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Si Victor n'avait pas quitté sa province pour Un hiver à Paris, quelle aurait été sa vie? Prof de français et écrivain, le narrateur du dernier Blondel plonge en ces zones obscures du passé que la mémoire oublie. Un drame: après le lycée, Matthieu, un élève de la classe prépa qu'il vient d'intégrer, se suicide... Tout se joue ici, loin de son milieu social d'origine. On observe, suspendu au ressenti de celui qui entre dans la cour des grands, qui compose avec ce que d'autres s'empressent d'oublier. Blondel décrit un monde où les faibles n'ont pas leur place, où on joue des rôles. Pour Victor, seule une voix perçante et abyssale compte, qui marque à jamais le début de sa formation. La vraie, pas celle qui se fait en classe assis sur une chaise... Décrivant à merveille un monde pervers et cruel où la mort sert de miroir aux vivants, Blondel rappelle ce que grandir veut dire. Nous ne parvenons plus à quitter le livre tant nous cherchons à comprendre comment une formation devient vocation.
Lien : https://unlivrepour.blogspot..
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Avant tout, merci au site Lecteurs.com pour la découverte de ce titre. J'ai découvert cet auteur avec son dernier titre Mariages de Saison et cette plume si sensible m'avait beaucoup plu.

Une nouvelle fois on plonge dans un roman tout en émotions, en ressentiments, en situations du quotidien analysées à leur paroxysme.
​Ici la vie va se montrer difficile pour notre personnage principal, fraichement débarqué à Paris pour des études préparatoires qui le plongent dans un univers intense en travail. Déboussolé par ce nouveau quotidien, le jeune homme reste solitaire face à des camarades habitués à la vie parisienne.
​Au fil des ses études quelques relations relatées intensément viennent ponctuer son quotidien.
Et puis le drame qui va tout changer pour lui.

​Ce que j'aime chez Blondel c'est la simplicité des intrigues et la complexité des relations, des sentiments, des émotions. Une intensité ressort de la lecture pour toucher le lecteur de plein fouet. C'est beau et tellement réaliste.

​Une nouvelle fois Jean-Philippe m'a captivé dans son univers avec des thèmes du quotidien, certains plus graves que d'autres mais tous abordés avec une justesse déstabilisante.
​Un auteur que je vais désormais suivre avec attention.
Lien : http://tribulationsdunevie.w..
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Blondel, un hiver à Paris, buchet chastel.

Un suicide dans une prépa parisienne, c'est le trauma qui autorise la description d'une classe préparatoire élitiste et le parcours individuel d'un provincial « monté à Paris ». le récit paraît autobiographique dans la mesure où, Victor, le provincial devenu auteur connu de romans, reçoit la lettre d'un lecteur, au courant du drame survenu.

Un milieu clos, « hautement concurrentiel », où élèves et profs forment deux camps complices dans l'optique d'un concours, dans l'esprit d'un darwinisme social indispensable. On y trouve des solitaires et des adeptes d'un clan, des sentiments de mépris et d'amitié, de jalousie et d'entraide. le tout sujet à retouches, car le vent tourne au gré des notes et des reconnaissances. Certains portraits sont sévères, sujets pourtant à retouches dans le récit :

« Clauzet transformait son cours en un numéro de claquettes sadiques. Il n'aimait rien mieux que les réactions physiques des élèves, leur pâleur soudaine, ou leurs rougeurs, les larmes retenues ou non, les tremblements […] En me rendant mes copies, Clauzel me gratifiait généralement d'un froncement de sourcils accompagné d'un « tiens, vous êtes encore là, vous ? » ou d'un « vous pensez passer le concours en 2020 ? ». Les devoirs eux-mêmes étaient barrés de rouge et les commentaires assassins se multipliaient dans la marge, mélange d'ironie, de presque insultes et et d'attaques personnelles. Certaines de ses victimes s'effondraient en cours; »

Victor prend de la distance, il a derrière lui une année d'hypokhâgne vécue en solitaire, mais le suicide de Mathieu le touche personnellement, et sa proximité avec la victime lui permet - paradoxalement, d'être mieux intégré dans un milieu qui le tenait à l'écart, et le considérait comme un « tâcheron ».

Son parcours et ses relations en sont modifiées, mais n'en disons pas trop.

le récit se dévore, car l'écriture est très fluide, l'intérêt constamment maintenu, sans analyses psychologiques importunes. L'intéressé mène une vie intense, affectivement et scolairement, avec des doutes, des regrets, des revirements.

