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EAN : 9782266177221
242 pages
Pocket (03/07/2008)
3.46/5   207 notes
Résumé :
Premier jour : Au loin, il y a votre voisin. Vous lui faites un signe. Jusqu'au moment où vous réalisez qu'il est décédé depuis des semaines...
Troisième jour : La télé enchaîne les émissions spéciales : partout dans le monde les morts reviennent. Apathiques, ils errent au royaume des vivants...
Cinquième jour : Paralysé de trouille et de dégoût, vous regardez votre femme serrer dans ses bras, au beau milieu de votre salon, une chose qui, un jour, fu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
3,46

sur 207 notes
Je suis ambivalente à l'égard des zombies. D'un côté, ce sont les créatures du bestiaire fantastique qui m'effraient le plus, j'ai même une réticence à visionner des films de zombies tant je suis certaine qu'après je ferai des cauchemars. Mais, d'un autre côté, j'ai aussi une fascination pour les films les mettant en scène, d'autant plus que le genre a donné de nombreux chefs d'oeuvres. En premier lieu, les films de Romero, véritables brulots politiques tout en étant divertissants et impressionnants. Je pourrais citer également le très bon et très introspectif « le mort-vivant » de Bob Clark, le drôle « retour des morts-vivants » de Dan O'Bannon, l'excellente adaptation de Lovecraft « Re-animator » de Stuart Gordon. Et il y en a une pelletée. Bref, même si j'ai une réticence, j'aime les films de zombies. Pour autant, je n'avais jamais lu de roman mettant en scène ces créatures nécrotiques. C'est maintenant chose faite avec « un horizon de cendres » de Jean-Pierre Andrevon.

Ce genre de récit, que ce soit au cinéma ou sur papier, n'es pas évident à traiter. En effet, il s'agit d'un registre extrêmement codifié, dont le lecteur ou le spectateur connait parfaitement les règles, les clichés et les mécanismes. Et ce lecteur ou spectateur espère souvent être surpris par une oeuvre qui osera s'affranchir de ces règles. Mais, paradoxalement, il aime aussi que les codes soient respectés. Dès lors, difficile de trouver le bon équilibre. Rester totalement dans le carcan des codes c'est s'exposer à des critiques de conformisme et proposer un changement trop radical c'est risquer de se voir accuser de ne pas respecter le genre. Vraiment pas facile !
Je trouve qu'Andrevon réussit plutôt bien à trouver cet équilibre. Il faut dire qu'il est évident qu'il assume pleinement ses influences et qu'il ne cherche pas à faire preuve d'audace gratuite juste pour se monter original. En fait, il préfère, d'une façon générale, marcher dans les traces de Romero pour ce qui est de la représentation des zombies. En effet, l'instinct grégaire de la créature fait immanquablement penser à « Zombie » et à ses hordes d'ex-consommateurs s'agglutinant autour d'un supermarché. Tout comme le fait que, vers la fin du roman, les zombies semblent évoluer rappelle Bub, le zombie « domestiqué » du « jour des morts-vivants ».
Donc, pour ce qui est de la représentation des morts-vivants, on est vraiment dans un territoire connu. Et, pour qui aime les grands classiques du genre, c'est une qualité. Pour moi, dans le registre des zombies, Romero reste inégalé donc j'ai apprécié qu'Andrevon fasse le choix de conserver, dans les grandes lignes, le même genre de traitement des créatures. Je dis dans les grandes lignes parce qu'Andrevon opte tout de même pour un choix de représentation qui sort un peu du cadre défini par Romero. Chez le maître du zombie sur pellicule, une balle dans la tête suffit à régler son compte au mort-vivant. Chez Andrevon, ce n'est pas le cas, la créature finira tout de même par se relever, inéluctablement. Même démembrée, elle va se reconstituer pour reprendre son errance. Que penser de ce parti-pris ? J'ai envie de dire « pourquoi pas ? ». Mais je n'ai pas adhéré. Je ne sais pas pourquoi mais c'est un fait, je n'ai pas aimé ce choix.

