le Seigneur des Anneaux mais que ses elfes tout purs vous lassent…), parce qu'on ne s'ennuie pas un instant mais qu'en même temps ça ne fait pas 1500 pages, etc, etc, etc.

Quoi, vous n'avez pas encore acheté ce livre ? Et vous vous prétendez adeptes de Fantasy ?

Ah, vous voulez plus de détails ?

Un délai de traduction de… 60 ans !

Avant d'examiner le roman, il est nécessaire de faire un rappel historique. Bien que la première traduction date de 2014, L'épée brisée est parue (aux USA) en… 1954. Si ce roman est si bon, allez-vous me demander, par quelle espèce de maléfice a-t'il mis 60 ans pour être traduit ? La réponse est très simple : l'auteur, Poul Anderson, a été mis sur la liste noire des éditeurs de fantasy / SF français dans les années 70, fermement ancrés à gauche, à cause de ses prises de position en faveur de l'intervention US au Vietnam et parce qu'il était perçu comme un auteur réactionnaire. En conséquence, malgré sa vaste production littéraire, et la qualité de celle-ci (récompensée par de multiples prix Hugo), aussi bien en SF qu'en Fantasy, il a fallu attendre des décennies pour que ses romans et nouvelles (il faut rappeler que l'une d'elles à lourdement inspiré Avatar de James Cameron) soient peu-à-peu traduits en France. Et encore, cela n'est du qu'à la passion et au travail d'un seul homme, le célèbre et talentueux Jean-Daniel Brèque (traducteur également de nombre de Dan Simmons).

Conséquence : malgré sa parution il y a 60 ans et sa qualité, personne ou quasiment ne connaît ce livre de Fantasy remarquable. J'espère qu'après avoir lu cette critique, vous aurez envie de combler cette lacune.

Ça ressemble à autre chose, mais à quoi…

Eh, une minute, me direz-vous, 1954 ? Une histoire inspirée par la mythologie nordique et celtique ? Donc on peut faire un parallèle avec le Seigneur des Anneaux, dont le premier tome est sorti cette année là et qui a puisé dans les mêmes influences ? Michael Moorcock démontre à quel point un tel parallèle est peu pertinent dans la préface, et je suis d'accord avec lui. On ne peut pas comparer un livre de 300 pages à une trilogie qui en fait largement plus de mille, le rythme n'est pas le même, tout d'abord, et le livre de Poul Anderson est beaucoup plus violent, tragique, sexuel et rythmé que le Seigneur des anneaux. de plus, Anderson reste très proche des influences mythologiques et culturelles qui lui ont servi de base, alors que Tolkien les modifie et les développe pour créer un monde bien à lui. Enfin, dans les deux cas l'histoire tourne autour d'un objet de pouvoir, pouvant changer le sort du monde, mais ici il s'agit de le réparer alors que chez Tolkien, il s'agit de le détruire. Sans compter que le héros de l'Epée brisée est tout à fait heureux d'utiliser la puissance destructrice de l'arme à son profit.

Non, le vrai parallèle est à faire avec… Moorcock (ce qu'il se garde bien de faire dans la préface). Il y a des passages qui rappellent tellement la description de Stormbringer et de son comportement au combat qu'on ne peut qu'être troublé (rappelons que l'épée brisée est antérieure de plusieurs années au cycle d'Elric). de plus, l'écriture est compacte (la densité de l'histoire pour seulement 300 pages est assez stupéfiante), noire, poétique sans être pédante ou ennuyeuse, et surtout puissamment évocatrice. Bref, on ne peut penser qu'à Moorcock, voire Robert E. Howard à la lecture.

Autre parallèle, Poul Anderson lui-même : si vous avez lu Trois Coeurs, Trois Lions, vous aurez une large idée du traitement des elfes dans l'Epée brisée, sauf que cette fois-ci, c'est dix fois plus puissant et passionnant. Autant le dire carrément, ces elfes là sont aussi éloignés des elfes tolkieniens qu'il est possible de l'être : ils sont manipulateurs, fourbes, froids, sans scrupules, sournois et lascifs. Et personnellement, j'ai trouvé ça très intéressant.