Les rapports avec les adultes sont particulièrement bien vus, dans des dialogues où les répliques et réactions de Victor créent la surprise même chez le lecteur. On est à l'écoute, non dans le jugement, et on comprend ce que le drame a pu avoir de perturbant, à l'époque et par la suite.

Ce livre m'a été conseillé par Marie Sizun ( « le père de la petite » ), et on trouvera des points communs entre ces deux relations de jeunesse perturbée.
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Je trouve l'auteur incroyablement doué pour décrire l'humain à travers des mots simples, ses livres se lisent facilement, ils parlent de la vie sans surenchère et avec beaucoup de pudeur et de justesse.

Lorsque j'ai vu que son nouveau roman venait d'être publié j'ai couru l'acheter (oui oui) et je me suis empressée de le lire.


L'histoire, comme son titre l'indique, se déroule à Paris. Victor est étudiant en Hypokhâgne. Il a quitté sa province pour s'installer à Nanterre et étudie dans le très select lycée D.

Il ne maitrise rien et découvre la solitude, la transparence. Il n'a pas les mêmes codes que ses camarades, ne partage pas la même culture. Ses parents sont des gens très simples. Tiraillé entre l'excellence et le très/trop populaire environnement familial Victor travaille sans relâche, seul.

Contre toute attente il passe en khâgne. C'est le douzième au concours blanc, le dernier, mais il est passé.
Il travaille tout l'été dans le supermarché où sa mère s'approvisionne, se noue d'amitié avec une vieille connaissance du lycée, il n'est donc pas transparent.

À la rentrée il fait la connaissance de Mathieu qui vient d'intégrer Hypokhâgne. Ils fument des JPS ensemble. Victor va l'inviter à son anniversaire, ce n'est pas un ami mais il a quelqu'un , un peu comme lui mais pas tout à fait quand même.

Mais Mathieu, humilié par un professeur, craque et met fin à ses jours.

La mort de Mathieu rend Victor vivant aux yeux de ses camarades et professeurs. le décès de Mathieu lui permet de ne plus être transparent. Sa vie parisienne débute. Il n'est plus le provincial égaré, il n'est plus un fantôme.

Il sort, discute, échange, joue des codes qu'il maitrise de mieux en mieux, s'égare, s'éloigne de son but, mais quel est-il?
La suite ici:
http://www.appelezmoimadame.fr/2015/02/un-hiver-paris-roman.html
Lien : http://www.appelezmoimadame...
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Un hiver à Paris
Jean-Philippe Blondel
roman
Buchet Chastel, 2015, 268p


Victor, le narrateur à la première personne, a voulu aller à Paris faire ses classes préparatoires au lycée D., pour échapper à ses parents distants de par l'éducation reçue, qui ne savent pas très bien ce qu'est une classe prépa, à son frère aîné qui ne se soucie pas de lui.
En hypokhâgne, il fait l'expérience de la solitude ; ses résultats ne sont pas si mauvais ; il entrera en khâgne ; le cacique de la classe le remarque. A la rentrée suivante, il parle un peu avec un camarade hypokhâgneux, Mathieu, qui a du mal avec l'ambiance de ces classes. Il aimerait l'inviter pour son anniversaire. Un jour, il s'autorise à entrer plus tard à l'école ; il entend un « connard » adressé à un prof, puis un cri. Un étudiant, enjambant la rampe d'escalier, a sauté dans le vide . Victor est le premier sur les lieux. Il savait que c'était Matthieu.
Dès lors, sa vie change. Il est l'ami de la victime. Les professeurs, le proviseur, remarquent sa lucidité et sa maturité. Il observe tout, la comédie de la vie l'intéresse. le père de Matthieu se trouve bien en sa compagnie, Victor aussi, comme s'il était le fils de ce faux-père. Victor réfléchit à sa vie. Il a déjà l'idée bien ancrée dans la tête qu'il écrira des romans. Son prof de lettres dit qu'il est fait pour ça. Il veut aussi enseigner, et surtout ne jamais humilier ses élèves. La certitude, c'est qu'il veut vivre.
Bien plus tard, il écrit le roman de ces années passées à Paris. Il reçoit une lettre d'un lecteur, le papa de Matthieu.
C'est un roman facile à lire, très attachant. On lit ce roman d'initiation, de construction, avec beaucoup de plaisir et d'attention. Victor ne nous est pas tout à fait étranger.
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Jeune provincial, le narrateur débarque à la capitale pour y faire ses années de classe préparatoire. Il y découvre une solitude nouvelle et un univers où la compétition est impitoyable...Confusion des sentiments, attirance pour la mort et pour la vie, succès gagné sur un malentendu, amertume et plaisir...On retrouve ici tout ce qui fait le charme des romans de Jean-Philippe Blondel.
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"Mieux vaut devenir le maître des illusions que le jouet de ceux qui vous entourent."