Le contexte, en revanche est un peu différent. Plus franchouillard d'abord avant de s'américaniser un brin. Je m'explique. Toute la 1ère partie du récit se déroule dans une zone rurale française. J'ai beaucoup aimé cette partie. D'abord, le décor est bien planté et ensuite, l'irruption des zombies dans ce contexte est bien amenée. Les choses se font petit à petit, à hauteur d'Homme. D'abord, il s'agit d'un fait anecdotique, un de ces petits riens qui peuvent se passer dans un village. Puis, ce fait étrange prend de l'ampleur, affectant des connaissances du héros, puis le village entier. J'ai aimé ce traitement très progressif et le fait que l'auteur montre les conséquences intimes de cette invasion.
La seconde partie, celle que je qualifie d'américanisée, ressemble plus à un film d'action avec son camp retranché en pleine ville avec des types et des filles badass qui font des sorties musclées en territoire zombie. Ce n'est pas déplaisant, c'est même plutôt divertissant mais cette partie m'a beaucoup moins intéressée. Moins original, moins personnel, à partir de ce moment-là, je me suis sentie moins impliquée dans le récit comme si, en passant de l'intime au spectaculaire, le récit perdait en substance, en profondeur et en personnalité.

J'ai tout de même passé un bon moment. Il faut dire qu'Andrevon a une très belle plume et qu'il sait mener un récit. Ce se lit vraiment tout seul. J'ai dévoré ce bouquin en 1 jour. Je le conseille aux amateurs de zombies. Quant à moi, c'est certain, je n'ai pas fini de m'intéresser à l'oeuvre variée de Jean-Pierre Andrevon.

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Encore une histoire de zombies...!?
Considérant l'engouement pour les morts vivants depuis quelques années, du notamment au succès de The Walking Dead, ma première approche fut en peu celle du blasé.

Mais force est de reconnaître que Jean-Pierre Andrevon, en vieux routier de la science-fiction française, a réussit une intéressante variation sur ce thème un peu éculé.
Tout d'abord, l'action se situe en France, ensuite les zombies ne jaillissent pas dans notre quotidien, il arrive du fond de la tombe et du fond des âges presque discrètement.

Car, dans "Un horizon de cendres", l'invasion, n'est pas brutale, elle est d'abord traitée comme un fait divers particulièrement insolite.
Les "Non-vivants", sont d'abord inoffensifs, et peu nombreux, et puis le phénomène s'amplifie, et s'accélère.
Le problème c'est que les zombies version Andrevon, ne succombent pas à la première balle dans la tête.
Ils sont revenus pour rester...

Je ne dévoilerai pas trop de détails du roman, ni évidemment sa fin, mais si vous voulez tenter l'expérience "zombiesque", le livre d'Andrevon, peut être un très bon choix.
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Et un livre de plus sur les zombies, un! Sauf que celui-ci est sorti depuis 2004. Donc bien avant la mode zombie actuelle. Pourquoi je précise ça? Parce qu'aujourd'hui, le nombre de livres traitant ce sujet est assez conséquent. du coup, les auteurs essayent d'être le plus original possible. L'un donne des supers pouvoirs à ses monstres, l'autre met en avant des enfants pour contrer ce fléau...etc. Ce qui n'est pas le cas avec "Un horizon de cendres". Nous avons affaire à un récit tout ce qu'il y a de plus classique. Est-ce mauvais pour autant? Non, Jean-Pierre Andrevon s'en sort très bien. Alors certes, ce n'est pas livre de l'année, mais il serait dommage (pour les fans de zombies évidemment) de passer à côté.
J'ai effectué une petite recherche avant de me le procurer et je suis tombé sur des avis...pas très rassurants. Mais je suis faible quand il s'agit de zombie et je voulais me faire ma propre opinion. Après être resté un bon moment dans ma PAL, je me suis enfin décidé et voila mon avis:
La première chose qui frappe avec ce livre, c'est sa couverture (celle de la version poche de 2008). C'est laid (dans le bon sens du terme...oui parce que bon, un cadavre, c'est rarement beau), gore et explicite, on peut dire qu'on ne tourne pas autour du pot avec cette image. J'aime bien et elle a le mérite d'attirée l'oeil (dans l'optique ou vous êtes à la recherche de ce genre de roman).
La deuxième, c'est la quatrième de couverture. C'est explicite et flou à la fois, avec une petite dose d'humour (noir). On sait évidemment qu'il va y avoir du zombie MAIS on ne sait pas quand, comment, pourquoi et qui (est le héros)? Ça change de la plupart des résumés qui en raconte trop et ne gardent (presque) aucunes surprises pendant une centaine de pages. Si le but de cette quatrième de couverture est d'attiser (encore plus que l'illustration) la curiosité, bah ça marche (sur moi en tout cas).
Maintenant, le livre en lui même, du moins son contenu. Ce que j'ai aimé, c'est le développement du récit. L'auteur prend son temps, et ne se contente pas de la première rencontre humain / zombie comme excuse pour lancer (véritablement diront certains) son histoire. Il y a vraiment un pré-apocalypse, il n'est pas survolé et (tour de force de l'auteur) pas ennuyeux. Par contre oui, ceux qui cherchent de l'action pur et dur, vont peut-être trouver ça long, car cette "intro" prend la moitié du livre. de toute façon, "Un horizon ce cendres" n'est pas un livre d'action. Il y en a, certes, mais trop peu pour contenter les fans. Là, nous avons plutôt affaire à un survival / horror psychologique. La psychologie a une place très importante dans ce livre, ce qui m'emmène au deuxième point fort du récit, le personnage principale.
Ce roman (écrit à la première personne) conte donc l'histoire d'un homme et de son ressenti (ses joies, ses peurs, ses interrogations...etc) sur les évènements . L'histoire n'est donc pas centrée sur la menace que représente les zombies (même si elle est une part importante du livre), mais sur cette personne désemparée face à une situation qui le dépasse, et abandonné par sa famille (sa femme et sa fille). Donc pas de Rambo ou d'Einstein (ou les deux en même temps) mais juste monsieur tout le monde, un personnage auquel on s'identifie ainsi beaucoup plus facilement. J'ai donc trouvé le héros attachant, touchant et drôle (surtout dans la première partie du livre).
Malgré ces qualités, le livre contient quelques mauvaises idées comme, la raisons de l'apparition des zombies (que je ne vais pas spoiler) et leur pouvoir (la reconstitution après démembrement, comme le T1000 dans Terminator). C'est original, mais je trouve que ça donne un côté léger (drôle?) au récit. Ce n'est pas de dramatique, juste dommage.
Pour conclure, ce n'est pas de la grande littérature (vous vous en doutiez), c'est court (243 pages) mais c'est vraiment très sympa, j'ai passé un bon moment. Un bon petit page turner que je recommande aux fans de survival / horror pas forcement portés sur l'action.
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Les Kemper sont une petite famille française très classique, qui vivent dans une jolie maison à la campagne. Mais le jour où les non-vivants arrivent, leur vie est bouleversée.

