AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782266144322
214 pages
Pocket (15/03/2004)
3.9/5   572 notes
Résumé :
Au début, il est sans doute un peu dérangeant cet amour entre ce vieil écrivain et ce très jeune homme. Mais très vite on se rend compte qu'il restera sur un plan purement platonique. Alors s'installe une véritable fascination pour chacun des mots qu'ils échangent, au cours de profondes et longues conversations, puis au fil de lettres admirables, lorsque Marcel doit quitter la ville. Car l'écrivain en question, c'est Proust bien sûr, même s'il n'est jamais nommé. Ex... >Voir plus
Que lire après En l'absence des hommesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (87) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 572 notes
Paris, la Grande Guerre fait rage. Il s'appelle Vincent, il est né avec le siècle, par chance, trop jeune pour aller sur le front. Il fera la connaissance d'un grand écrivain, Marcel Proust. Malgré le fait que cet homme puisse être son père, une profonde amitié amoureuse va troubler leur existence à tout jamais. Ils se reverront tous les jours, parce qu'ils en ont besoin, dans des lieux prestigieux.
Pendant ce même temps, Vincent rencontre Arthur, jeune soldat, revenu de permission, et fils de la bonne. Un seul regard et l'amour est là. Attirés l'un vers l'autre, ils vont se rencontrer toutes les nuits, pendant seulement sept nuits, puisque Arthur doit repartir au combat, sept nuits d'un amour passionnel, charnel où les deux corps se confondent...

En l'absence des hommes, paradoxalement, Besson ne nous parle que d'eux. de l'amour affection, de l'envie, de la passion amoureuse, de sexe... D'une grande sensibilité et de la poésie dans les mots et l'amour, ce roman est à fleur de peau. Avec un style simple, émouvant et troublant, il nous décrit avec justesse et émotion l'histoire de ces trois hommes.
Un roman en trois actes, fin et délicat.

En l'absence des hommes, en présence d'un réel talent...
Commenter  J’apprécie          550
L'écriture de Philippe Besson m'émeut toujours et "en l'absence des hommes" ne fait pas exception même si la toute première partie m'a moins séduite.
Ce premier roman a déjà pour thème central, l'homosexualité mais ici dans un contexte très particulier puisque le roman se déroule durant la première guerre mondiale.
Vincent, le narrateur, est un jeune homme de 16 ans qui va se lier d'amitié "amoureuse" avec Marcel Proust et découvrir l'Amour avec Arthur, jeune homme de 21 ans qui repart au front.
Ce roman montre déjà une plume pleine de sensibilité, de sensualité et de pudeur que j'apprécie vraiment.
Afin de ne pas ternir l'image que j'ai des romans de P. Besson, je vais m'abstenir de lire son dernier livre, je vais attendre le prochain d'autant plus que j'ai la chance d'en avoir encore quelques uns en attente.
Commenter  J’apprécie          535
Ce livre m'attendait depuis longtemps dans ma PAL car j'aime beaucoup cet auteur et j'avais très envie de découvrir son premier roman :

Vincent est né avec le siècle, et il n'a que seize ans lorsqu'il fait, durant la même semaine, deux rencontres majeures qui vont sceller son destin : Marcel Proust et Arthur, le fils de la gouvernante, soldat en permission.

Marcel Proust pour lequel il va développer un amour qui restera platonique, amitié serait d'ailleurs un terme mieux adapté. L'écrivain le fascine, il représente une image davantage paternelle: le père spirituel que l'on cherche tous plus ou moins (ou la mère) qui vient combler les défaillances réelles ou non, ou les projections: un idéal qu'on peut admirer et à qui on voudrait ressembler… Proust est un écrivain reconnu à la sexualité particulière: Vincent et lui peuvent se parler sans tabou.

