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Liliane Sztajn (Traducteur)
EAN : 9782070492954
279 pages
Gallimard (10/04/1992)
3.23/5   32 notes
Résumé :
Quand je l'ai vu débarquer dans mon bureau de privé un peu minable, j'ai cru que les étoiles s'étaient enfin décidées à me faire de l'œil. Ex star du base-ball, beau comme un dieu, habile comme un diable, il n'avait qu'un problème : la vie lui reprenait morceau par morceau ce qu'elle lui avait donné d'un seul bloc. J'ai bien essayé de l'aider, mais allez donc faire votre métier quand les témoins se suicident à la moindre question...
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Question à 1 000 dollars : Qui est Paul Benjamin, pseudonyme sous lequel est paru son unique roman dans la mythique collection à la couverture en forme de faire-part de deuil inversé ?
Indice : La trilogie new-yorkaise l'a rendu mondialement célèbre ; il est mort le 30 avril 2024 à Brooklyn.


Comme c'est le cas pour de nombreux écrivains, la carrière de Paul Auster n'a pas connu un démarrage sur les chapeaux de roue. En 1979, alors qu'il traverse une période difficile après son divorce d'avec sa première épouse, que son père décède brutalement et qu'il est désargenté, il écrit Fausse balle, publié pour la première fois en 1982 aux Etats-Unis puis en 1992, traduit par Gallimard dans la Série noire.


Autre question, personnelle celle-ci, qui restera sans réponse : Paul Auster a-t-il pensé dans un moment de découragement littéraire, comme de nombreux candidats à l'écriture, qu'il est plus facile d'écrire un roman policier... plutôt que de la « vraie » littérature ? Rien ne m'autorise à l'affirmer, j'en reste donc au stade d'une hypothèse qui me chagrine toujours un peu.


A contre-courant, j'ai choisi Fausse balle pour y aller de mon petit hommage au grand homme, la mort d'un écrivain coïncidant souvent avec le besoin de lire ou relire ses oeuvres. C'est l'histoire de George Chapman, une étoile montante du base-ball, vite redescendu sur terre après un accident qui l'a amputé d'une jambe. Mais comme Chapman sait rebondir, même sur une seule jambe, il a réussi à bâtir une seconde carrière en publiant le récit de son expérience. Quand certains problèmes qu'il ne peut raconter à la police s'annoncent, il fait appel à Max Klein, détective privé, pour les résoudre. Une grande partie de l'intrigue se déroule à Irvingville où les exécutions au sein de la pègre ne sont pas considérées comme des meurtres. Elles font partie du folklore local comme le feu d'artifice du 4 juillet ou le bal de la police ; on ne les résout pas, on les ignore. C'est à peu près tout. Max est l'archétype du privé, vivant seul dans un appartement-placard, officiant dans un bureau-mouchoir de poche tapissé de reproductions de la Tour de Babel de Bruegel... Bien sûr, il a divorcé de sa femme qui ne supportait plus ses absences et la dangerosité de son travail ; bien sûr, il est cynique ; bien sûr il possède un charme ravageur ; bien sûr il a de l'humour ; bien sûr...


Bien sûr et c'est le problème. Si j'ose dire (pourquoi n'oserai-je pas ?), Paul Benjamin/Paul Auster a parfaitement intégré tous les codes du roman policier. Il les restitue comme une leçon bien apprise. Fausse balle est donc un roman scolairement parfait, tous les ingrédients sont bien dosés, l'écriture est recherchée. Il se lit aisément, mais pour qui pratique un peu le monde du noir, il est sans surprise. Les évènements s'enchaînent selon un plan pré-établi, pré-normé jusqu'à un épilogue attendu. Pas la moindre petite surprise ni aspérité, tout est calibré, lisse. A part cet aspect académique, Fausse balle contient de nombreux thèmes constitutifs de la future oeuvre de Paul Auster : New-York, le base-ball, la judéité, l'immigration, le hasard et les coïncidences, sans oublier son style aux métaphores parfois étincelantes et son humour pince-sans-rire, qui transcendent les arbitraires classifications littéraires en genres et sous-genres. RIP !
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Ancien juriste, devenu détective privé, Max Klein est chargé d'enquêter par une ancienne gloire du baseball. Reconverti dans la politique suite à un accident qui l'a laissé invalide et candidat aux sénatoriales, l'ancienne star de baseball a reçu une lettre anonyme l'invitant à respecter un accord dont il n'a aucune idée. Très rapidement, le politicien va être retrouvé mort…