Au retour de vacances, une lettre. le nom de l'expéditeur, son adresse ne sont pas inconnus à Victor, le narrateur. Il hésite. Et finit par l'ouvrir. L'occasion de revenir plus de trente ans en arrière. A Paris, un hiver, durant ses études au lycée D.

Dans les années 1980, Victor quitte sa province natale pour poursuivre des études littéraires à Paris. Hypokhâgne, khâgne. Dans un lycée parisien huppé où il n'a pas sa place, mais qui l'éloigne de sa famille. Il a besoin de fuir. La découverte d'une institution où tout n'est que compétition. Un nouvel univers sans aucune pitié pour les plus faibles.

"Les dialogues envahissaient mon existence. Moi qui n'avais vécu que par soliloques, commentaires écrits, exégèses, réflexions en trois parties, remarques inabouties. Parfois j'avais envie de m'en extraire."

A la rentrée en deuxième année, il fait connaissance avec Mathieu qui vient d'entrer en première année. C'est la première personne vers qui Victor va naturellement, sans réfléchir. Les choses semblent parfois évidentes. Ils ne se parlent pas beaucoup. Fument des cigarettes ensemble. Il ne le connait pas bien, Mathieu, mais il songe à l'inviter à son anniversaire, en octobre. Cela n'arrivera pas.

Des cris dans les couloirs du lycée. Tous savent. Quelqu'un a sauté. La mort dans leur routine quotidienne. le suicide. C'est Mathieu qui a sauté.

"Un hurlement.
Bref.
Violent.
Un son mat."

Une semaine plus tard, le père de Mathieu vient au lycée. Il veut parler avec les camarades de son fils. le début d'une relation entre Victor et lui. Une relation spéciale, comme un père et un fils qui n'en sont pas. Une relation qui devrait pas être. Certains la dise malsaine.

Trente ans plus tard, c'est Patrick, le père de Mathieu qui écrit à Victor.

"La vie, c'est long. Il y a un moment où vous accumulez trop de souvenirs. Alors, vous ouvrez une trappe et les plus douloureux disparaissent. Vous l'oublierez, vous verrez."

En apnée. J'ai lu ce livre en retenant ma respiration. Les mots de Jean-Philippe Blondel sont beaux, le récit coule tout seul. Il nous transmet toute une tempête d'émotions. Il explore la jeunesse en abordant des thèmes qui nous parlent : l'amitié, l'amour, le mal-être, la découverte de soi, les sentiments qu'on confond, la mort, les parents, la vie. Et le suicide.

Le suicide. C'est un sujet qui me touche personnellement, et j'ai beaucoup aimé la manière dont Jean-Philippe Blondel avait choisi de le traiter. Pudiquement, tout en sensibilité. Sans violence surtout et sans jugement. Merci Monsieur Blondel de parler aussi délicatement et en même temps aussi profondément de ce sujet souvent tabou.

Un hiver à Paris, c'est le genre de roman dont on ne sort pas indemne. Un roman initiatique dont chaque mot nous touche. Une lecture qu'on n'oublie pas. Une belle découverte pour moi, je vais m'empresser de découvrir d'autres livres de Jean-Philippe Blondel.

"Nous sommes beaucoup plus résistants que nous le croyons."


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C'est exactement ça.
La prépa.
Ce que Jean-Philippe Blondel décrit d'hypokhâgne/khâgne correspond exactement à ce que j'ai ressenti là-bas.

