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EAN : 9782809711677
192 pages
Editions Philippe Picquier (03/03/2016)
3.89/5   14 notes
Résumé :
C'est un livre qui remonte aux sources d'une enfance chinoise, lorsque l'auteur habitait une maison de briques et de paille, dans un village comme un îlot perdu au milieu d'une immense plaine. Et pas un minuscule fragment de cette vaste étendue n'échappait au travail acharné de nos corps.
C'est un livre de sensations intenses, précises, les images et les scènes ressuscitées d'un monde agricole où les hommes sont patients comme l'eau, résistants comme une raci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le buffle est sous le joug du paysan chinois, et le paysan chinois est sous le joug de la révolution culturelle...
Le buffle... appartient à l' État.
Ainsi va la Chine des campagnes des années 60 et 70, dans laquelle se déroule l'enfance de l' écrivain Bi Feiyu.
Habitat, cultures, bêtes et gens sont décrits et racontés dans cette vie d'enfant pauvre qui n'oubliera jamais. Mieux, qui l'offre aux lecteurs dans un livre envoûtant et captivant.
Il y a beaucoup de jeux et d'émerveillements, chez l'enfant Bi! En cela, les enfants de tous les pays diffèrent et se ressemblent.
Bi Feiyu sait d'où il vient, de ce monde paysan dur à la tâche et affamé. Un milieu aux codes et coutumes ancestraux adaptés à la Révolution culturelle menée d'une main de fer par Mao Tsé Toung.
Un beau livre, qui me donne envie de continuer la découverte d'un auteur habité.
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Le romancier chinois BI Feiyu se livre ici à l'exercice de l'autobiographie, nous narrant ses souvenirs d'enfance. Et qu'est-ce qui peut bien marquer une vie d'enfant de la campagne, qu'il soit occidental ou chinois ? Evidemment les parents, les petits copains et copines, la nature et les animaux…Rien donc d'absolument original en apparence, mais ce témoignage est cependant intéressant car très instructif sur la société chinoise des années Mao et post-Mao.

Les premières pages sont dédiées à une forme d'hommage à ses parents. C'est une plongée empreinte de tendresse, de respect, d'expression pudique de l'amour pour ses parents, pour sa famille en général et pour ces paysans méritants dans leurs conditions de vie très modestes. Des objets très simples, qu'ils ont souvent fabriqués eux-mêmes, prennent ainsi une valeur particulière. Par ailleurs, l'auteur, dont le père était « droitiste » (traduire pas totalement bien orienté politiquement aux yeux du Parti) assume une critique ouverte de la période de la révolution culturelle de Mao.

La simplicité de l'écriture, au sens noble du terme, est la principale qualité du style. Elle fait particulièrement son effet dans les nombreux passages consacrés à la nature, aux plantes et surtout aux animaux : souvenirs de curiosité et d'excitation enfantines, mais aussi hommage à ce qu'ils apportent à l'humanité : des moineaux aux libellules rouges, des sangsues aux buffles en passant par les cochons, dont il livre une description très intéressante du rituel de mise à mort à la ferme...
L'écrivain nous livre aussi des scènes de la vie paysanne chinoise, de la fabrication du tofu aux cérémonies d'enterrement, en passant par le lit...

Son regard est sans atermoiements, mais il pointe quand même une note de nostalgie d'un monde en passe de disparaître, du fait de l'urbanisation et de la transformation des liens familiaux.

