Le jour de l'enterrement de sa mère, la généreuse Gontrane qui "pèse son quintal" prend conscience que sa vie est une tarte à la crème...
Du matin au soir elle se tartine Marc, un mari goujat et violent,
elle se plie en quatre, comme un feuilleté, aux volontés de sa soeur si fine et parfaite.
Dorénavant, elle décide de ne plus se prendre le chou et de vivre enfin sa vie. En route vers le centre commercial qui regorge de victuailles, elle rencontre, Jean Trégaille, un auteur de romans policier, ancien alcoolique repenti, en manque d'inspiration qui l'aborde sans à priori.
Devant les boutiques et les rayons, ils discutent de tout et de rien. Le courant passe, l'appétit s'ouvre en grand pour Gontrane qui remplit à ras son caddie et l'inspiration revient petit à petit pour Jean ....
Sans de départir de son humour noir féroce, Franz Bartelt éclaire deux destins ordinaires
réunit deux écorchés de la vie qui se sont pris des coups ...
Sa plume tendre pour les êtres fragiles se révèle aussi acide, ironique contre ceux qui n'acceptent pas la différence et les faiblesses .
Le frère spirituel de feu Pascal Garnier, un autre autodidacte, est tout trouvé.
Charges comprises, c'est pas lourd... c'est finement enrobé !
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Un roman singulier, et par là-même intéressant : un homme alcoolique et une femme boulimique - même si ce mot n'est jamais écrit - se rencontrent par hasard. C'est l'occasion d'ausculter leurs addictions respectives, leur mal-être. le ton reste léger, plutôt doux, malgré la gravité de certains faits, Lucides et sans amertumes, jamais désespérés, désabusés, les personnages acceptent la vie et le peu d'espoir qu'elle leur laisse entrevoir.
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Le lit est considéré comme le plus solide des meubles. Plus solide que l'armoire et que la commode. Plus solide que le buffet. Plus solide que la chaise. En général, l'homme naît et meurt dans un lit. Pas dans un buffet ou sur une chaise. Quant à l'amour, s'il se fait aussi bien contre la porte d'une penderie que sur une table, c'est plutôt au lit qu'on en associe l'idée. Les lits résistent à tout.
- Dans les romans, dit Trégaille, les lits ne cassent jamais.
- Même quand une grosse femme se vautre dessus ?
- A plus forte raison. Il se fatiguera, mais pas plus.
- Vous ne vous connaissez pas qu'un peu en psychologie des lits.
J'aime le saucisson à l'ail. J'aime aussi le cervelas. Vous savez : avec de la peau rouge, épaisse comme de la gomme à mâcher, et qu'on recrache exprès pour faire sale. J'aime. c'est mauvais. c'est à base de chimie et de déchets. Un jour, les fabricants de cette saloperie seront poursuivis pour crime contre l'humanité. Mais que voulez-vous, c'est ce que je préfère au monde, le cervelas. Je dis toujours qu'à l'avenir, je m'en passerai. Et je ne m'en passe pas.
Dans une famille, il faut un monstre. Regardez les dynasties royales, les lignées d'industriels, la descendance de certains génies. Pas une sans un raté, pied-bot, aveugle, tordu, collant de la patte, moucheron baveur, ravagé de la cervelle, maniaque dangereux. Même le sperme de prix Nobel n'est pas une garantie de réussite. Un boulet par tribu. Chez nous, c'est moi qui ai hérité de la tare.
Une vie, c'est dix ou quinze romans. Même si on a le sentiment qu'il ne s'y passe jamais rien.
Le malheur du monde doit beaucoup à des hommes comme le docteur Coche qui n'acceptent jamais les gens comme ils sont.Ils s'attaquent aux gros, aux buveurs, aux fumeurs, aux drogués.Ils plantent des électrodes dans le crâne des poètes.Il répandent l'idée que le bonheur ou le bien-être dépendent d'un ventre plat et d'un sommeil étalonné sur les prescriptions de la faculté.Un jour, ils interdisent le beurre.Le lendemain, ils mettent en garde contre le pain.D'autres fois, ils condamnent les cacahuètes, le chocolat, le poisson, la viande rouge, les pâtes, n'importe quoi, le vin bien sûr qui n'est profitable qu'à ceux qui le vendent.Ils n'avaient pas entièrement tort.
Une minute quarante de Franz Bartelt à consommer sans modération, extrait du livre "Le bon temps" paru à L'Arbre vengeur.