Un chef-d'oeuvre, carrément, époustouflant, unique, particulier, comme personne. Tout le Québec dans cet auteur énorme. Chaque fois que je lis du VLB j'en reviens impressionné de cet auteur tout dédié aux livres et à leurs auteurs. Nationaliste, fier du Québec et conteur comme personne. C'est, pour moi, un des plus grands écrivains vivant.
Ici, il es à la recherche d'un amour de jeunesse qui lui donne rendez-vous partout. Elle ne vient pas mais l'auteur nous donne l'heure juste sur la situation africaine, lieu des rendez-vous raté, tout en revenant sur sa situation particulière et à certaines rétrospectives de sa vie. Qui est Québécois et souverainiste, se délecte dans les pages de Beaulieu magistralement écrites.
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Un roman foisonnant et fascinant. Une histoire qui allie autobiographie et imagination débridée, souvenirs douloureux et fantasmes, références littéraires et réflexions sur l'écriture, scènes théâtrales et figures mythologiques. Un récit de vie à la fois intime et démesuré, qui dérange, émeut, questionne, bouleverse. de la grande littérature qui emmène le lecteur dans un voyage du coeur du Québec au plus profond de l'Afrique noire par un style d'une grande liberté, intensité et richesse.
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Après avoir lu une quarantaine de pages de ce roman autobiographique écrit par un auteur québécois engagé, très prolifique, reconnu et honoré de quatorze prix littéraires - et peut-être davantage, je pense que je vais abandonner.
Ce n'est peut-être pas par ce livre qu'il m'aurait fallu découvrir Victor -Lévy Beaulieu.
L'absence du sujet "je" dans la conjugaison ainsi que le vocabulaire québécois auquel je ne suis pas habituée me déroutent trop...
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Un roman différent, étonnant, qui donne parfois l'impression d'halluciner. J'ai bien aimé malgré quelques longueurs.
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Les conquérants, tous des voleurs, prennent, mais ne redonnent pas, font de la pauvreté des autres un servile assujettissement ; on ne s’enrichit pas autrement quand on rêve d’être la plus grande puissance économique du monde : l’histoire de l’empire romain est là pour le prouver, l’histoire de l’empire espagnol aussi, et celle de l’empire français, et celle de l’empire britannique, et celle de l’empire américain – ((pour quelques-uns, toutes les richesses ; pour les autres, la pauvreté, la maladie, la souffrance et la mort)) – plus grand-chose d’autre à montrer, l’Afrique, dès qu’on sort de ses grandes villes, car tout nouveau gratte-ciel qui s’élève vers le ciel dit le contraire de la réalité : on n’a qu’à faire cinquante milles à l’intérieur du continent pour s’en rendre compte : famélique partout, sale et affamé partout – cinquante milles encore et c’est juste pire : guerres interminables de clans, à coups de machettes faisant gicler le sang : plein de cadavres le long des petites routes, gros ventres pourrissants qu’éventrent les charognards, ces bras, ces jambes, ces oreilles et ces nez coupés, ces têtes décapitées, plus de 300 000 morts sous le seul régime de terreur d’idi amine dada en ouganda, et des millions d’autres en somalie, au liberia, au ghana ou au kenya.
la littérature des autres a au moins ceci de bon : elle est consolante parce qu’elle sait mieux exprimer ce qui ne peut pourtant pas l’être ; et maintenant que j’ai pris la décision de quitter ma famille, je me sens apaisé par les mots de kafka : lui seul a vécu le véritable enfer, lui seul n’a jamais cessé de mourir, lui seul a compris l’évidence :
« Il s’agit uniquement, tant que cela sera possible, de se maintenir la tête assez haut pour ne pas se noyer » –
je vais faire comme kafka, je vais simplement m’arranger pour que ma tête reste hors de l’eau –
Je déteste penser à judith, je n’aime pas les souvenirs, pas davantage les bons que les mauvais – malgré tout, dans ce compartiment de mon portefeuille une photographie de judith que j’ai conservée depuis le jour que j’ai fait sa connaissance : grands yeux de couleur singulière, d’un violet très sombre, mille fois plus beaux encore que ceux de l’actrice elizabeth taylor, de vrais diamants, si purs c’était que je ne pouvais qu’en tomber amoureux, en être subjugué, envoûté, ensorcelé ; ne comptait plus le reste du visage, ne comptait plus le corps maigre, le pectus cavatum qui lui faisait ce trou entre les seins, ne comptaient plus ces jambes filiformes, comme prolongements d’une stèle, comme pilastre cornier dont la seule utilité était de donner tout son éclat aux grands yeux violets.
ME DISAIS :
faut que je m’en aille et j’ai pourtant nulle part où aller ; dès mes origines on m’a laissé seul avec moi-même ; dès mes origines on n’avait pas besoin de moi ; dès mes origines on a agi avec moi comme si j’étais déjà mort – ce cercueil dans lequel on m’a mis et qui glisse mollement dans le ventre de la terre, déjà pourrissant et nauséabond à cause de tous les vers glauques qui en suçent la mouelle avec férocité –
L’argent est aussi rare ici que de l’étron papal. Les Chinois en ont à plus savoir quoi faire avec, mais ils manquent de matières premières. Nous autres, on a du bois et du minerai. Les Chinois bâtissent nos immeubles, et nous autres on abat par pans entiers nos forêts, on extrait du sol le pétrole et les métaux précieux, puis tout ça est chargé dans d’énormes cargos qui voguent jusqu’en mer de Chine. Ç’a commencé par un investissement modeste de cinq milliards de dollars, ça dépasse maintenant le cap des cinquante milliards et demain on va célébrer le fait que plus de cent milliards de dollars chinois circuleront dans toute l’Afrique.
#VendrediLecture - Spécial Victor-Lévy Beaulieu vu par Dany Laferrière