« Se retrouver seul à Paris dans un lycée élitiste où il se faisait humilier quotidiennement », voilà comment Victor résume (parfaitement) sa situation. Provincial aux parents d'origine modeste, il se retrouve propulsé dans un milieu bourgeois et intellectuel dont « je n'avais pas les codes ». Les trois quarts des élèves, « nourris de culture dès leur plus jeune âge », affichent une aisance à la fois enviable et prétentieuse. Comme l'héroïne de Clémentine Beauvais dans « Comme des images » (qui se déroule dans le prestigieux lycée Henri-IV), Victor se sent complètement décalé, pire : « une imposture ». de même, son camarade Mathieu « s'était cru brillant et découvrait depuis la rentrée qu'en fait il était un nain sur les plans intellectuel et culturel ». A côté d'un génie comme Paul Rialto, Victor se fait l'effet d'un « tâcheron acharné ». A côté d'une Armelle « formatée » depuis son plus jeune âge (« Je n'ai pas de désir profond »), il donne l'impression d'être « un électron libre ». Victor ne reçoit en effet aucune pression de la part de ses parents, qui se désintéressent franchement de ses études pourvu qu'il en fasse. Alors dans cette ambiance d' « émulation qui tourne à la compétition », il préfère la solitude, aussi pesante soit-elle.

Et puis il y a Clauzet le « connard », prof aux commentaires acides qui appuie bien sur la touche « humiliation ». le drame surgit, imprévisible, horrible. « Deux filets de sang » indélébile entre les baskets blanches. Un suicide « comme un frisson dans l'ordre établi ». Et pourtant rien ne change – « rien n'avait changé » ! Cet acte désespéré « ne devait rien remettre en cause » - surtout pas les agissements de l'enseignant, quelle lâcheté ! - et la consigne est de « ne pas piper mot de toute cette histoire ». A peine un hommage pour le disparu (« Un malheureux accident. On n'allait pas revenir là-dessus »), « la vie continuait et le concours restait l'objectif prioritaire » !..

Par la suite il ne se passe plus grand chose, le récit est centré sur le deuil, celui de Victor, de la famille, et sur la réflexion qui en découle. Car pour le jeune homme, beaucoup de choses ont changé : « On me trouvait intéressant parce que j'étais l'ami de la victime », depuis « je deviens très populaire. J'existe, donc je vis ». Mais cette popularité nouvelle, si elle est appréciable, fait aussi que Victor « a perdu de son charme », lui qui intriguait tant en début d'année. Victor « s'est perdu » et commence à sérieusement s'interroger : si ce milieu ne lui correspond pas, « Mais alors, pourquoi tu restes là ? ». Par masochisme, par orgueil ? Pour ne pas décevoir ses parents ? Il se rapproche du père en deuil, cherchant une place (« lui se souciait de son fils ») : « Voilà quelqu'un qui me laisserait être imparfait ».

Mais il n'est pas facile de tout plaquer... La prépa, c'est un moyen de « s'extraire de sa classe sociale, fréquenter des lieux qu'on pensait inatteignables, trouver sa propre voie ». Victor est à la fois « déterminé et fragile », il fait aussi preuve d'une grande lucidité sur lui-même et les autres (« Elle vous sauvera » lui affirme-t-on très justement). Les échanges qu'il a avec les autres sont ponctués de dialogues enlevés, l'auteur ayant l'art de la réplique. Ainsi Victor comprend progressivement qu'à « chacun sa croix. Chacun son chemin » : « Ne gâchez pas votre vie et votre sommeil pour répondre à des sujets de français ou de philosophie qui n'en valent pas la peine. Réfléchissez à ce qui est essentiel ». Au final, cet « hiver à Paris » d'une grande violence émotionnelle, impossible à oublier même des années plus tard, aura malgré tout constitué une étape déterminante (et positive) dans ses choix de vie.
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Voilà un livre qui résonnera longtemps en moi. A Paris, à la même période de l'histoire. J'ai retrouvé les odeurs, les sensations. Nanterre, la cité U, le RER....Merci M. Blondel.
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Victor est professeur d'anglais et écrivain. Il revient sur un évènement tragique qui a eu lieu 20 ans plus tot pendant sa prepa en khagne à Paris. A cette période, il travaille beaucoup, est seul car il n'a pas d'amis et est étranger dans sa propre famille provncial et modeste , la pression est très forte. Un jour, dans la classe d'en face, Matthieu, un élève qu'il connait un peu se défenestre.
Ce livre est magnifique, très dur bien sur mais très bien écrit. Il raconte le parcours de Victor pour qui rien ne sera jamais plus comme avant.
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