Univers

Le monde est fascinant : en gros, c'est l'Europe du début du deuxième millénaire, avant la conquête normande de l'Angleterre, mais où, invisibles et cachés aux yeux des mortels (sauf ceux dotés de l'oeil-de-sorcier), existent, sur les mêmes terres que les royaumes humains, ceux des créatures de Faërie, aux noms tout droit issus des mythologies nordique et celte. L'histoire suit essentiellement la guerre longtemps différée entre le Trollheim et l'Alfheim, les pays des trolls et des elfes. Elle suit également l'histoire tragique d'une famille danoise d'Angleterre, descendante de… Ragnar Lodbrok (si, si), maudite par une sorcière Saxonne, manipulée par Odin et par les elfes.
Attention cependant, il ne s'agit pas d'une Fantasy Historique à la Guy Gavriel Kay : le surnaturel est en effet omniprésent dans le livre, que ce soit sous la forme de sortilèges, de créatures féeriques, de l'intervention des dieux ou de la présence d'artefacts de pouvoir.

Personnages et écriture

Si vous aimez les héros à la personnalité puissante, ceux dignes des légendes et pas juste d'une histoire, si romanesque soit-elle, vous allez en avoir carrément pour votre argent : le protagoniste principal combat trolls et Jötuns, aux côtés des plus grands héros elfes, sidhe, et jusqu'aux dieux à-demi déchus de l'Irlande. Bref, nous ne sommes pas dans la demi-mesure, c'est de l'épique, du vrai, et on tue par bataillons entiers. Ah, ce n'est pas subtil alors, ça risque de ne pas me plaire alors ? Que nenni, l'écriture est ma-gni-fi-que, poétique et puissamment évocatrice, douce-amère également, notamment sur les thèmes des amours tragiques et du monde merveilleux des temps anciens qui disparaît avec l'émergence du monothéisme chrétien. de plus, les protagonistes sont plus subtils qu'on pourrait le croire de prime abord, parfois psychologiquement inébranlables, parfois à la merci de leurs passions ou d'une infinie tristesse.

Je n'aurai que deux bémols sur ce roman puissant : le premier est que la fameuse épée ne commence à apparaître sérieusement dans l'histoire qu'au bout de quelque chose comme la page 170 sur 300. Ensuite, j'ai trouvé la fin un peu rapide. Mais bon, rien de bien rédhibitoire à vrai dire.

Un dernier mot sur la présentation : couverture parfaitement en accord avec l'histoire, très belles et très fines petites illustrations en noir et blanc à chaque fin de chapitre, marque-page reprenant l'illustration de couverture, rien ne manque et tout est de qualité. La grande classe.

En conclusion

Vous aimez la fantasy puissante, aux grands enjeux cosmiques ou qui changent le monde, évocatrice à la Moorcock, mythologique ou quasiment à la Tolkien ? Ce livre est pour vous. Dense, nerveux, extraordinairement bien écrit, remarquablement traduit, vous ne POUVEZ pas passer à côté de ce chef-d'oeuvre, qui séduira tous les publics adeptes de la Fantasy, de celui aimant les êtres féeriques et les belles descriptions pleines d'adjectifs à celui qui aime quand c'est bien BRÜTAL (comme aurait pu le dire le regretté Lemmy) et que les têtes volent sous les coups d'épées-démons. La seule erreur que vous pourriez faire serait… de ne pas le lire.
Lien : https://lecultedapophis.word..
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En Résumé : J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous offre une Fantasy, certes classique, mais qui se révèle sombre, entraînante et passionnante avec son lot de manipulations, de trahisons, de vengeances et de souffrance le tout aussi porté par des sentiments forts et efficaces. L'univers développé au fil des pages se révèle ainsi dense, solide, captivant, mélange d'histoire et de mythologie, bien porté par des descriptions efficaces et soignées. le panel de personnages qu'on découvre au cours du récit s'avère fascinant, possédant leurs forces et leurs faiblesses, se montrant humain, entraîné plus souvent par leurs émotions que ce soit l'amour ou la haine. La plume de l'auteur est soignée, dense et nous plonge facilement dans ce monde à la fois féerique, sombre et pourtant haletant et intense. Ce roman répond en tout cas pleinement aux nombreuses éloges que j'avais entendues, certes vers la fin certaines longueurs se font ressentir et certains aspects se révèlent devinables, mais franchement rien de non plus gênant tant je me suis retrouve à lire ce livre quasiment d'une traite avec l'envie d'en apprendre plus à chaque page tournée. Je lirai sans soucis d'autres écrits de l'auteur qui m'attendent dans ma PAL.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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L'épée brisée a été écrit en 1954, année de la parution de la communauté de l'anneau de Tolkien qui a eu le succès que l'on sait. L'épée brisée a aussi remporté un grand succès aux États-Unis mais ne fut traduit qu'en 2014, à l'excellente initiative des éditeurs du Bélial. le roman a plusieurs points communs avec le seigneur des anneaux mais il s'en éloigne aussi grandement par de nombreux points en lorgnant vers la Dark Fantasy.