Voici le pitch de cet unique polar de Paul Auster, publié sous le pseudonyme de Paul Benjamin*. Fausse balle est un polar classique dans lequel Auster fait la preuve de sa maîtrise des codes et règles du genre. À savoir : un détective privé solitaire, une femme (celle du politicien) plutôt vénéneuse, une enquête, des coupables, des intimidations, des passages à tabac,… En plus, le polar permet d'approcher le monde du sport de haut niveau. Paul Auster/Paul Benjamin connaît bien ses classiques, et notamment Chandler dont il s'inspire.

Le titre original du livre, Squeeze play, est un terme de base-ball. Un squeeze play est, pour faire simple, un amorti sacrifice d'un frappeur pour faire avancer un coureur placé en troisième base. La traduction française du titre, Fausse balle, est aussi un terme de baseball : c'est une balle qui, pour faire simple, est frappée hors-jeu. Cette différence de traduction n'est pas gênante : ce n'est que la substitution entre deux termes de baseball mais l'un en français peut avoir un autre sens.

En revanche, il y a une erreur de traduction qui altère fortement le sens du texte - du moins dans la version publiée à la Série Noire ; aucune idée pour la version publiée chez Actes Sud. le politicien, George Chapam, est présenté comme un libéral. Pourtant, ses idées, prises de positions ou actions ne sont pas celles d'un libéral. Un peu comme si Nicolas Sarkozy se sentait l'héritier de Jaurès et de Blum, si François Hollande avait voulu inscrire la déchéance nationale dans la constitution, … Plus sérieusement, Chapman est un « liberal » (en anglais) et pas un « libéral » (en français) : aux Etats-Unis, un « liberal » correspond à une personne de gauche sur le plan social et de gauche/centre gauche sur le plan économique ; et ce qu'en France et en Europe, on désigne par un « libéral » sera qualifié de « libertarien » aux États-Unis. Cette erreur de traduction est assez gênante concernant un des personnes principaux - la victime en l'occurrence - surtout que celui-ci est un politicien.

Pour le théoricien français de la traduction Antoine Berman, « toute "bonne" traduction doit abuser ». Mais, toujours selon lui, « Parler de traduction, […] c'est parler du mensonge et de la vérité, de la trahison et de la fidélité ». Ici, avec cette traduction, on a affaire à une trahison, à une espèce de « fausse balle » donc mais différente de celle du baseball.