Arthur (comment ne pas penser à Rimbaud?) entre dans sa vie par effraction, dans l'urgence de la guerre et lui déclare son amour: il n'a plus rien à perdre, il ne sait pas s'il reviendra vivant, donc ils vont vivre leur histoire dans l'urgence, le temps présent, les corps qui se découvrent et s'embrasent.

Vincent découvre son homosexualité et on a l'impression qu'il demande à Proust son autorisation tacite car il ne peut en parler avec personne d'autre. (l'auteur ne lui demande-t-il pas au passage l'autorisation d'écrire?)

Après une première partie où alternent des scènes torrides et des échanges plus intimes, l'auteur nous livre les lettres échangées par les protagonistes après le retour au front d'Arthur et le départ de Proust pour affaires.

Philippe Besson nous livre au passage de belles réflexions sur le temps qui passe, que l'on peut perdre, sur la guerre, la jeunesse, la mort et sur les mots et l'écriture.

« le souvenir vient jeter un lien entre hier et aujourd'hui. C'est aussi simple que cela. Il ne faut pas chercher plus loin. Je dis: le temps, c'est ces minutes avec vous, ce n'est rien d'autre que cela. » P 61

Ce qui m'a dérangée un peu, c'est l'utilisation à répétition des : « je dis » ou « vous dîtes » ou encore « il dit » qui alourdit le texte.

J'ai bien aimé ce roman et on sent déjà timidement s'ébaucher ce qui fera la sensibilité, la marque de fabrique de la plume de l'auteur. J'ai terminé ce livre, il y a une dizaine de jours et j'avais tellement noté d'extraits qui me plaisaient que j'ai eu du mal à faire une synthèse qui me convienne vraiment.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          394
Été 1916, Paris, chaleur, lumière
Ailleurs, la guerre

Vincent 16ans
Marcel 45

Une rencontre mondaine quasi silencieuse mais très éloquente.
Les autres devinent, comprennent.
Marcel est réputé désirer les hommes.
Vincent le sait.
Il accepte la proposition de se revoir.

Marcel, c'est le crépuscule des salons, d'un certain monde en décadence, une fin de quelque chose.
ProustProust ma chère

Vincent c'est l'aube, la jeunesse mais la jeunesse lucide, consciente, avertie.

De courts paragraphes à la première personne du singulier rythment une narration précise ou l'intension résolue du jeune protagoniste ne laisse la place à aucun doute (peut-être est-elle un peu mature pour un jeune homme de 16 ans)
Il est maître de ses décisions, de son engagement comme de son destin.

Aucune ambiguïté ! Aucune.

Arrive Arthur, 21 ans.
C'est le fils d'une domestique de l'aristocratique père de Vincent. Il est poilu en permission pour une semaine après deux années au front. Il avoue une longue obsession amoureuse secrète pour lui, Vincent.

C'est la découverte.

Deux jeunes corps de deux jeunes hommes de conditions différentes qui s'enlacent, s'étreignent et s'emboîtent dans les confidences guerrières du combattant rompu et tourmenté.

Marcel toujours est là qui manigance et invite Vincent.

Vincent oscille entre l'âme érudite de Marcel et le corps érotique de Arthur.

Equipage à trois, équipage étroit qui s'ignore dont le pivot est un jeune homme de 16ans qui abandonne son innocence et s'abandonne en toute innocence.

Grâce à ces deux duos dont les dialogues restitués son encadrés de je dis, tu dis ou vous dites, Besson s'attache à nous dresser un portrait intime du Marcel qui fane en continuant de fréquenter les salons aristocratiques qui vont bientôt sombrer dans la désuétude et un brûlant brûlot contre la guerre qui massacre les jeunes corps vaillants des jeunes soldats qui ne demandaient qu'à en jouir comme le fait le jeune Vincent jusque là épargné.

Deux salles, deux ambiances.

Des réflexions sur le temps passé mais que l'on recherche éperdument à faire perdurer et sur la jeunesse qui déroule devant elle un tapis rougi parfois du sang de ceux qui ne pourront pas le fouler.