Jean-Pierre Andrevon est souvent considéré comme l'un des plus grands auteurs de sf française, raison pour laquelle j'avais tenté ''La maison qui glissait'' l'année dernière. Malheureusement, ce livre ne m'avait vraiment pas plu malgré quelques passages intéressants. J'ai donc décidé de retenter l'aventure avec ''Un horizon de cendres'' qui colle parfaitement avec ma grosse période post-apo que je traverse actuellement, mais que je ne trouve pas davantage réussi.

Sur la forme, l'écriture de Andrevon est fluide et agréable, mais les fautes non corrigées sont venues me gâche la lecture. Ceci dit, ce qui pose le plus problème à mon goût, c'est le grand écart du champ lexical : l'auteur a en effet un style très propre, lorgnant parfois sur le soutenu, et qui s'accorde donc assez mal avec les saillies grossières ou le parler verlan qui débarque dans la deuxième partie du livre sans raison.

Sur le fond, j'avoue avoir été très déçue. Les histoires de zombies ont le défaut de beaucoup se ressembler, et celle-ci ne déroge pas à la règle. Andrevon avait pourtant quelques bonnes idées (les zombies en eux-mêmes, le métier de Kemper...) mais il ne les exploite absolument pas et préfère rabâcher des poncifs déjà trop vus. Ses zombies peuvent pourtant sortir de n'importe quel endroit, y compris mur, sol, arbre... ce qui aurait pu générer une angoisse énorme. le narrateur explique même qu'il arrive qu'ils sortent des murs d'une pièce fermée, ce qui rend tout enfermement assez vain, mais nous ne verrons jamais une telle scène. Dans un oubli total du ''Show, don't tell'', Andrevon nous balance une idée intéressante mais qu'il oublie totalement d'exploiter, ce qui est vraiment dommage. Dans le même ordre d'idée, Kamper travaille dans des pompes funèbres, il a donc un regard assez particulier sur la mort, mais là encore ce ne sera pas exploité. Pourtant, sa réflexion sur le nombre de morts qui se sont succédé depuis le début de l'humanité est intéressante, dommage qu'elle soit totalement oubliée. Idem d'ailleurs pour les parallèles avec la seconde guerre mondiale, qui sont jetés de-ci de-là mais ne génèrent aucune réflexion.