Le récit manque un peu de force et de tension, pas d'aventure périlleuse pour le gamin que fut l'auteur, par exemple. Il ne se met pas en scène, mais raconte plutôt la vie paysanne comme il l'a connue enfant, en la racontant comme un documentaire…Les thèmes et scènes se succèdent sous forme de courts (parfois très courts) chapitres comme pour balayer l'ensemble du champ de leur vie. L'ensemble est assez complet, très instructif et agréable à la lecture. L'auteur en profite pour livrer sa vision "intellectuelle" du monde. Un bon livre, à l'écriture simple et qui fait mouche, mais où l'émotion reste trop en retrait peut-être.
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Don Quichotte sur le Yangtse est en fait un auto biographie de l'auteur.
celui revient sur son enfance qui l'a amené à déménager fréquemment, son père ayant été attrapé par le régime de Mao en 1957 en tant que droitiste et donc condamné à une vie encore plus pénible , si c'est possible, que le Chinois de base de l'époque.
L'auteur revient sur son enfance à travers de courts chapitres : Sur la façon de s'habiller, de jouer, ses liens avec les animaux, les lieux importants de son enfance. Il dresse bien entendu un constat " noirissime "de la politique menée à cette époque.
On est dans une société où rien n'est impossible pour se nourrir , la faim étant le lien entre beaucoup de ces histoires.
L'auteur nous plonge dans le quotidien d'une famille classique de la campagne chinoise.
Il dresse , même si ce n'est pas le but , un parallèle avec ce que ressent son propre fils , né en 1997, à un moment "où la société rurale chinoise n'existe plus".
Ces instantanés sont culturellement enrichissants , et relativisent encore plus si l'en est, nos petits soucis quotidien même si la Chine actuelle n'a plus grand chose à voir avec celle de 1970.
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Bi Feiyu nous livre ici un beau témoignage sur une enfance campagnarde dans les années 60-70. Intellectuel, né en 1964, il grandit pourtant dans un petit village dans la région de Xinghua. Son père, jugé comme droitiste, a été relégué et la famille survit désormais grâce à sa mère, enseignante. La vie est dure et la faim tenaille les ventres. Leurs possessions se limitent au strict minimum.

Pourtant le futur écrivain s'adapte à ces conditions de vie difficiles. Sa vie d'enfant se ponctue de petits bonheurs, faits de peu. Bi Feiyu ressuscite ces moments souvent innocents, mais parfois coupables. Enfant désobéissant, il joue dehors où tout est prétexte à jeu : grimper dans les muriers, courir dans les champs ou les rizières, chasser les nuisibles moineaux, rechercher des images dans les nuages. Les petites possessions font les grands trésors. Les sangsues malaxées deviennent des billes, les précieuses fèves accumulées une par une. C'est l'époque où l'on rêve d'aventures héroïques à dos de buffle, tel Don Quichotte. On divertit son ennui avec le moindre « évènement » : le cochon qu'on tue, la truie qui met bas, le tofu qu'on fabrique au moulin, les immenses chantiers hydrauliques qui monopolisent des milliers d'hommes, les enterrements.

Mais à travers ce récit d'enfance ponctué de mélancolie, se dessine en creux le portrait d'une Chine miséreuse écrasée par la révolution culturelle de Mao. Car c'est une vie où posséder est mal vu. Avoir trop de cochons, utiliser le « je », réservé à l'autocritique, à la place du « nous », les réunions publiques politiques obligatoires pour réhabiliter quelque peu une famille sacrifiée à cause du droitisme de l'un de ses membres, l'impossibilité d'envoyer tous les enfants à l'école qui impose de faire des choix. Bi Feiyu, avec son regard d'enfant, a perçu toute les difficultés d'un régime où l'individu n'existe pas. Il évoque le passé condamné de son père, obligé de changer de nom et termine surtout ses mémoires avec l'évènement le plus crucial de son enfance. Un camarade de jeu avec qui il avait pour habitude de se bagarrer devient la cible de son directeur d'école. Un simple slogan réactionnaire et voilà les enfants chargés de condamner et dénoncer leur ami dans le cadre d'une commission d'accusation. Accusations mensongères d'un enfant de 12 ans qui marquent une vie détruite et poursuivent encore son auteur d'une culpabilité profonde.

