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EAN : 9782355221453
208 pages
Zones (03/10/2019)
4.03/5   148 notes
Résumé :
Libérée, la sexualité des femmes d’aujourd’hui ? On serait tenté de croire que oui. Pourtant, plus de 50 % d’entre elles se disent insatisfaites, que ce soit à cause d’un manque de désir ou de difficultés à atteindre l’orgasme. Si tant de femmes ordinaires sont concernées, peut-être qu’elles n’ont rien d’anormal et que ce n’est pas à la pharmacie qu’il faut aller chercher la solution. Le remède dont elles ont besoin est plus certainement culturel, et passe par une r... >Voir plus
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Il est des livres qu'on préfère aborder sous la couette...
Vous me voyez dans le métro avec un titre aussi percutant ? :-)

On a beau être des femmes libérées en France, certains sujets restent encore discrets et il n'est pas étonnant que le pragmatisme anglo-saxon se soit penché avec méthode et revendication sur la question du plaisir féminin, aussi compliqué soit-il.
Car, s'il est vrai que les hommes sont équipés d'un organe simple à utiliser, les femmes doivent mettre en harmonie la tête et le corps pour ... décoller?

Par une enquête journalistique approfondie, ethnologique, scientifique et sociale, Sarah Barmak nous parle de « nous-même » avec simplicité et efficacité, définissant son étude comme un carnet de voyage du plaisir féminin. J'imagine que chaque femme y retrouve un peu de soi, à suivre ces reportages, réflexions et interviews.
Très aisé à lire, restant dans le factuel pour expliquer et décrire, montrant les tendances à oser se connaitre seule (ou pas), posant des questions qui bousculent ou grattent l'intime, au propre et au figuré.

Une lecture captivante, pour un regard amusé mais réfléchi, dénué de toute inhibition moralisatrice.
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Bon, je crois que le titre est assez clair quant à savoir le sujet de cet essai. Toutefois, ne croyez pas que vous allez tomber dans le porno ou dans un livre au langage cru. Cet essai est rédigé en se basant sur des études scientifiques et ce n'est jamais vulgaire, les éléments qui le composent sont vérifiés.

Bien entendu, certaines lectrices du Grand Prix des Lectrices du magazine Elle ont eu quelques difficultés à sortir sagement ce livre de leur sac dans les transports en commun. Pourtant, il n'y a aucune honte à avoir, comme l'évoque d'ailleurs son auteure, Sarah Barmak, qui tente de décomplexer les lecteurs de son livre mais aussi une certaine frange bien-pensante de la société.

Lorsqu'elle aborde, par exemple, les nouvelles formes de méditation et notamment la méditation orgasmique, elle a appuyé son sujet en rencontrant des pratiquants, en lisant la documentation déjà écrite… Jamais elle ne lance une idée ou un concept, sans qu'il n'ait été expérimenté, vérifié et appuyé.

J'ai lu cet essai de manière assez curieuse et n'ai pas ressenti du tout de la gêne par ce qui y était évoqué ou la manière dont cela est fait. C'est plus de l'étonnement qui m'a parfois saisi, certaines histoires personnelles étant évoquées et aussi sur le parcours semé de tant d'embûches avantque la médecine se penche sur le sujet de l'orgasme féminin. Les premières études médicales ne sont en effet apparues que très tardivement par rapport à celles consacrées aux orgasmes masculins.

On ressent que Sarah Barmak y a mis beaucoup de passion et s'est énormément investie dans sa rédaction. Doté d'une écriture plaisante avec souvent des expressions ou des réflexions malicieuses, il n'a pas été rare que je me retrouve avec un petit sourire en coin.

J'ai perçu deux petits bémols dans cette lecture: tout d'abord, j'ai trouvé que cet essai était essentiellement consacré à notre société occidentale. Ensuite, j'estime que la quatrième partie « Jouer » était trop longue et tournait parfois un peu en rond.

Vous savez maintenant à quoi vous en tenir avec ce livre, ô combien hélas nécessaire dans notre société, qui, malgré un sursaut pour le féminin, reste encore tant patriarcale. Cet essai n'est pas seulement un livre écrit par une femme pour les femmes mais bien autant pour vous les hommes, car vous en apprendrez bien plus que ce que vous croyez!

Lu dans la cadre du Grand Prix des Lectrices Elle, sélection Essai/Document du mois de janvier 2020.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Je remercie Elle de nous avoir permis de lire ce livre ! Je pense que l'on devrait glisser cet essai au pied de millions de sapins de Noël pour que chacun puisse prendre conscience de la pression sociale qui peut parfois peser sur les épaules d'une femme.