A la place de creuser ces idées, Andrevon préfère sortir des poncifs vus et revus (comme par exemple ) mais aussi perdre du temps à nous parler de c*l ! Parce que les passages sexuels, on sent qu'ils étaient obligatoires ! Les femmes sont ainsi décrites par la taille de leurs boobs (voire de leurs fesses pour les plus ''avantagées''), les orgies du Camp sont plusieurs fois abordées, et on nous balancera même un peu de nécrophilie pour choquer à peu de frais. Ce problème était déjà très présent dans ''La maison qui glissait d'ailleurs'', avec les exploits sexuels de Solange racontés en long, en large et en travers.

Autre souci de ce livre : si l'intrigue n'est pas bien épaisse et cumule les clichés, les personnages sont tout aussi creux. La femme et la fille du narrateur sont juste des nunuches qui s'abêtissent devant la télé sans réagir, Fatoumata passe de Rambo à femelle avide de sexe, et notre brave narrateur n'est même pas vide, il est carrément creux ! L'invasion des zombies ne déclenche ainsi pas grand chose comme réaction chez lui, il s'agace de sa chienne puis se plaint de sa disparition, ''bouscule'' sa femme et sa fille sans se sentir coupable et ne les cherche pas vraiment. Même lorsqu'il , ça ne déclenche rien chez lui. Kemper a autant d'émotion et de réflexion qu'une porte, il ne semble même pas capable de s'inquiéter de la situation.

Enfin, les incohérences se multiplient, avec notamment une idée intéressante mais très mal développée : Notons également . N'oublions pas non plus que les principales activités du Camp, c'est