Bi Feiyu a l'art de ressusciter une époque avec brio. Il met l'accent sur les émotions, les sensations, évoque la nature, les animaux et cette vie simple au coeur d'une campagne à la fois nourricière et terriblement affamante. Sans appuyer sur les travers d'une société archaïque régie par une administration maoïste rigide, il sait pourtant mettre l'accent sur les petits détails qui révèlent le poids d'un pays où « pour être en paix, se méfier de soi-même ». Car tout pourrait recommencer un jour…

Un récit de grand valeur qui en dit bien plus sur l'histoire de la Chine et les conséquences durables des bouleversements politiques et humains, que ce qu'il laisse paraître.
Lien : http://grenieralivres.fr/201..
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Au fil des pages, le petit Don Quichotte devenu homme et père de famille se dévoile. Il puise dans sa propre éducation, dans le sens qu'il accorde au mot valeur, dans ses souvenirs de témoin privilégié de la souffrance de ses proches, pour inculquer à son fils une éducation respectueuse et soucieuse de ses racines campagnardes.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
En 1986, alors étudiant à l'université de Yangzhou, j'ai reçu une lettre de mon père m'annonçant que la fille de ma grand-mère, que j'appelais "tante", était morte. Elle avait avalé des pesticides. Je me suis rendu immédiatement au village des Yang. J'avais vingt-deux ans et cela faisait onze ans que je n'étais pas retourné voir ma grand-mère. J'ai honte d'avouer que j'avais presque oublié cette vieille femme. La nuit, j'y repensais parfois, mais au matin son image s'effaçait. Elle m'a reconnu immédiatement. En la retrouvant, j'ai réalisé qu'elle était toute petite. Elle voulait absolument me caresser la tête et je devais me baisser. Elle ne semblait pas effondrée, comme je l'avais imaginé, ce qui m'a soulagé. Je me suis un peu détendu. "Elle ne voulait plus vivre, la fillette", a-t-elle dit seulement.
Elle est morte peu de temps après. Elle n'en pouvait plus, elle avait trop de chagrin. Elle n'avait jamais montré sa souffrance, surtout à ses proches. Elle était de ceux qui absorbent la douleur des autres et ne font jamais partager la leur.
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La propriété privée était un crime, tout appartenait à l'Etat. En ces temps infâmes, le sort des cochons était un peu différent. Dans une certaine limite, on pouvait en posséder, tout comme les poules et les canards. L'élevage d'un ou deux cochons était considéré comme une activité acceptable pour le prolétariat et encouragé par les autorités. Au-delà, cela devenait risqué. Une dizaine de cochons, c'était à coup sûr extrêmement dangereux. Accusé d'être guidé par l'appât du gain et de "se livrer à la spéculation", on était sévèrement puni. Cette formule terrorisait tout le monde.
Il était difficile de savoir où se trouvait la limite. Personne ne pouvait dire précisément combien de cochons une famille pouvait posséder sans s'attirer d'ennuis. Cela donnait lieu à des discussions assez comiques sur un sujet aux conséquences pourtant très graves. Tragique et burlesque se côtoient dans les époques absurdes.
Le politiquement correct, c'était le cochon unique. Pour éviter les problèmes, il était plus simple de se limiter à "un cochon par foyer", tout comme il faudrait plus tard se limiter à "un enfant par couple".
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Dans l'extrême pauvreté de la campagne, les enfants vivaient comme des bêtes. Nous étions plus proches d’elles que des hommes. Nous buvions à la rivière, la tête penchée dans l’eau. Nous pissions en même temps. Résistants, nous ne tombions jamais malades.
À ma sortie de l’université, en 1987, j’ai été nommé professeur à Nankin. J’avais passé l'après-midi à jouer au foot et j’avais une soif terrible. J’ai bu l’eau du robinet et non celle de mon thermos qui était brûlante. J’ai été malade toute la nuit. J’étais devenu un citadin, j’etais devenu un « être humain ».
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La campagne chinoise des années 1960 et 1970 était plongée dans l'ignorance à un point que vous ne pouvez imaginer .
L'ignorance n'est pas effrayante en soi. Ce qui est dangereux, c'est son instrumentalisation pour dominer le monde et les hommes.
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" Que Dieu pardonne à la jeunesse ", dit un proverbe occidental. Tout le monde peut pardonner à la jeunesse, sauf l'adulte que l'on est devenu.
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La France vue par BI Feiyu (2014).
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