Ce que j'ai particulièrement aimé dans cet ouvrage c'est qu'il est solidement construit, l'auteure a mené un travail de recherche titanesque – ça se sent dans les nombreuses références auxquelles elle fait allusion durant ces deux cent pages. Mais même s'il est un brin scientifique, il est également très vivant, très émouvant. Bref ce n'est pas barbant – comme peuvent l'être certains ouvrages à dimension scientifique et qui veulent le montrer -, et l'auteure s'attèle à désacraliser/démystifier l'orgasme féminin.

On apprend des tonnes de choses, par exemple sur Marie Bonaparte – pionnière de la psychanalyse en France -, une patiente de Freud, qui a pratiqué par deux fois une opération afin de déplacer son clitoris pour connaitre l'orgasme.

Une lecture qui est très éclairante, un must-have à avoir dans sa bibliothèque !
Lien : https://ogrimoire.com/2019/1..
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Dans la préface de Maïa Mazaurette, on apprend que le titre original est « CLOSER», mot qui désigne le moment ultime où les femmes atteignent l'orgasme. Sa traduction en « JOUIR », mot unique également, simple et parlant, est tout aussi percutant.
Une très belle enquête d'une journaliste canadienne sur un sujet toujours tabou en 2019 : l'orgasme féminin. Appuyée par une grande documentation et de nombreuses références, l'auteure nous livre un monumental essai sur la jouissance féminine. La forme narrative qui relate de nombreuses interviews, témoignages, et expériences diverses rend cet essai vivant et informatif.
Menée avec vivacité et curiosité, cette étude nous transporte de la peur du plaisir à son expression sous toutes ses formes en passant par la négation délibérée de la sexualité féminine à travers les âges. Sarah Barmak recherche avec légèreté et obstination des réponses auprès des femmes, des scientifiques, des médecins, des psychiatres, des psychologues et autres gourous en tous genre.
Cette exploration historique sans pudeur et sans concession est extrêmement drôle, déculpabilisante et rafraichissante ! On y retrouve décortiqués, tous les clichés culturels sur les femmes : passives, sans libido, frigides, complexes… sur le contrôle de leur corps par la société, par leurs partenaires.
Il ne s'agit ni d'un guide ni d'un traité sur la sexualité, mais d'une réflexion sur le droit des femmes à l'épanouissement sexuel au même titre que l'égalité homme/femme, le droit à l'autodétermination et le consentement. Donc un sujet non seulement d'actualité mais aussi d'urgence absolue !
C'est peut-être l'un des aspects les plus intéressants du livre, cette absence de contrainte, de conseil, cette ouverture à des expériences variées relatées sans jugement de valeur, avec une grande bienveillance.
Une lecture rapide grâce à une écriture fluide, abordable, qui marque constamment notre intérêt grâce à des mots simples et clairs et aussi parfois de l'humour. Des exemples, des faits avérés, des témoignages parcourent cet essai pour mieux nous démontrer et nous parler du plaisir féminin. Des chiffres parfois hallucinants, des propos relatés par des femmes qui font frémir, pas de solution miracle décrite mais des chemins à suivre, des choses à essayer, un mental à trouver, des éléments bien plus précieux. Cet essai ouvre la réflexion sur les domaines les plus divers comme l'anatomie, la pornographie, les LGBT, le yoga, ou encore la méditation sans aucune injonction particulière. Il « décoiffe » comme on dit ! Il dérange aussi !
Alors oui, ça parle de sexe, d'éjaculation féminine, d'orgasme, de plaisir, de clitoris, de nudité, de simulation, de masturbation, de massage sensuel, de libido, de frigidité, mais sans jamais une once de vulgarité. Et au final, l'auteure insiste pour nous dire que nous sommes toutes normales, malgré nos différences, et que le sexe est ce que l'on en fait. Génial, non ?
Cet essai aurait mérité la note de 21/20. Ce n'est pas l'ouvrage en lui-même qui justifie cette note bien sûr mais tout simplement parce que ce sujet, cette enquête, j'aurai aimé pouvoir la lire il y a 30 ans ou encore pouvoir la faire lire à ma fille, mes nièces, mes amies et surtout parce qu'il est urgent de libérer la parole et rattraper des siècles de retard, d'inhibition et d'obscurantisme, d'avoir davantage d'ouvrages disponibles pour banaliser ce thème. Cet ouvrage ne peut que devenir une vraie référence sur le sujet. C'est pour moi un livre résolument féministe à offrir à toutes les femmes !
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Il s'agit – mais de la meilleure écriture qui soit et qui ne s'exonère pas de prendre les choses avec dérision – d'un cours d'éducation sexuelle.

