Un livre pour les cinéphiles qui s'intéressent aux productions du XXe siècle.
D'où vient l'admiration inconditionnelle de la génération de la Nouvelle Vague pour
Jean Renoir ? Ces cinéastes, en parlant de leur maître, n'ont pas peur de superlatifs. Ce n'est pas une admiration béate, car on trouve ici les arguments, noir sur blanc. Ce qui les interpellé, c'est la liberté de Renoir. Son génie de se renouveler constamment. Et, surtout, le fait d'être en avance sur son temps.
Un extrait au sujet de la Règle du jeu, p67, commentaire d'
A Bazin :
« Sa mise en scène prodigieusement mobile, l'ironie subtile des cadrages et des mouvements d'appareil, le style de la photographie qui annonçait de manière générale la fameuse profondeur de champ qui nous est revenue d'Amérique via Citizen Kane [Welles] et Les plus belles années de notre vie [Wyler], apparurent alors comme des fantaisies cocasses mais discutables. [ ]
On y admire [ ] l'expression la plus achevée de l'école réaliste française d'avant-guerre et la préfiguration des éléments les plus originaux des quinze années suivantes. »
Un témoignage de J Renoir, 1938, p150
« J'attendis près de deux ans l'occasion [de faire un film parlant, après le début avec des films muets]. Pendant ce temps, tout l'édifice commercial sur lequel le cinéma était construit dégringolait avec fracas. La cause en était fort simple. Avant le parlant [ ] tous les films étrangers pouvaient se transformer en films absorbable du public français par l'adjonction de simple sous-titres. Les maîtres étaient donc les propriétaires de salles. le film parlant changea tout cela du fait que la langue constitua une frontière à l'intérieur de laquelle nos films se trouvaient protégés. Les maitres du cinéma devinrent non plus les exploitants, mais les producteurs. »
Au sujet du film le Crime de Monsieur Lange, p232, commentaire de F Truffaut :
« La force poétique du Crime de Monsieur Lange ne vient pas seulement des talents multipliés de J Renoir et
J Prévert, mais aussi, semble-t-il, de la confuse diversité des intentions. [ ] Les intentions sociales [ ] restent au second plan, tout simplement parce que les personnages du film pètent de santé et de vie. Voilà encore – le cas est fréquent chez J Renoir – un film qui, à force de vérité humaine, devient vite purement féerique. »
Ce livre est une oeuvre collective. Présentation par Truffaut. Une centaine de pages de réflexions sur les films par
A Bazin, suivis par une filmographie complète, dont les notices critiques sont signées par une dizaine de metteurs en scène. Un regret : l'image de la couverture … J'aurais aimé une belle photo en noir et blanc tirée d'un de ses films.