Je ne connaissais
Jean-Pierre Andrevon que de nom; aussi ai-je profité de cette trouvaille dans une Boîte à Livres pour aller à la rencontre de l'écrivain.
Le jour des morts est une courte novella. Comme le titre l'indique, un jour par an, depuis trois années, les défunts viennent retrouver leur famille. Alain, le narrateur, apprenti architecte de 24 ans, attend avec son père, sa belle-mère et ses deux demi frère et soeur beaucoup plus jeunes, sa propre mère et ses grands-parents paternels.
L'occasion d'une réflexion sur cette singulière journée où les morts quittent urnes et cercueils pour rejoindre les vivants. Par son personnage,
Jean-Pierre Andrevon nous fait ressentir la gêne et l'incongruité de la situation où les proches disparus n'éprouvent et ne ressentent plus rien, où le "repas de famille" tient plus de la comédie macabre et désolante. Comment en vouloir à Alain de fuir cette sinistre tablée pour s'aérer... Et retrouver Maeva, la copine de son meilleur ami, dont il est fou amoureux... même si celle-ci est morte l'année précédente dans un accident de moto. Pourtant elle lui semble plus réelle que sa mère et ses grands-parents. Est-ce parce que sa mort est plus récente? Ou que la défunte est si jeune? Ou, plus vraisemblablement, parce qu'il est ici question de deuil, fait ou non, de résignation ou de douleur toujours aussi térébrante?
Et nous en tant que lecteurs? le récit de
Jean-Pierre Andrevon a confirmé ma pensée qu'aussi difficile que ce soit, l'acceptation de la perte de proche est nécessaire. Ici, on ne sait pas ce qui a permis subitement, trois ans auparavant, de permettre aux morts de revenir le temps d'une journée. Mais assurément, ça n'était pas une bonne idée. Outre les défunts que plus personne n'attend et qui errent, les retrouvailles tiennent plus de la corvée grotesque et morbide que de la joie.
J'ai apprécié la lecture de ce court et dérangeant opus qui nous renvoie à nos propres morts et à notre position par rapport à la mort et au deuil. Des sujets pas forcément agréables mais auxquels on se retrouve tous confrontés à un moment ou un autre.
En tout cas, si l'occasion se présente, je lirai d'autres textes de cet intrigant auteur.