Entre deux jouissances et ses coups de semence, l'ombre de la guerre et ses coups de semonce. Vivre pleinement si l'on doit périr jeune et ne jamais devenir une forme avachie sur un sofa du siècle d'avant.

Un superbe écriture à la fois moderne et surannée qui utilise le mot virtuel dont l'existence en 1916 me surprendrait.

Comme dans un journal intime qui restituerait les échanges partagés soit avec le grand auteur cérébral soit avec l'ardant soldat amant, le texte aborde divers sujets dont la filiation, la création littéraire, le rapport à la célébrité,  la peur de la mort, la transmission, l'orientation sexuelle …
Sensé être écrit par le narrateur de 16ans, ce journal révèle un jeune homme certes très mature, décidé, conscient de sa différence et de ses origines mais également hautain, fat et qui porte un jugement sans appel sur la société dont il profite.

Puis vient la séparation, viennent les séparations, qui dans sa Normandie natale qui sur le front qui pourrait l'engloutir.

Le roman change soudain de braquet et c'est un bien, l'ennui aurait fini par gagner.

De journal intime il devient recueil épistolaire. Ce sont les courriers échangés qui nous sont donnés à lire ou la personnalité du narrateur se fait plus complexe, moins catégorique qu'on ne l'avait perçue précédemment, plus en accord avec son âge.

Des lettres d'amour où point le désespoir et la passion contrariée comme des demandes de conseil à l'aîné dont l'expérience supposée devrait aider à supporter et l'absence et l'effroi que la divulgation de son amour interdit pourrait provoquer, sa liaison dangereuse.
Le verbe aussi évolue parce qu'écrit, réfléchi, formulé pour être lu.

Cette fois l'auteur prête directement à Proust ce que Vincent rapportait de Marcel.

Le style se doit d'être compatible et il y parvient à mon sens bien que n'étant pas familier ‘d'à la recherche du temps perdu', au moins fait-il illusion.

Puis les échanges cessent et s'ouvre le dernier court chapitre qui sera celui de la révélation, celle d'un secret qu'on n'aurait imaginé, un dernier chapitre en forme de trait d'union qui scelle à jamais ce trio qui jamais ne s'est formé,  qui soude ces protagonistes qui ne se seront côtoyés que deux à deux et que seul Vincent trimballera dans la vie de solitude qu'il se promet de vivre.

Baissons chapeau à Philippe qui a su me captiver pour ce troisième roman de lui que je termine ici.
J'ai pu me lasser par moment, trouver la forme prendre le dessus sur le fond, estimer trop prégnant l'exercice littéraire en lui lui-même, regretter que l'auteur se cache derrière certains propos qu'il prête à d'autres, pourtant je finis admiratif du magnifique travail ici livré qui se sert d'une autre époque et d'autres moeurs pour analyser la notre, les nôtres et constater que finalement, malgré ce que l'on peut en dire, les choses n'ont pas tant changées que cela et que son personnage principal, même s'il m'a agacé parfois, est un bel exemple de modernité et de briseur de tabous.

Reste le titre qui, pour moi, demeure un mystère.
Commenter  J’apprécie          226
En l'absence des hommes, c'est d'abord le rappel de cette guerre qui soustrait les hommes capables de se battre et laisse ceux qui restent dans l'expectative de ce qui va advenir, dans le confort des salons ou l'oisiveté des palabres. C'est un garçon de seize ans né avec le siècle et qui, au cours du même été, expérimente l'amitié de ce grand écrivain recherchant le temps perdu, tout en découvrant l'amour dans les bras d'un jeune soldat en permission. Les jours de Vincent sont pour son ami Marcel, ses nuits pour son amant Arthur.