D'un point de vue strictement biologique, les organes masculins et féminins sont symétriques : les deux corps caverneux et turgescents du pénis se retrouve de chaque côté de la vulve ; le gland du pénis se retrouve être celui du clitoris, équipé de même d'un prépuce ; le méat urétral – ou urinaire - qui est au bout du pénis se retrouve sous le gland clitoridien ; et la prostate a pour équivalent les glandes de Skene – ce qui permet l'éjaculation féminine par le même méat urétral – l'éjaculat ayant une composition similaire à celle du liquide pré-éjaculatoire masculin. Enfin, le clitoris, comme le pénis, sont reliés par les même nerfs pudentaux au cerveau, sans passer par la colonne vertébrale (les femmes aussi raisonnent donc avec leur sexe) ; de même que les nerfs pelviens lui relient le vagin, le rectum et les régions profondes du pénis. Rien n'interdit de penser que les nerfs vagues et les nerfs hypogastriques, qui relient au cerveau l'utérus, ne lient aussi la prostate. L'équipement initial étant le même, rien n'indique donc à ce stade que l'orgasme suive un mode de production différent chez les uns ou chez les autres. La seule différence est la présence des glandes de Bartholin qui secrètent dans la vulve et à l'entrée du vagin un liquide lubrifiant – et, bien sûr, la présence du vagin.
Et justement en ce qui concerne la description de l'orgasme, des sexologues et des professeurs émérites qui ont lu des descriptions de ressentis personnels ont été incapables de classifier clairement quels témoignages étaient masculins – ou féminins.

Que se passe-t-il alors, entre le matos base et l'extase, au niveau du mode opératoire, qui mènerait à percevoir à ce point différemment l'atteinte du plaisir chez les uns et chez les autres – et qui justifie, au passage, comme y insiste l'auteure, cet ouvrage de 200 pages ?

Plusieurs pistes sont explorées dont aucune ne présente de caractère définitif : le déni (certaines personnes haïssant leur organe en seraient venues à l'ignorer tout simplement), l'inhibition (l'ennui que provoque la difficulté à exciter l'organe en mènerait d'autres à ne plus écouter leur corps et à préférer le laisser « tranquille »), l'ignorance (le refus de toucher l'organe mènerait à une méconnaissance de son fonctionnement, de ce qui procure du plaisir), la pression de la performance (la volonté de bien faire, la volonté de suivre le rythme imposée par le partenaire qui, s'il est masculin, précipite la durée du rapport sexuel, l'organe masculin s'excitant statistiquement plus vite et menait plus rapidement à l'orgasme, provoquant une urgence chez la partenaire qui aurait besoin de trois fois plus de temps), l'obsession (l'atteinte de l'orgasme à tout prix, coûte que coûte, intellectualiserait trop le rapport sexuel et atténuerait les sensations du corps), la culpabilité (je ne suis pas au niveau, j'ai des imperfections sur le corps, je ne fais pas comme il faut), le dégoût (certaines personnes, après leur premier orgasme, seraient en larmes et formeraient le serment de ne plus jamais le ressentir tant l'émotion est détestable), la peur (la perte de contrôle de son propre corps mènerait certaines personnes à « bloquer » les émotions, à refuser « d'aller plus loin », à se limiter à une sensation modérée par peur de ne plus pouvoir conserver l'entière maîtrise de leur corps), la diversité des physiologies (telle zone serait chez telle personne plus érogène que telle autre, ou bien c'est une combinaison de toutes ensembles qui provoqueraient le plaisir plutôt que l'une d'elle isolées), etc.

Une autre hypothèse de l'importance de la question de l'orgasme féminin serait une question de « communication » : la concordance entre la reconnaissance exprimée de l'excitation et la réalité de l'excitation (mesurée par une réaction du corps à des stimuli sexuels) serait moins forte chez un panel de femmes hétérosexuelles que chez des femmes homosexuelles (dont il est mis ailleurs en évidence qu'elles connaîtraient, statistiquement, mieux leurs corps que les premières) et que chez les hommes (homos ou hétéros). le corps pourrait donc réagir mais la personne ne pas le déclarer (soit qu'elle ne s'en rende pas compte, soit qu'elle le refuse, soit que… je ne sais pas).