L'épée brisée est inspirée des légendes scandinaves et on y trouve un objet de pouvoir très puissant, voilà pour les points communs avec la trilogie de Tolkien. Mais l'oeuvre de Tolkien est une trilogie qui prend son temps pour raconter une histoire, là où Poul Anderson lui narre une histoire sur un rythme effréné. Enfin, la trilogie de Tolkien a un côté plus lumineux en quelque sorte, avec de l'espoir, des hobbits heureux de vivre, et peu de morts dans les personnages principaux. Poul Anderson se veut plus sombre en montrant la réalité de la nature humaine avec ce qu'elle comporte de violent et de macabre. Cependant, les deux oeuvres sont d'une grande valeur et là s'arrête la comparaison.

La fameuse épée qui donne son titre au roman n'apparait qu'assez tardivement dans le roman, c'est d'ailleurs assez paradoxal par rapport au résumé du quatrième de couverture. le point de départ du récit est une vengeance, celle d'une femme un peu sorcière sur les bords contre un homme, un viking venu conquérir ses terres et tuer sa famille. Sa vengeance sera implacable, cruelle, et aura des conséquences tragiques pour beaucoup. le roman est surtout centré sur la guerre que se mènent les elfes et les trolls et à laquelle vont être mêler les principaux personnages.

Les elfes ne correspondent pas vraiment à ceux de l'univers de Tolkien, ils ont un côté moins humains. Les trolls sont les plus beaux et les meilleurs, ah non c'est pas ça, bon ce sont des trolls quoi, ils ne sont pas présentés sous leur meilleur jour. Leur conflit est le moins que l'on puisse dire épique. Les combats sont très nombreux et impressionnants, ça castagne sec et les morts se comptent par centaines.

L'univers du roman est lié aux légendes nordiques et celtiques, on trouve beaucoup de référence à celles-ci par la nature des créatures présentes surtout, mais aussi par les lieux. le monde ressemble à l'Europe du début du deuxième millénaire avec les vikings et leurs conquêtes. Cependant, il existe un autre monde, caché aux humains, où vivent des créatures un peu plus étranges comme des trolls, des nains, des géants. Les trolls vivent au Trollheim et les elfes dans l'Alfheim. Vous l'aurez compris, le surnaturel est très présent dans le roman, plus que les vikings. Par contre leurs légendes sont beaucoup exploitées dans ce livre. Cette mythologie est très riche mais a aussi un côté sombre qui transparait très bien dans le récit. La violence et la fureur sont ainsi omniprésentes. le mélange d'histoire et de mythologie fonctionne très bien pour nous offrir un univers très dense et fascinant.

Le récit a un aspect saga marqué, ce qui se ressent au niveau des personnages. Les principaux protagonistes sont ceux d'une famille danoise du Danelaw (partie du Nord et de l'Est de l'Angleterre où s'appliquait la loi des Danois et qui supplantait celle des Anglo-saxons). Cette famille est constitué d'un père viking, descendant de… Ragnar Lodbrok par une concubine et d'une mère anglaise et chrétienne. Ragnar Lodbrok est un peu le roi Arthur des vikings, il régna à une époque indéterminée entre 750 et 850. le premier enfant de ce couple fera l'objet d'un échange par les elfes et ainsi Skafloc, l'humain et véritable enfant du couple grandira chez les elfes tandis qu'il sera remplacé dans sa famille par Valgard, un changelin avec du sang troll. le couple aura d'autres enfants qui seront impactés par cet échange. Les personnages sont parfaitement ancrés dans les légendes et le côté saga, mais ils sont bien construits avec une certaine complexité.