Trois parties dont les temps se rétrécissent composent ce court roman. Dans la première, Vincent couche sur ses cahiers d'écolier les deux rencontres de cet été qui vont bouleverser son existence. Vincent a les yeux verts, les cheveux sombres et une peau de fille. Il sait la portée des silences et de la désinvolture. Sa grande maturité se pare d'une distance froide face au monde qui l'entoure. Cela pourrait paraître du dédain, mais son détachement est sa liberté. Marcel consacre sa vie à magnifier le passé, Arthur redoute ce futur qui le rendra aux combats, Vincent ne jure que par l'instant présent.

La seconde partie donne un autre sens au titre du roman. Vincent est séparé de son amant qui doit rejoindre le front, ainsi que de son ami qui est appelé loin de Paris. Les hommes auxquels il s'est lié sont absents. Reste le verbe. C'est donc au travers de relations épistolaires que Vincent garde le lien avec eux. La posture qui pouvait rendre l'adolescent antipathique au début du récit s'efface pour laisser place à une fragilité nouvelle. Étrangement, la manière trop mécanique de débuter chaque prise de parole par « je dis », « tu dis », « vous dites » lorsque les corps se faisaient face, cède ici la place à une plus grande fluidité des échanges. L'absence comme révélateur.

Sur la troisième partie, la plus courte et aussi la plus surprenante, je ne dirai rien. Ce premier roman de Philippe Besson évoque avec pudeur la lumière et la douleur de l'attachement, ainsi que cette époque où « l'inversion » en matière d'amour était encore inconcevable.
Commenter  J’apprécie          260

Citations et extraits (155) Voir plus Ajouter une citation
Je crois qu'on survit à tout. Je crois que la vie est plus forte. Je crois que le temps est assassin et balaye les visages du passé en emportant avec lui les épreuves qu'on pensait ne pas pouvoir surmonter.
Commenter  J’apprécie          890
Cette chambre est un navire. Un navire à bord duquel nous naviguons, sur des mers calmes ou déchaînées, à la recherche de rivages paisibles ou accidentés. Il y a des soleils impressionnants et puis des coups de sirocco. Il y a des étendues d'eau à perte de vue et puis, brusquement, la côte. Il y a ce roulis incessant, qui nous berce ou nous secoue, qui nous accompagne toujours. Nous sommes des marins égarés, à bord d'un bateau ivre.
Commenter  J’apprécie          250
Tu es entré dans ma vie, tu y occupes la première place, tu as opéré ce changement spectaculaire, cette merveilleuse dévastation, rien ne sera plus pareil, rien n'est déjà plus pareil.
Commenter  J’apprécie          420
La guerre est une chose irréelle, tenue à l’écart de nos vies. La guerre est une chose lointaine, plus d’une centaine de kilomètres, une immensité, là-bas, dans nos campagnes, dans des terres qui ne nous appartiennent plus. La guerre est une chose virtuelle, ne nous empêchant nullement de nous rendre au théâtre, au restaurant, de continuer à vivre normalement. P 35
Commenter  J’apprécie          200
C'est un deuil qu'il va me falloir faire, car c'est une disparition que je dois affronter. Je sais que tu es vivant. Je prie pour que tu le restes. Mais je comprends que tu es inaccessible, que tu es là où je ne peux pas te rejoindre, et que j'ignore absolument la date de ton éventuel retour.
Comment on résiste à cette folie, je l'ignore. Je suis dans cette ignorance intégrale, indépassable. Ta perte, c'est ma perte.
Comment on continue, je l'ignore. Et pourtant, il faut vivre.
Commenter  J’apprécie          140

Videos de Philippe Besson (135) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Besson
Philippe Besson à Bordeaux Chez Mollat pour « Un soir d'été » (31 janvier 2024)
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (1239) Voir plus



Quiz Voir plus

En l'absence des hommes (Philippe Besson)

Quand se déroule l’histoire ?

Au printemps 1916
En été 1916
En automne 1916
En hiver 1916

20 questions
2 lecteurs ont répondu
Thème : En l'absence des hommes de Philippe BessonCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..