Mais alors, si l'évidence du plaisir ne se manifeste pas plus clairement, que devient la question du consentement, et quel sens prendrait-il s'il n'était pas lié à l'évidence de la sensation d'un plaisir ? Quand pourrait-il être donné et sur quelles bases ? Courageuse, l'auteure ne s'exonère pas d'aborder le sujet, et mentionne, quelle que soit la motivation du consentement, des thèses évoquées ici et là sur l'importance de sa franche affirmation – ce qui est nommé le « consentement enthousiaste » – plutôt que de sa mention par défaut (j'ai dit oui puisque je n'ai pas dit non). Cela pourrait, selon l'auteure, contribuer à améliorer la concordance entre le plaisir ressenti et le plaisir exprimé, en permettant une meilleure conscientisation de ce qui fait plaisir et de ce qui ne fait pas plaisir.

Reste que le rapport sexuel ne serait en rien amené nécessairement à provoquer un orgasme (ou plusieurs), puisque le plaisir peut naître d'une sensation de bien-être et de satisfaction générale que différentes méthodes seraient susceptibles de rendre plus accessibles : les solutions sont diverses : méditation tantrique, méditation « orgasmique », la « pleine conscience », etc.

Ce résumé est bien sérieux au regard de ce petit livre facétieux et terriblement bien écrit qui, à défaut d'avoir provoqué un orgasme, m'aura donné d'innombrables éclats de rires (la séance de groupe initiale, les « aventures » de Vanessa, l'expérience au festival « Burning Man », rien de tel pour dédramatiser…).