En bref, j'ai franchement été déçue. le bouquin recèle quelques bonnes idées, mais qui ne sont absolument pas exploitées. L'histoire est longue, ennuyeuse, les personnages sont vides, les poncifs s'accumulent et côtoient les incohérences. Dommage.
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Mes dernières lectures ont été pour la majorité décevante. J'attends avec beaucoup d'impatience un livre qui sera capable de me donner des frissons. J'ai donc entre mes mains ce livre de Jean-Pierre Andrevon – auteur majeur de la Science-fiction française – et j'espère enfin retrouver ces plaisirs lointains. Avant de me lancer dans la lecture, je tiens à signaler que quelque soit les éditions, je trouve les illustrations magnifiques. J'ai celle de Pocket – signé Eikasia, à qui l'on doit également celle de Coldheart Canyon de Clive Barker (édition j'ai lu) –, une petite fille qui vous zieute avec un regard étrange, ça vous glace le sang.
Le ton est donné, reste à voir l'essentiel qu'est le contenu. le premier constat est affligeant : la narration se fait à la première personne. Nous suivons le récit raconté par un père de famille (dont le nom n'est pas mentionné, ou alors au début et je l'ai zappé). Une histoire somme toute banale. Alors qu'il rentre chez lui, il rencontre son voisin, seulement le pauvre bougre est décédé depuis des semaines. Nous suivrons donc la révolution des non-vivants et la régression des vivants.
Je sors assez mitigé de ce court roman. L'histoire est plaisante, le personnage principal plutôt sympa et l'écriture est belle sauf que… C'EST LENT. Les pages s'enchaînent pourtant avec facilité, mais pas d'action et ça, c'est due au style énervant de la narration à la première personne. le récit aurait pu être mieux exploité.
Beaucoup de chose m'ont choqué. Les événements qui se déroulent durant le livre m'a énormément fait pensé à ceux de la seconde guerre mondiale avec les déportation. D'ailleurs, l'auteur en fait explicitement la remarque. C'est dérangeant. Ensuite, durant la seconde partie du livre, l'auteur use des langages dit « de banlieu » et c'est énervant de buter sur des « sketbat » (pour basket) «caillerat » (pour racaille),…
Jean-Pierre Andrevon use des clichés sur les zombies, mais cela est assumé. Il manque alors l'humour et l'action (présent dans le très bon Zombies Fallaout), un comble pour un roman qui se veut sur les zombies. Toutefois le récit est sauvé par l'écriture de l'auteur, agréable sauf quelques bribes en seconde partie. J'ai bien aimé le personnage principal (et son travail – dans les pompes funèbres). le roman est honorable, mais pas LE roman que je recherche depuis longtemps.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
A l'horizon de cette foule, il n'y avait pas un char visible, pas un seul véhicule militaire. Et pas le moindre hélico dans le ciel brûlant de midi. J'ai murmuré :
- Mais où ils sont ?
- Qui ça? a craché Max
- L'armée. Avant-hier encore...
Ça l'a fait rire. Une de ses incisives était ébréchée, de tout près la peau de son visage se révélait tachetée de vilaines traces rougeâtres, de l’eczéma, ou alors un prurit dû à une hygiène sommaire. Et moi, depuis combien de temps ne m'étais-je pas lavé? Par contagion, je me suis gratté la joue.
- L'armée, c'est nous. C'est toi, c'est moi. Qu'est-ce que tu crois? Que nos braves soldats de métier vont encore risquer un poil de cul pour notre gueule? Les derniers se sont tirés, mon pote.
- Mais où ?
- Est-ce que je sais ? Protéger les endroits stratégiques, je suppose. Les centrales nucléaires, les aéroports, le bunker où se planquent nos élu, s'il en reste. Et à supposer qu'ils n'aient pas eu le cerveau bouffé. Remarque, la différence que ça ferai... Et puis, tu veux que je te dise? Je m'en bats les nuts. On arrivera bien à se démerder tout seuls. Ce ne sont que des morts, après tout !
J'ai eu l'intuition que, dans d'autres circonstances, il aurait pu dire :
- Ce ne sont que des bougnoules, après tout...
Mon mauvais esprit, sans doute.
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Mais, là où le chef de l'État devait se surpasser, c'est lorsqu'il a sorti : "Nous ne devons pas nous laisser aller, envers les non-vivants, à des actes qui relèveraient de l'incivilité, du rejet, et moins encore de quelque sorte de violence que ce soit. Car nous devons toujours avoir présent à l'esprit ce fait tout simple : ces... morts que nous allons désormais croiser quotidiennement, outre qu'ils ne présentent aucun danger, furent nos voisins, nos amis, nos parents... En tant que tels, et même s'ils ne peuvent en avoir conscience, nous devons les traiter avec respect. "
Laissez-les vivre, en somme. Après les femmes, les immigrés, les handicapés, c'étaient les morts - pardon : les non-vivants - qui venaient d'accéder au statut envié de gens comme les autres.
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J'aurais pu lui dire que ce n'était pas moi qui étais fou mais le monde, et que ça ne datait pas d'aujourd'hui. J'aurais pu lui dire ce que je pensais depuis le début, c'est-à-dire depuis la naissance de Clèm', et peut-être même depuis le jour où Émilie m'avait dit qu'elle était enceinte, à savoir qu'on n'aurait jamais dû avoir l'égoïste inconscience de balancer une innocente de plus dans un monde terrible. Mais ça, à aucun moment je ne m'étais senti le courage de l'exprimer - tout simplement parce que ça ne servait à rien ; et ce n'était pas aujourd'hui que j'allais le faire.
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Il y avait des choses plus rigolotes, naturellement. Le summum venait des Etats-Unis mais ça n'a mis que quelques jours pour débarquer chez nous. En V.O. , on appelait ça The Dead Show. On y présentait un podium de non-vivants ayant appartenu au monde du spectacle - de préférence confrontés à des gens dont ils avaient été proches, veuves, maîtresses, enfants. Par hasard, je suis tombé sur une émission où Ardisson réunissait sur son plateau Serge Gainsbourg et Jane Birkin , Yves Montand et sa petite dernière, Carole quelque chose, qui s'efforçait de sourire mais avait l'air de se tenir à quatre pour ne par hurler ou éclater en sanglots. On n'avait pas encore localisé Signoret, bien qu'on eût la preuve qu'elle était sortie. Mais on cherchait.
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Je plaisante. Ou j'essaye. Parce qu'ils ne pensent pas, évidemment. Comment un mort pourrait-il penser ? C'est le cerveau qui fond en premier. Quand on leur ouvre la tête - C'est une chose que j'ai entendu dire avant de le voir à la télé, mais sans l'expérimenter personnellement, cela va de soi - quand on leur fend la tête, on ne découvre qu'une cavité béante, un bol d'os au fond duquel stagne un peu de liquide gluant. Ou seulement un rien de poudre friable. Parce que le cerveau, c'est du moins ce qu'on a cru pendant quelque temps, ne se reforme jamais.
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Vidéo de Jean-Pierre Andrevon
15 mars 2021 Rencontre avec Jean-Pierre Andrevon, Romancier et Scénariste de Science-Fiction. Modération : Julien de la Jal
Un entretien où il est question de "Gandahar", de René Laloux, Philippe Caza, un peu de Roland Topor et de Arthur C.Clarke, Le travail du Furet et du dernier ouvrage de JP. Andrevon "100 ans et plus de cinéma Fantastique et de Science-Fiction" donc de cinéma en général.
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