Non, le bout du monde ni les antipodes jamais n'ont excité ma gourmandise, à défaut d'Oural et d'Amérique j'ai toujours su trouver à même mon paillasson tout un cabinet de curiosités propre à satisfaire mon penchant pour le bizarre et l'excentrique et je tiens qu'il n'est d'endroit plus propice à la divagation du rêveur autre que le premier coin de rue venu, la méchante impasse au fond de laquelle goûter tout le sel de l'existence en trompe-l’œil.
Si j'analysais bien la situation je dirais qu'étant rarement d'accord avec moi-même, pourquoi dès lors vouloir l'être avec les autres; mais il n'y a rien à faire, leur superbe toujours m'étourdit, je reste coi devant tant d'aisance et de grâce affichées et leur manière de crier sur les toits une joie de vivre sans le moindre petit nuage à l'horizon me laisse pantois tel blaireau aux abois au fond de son trou.
En regardant les choses en face, je me dis que je faisais en somme du camping sauvage dans la vie, n'y vadrouillant qu'en dilettante tel un touriste gâchant son temps à visiter sous un ciel maussade des amoncellements de pierre à forte valeur symbolique dont il ne conservera par la suite le plus petit souvenir.
Interview à l'Escale du Livre 2010 de Bordeaux de l'auteur Pierre AUTIN-GRENIER pour son livre "C'est tous les jours comme ça", en librairie à partir du 16 avril 2010 (Editions Finitude)