Une question cependant : pourquoi Dieu – celui qu'on veut - ou la nature - a-t-il donc placé le clitoris en dehors – et si loin – du vagin ; et n'aurait-il pas simplifié les choses en le mettant dedans (comme a voulu le faire Marie Bonaparte, p. 59, mais c'était une mauvaise idée) ? En attendant que cela change, « luxe, calme et volupté » : j'ai très envie de lire d'autres ouvrages de cette auteure, qui, décidément, apprend à ne pas passer à côté de l'essentiel.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
A bien des égards, cette "découverte" a été un pas de géant pour les femmes de cette planète. Cependant, le fait que cet élément - somme toute banal - de notre anatomie soit resté aussi longtemps méconnu nous rappelle, de manière assez déconcertante, le peu d'efforts consentis par notre société pour étudier l'anatomie féminine lorsque celle-ci ne semble pas indispensable à la procréation. Comme l'ont fait remarquer biologistes et féministes, le clitoris, avec ses huit mille terminaisons nerveuses (minimum), est sans doute le seul organe humain dont le plaisir soit la seule raison d'être - ce qui n'est pas le cas du pénis, qui sert également à la procréation et à la miction. Rien de tout cela n'est conforme à l'image de la femme adulte telle qu'elle est véhiculée par l'Occident, encore pétri de christianisme, et cela transparaît dans le corpus scientifique de notre civilisation.
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Grâce à la pornographie, nous avons également appris à mobiliser en priorité la vue au moment des rapports sexuels, et ce au détriment des quatre autres sens, tant et si bien que les stimuli érotiques reçus par le toucher et le goût perdent de leur influence. Et nous l'avons fait avec tellement d'application que certaines personnes en oublient tout bonnement que le sexe n'est pas un acte principalement visuel. S'il doit être classé, il s'apparente sans doute bien davantage à un acte de toucher à l'aveugle, à un dialogue entre masses et postures, positions et textures, zones humides et sèches, convexe et concave. C'est l'animal en nous qui s'éveille, ses sens qui s'aiguisent, sa vue qui se brouille et ses yeux qui se ferment, ses mollets qui se tendent, sa poitrine qui s'élargit. C'est le sang dans nos veines qui se met à gronder. La vidéo nous empêche de vivre le sexe de manière profonde. Ce qu'elle nous offre, c'est du safe sex, du sexe protégé, qui se déroule dans un laboratoire cérébral exempt de toute vulnérabilité, loin de l'espace instable qui s'insinue entre deux corps humains. C'est du sexe flanqué de termes comme "haute définition", "amateur" ou "caméra cachée", qui cherchent à donner à l'affaire un semblant de vérité et l'illusion de l'immédiateté. Mais, ce sexe-là, il ne prépare ni les hommes, ni les femmes à la rencontre avec un être humain, un être vrai et vulnérable. Il ne les prépare ni à se révéler dans leur corps imparfait, ni à se délecter de tous les plaisirs que ce même corps imparfait peut leur offrir.
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Léonard de Vinci esquissait déjà amoureusement des coupes transversales de l’anatomie génitale masculine en 1493. En comparaison, l’anatomie féminine n’a vraiment pas bénéficié de la même attention. Pour le dire autrement, nous sommes parvenus à cartographier l’intégralité du génome humain en 2003, soit des années avant d’avoir pris la peine de faire une échographie détaillée du clito humain ordinaire.
(…)
Mais tout n’est pas qu’affaire d’ignorance. Pendant des millénaires, nous avons réuni tout un corpus de connaissances sur la sexualité des femmes. Le problème, c’est que nous sommes passé·e·s maîtres dans l’art d’en faire abstraction. Même si la structure clitoridienne complète – dont les nombreuses connexions à l’urètre et à l’utérus ont conduit plusieurs spécialistes à le considérer comme un élément d’un ensemble encore plus vaste, le complexe clito-urétro-vaginal (CUV) – n’a été modélisée qu’en 2009, elle avait été décrite en détail dix ans plus tôt, dans un article publié par O’Connell et ses trois coautrices dans le Journal of Urology. Et ce n’est pas tout : des illustrations détaillées des structures clitoridiennes internes sont apparues bien plus tôt, notamment dans l’œuvre classique de l’anatomiste allemand Georg Ludwig Kobelt, De l’appareil du sens génital des deux sexes dans l’espèce humaine et dans quelques mammifères, fruit de son travail de dissection de cadavres… ce livre date de 1844 !
Vous avez bien lu : en 1844, on en savait plus sur le Vrai Clitoris que, disons, en 1995. Et, malheureusement, même après toutes ces « découvertes » isolées, tout le monde ne connaît pas le Vrai Clitoris, alors que le nombre d’études portant sur cet organe ou sur le CUV depuis 2009 ne cesse d’augmenter, et lui confère davantage de visibilité dans les médias, mais toujours sous l’angle de la perplexité.
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L'origine de ce désaccord vieux de plusieurs siècles sur la sexualité féminine peut être résumée par la question suivante : la vulve est-elle une chose ou une absence? Comment définir ce qui se trouve entre les jambes des femmes ? Est-ce un organe définissable par tout ce qui dépasse - le clitoris, les lèvres, les huit mille terminaisons nerveuses, et plus généralement la chair qui le compose ? S'agit-il plutôt d'un vide, d'un réceptacle, d'une ouverture, d'un orifice, d'un lieu qui n'existe que pour être rempli par autre chose ? À travers l'histoire, cette dernière vision des choses s'est accompagnée de violences envers les femmes et de l'effacement de leur désir sexuel au profit de celui des hommes. À l'inverse, lorsque c'était la première approche - celle qui perçoit la vulve comme un organe à part entière - qui dominait les esprits, les femmes étaient considérées comme des êtres sexuellement indépendants, capables d'éprouver du désir, de ressentir du plaisir et d'accéder au pouvoir.
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Que veulent les femmes ? Ça, personne ne le sait, pas même les femmes elles-mêmes ! Peut-être faut-il en fait aborder la sexualité féminine comme un domaine qui s’apprend, se cultive, et dans lequel on s’améliore grâce à nos connaissances – comme la cuisine ou le jardinage. Le plaisir féminin est-il vraiment beaucoup plus compliqué que le mode d’emploi de votre IPad ou votre déclaration d’impôt ?
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Video de Sarah Barmak (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sarah Barmak
Libérée, la sexualité des femmes d?aujourd?hui ? On serait tenté de croire que oui. Pourtant, plus de 50 % d?entre elles se disent insatisfaites, que ce soit à cause d?un manque de désir ou de difficultés à atteindre l?orgasme. Si tant de femmes ordinaires sont concernées, peut-être qu?elles n?ont rien d?anormal et que ce n?est pas à la pharmacie qu?il faut aller chercher la solution. le remède dont elles ont besoin est plus certainement culturel, et passe par une réorientation de notre approche androcentrée du sexe et du plaisir. Tour à tour reportage, essai et recueil de réflexions à la première personne, cet ouvrage enquête sur les dernières découvertes scientifiques ayant trait à l?orgasme féminin. On y apprend ainsi qu?une chercheuse en psychologie clinique a recours à la méditation de pleine conscience pour traiter les troubles à caractère sexuel. On y découvre aussi diverses façons dont les femmes choisissent de redéfinir leur sexualité. Cette aventure aux confins de la jouissance nous emmène jusqu?au festival Burning Man, où l?orgasme féminin est donné à voir sur scène, ou encore dans le cabinet feutré d?une thérapeute qui propose de soigner les traumatismes liés au viol à l?aide de massages sensuels.
Jouir. En quête de l'orgasme féminin de Sarah Barmak Traduit de l?anglais (Canada) par Aude Sécheret Préface de Maïa Mazaurette En librairie le 3 octobre ! Zones éditions ? https://www.editions-zones.fr/livres/jouir/
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