Un autre aspect important du roman est la religion et la survie des anciennes croyances par rapport à la religion catholique en pleine expansion. Les dieux vikings conspirent dans ce but, pour continuer à exister. Les humains sous couvert de religion condamnent tout ce qu'ils estiment être contre nature. Ce conflit apparait ouvertement dans l'histoire entre Skafloc et Freda.

Le roman offre un récit d'une très grande densité et une fantasy classique qui joue sur la violence et s'inspire des légendes scandinaves. Les manipulations, vengeances, trahisons et morts sont très nombreuses pour nous offrir un récit sans temps mort. L'épée brisée est un roman épique et entrainant dont je conseille fortement la lecture. À souligner également la très bonne traduction de Jean-Daniel BRÈQUE.
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J'avais jusqu'ici encensé Poul Anderson sur mon blog, cette fois je rajoute un cierge ; auteur aux multiples facettes, s'étant illustré dans la hard-SF, le space opera, le time opera, et, comme on va le voir maintenant, la swords and sorcery, il publie L'épée brisée en 1954, soit la même année que le Seigneur des Anneaux. Durant les invasions vikings, Imric le roi des elfes vole un bébé humain dans le désir d'avoir un fils ; l'enfant devient Skafloc, vaillant guerrier lors de la guerre contre les trolls. Pourtant, cette dernière tourne en eau de boudin, et il part faire forger à nouveau une épée que lui ont offert les dieux à sa naissance. Une épée que l'on dit redoutable, mais aussi maudite afin de ne pas rendre son possesseur surpuissant. Et qui finit, tôt ou tard, par se retourner contre lui. Sans compter que Skafloc a un ennemi dans l'ombre, presque un frère qui le haït pourtant, et les destinées des deux hommes sont irrémédiablement liées…
Difficile de ne pas tomber sous le charme dès les premières lignes du souffle de cette histoire sombre et mélancolique. le style est sobre et dépouillé, se rapprochant par moments des simples annales mais parvenant à glisser avec harmonie vers le registre épique ou celui psychologique quand ceux-ci sont de mise. Les archaïsmes, généralement discrets, ne polluent pas le texte comme certains auteurs auraient pu s'en servir pour le rendre incompréhensible. Dans un ensemble d'intrigues dense et riche mais très fluide, Poul Anderson dépeint l'ère viking sans l'idéaliser ni la condamner, les incursions violentes et barbares en terres ennemies, l'immensité des territoires austères et glacés, la foi tourmentée des chrétiens. Il est surprenant de voir le nombre d'éléments folkloriques venant de toute l'Europe voire au-delà réunis pourtant dans un tout homogène : les faunes, les changelins, le satanisme médiéval, les gnomes et les lutins…
On se souvient avant tout de L'épée brisée comme le fer de lance du mouvement anti-Tolkien : plus sombre, plus rude, dépourvue de manichéisme, l'histoire possède son lot d'elfes narquois et de magouilles de nobliaux. Pourtant, il faut souligner chez les deux auteurs le même sens de l'eucatastrophe, sans parler du fait que quiconque a lu les écrits posthumes de Tolkien savent que les elfes n'ont pas toujours été systématiquement glorieux… et même que l'histoire des Enfants de Hurín s'axe autour d'un inceste très semblable à un autre dans le récit d'Anderson.
En revanche, il est incontestable que les elfes d'Anderson sont nettement plus sournois et calculateurs (sans pour autant tomber dans le contre-cliché tout aussi agaçant qui ferait d'eux des personnages bêtes, méchants et sans âme). de manière générale, les personnages sont tous d'une grande humanité, autant dans leurs atouts que leurs défauts : on se prend de compassion même pour les pires raclures, on espère qu'une issue sera positive pour la plupart d'entre eux, et l'on finit par regretter cette époque sauvage en train de disparaître, car si la nature se faisait féroce et que les manigances étaient légion, il était possible de découvrir des merveilles derrière chaque sous-bois, de s'y aventurer sans fin en compagnie de celle auprès de qui vous éprouviez des amours intenses. L'épée brisée est donc une élégie aux temps anciens, un hommage aux légendes de l'Europe, et surtout un classique méconnu de la fantasy médiévale, à lire de toute urgence, surtout si vous vous en sentez blasé. Après, je dis ça, c'est pour votre culture…
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