* C'est l'écrivain Paul Benjamin du film Smoke dont le scénariste est Paul Auster.
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Des battes et des balles
Achetée un euro, en occasion, à Paris, sur le boulevard Saint-Germain, la « Fausse balle » de Paul Benjamin avait encore belle allure sous son faire-part de deuil. le retour sur investissement ne pouvait correspondre qu'à un gain conséquent. le résultat de l'entreprise s'est avéré plus mitigé car si Paul Benjamin [alias Paul Auster] respecte les codes du hard boiled instaurés par Dashiell Hammett et Raymond Chandler, si l'écriture est d'un bon niveau et la construction réussie, les dialogues quant à eux paraissent en constant décalage avec l'action et la psychologie des personnages. le lecteur souffre constamment des réparties qui tombent continuellement à côté. Il n'y a pas moyen de s'y faire d'autant que le privé Max Klein, principal protagoniste et narrateur les déversent sans relâche. du coup, il mériterait presque les beignes destinées à lui clouer le bec. Hormis ces couacs à répétition, l'histoire classique tient bien la piste. George Chapman, ex-star du baseball briguant une élection sénatoriale a reçu une lettre de menaces et s'adresse au détective privé Max Klein qui hérite d'une enquête pourrie. Très vite, les chausse-trapes apparaissent. Chapman est retrouvé assassiné à son domicile et sa femme est immédiatement soupçonnée. Les mesures d'intimidation et les coups commencent à pleuvoir sur Klein.
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Dès les premières pages, le lecteur sait qu'il entre dans l'univers d'un polar à l'américaine des plus classique: Max Klein est un détective looser divorcée, au passé et au présent pas folichon, une enquête sur une ancienne vedette de base-ball qui n'a pas tout dit, intimidations et passages à tabac de la mafia pour faire renoncer à l'affaire, des chausse-trapes à n'en plus finir, des amours impossibles ou en trompe-l'oeil, des histoires de gros sous,... Nous plongeons avec délice dans un roman noir traditionnel, remarquablement construit et bien traduit. P. Benjamin ne nous déçoit jamais avec ces rebondissements cohérents, des personnages bien campés et une vision sombre mais juste du monde qui nous entoure... Amateurs, précipitez vous.
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Ne vous fiez pas aux apparences. Derrière ce nom se cache l'un des plus grands romanciers américains contemporains, Paul Auster.
Il s'agit de son premier roman. Un roman noir, dans la plus pure tradition classique. Tous les ingrédients du genre y sont réunis : le privé solitaire, incapable de concilier les exigences de son métier et sa famille, la femme vénéneuse, la victime, le ou les coupables et l'enquête. Auster / Benjamin fait usage de ces codes classiques avec brio. le roman est construit sans surprise ou excès, il se détend comme la balle qui sort d'un barillet pour se terminer comme il se doit, sur l'image d'un monde qui revient au calme, après une nuit de "bruit et de fureur".
Un roman agréable, fort bien agencé (trop ?), qui porte à la perfection les leçons du roman noir ou du polar, mais qui n'a pas la puissance austérienne de ses successeurs, bien que l'on puisse, ici et là, retrouver l'autre Paul, dans son art de la citation : "(...) j'en étais à ma deuxième tasse de café et je lisais le livre de Donne, Dévotions, que Judy avait sorti la veille de la bibliothèque. Je ne l'avais pas ouvert depuis plus de dix ans et sa puissance m'ébranla. Un passage en particulier me frappa. "Nous avons un linceul dans le ventre de notre mère qui grandit avec nous depuis la conception, et nous venons au monde dans ce linceul, car nous venons chercher une tombe." "(p. 236)
Ou encore, dans certaines phrases, qui sont comme sa signature : "Je voulais des faits, rien que la réalité froide et dure, et je comprenais à présent le plus important - que la réalité n'existe pas sans l'imagination pour la percevoir." (p. 253) Auster est "obsédé" par la philosophie qui naît de Locke et se prolonge et se détruit en Berkeley.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
« Droit au but, comme d'habitude », fit-il de sa voix normale.
« Tu pourrais me parler de ma santé. »
« Bon, comment va ta santé ? »
« Beurk » fit-il, observant une pause pour marquer son effet.
« M'en parle pas ».
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Le désir chez les pigeons est une affaire mécanique et implacable. On dirait qu'ils sont contraints de faire la même chose toute leur vie, encore et encore, sans témoigner de la moindre conscience de ce qui leur arrive. Il n'y a pas d'amour véritable chez eux, comme chez les moineaux. Les pigeons sont des new-yorkais exemplaires les plus caractéristiques de la ville : le sexe sans l'âme, la gloutonnerie, la méchanceté et la maladie.
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La ville était peuplée de Polonais et d'Italiens, dont la plupart n'avaient jamais connu mieux qu'un emploi en usine éreintant, une vie de fatigue et de désespoir. Ces gens étaient ceux qui se tenaient juste un cran au-dessus du bureau d'aide sociale, au-dessus de la pauvreté de l'homme noir, et à cause de cette proximité, nombre d'entre eux trouvaient leur consolation dans une forme de racisme particulièrement vicieux.
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Notre foi dans le caractère sacré du téléphone est l'un des éléments constitutifs de la vie moderne. Les gens vont jusqu'à interrompre des ébats passionnés ou une violente dispute pour obéir à ses injonctions. Refuser de répondre est un acte d'anarchie, une agression contre la structure même de la société. Je décrochais à la onzième sonnerie. Pavlov aurait été content.
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J'avais fait le tour du monde et maintenant que j'étais revenu à mon point de départ, je découvrais que c'était ma destination depuis le commencement.
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